Réunion de crise au sujet d'Haïti au lendemain de l'évacuation de diplomates

Des habitants quittant leur maison alors que la violence des gangs s'intensifie à Port-au-Prince, en Haïti, passent devant le corps d'une victime, le 9 mars 2024. Aucun rapport n'indique comment la personne a été tuée. (AFP).
Des habitants quittant leur maison alors que la violence des gangs s'intensifie à Port-au-Prince, en Haïti, passent devant le corps d'une victime, le 9 mars 2024. Aucun rapport n'indique comment la personne a été tuée. (AFP).
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Publié le Lundi 11 mars 2024

Réunion de crise au sujet d'Haïti au lendemain de l'évacuation de diplomates

  • La capitale haïtienne a continué ce week-end à s'enfoncer dans les violences liées aux gangs qui réclament la démission du Premier ministre Ariel Henry
  • Washington a annoncé dimanche avoir évacué le personnel non essentiel de son ambassade à Port-au-Prince

PORT-AU-PRINCE: La situation en Haïti gangrenée par les bandes criminelles fait l'objet d'une réunion de crise lundi en Jamaïque au lendemain de l'évacuation de diplomates européens de Port-au-Prince en "état de siège".

La capitale haïtienne a continué ce week-end à s'enfoncer dans les violences liées aux gangs qui réclament la démission du Premier ministre Ariel Henry, tout comme une partie de la population, conduisant la Communauté des Caraïbes (Caricom) à convier pour une réunion d'urgence en Jamaïque des représentants des Etats-Unis, de la France, du Canada et de l'ONU.

Le vice-président du Guyana, membre de la Caricom, Bharrat Jagdeo, a déclaré dimanche que ces pays "chercheraient à ramener l'ordre et à redonner confiance au peuple haïtien".

"Les criminels ont pris le contrôle du pays. Il n'y a pas de gouvernement, c'est en train de devenir une société en faillite", a-t-il ajouté.

Washington a annoncé dimanche avoir évacué le personnel non essentiel de son ambassade à Port-au-Prince.

L'armée américaine a indiqué avoir "mené une opération destinée à renforcer la sécurité" de son ambassade pour "permettre aux opérations (...) de se poursuivre et au personnel non essentiel de partir".

"La recrudescence des violences des gangs dans les quartiers proches de l'ambassade américaine et de l'aéroport a conduit le département d'Etat à décider de procéder au départ d'agents supplémentaires", a indiqué dimanche un porte-parole de la diplomatie américaine.

L'évacuation d'une partie de son personnel s'est déroulée au cours de la nuit de samedi à dimanche par hélicoptère, selon des habitants du quartier.

« Etat de siège »

L'Allemagne a annoncé un mouvement similaire. "En raison de la situation sécuritaire très tendue en Haïti, l'ambassadeur d'Allemagne et le représentant permanent à Port-au-Prince sont partis aujourd'hui pour la République dominicaine avec des représentants de la délégation de l'UE", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère, ajoutant qu'ils travailleraient depuis ce pays "jusqu'à nouvel ordre".

Port-au-Prince est le théâtre d'affrontements entre policiers et bandes armées, qui s'en prennent à des sites stratégiques dont le palais présidentiel, des commissariats et prisons.

C'est "une ville en état de siège", a alerté samedi Philippe Branchat, le chef pour Haïti de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Des dizaines d'habitants ont cherché samedi à se réfugier dans des bâtiments publics, certains réussissant à s'introduire dans un établissement, selon un correspondant de l'AFP.

"Nous avons perdu tous nos biens, tout ce que nous possédions. Nous perdons nos familles", a dit à l'AFP Reginald Bristol, habitant de Port-au-Prince.

Les autorités ont décrété il y a une semaine l'état d'urgence dans le département de l'Ouest, qui comprend la capitale, et ont instauré un couvre-feu nocturne.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son accord il y a des mois à l'envoi d'une mission internationale dirigée par le Kenya pour aider la police haïtienne, mais son déploiement se fait cruellement attendre.

Le Premier ministre a signé début mars un accord à Nairobi pour permettre l'envoi de policiers kényans, et cherche depuis à regagner Haïti. Il était aux dernières nouvelles toujours bloqué à Porto Rico, territoire américain dans les Caraïbes.

Le chef de la diplomatie américaine et le président du Kenya se sont entretenus sur la crise en cours et ont "souligné leur engagement inébranlable en faveur du déploiement d'une mission multinationale de soutien à la sécurité" permettant de "créer les conditions de sécurité nécessaires à la tenue d'élections libres et équitables", a indiqué samedi un porte-parole du département d'Etat.

Haïti, sans président ni parlement, n'a connu aucune élection depuis 2016 et Ariel Henry, nommé par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat en 2021, aurait dû quitter ses fonctions début février.

Administrations fermées

Les administrations et écoles de la capitale sont fermées depuis plusieurs jours, et l'aéroport et le port ne fonctionnent plus, faisant craindre un effondrement de l'approvisionnement de la population du pays le plus pauvre des Amériques.

L'accès aux soins est fortement compromis, avec "des hôpitaux qui ont été attaqués par des gangs et qui ont dû évacuer personnel médical et patients, y compris des nouveaux-nés", selon l'OIM.

Le pape François a affirmé dimanche suivre "avec préoccupation et douleur" cette "grave crise" et a appelé toutes les parties à oeuvrer en faveur de la paix.

Selon l'OIM, 362.000 personnes - dont plus de la moitié sont des enfants - sont actuellement déplacées en Haïti, un chiffre qui a bondi de 15% depuis le début de l'année.

"Depuis hier soir, nous n'avons pas pu dormir. Nous sommes en train de fuir, moi avec mes effets personnels posés sur ma tête, sans savoir où aller", a raconté à l'AFP Filienne Setoute, une fonctionnaire, qui a dû quitter sa maison.

Maigre signe d'espoir: cinq personnes enlevées en février à Port-au-Prince, dont quatre religieux, ont été libérées, a annoncé dimanche leur congrégation catholique, appelant à la libération de deux autres religieux retenus.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.