PARIS: Perruques poudrées, bonnets phrygiens et... guitares électriques endiablées: cinquante ans après sa création, "La Révolution française", comédie musicale de 1973 considérée comme le premier opéra-rock français, est de retour sur scène à Paris et l'an prochain en tournée.
Saluée par un succès triomphal, la première version réunissait Alain Bashung (Robespierre), Daniel Balavoine (un député du Clergé), Gérard Blanc (Danton), Jean Schulteis (Fouquier-Tinville), Les Charlots et les Martin Circus (Tiers-Etat).
La comédie musicale est remontée pour la première fois depuis sa création pour son jubilé sur la scène du théâtre parisien 13e Art jusqu'au 8 juin. L'œuvre de Claude-Michel Schönberg, Alain Boublil, Jean-Max Rivière et Raymond Jeannot embarque cette fois sans tête d'affiche.
Vingt-cinq chanteurs, danseurs et musiciens interprètent la version originale intégrale, dans une mise en scène inédite de Ned Grujic ("Notre-Dame de Paris", "Oliver Twist", "Fame", "Hair", "We Will Rock You").
"Comme beaucoup, j'ai joué cet opéra-rock au lycée. Jamais je n'aurais imaginé qu'on me demanderait de le remonter un jour dans un vrai théâtre", s'enthousiasme auprès de l'AFP Ned Grujic, qui a choisi un décor de machinerie théâtrale.
"Phénomène artistique à sa création, ce spectacle n'est pas manichéen et laisse le spectateur prendre fait et cause aussi bien pour les révolutionnaires que pour le roi et la reine, confrontés à des événements plus forts qu'eux et qui leur échappent", raconte-t-il. "Le spectacle reste d'actualité en interrogeant sur les valeurs de liberté, de civisme, de respect, d'écoute et d'entraide".
"Mélangeant le rock, le lyrique et la pop, les musiques apportent beaucoup de contraste. C'était révolutionnaire dans les années 70", ajoute-t-il.
Pour le producteur Pierre-Ammar Chalal, cette recréation "s'adresse autant à ceux qui ont vécu ce phénomène musical au Palais des Sports en octobre 1973 ou à Mogador en 1974, qu'aux jeunes Français d'aujourd'hui dont on dit qu'ils ne savent plus situer la Révolution, ni définir son sens et les valeurs qui en sont nées".
Cet opéra-rock créé six ans avant "Starmania" raconte cette période de l'Histoire en 36 chansons et deux actes, avec en toile de fond l'histoire d'amour romancée entre un député révolutionnaire et une jeune aristocrate.
Ce double-album compte parmi les grands succès de l'édition phonographique française des "seventies". Parmi les tubes, la chanson "Chouans": "En avant!/Par saint Denis, par saint Jean/Cœur battant/En avant, Chouans!"
Claude-Michel Schönberg, 79 ans, et Alain Boublil, 83 ans, seront également à l'honneur l'automne prochain à l'affiche du Théâtre du Châtelet, à Paris, avec la recréation de leur deuxième opéra-rock tout aussi célèbre, "Les Misérables" (1979).