La désinformation de guerre rentable sur le réseau social X

Cette photographie d'illustration prise le 30 octobre 2023 montre le logo X (ancien Twitter) sur un smartphone à Mulhouse, dans l'est de la France. (Photo de SÉBASTIEN BOZON / AFP)
Cette photographie d'illustration prise le 30 octobre 2023 montre le logo X (ancien Twitter) sur un smartphone à Mulhouse, dans l'est de la France. (Photo de SÉBASTIEN BOZON / AFP)
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Publié le Vendredi 16 février 2024

La désinformation de guerre rentable sur le réseau social X

  • «Aujourd'hui, les polémistes incitent délibérément à la haine pour obtenir des clics et gagner en visibilité, et par extension, plus d'argent», explique un analyste
  • Elon Musk a créé un réseau «sens dessus dessous» où les sources officielles "peinent à se faire entendre" et «ceux qui mentent et attisent la haine sont mis sur un piédestal»

WASHINGTON: Des influenceurs sur X monétisent désormais la désinformation sur les conflits au Moyen-Orient, capitalisant sur le manque de modération du réseau social qui privilégie les clics et le nombre de vues au détriment de la véracité du contenu partagé, selon des chercheurs.

Depuis le tumultueux rachat de l'ex-Twitter par Elon Musk en 2022, la plateforme a réactivé des milliers de comptes qui avaient été suspendus et a introduit un système de vérification payant qui alimente les théories du complot, expliquent des analystes.

Certains utilisateurs partagent des contenus offensants ou des fausses informations dans le but de multiplier les interactions avec leur contenu et gagner ainsi de l'argent via un programme de revenus publicitaires réservé aux comptes certifiés.

"Aujourd'hui, les polémistes incitent délibérément à la haine pour obtenir des clics et gagner en visibilité, et par extension, plus d'argent", explique l'analyste Imran Ahmed, directeur du Center for Countering Digital Hate (CCDH).

Le réseau a connu un déluge de fausses informations sur le conflit entre Israël et le Hamas, encouragées par des personnalités comme l'Américain Jackson Hinkle, pro-palestinien et très influent sur X.

Le mois dernier, il avait par exemple prétendu qu'une vidéo montrait des bombardements iraniens sur des bases militaires américaines en Irak.

A l'aide d'une recherche d'image inversée, l'AFP a démontré qu'il s'agissait en réalité d'une attaque dans le Kurdistan irakien.

Jackson Hinkle a aussi affirmé que le Yemen avait déclaré "la guerre à Israël" en soutien au peuple palestinien.

Si les rebelles yéménites Houthis ont visé des cibles liées à Israël en mer Rouge, ni eux ni le gouvernement du Yémen n'ont formellement déclaré la guerre à Israël.

«Sens dessus dessous»

En plus d'engranger des milliers de dollars via des plateformes de financement participatif, Jackson Hinkle propose aussi "un contenu premium" à ses abonnés sur X à trois dollars par mois.

Contacté par l'AFP, Jackson Hinkle -- dont les publications atteignent régulièrement des millions de vues -- a refusé de commenter ses revenus générés sur X, préférant critiquer la couverture médiatique des guerres en Ukraine et au Moyen-Orient.

Selon des chiffres du CCDH, Jackson Hinkle gagne au moins 3.000 dollars par mois grâce à ses abonnés.

En août dernier, il avait dit avoir gagné environ 1.700 dollars grâce aux revenus publicitaires de ses publications.

Selon l'analyste Imran Ahmed, Elon Musk a créé un réseau "sens dessus dessous" où les sources officielles "peinent à se faire entendre" et "ceux qui mentent et attisent la haine sont mis sur un piédestal".

La plateforme n'a pas répondu aux demandes de commentaire de l'AFP.

«Irréaliste»

Pour pouvoir faire partie du programme de revenus publicitaires de X, les utilisateurs doivent débourser huit dollars par mois pour un compte premium et avoir au moins 500 abonnés.

En 2023, Elon Musk avait annoncé que les publications accompagnées d'une note -- qui doit être créée par un utilisateur -- contextualisant des messages douteux ou erronés ne pourraient pas générer de revenus.

Avec cette décision, le milliardaire avait indiqué vouloir privilégier "l'exactitude" plutôt que le "sensationnalisme".

Mais Jack Brewster, qui travaille pour la plateforme contre la désinformation NewsGuard, a confié à l'AFP que les publications virales avec de la désinformation ne sont souvent pas corrigées par X.

En octobre, NewsGuard a analysé 250 publications sur le réseau social qui contenaient de la désinformation sur la guerre entre Israël et le Hamas. Seul un tiers de ces messages contenait une note de modération.

NewsGuard avait par la suite identifié des publicités de 86 sociétés -- y compris des grandes marques et des organisations à but non lucratif -- liées à la désinformation autour d'Israël et du Hamas, dont une publicité pour la police fédérale américaine (FBI) publiée sous une vidéo de Jackson Hinkle et qui avait généré des millions de vue.

La publication n'avait fait l'objet d'aucune modération, d'après NewsGuard.

"Ces notes ne s'adaptent pas à tous les contextes", explique Jacob Shapiro, chercheur à l'Université de Princeton aux Etats-Unis, qui avait participé à un groupe consultatif pour le programme de modération de X avant son rachat par Elon Musk.

Compter sur le "seul travail bénévole" de ces notes pour prévenir la monétisation de publications mensongères qui circulent sur la plateforme est "irréaliste", a-t-il conclu.


Genève mise sur son excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
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  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com