Attal revient en force sur l'éducation, au risque d'éclipser sa ministre

"J'emmène avec moi ici, à Matignon, la cause de l'école", a promis l'ex-ministre de l'Education en prenant ses fonctions de Premier ministre, en janvier. (Photo, AFP)
"J'emmène avec moi ici, à Matignon, la cause de l'école", a promis l'ex-ministre de l'Education en prenant ses fonctions de Premier ministre, en janvier. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 11 mars 2024

Attal revient en force sur l'éducation, au risque d'éclipser sa ministre

  • Un mois après l'arrivée de Nicole Belloubet rue de Grenelle, qui a clos le passage éclair et très agité d'Amélie Oudéa-Castéra, Gabriel Attal revient sur le devant de la scène
  • Cette reprise en main des sujets éducation intervient après quelques jours de flottement et de discours contradictoires

PARIS: Discours, interview et déplacements prévus cette semaine pour parler éducation: Gabriel Attal revient en force sur le terrain scolaire, entretenant le doute sur les marges de manœuvre de sa ministre Nicole Belloubet, après des divergences apparentes sur les futurs groupes de niveau.

"J'emmène avec moi ici, à Matignon, la cause de l'école", a promis l'ex-ministre de l'Education en prenant ses fonctions de Premier ministre, en janvier.

Un mois après l'arrivée de Nicole Belloubet rue de Grenelle, qui a clos le passage éclair et très agité d'Amélie Oudéa-Castéra, Gabriel Attal revient sur le devant de la scène sur ces questions, avec une semaine largement consacrée à l'école.

Premier "temps fort": son déplacement lundi à Arras, où l'enseignant Dominique Bernard a été tué il y a cinq mois. L'occasion pour lui de souligner que l'école était "la meilleure arme pour combattre" les terroristes, à l'occasion de la journée d'hommage aux victimes du terrorisme.

Dans une interview prévue mercredi avec le Figaro, Gabriel Attal doit ensuite "reprendre la parole" sur des thèmes comme la laïcité à l'école, les violences contre les enseignants et la sécurisation des établissements, selon son entourage.

Le Premier ministre se rendra enfin jeudi dans un établissement scolaire avec Nicole Belloubet et mènera, ce même jour, une réunion en visio-conférence avec les chefs d'établissements (collèges, lycées) pour "ré-ancrer sa feuille de route, notamment sur le +choc des savoirs+", cette série de mesures pour l'école annoncée en décembre pour élever le niveau des élèves.

«Cacophonie»

Cette reprise en main des sujets éducation intervient après quelques jours de flottement et de discours contradictoires sur les groupes de niveau en français et en mathématiques au collège, l'une des mesures clés du "choc des savoirs". Les modalités d'application de ces groupes, largement critiqués par les syndicats, doivent être publiées en fin de semaine.

La ministre de l'Education a annoncé jeudi l'introduction d'une "certaine souplesse" dans la mise en place l'an prochain en 6e et 5e de ces groupes, qu'elle a préféré qualifier de "groupes de besoin". Elle a évoqué la possibilité de "rassembler les élèves en classe entière" à certains moments.

Mais Gabriel Attal, dès le lendemain, a réaffirmé que ces groupes seraient "appliqués à la rentrée prochaine" pour rassembler les élèves "du même niveau", sans évoquer de regroupements de classes.

"Une belle cacophonie dont on sait au moins une chose, c'est que ça ne conduit pas à de l'apaisement dans l'Education nationale", souligne Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées.

"C'est regrettable qu'on se retrouve dans cette situation", abonde Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa. "Ça ressemble plus à montrer que c'est lui le chef de l'école que réellement assurer une sérénité".

Belloubet «pas cannibalisée»

Dans l'entourage de Gabriel Attal, on assure que "chacun avance avec sa sensibilité", mais qu'"il n’y a qu’une ligne, c’est celle du Premier ministre".

"Il y a une répartition des rôles", ajoute-t-on. "Tout le travail de Nicole Belloubet, c’est de renouer le lien avec les syndicats pour que les promesses soient tenues".

Mais pour d'autres, au-delà d'une répartition des rôles, ces deux discours sont le signe de divergences.

"Il y a vraiment de la friture sur la ligne", estime Sophie Vénétitay. "La rapidité de la réaction de Gabriel Attal laisse à penser qu’il ne veut pas lui donner la main et lui laisser la moindre marge de manœuvre".

Pour le sénateur (LR) Max Brisson également, "il semble qu'il n'y ait pas totalement concordance dans le discours de l’un et de l’autre", avec une ministre qui a du mal "à exprimer clairement la notion de groupe de niveau, alors que le discours du Premier ministre est beaucoup plus clair sur ce point".

Pour un proche d'Emmanuel Macron, "c'est la position de Nicole Belloubet qui gagne". "Ça veut dire qu’elle n’est pas cannibalisée".


S&P dégrade la note de la France, avertissement au nouveau gouvernement

Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
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  • L’agence S&P a abaissé la note de la France à A+, invoquant une incertitude persistante sur les finances publiques malgré la présentation du budget 2026 et un déficit prévu à 5,4 % du PIB en 2025

PARIS: L'une des plus grandes agences de notation a adressé un avertissement au nouveau gouvernement Lecornu en dégradant la note de la France vendredi, invoquant une incertitude "élevée" sur les finances publiques en dépit de la présentation d'un budget pour 2026.

Moins d'une semaine après la formation de la nouvelle équipe gouvernementale et trois jours après la publication d'un projet de loi de finances (PLF) pour l'année prochaine, S&P Global Ratings a annoncé abaisser d'un cran sa note de la France à A+.

"Malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l'incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée", a affirmé l'agence, qui figure parmi les trois plus influentes avec Moody's et Fitch.

Réagissant à cette deuxième dégradation par S&P (anciennement Standard & Poors) en un an et demi, le ministre de l'Economie Roland Lescure a dit "(prendre) acte" de cette décision.

"Le gouvernement confirme sa détermination à tenir l'objectif de déficit de 5,4% du PIB pour 2025", a ajouté son ministère dans une déclaration transmise à l'AFP.

Selon S&P, si cet "objectif de déficit public de 5,4% du PIB en 2025 sera atteint", "en l'absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l'assainissement budgétaire sur (son) horizon de prévision sera plus lent que prévu".

L'agence prévoit que "la dette publique brute atteindra 121% du PIB en 2028, contre 112% du PIB à la fin de l'année dernière", a-t-elle poursuivi dans un communiqué.

"En conséquence, nous avons abaissé nos notes souveraines non sollicitées de la France de AA-/A-1+ à A+/A-1", écrit-elle. Les perspectives sont stables.

"Pour 2026, le gouvernement a déposé mardi 14 octobre un projet de budget qui vise à accélérer la réduction du déficit public à 4,7% du PIB tout en préservant la croissance", a répondu le ministère de l'Economie.

"Il s'agit d'une étape clef qui nous permettra de respecter l'engagement de la France à ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029", a ajouté Bercy.

"Il est désormais de la responsabilité collective du gouvernement et du Parlement de parvenir à l'adoption d'un budget qui s'inscrit dans ce cadre, avant la fin de l'année 2025", selon la même source.

- "Plus grave instabilité" depuis 1958 -

Mais le gouvernement qui, à peine entré en fonctions, a échappé de peu cette semaine à la censure après une concession aux socialistes sur la réforme des retraites, va devoir composer avec une Assemblée nationale sans majorité lors de débats budgétaires qui s'annoncent houleux, alors même que le Premier ministre Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas recourir à l'article 49.3 pour imposer son texte.

Cette nouvelle dégradation de la note de la France par S&P intervient avant une décision de Moody's attendue le 24 octobre. Elle a lieu un mois après que Fitch a elle aussi abaissé la note française à A+.

Les agences comme Fitch, Moody's et S&P Global Ratings classent la qualité de crédit des Etats - soit leur capacité à rembourser leur dette -, de AAA (la meilleure note) à D (défaut de paiement).

Les dégradations de note par les agences sont redoutées par les pays car elles peuvent se traduire par un alourdissement de leurs intérêts.

Ceux payés par la France sont estimés à environ 55 milliards d'euros en 2025, alors que depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, la dette française se négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande.

"La France traverse sa plus grave instabilité politique depuis la fondation de la Cinquième République en 1958", a estimé S&P: "depuis mai 2022, le président Emmanuel Macron a dû composer avec deux Parlements sans majorité claire et une fragmentation politique de plus en plus forte".

Pour l'agence, "l'approche de l'élection présidentielle de 2027 jette un doute (...) sur la capacité réelle de la France à parvenir à son objectif de déficit budgétaire à 3% du PIB en 2029".

En tombant en A+ chez S&P, la France se retrouve au niveau de l'Espagne, du Japon, du Portugal et de la Chine.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.