Allemagne: année noire pour l'automobile en pleine transition électrique

Le PDG de Tesla, Elon Musk, à son arrivée au chantier de construction de la voiture électrique Tesla à Gruenheide près de Berlin le 3 septembre 2020. Tesla a livré un nombre record de voitures en 2020, a déclaré la société, manquant de peu son objectif d'un demi-million pour l'année. (Odd Andersen/AFP)
Le PDG de Tesla, Elon Musk, à son arrivée au chantier de construction de la voiture électrique Tesla à Gruenheide près de Berlin le 3 septembre 2020. Tesla a livré un nombre record de voitures en 2020, a déclaré la société, manquant de peu son objectif d'un demi-million pour l'année. (Odd Andersen/AFP)
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Publié le Vendredi 08 janvier 2021

Allemagne: année noire pour l'automobile en pleine transition électrique

  • 3,5 millions d’unités ont été assemblées dans les usines du pays, le plus bas niveau depuis 45 ans, a indiqué la fédération des constructeurs VDA
  • En revanche, les ventes de voitures électriques ont triplé en 2020 pour atteindre 6,7% du marché, aidées par de généreuses primes à l'achat

FRANCFORT : L'industrie automobile allemande, pilier de l'économie nationale déjà fragilisé avant la pandémie, a encaissé l'une des pires années de son histoire mais espère se relever dès 2021 pour affronter sa complexe mue électrique.

Avec 2,92 millions de voitures immatriculées, le marché a chuté de 19% l'an passé, à son plus bas niveau depuis la réunification, selon des chiffres officiels publiés vendredi.

Pire encore, la production domestique s'est effondrée d'un quart sous l'impact de la crise sanitaire, qui a conduit au printemps à l'arrêt des usines et à la fermeture des points de vente : 3,5 millions d'unités ont été assemblées dans les usines du pays, le plus bas niveau depuis 45 ans, a indiqué la fédération des constructeurs VDA.

Les ventes n'avaient connu une pire chute qu'en 2010, avec -23%, mais après une année 2009 gonflée par la prime à la casse.

"Nous nous attendons pour 2021 à une reprise du marché automobile allemand", a commenté Hildegard Müller, présidente de la VDA, dans un communiqué. "Toutefois, le niveau très élevé d'avant le Covid ne sera pas encore rattrapé", ajoute-t-elle.

Pour l'unique mois de décembre, les ventes ont progressé de 10%, à 311.000 unités, selon l'office fédéral de l'automobile KBA, malgré un durcissement des mesures contre la pandémie en Allemagne.

Certains achats devraient avoir été précipités par la perspective du retour de la TVA à son niveau normal dès janvier, note la VDA.

Records pour l'électrique

Côté production, il s'agit de la quatrième baisse annuelle d'affilée pour le premier secteur industriel du pays, fragilisé avant la pandémie par le coûteux virage électrique. Les conflits commerciaux lancés par le président américain sortant Donald Trump avaient également pesé.

Seul indicateur en vert foncé : les ventes de voitures électriques, qui ont triplé en 2020 pour atteindre 6,7% du marché, aidées par de généreuses primes à l'achat.

En incluant les hybrides, les voitures électrifiées ont représenté, avec 395.000 unités, 13,5% des nouvelles immatriculations ; une part qui est montée à 22% au dernier trimestre de l'année.

Les constructeurs allemands, traditionnellement en pointe de l'innovation, s'efforcent de rattraper leur retard sur l'américain Tesla.

"Grâce aux subventions", l'Allemagne devient ainsi le deuxième marché mondial, derrière la Chine, pour les électriques et hybrides, note Stefan Bratzel, directeur du Center of Automotive Management.

L'année 2020 "entrera dans l'histoire comme celle où la mobilité électrique est sortie de la niche en Allemagne pour devenir un facteur sérieux du marché", note Peter Fuß, analyste chez EY.

"La part de marché de l'électrique devrait encore progresser" et l'objectif de "20% semble atteignable", ajoute-t-il.

Pour les constructeurs, cette technologie est cruciale s'ils veulent respecter les strictes normes européennes d'émissions de CO2 qui les exposent à de lourdes amendes en cas de dépassement.

Reprise complexe 

Le leader du marché Volkswagen devrait rater de près d'un gramme les seuils fixés pour 2020.

Avec la démocratisation des voitures électriques, "l'année prochaine sera plus facile et nous n'aurons pas de problèmes pour atteindre les objectifs à partir de 2022", a assuré le patron Herbert Diess début décembre.

Daimler estime pour sa part être déjà dans les clous : "nos pronostics nous laissent conclure que nous avons atteint" les objectifs européens, a expliqué vendredi le patron du groupe, Ola Källenius, confiant également pour 2021.

Daimler, qui compte notamment la marque Mercedes, se prévaut d'une hausse de plus de 200% des voitures électrifiées, qui ont représenté 7,4% de ses ventes en 2020. Le groupe BMW devrait également avoir atteint les normes anti-pollution.

Pour autant, les voitures électriques ne représentent qu'à peine plus de 1% du parc automobile allemand et 59% des Allemands ne s'imaginent pas encore conduire une voiture électrique "dans le futur", selon une étude de l'équipementier Continental publiée jeudi.

La crise du Covid-19 a aussi exacerbé les restructurations entraînées par ce coûteux virage électrique.

Or "les prochains mois ne promettent pas d'amélioration de la situation" alors que la pandémie n'est pas encore jugulée et que l'Europe vit encore sous un régime de restrictions sanitaires qui pèsent sur l'économie, note M. Fuß. "La branche devra composer encore plusieurs années avec les conséquences de la pandémie."

 


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".