Avec Aya Nakamura, les Jeux olympiques deviennent politiques

La chanteuse française Aya Danioko alias Aya Nakamura (Photo, AFP).
La chanteuse française Aya Danioko alias Aya Nakamura (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 mars 2024

Avec Aya Nakamura, les Jeux olympiques deviennent politiques

  • Des huées ont surgi à l'évocation de l'artiste dimanche, lors d'un premier grand meeting de campagne des élections européennes de Reconquête!
  • «Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako !»

PARIS: Aya Nakamura se retrouve au coeur d'un débat politique et épidermique: la star franco-malienne, qui pourrait chanter Edith Piaf en ouverture des Jeux olympiques de Paris, est stigmatisée par l'extrême droite et défendue par des artistes et la ministre des Sports.

Tout part de l'hebdomadaire français L'Express, qui assure que l'intéressée aurait évoqué avec Emmanuel Macron son éventuelle participation à la cérémonie d'ouverture des JO (26 juillet-11 août). Avec la possibilité de reprendre Edith Piaf. Ni le président de la République, ni la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde n'ont confirmé, pour l'heure, cette rumeur.

Mais cette idée hérisse les réactionnaires en France, avec un pic atteint ce week-end. Des huées ont surgi à l'évocation de l'artiste dimanche, lors d'un premier grand meeting de campagne des élections européennes de Reconquête!, parti d'extrême droite d'Eric Zemmour, au Dôme de Paris.

En outre, un groupuscule de l'ultradroite, Les Natifs, a posté sur ses réseaux une photo d'une banderole tendue par une dizaine de ses membres sur les bords de Seine. "Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako !", peut-on y lire. "Y'a pas moyen" renvoie à son hit "Djadja", aux plus de 950 millions de vues sur YouTube.

Aya Nakamura a réagi à cette banderole sur ses réseaux sociaux, fautes d'orthographes comprises: "Vous pouvez être raciste mais pas sourd... C'est sa qui vous fait mal ! Je deviens un sujet d'état numéro 1 en débats ect mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal".

«On va soutenir»

Avec cette réaction, la chanteuse exporte ce débat à l'international: suivie par près de 1,3 million de personnes sur X (anciennement Twitter) et près de 4 millions sur Instagram, la reine du r'n'b francophone est souvent citée sur les réseaux de Madonna, ses enfants étant fans de l'interprète de "Copines".

Dadju, un des poids lourds du r'n'b en France, s'est rallié à la chanteuse sur ses réseaux: "C'était meme pas un combat mais mtn (maintenant) faut qu'elle chante, nous on va soutenir. C'est pas bamako, c'est pas bamako. Bande de chiens".

Les attaques de l'extrême droite seront-elles contre-productives ? "C'est une polémique partie d'une France rance mais ce n'est pas eux qui vont décider. J'espère qu'elle va chanter aux JO, ça devient impérieux", assène ainsi à l'AFP Carole Boinet, directrice de la rédaction des Inrockuptibles, magazine culturel français.

Les anti-Aya Nakamura raillent les libertés qu'elle prend avec la langue de Françoise Hardy, comme dans "Djadja", mêlant vocabulaire et images venues des quatre coins du monde ("J'suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça").

C'est oublier que la musique populaire s'est toujours nourrie de textes faciles, voire simplistes. On peut citer les succès "Ob-la-di, Ob-la-da" des Beatles ou "De do do do, De da da da" de Police.

«Langue qui est formidable»

"Aya Nakamura a inventé cette langue qui est formidable. Elle a des tubes dingues, la France devrait s'enorgueillir d'avoir une artiste connue à l'international", poursuit Carole Boinet, ajoutant: "A quand un buste d'elle en Marianne ?"

Même discours chez Boris Vedel, directeur du fameux festival français du Printemps de Bourges, auprès de l'AFP: "Si on interdisait à la culture française de s'enrichir des autres ou de ceux qui s'amusent malicieusement avec la langue française, on n'aurait pas Renaud, Brassens, Baudelaire".

Les organisateurs des JO «choqués par les attaques racistes» visant Aya Nakamura

Les organisateurs des Jeux olympiques de Paris se sont dits "choqués" lundi par les "attaques racistes" proférées par l'extrême droite à l'endroit de la chanteuse Aya Nakamura.

"Nous avons été très choqués par les attaques racistes visant Aya Nakamura ces derniers jours. Total soutien à l’artiste française la plus écoutée dans le monde", a réagi auprès de l'AFP le comité d'organisation des JO de Paris.

"C'est hallucinant, c'est impardonnable que des racistes puissent s'en prendre à une artiste pour ses origines et sa couleur de peau, alors que les JO transcendent les frontières", souligne auprès de l'AFP Angelo Gopee, patron de Live Nation France, antenne nationale d'un des plus gros producteurs de spectacles au monde.

"C'est pas un tweet d'une ministre qu'il faut, tous les politiques devraient être vent debout", conclut-il, en référence au message sur X de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. "Peu importe comme on vous aime, chère @AyaNakamura foutez-vous du monde entier. Avec vous", a posté la membre du gouvernement.

Aya Nakamura: Rachida Dati met en garde contre tout «racisme»

La ministre de la Culture Rachida Dati a mis en garde mardi contre les "prétextes pour s'attaquer à quelqu'un par pur racisme" alors qu'Aya Nakamura, qui pourrait chanter aux Jeux Olympiques, est stigmatisée par l'extrême droite.

"Attention aux prétextes pour s'attaquer à quelqu'un par pur racisme", a lancé Mme Dati lors d'une audition au Sénat. "S'attaquer à une artiste pour ce qu'elle est, est inacceptable, c'est un délit", a poursuivi la membre du gouvernement.

 

Le député LFI Antoine Léaument défend aussi la star: "On ne peut pas être raciste et patriote en France". La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) apporte également tout son soutien à la chanteuse, "victime d'un groupuscule archéo-raciste".


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.