G20: le Brésil appelle à une «nouvelle mondialisation», à l'ombre de la guerre en Ukraine

Le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, est projeté sur un écran alors qu'il s'adresse aux réunions des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 à Sao Paulo, au Brésil, le 28 février 2024. (Photo AP)
Le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, est projeté sur un écran alors qu'il s'adresse aux réunions des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 à Sao Paulo, au Brésil, le 28 février 2024. (Photo AP)
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Publié le Jeudi 29 février 2024

G20: le Brésil appelle à une «nouvelle mondialisation», à l'ombre de la guerre en Ukraine

  • Pour le Brésil, l'un des objectifs est d'obtenir des signaux positifs sur l'allègement de la dette des pays pauvres ou une taxation internationale des "super riches".
  • La France veut "accélérer" les négociations internationales en vue de la mise en place d'une "taxation minimale" des milliardaires, a abondé le ministre des Finances Bruno Le Maire

SAO PAOLO: Le Brésil a appelé à "une nouvelle mondialisation", mercredi lors d'une réunion du G20 à Sao Paulo, plaidant pour la réduction des inégalités au moment où les préoccupations plus immédiates portent sur l'impact des guerres en Ukraine et à Gaza sur l'économie mondiale.

"Nous devons prendre en compte le changement climatique et la pauvreté comme des défis réellement mondiaux, auxquels il faut faire face par le biais d'une nouvelle mondialisation" basée sur des "principes sociaux et environnementaux", a déclaré le ministre des Finances du Brésil, Fernando Haddad.

Le ministre, dont le pays préside depuis décembre le groupe, a ouvert la réunion des grands argentiers des pays du G20 dans la mégalopole brésilienne - en visioconférence, pour cause de test positif au Covid-19.

Pour le Brésil, malgré l'absence notable des ministres de la Chine, de l'Inde ou encore de la Russie, l'un des objectifs est d'obtenir des signaux positifs sur l'allègement de la dette des pays pauvres ou une taxation internationale des "super riches".

Il faut faire en sorte que "les milliardaires à travers le monde paient leur juste contribution à l'impôt", a lancé M. Haddad, proche du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

La France veut "accélérer" les négociations internationales en vue de la mise en place d'une "taxation minimale" des milliardaires, a abondé le ministre des Finances Bruno Le Maire devant des journalistes.

«Transition verte»

Le climat est également une priorité du Brésil de Lula.

"La crise climatique nous a déjà atteints et il faut reconnaître que nous avons été un peu lents à y faire face", a reconnu la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, lors d'une table ronde en marge du G20.

Elle préconise d'accélérer les réductions d'émissions de CO2, d'en finir avec les subventions sur les énergies fossiles et de mobiliser des financements pour "la gigantesque opportunité de la transition verte".

La première rencontre du "G20 Finances" de l'année sert à préparer le terrain pour la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement, en novembre à Rio. C'est ce sommet qui permettra de juger si la première puissance d'Amérique latine, qui sous l'égide de Lula se pose en championne du "Sud global", a réussi à arracher des avancées concrètes.

"Le contexte international va probablement compromettre en partie la capacité du Brésil à obtenir ces avancées", a dit à l'AFP Julia Thomson, analyste d'Eurasia Group.

Le communiqué final attendu jeudi en fin de journée devrait en tout cas s'abstenir d'évoquer les sujets qui fâchent.

"Nous savons que le monde vit un moment tendu au niveau géopolitique", a expliqué devant la presse Dario Durigan, numéro deux du ministère brésilien des Finances. Mais il "parle la même langue pour ce qui est de l'économie", a-t-il assuré.

«Base légale»

Si le Brésil veut éviter que le conclave de Sao Paulo ne soit phagocyté par les conflits actuels, M. Le Maire a souligné que "les vrais risques économiques aujourd'hui sont des risques géopolitiques", citant "les conflits au Proche-Orient, en mer Rouge et en Ukraine".

Mercredi matin à Sao Paulo, les ministres ou représentants des pays du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni, Etats-Unis, ainsi que l'Union européenne), se sont retrouvés pour discuter de l'aide à l'Ukraine, deux ans après l'invasion russe.

Le ministre des Finances ukrainien, Sergii Marchenko, y a pris part en visioconférence.

L'idée d'aider l'Ukraine à financer son effort de guerre et sa reconstruction via les quelque 397 milliards de dollars d'actifs russes gelés par l'Occident depuis l'invasion russe fait son chemin, en particulier moyennant la saisie des intérêts issus de ces avoirs.

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a appelé mardi à une action "urgente" dans ce domaine.

Mais le ministre français a averti qu'il n'y a aujourd'hui "pas de base légale pour saisir les avoirs russes" eux-mêmes, comme certains responsables, dont Mme Yellen et le Premier ministre britannique Rishi Sunak, l'ont proposé ces derniers jours.

En difficulté sur le front, Kiev exhorte à un soutien occidental renforcé et espère le déblocage au Congrès américain d'une nouvelle aide financière de 60 milliards de dollars.

Pour le ministre français, "la vraie urgence, c'est qu'aux Etats-Unis on arrive à débloquer ces 60 milliards de dollars".


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com