France: avec Manouchian, la «résistance communiste et étrangère» va entrer au Panthéon

Le cercueil de Missak Manouchian remontera la rue Soufflot, porté par des légionnaires, des étrangers qui ont aussi choisi de combattre pour la France, a souligné l'Elysée (Photo, X).
Le cercueil de Missak Manouchian remontera la rue Soufflot, porté par des légionnaires, des étrangers qui ont aussi choisi de combattre pour la France, a souligné l'Elysée (Photo, X).
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Publié le Vendredi 16 février 2024

France: avec Manouchian, la «résistance communiste et étrangère» va entrer au Panthéon

  • Réfugié en France en 1925 après avoir échappé au génocide arménien, Missak Manouchian, ouvrier et poète, rejoignit en 1943 la résistance communiste
  • Missak Manouchian n'obtint jamais la nationalité française qu'il avait demandé à deux reprises

PARIS: L'entrée du résistant d'origine arménienne Missak Manouchian et de 23 de ses compagnons d'armes mercredi au Panthéon, 80 ans jour pour jour après leur exécution par les Allemands sous l'Occupation, rendra hommage à toute la "résistance communiste et étrangère", a souligné vendredi l'Elysée.

"La résistance communiste entre enfin au Panthéon grâce au président Macron", a déclaré un conseiller de présidence de la République française, en précisant que le Parti communiste serait "représenté en masse" à la cérémonie.

Missak Manouchian viendra rejoindre de grandes figures françaises de la Résistance, de Jean Moulin, entré au Panthéon en 1964, à Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay, panthéonisés sous François Hollande en 2015.

Cette panthéonisation "démontre qu’être Français c'est avant tout une affaire de volonté et de cœur et que cela apporte beaucoup au pays", a ajouté le conseiller, alors que le débat sur l'immigration fait rage en France.

Réfugié

"Cela ne tient pas à l’origine, à la religion, au prénom", a-t-il souligné. Missak Manouchian n'obtint jamais la nationalité française qu'il avait demandé à deux reprises.

Réfugié en France en 1925 après avoir échappé au génocide arménien, Missak Manouchian, ouvrier et poète, rejoignit en 1943 la résistance communiste où il s'illustra à la tête d'un réseau très actif avant d'être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 février 1944.

Il va entrer dans le temple des personnalités qui ont marqué l'histoire de la République "accompagné de Mélinée", son épouse d'origine arménienne, résistante comme lui, qui lui survécut 45 ans et reposait à ses côtés au cimetière d'Ivry-sur-Seine, en région parisienne.

Entreront aussi de façon symbolique, avec une inscription de leur nom, ses "camarades de combat et de résistance", fusillés pour la plupart à ses côtés le 21 février 1944 au Mont-Valérien, dans la banlieue ouest de Paris. Ils étaient "Juifs, Polonais, Hongrois, Italiens,  Espagnols, Roumains ou Français".

Quelque 2.000 personnes assisteront à la cérémonie de panthéonisation mercredi, dont le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.

Le cercueil de Missak Manouchian remontera la rue Soufflot, porté par des légionnaires, des étrangers qui ont aussi choisi de combattre pour la France, a souligné l'Elysée.

Il s'arrêtera à trois stations correspondant aux grands chapitres de sa vie, où résonneront la célèbre chanson de Léo Ferré qui lui est dédié et la lecture de sa dernière lettre à son épouse Mélinée. Suivront ensuite l'entrée au Panthéon et le discours du président.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.