Macron en route pour la Nouvelle-Calédonie, nouveaux incendies dans la nuit à Nouméa

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Publié le Mercredi 22 mai 2024

Macron en route pour la Nouvelle-Calédonie, nouveaux incendies dans la nuit à Nouméa

  • Dans l'archipel, la nuit de mardi à mercredi "a été plus calme que la précédente malgré deux incendies dans l'agglomération de Nouméa"
  • Emmanuel Macron, dont l'avion a décollé en début de soirée mardi selon l'Elysée, doit arriver mercredi soir ou jeudi matin (heure locale) dans l'archipel français du Pacifique Sud pour y installer une "mission"

NOUMEA: Après plus d'une semaine d'émeutes, Emmanuel Macron est en route mercredi pour la Nouvelle-Calédonie avec l'objectif d'y renouer le fil du dialogue et d'accélérer le retour à l'ordre à Nouméa, où deux écoles et un concessionnaire automobile ont été incendiés pendant la nuit.

La visite surprise du chef de l'Etat a été annoncée mardi en Conseil des ministres, alors que se multiplient les demandes de report du projet de loi constitutionnelle sur le corps électoral, rejeté par les indépendantistes.

Dans l'archipel, la nuit de mardi à mercredi "a été plus calme que la précédente malgré deux incendies dans l'agglomération de Nouméa", a signalé dans un communiqué le Haut-Commissariat de la République. Selon la municipalité de Nouméa, interrogée par l'AFP, deux écoles et 300 véhicules d'un concessionnaire sont notamment partis en fumée.

Emmanuel Macron, dont l'avion a décollé en début de soirée mardi selon l'Elysée, doit arriver mercredi soir ou jeudi matin (heure locale) dans l'archipel français du Pacifique Sud pour y installer une "mission", a précisé la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, sans fournir plus de détail.

"Très peu de temps après l'annonce" de sa venue, la Nouvelle-Calédonie a par ailleurs été visée par une cyberattaque "d'une force inédite" visant à "saturer le réseau calédonien", a indiqué lors d'une conférence de presse Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial calédonien.

L'attaque, consistant en l'envoi simultané de "millions d'emails", a été stoppée "avant qu'il y ait des dégâts importants", a-t-il dit.

Dans un quartier aisé du sud de Nouméa épargné par les émeutes, Jean, 57 ans, se relaie depuis une semaine avec ses voisins sur une barricade destinée à empêcher d'éventuelles intrusions.

La venue du président est "une bonne nouvelle", estime-t-il: "La situation est totalement bloquée, il faut espérer que ça permette aux esprits de se calmer, qu'une porte de sortie va être trouvée."

Sur un barrage de Dumbéa, un fief indépendantiste à l'ouest de Nouméa, Mike, 52 ans, souhaite lui aussi que "Macron arrive pour voir ce qui se passe", tout en répétant que "nous, on reste sur l'opposition: c'est non au dégel".

"Je ne comprends pas pourquoi notre sort doit être discuté par des gens qui n'habitent même pas ici", déplore-t-il.

La Nouvelle-Calédonie visée par une cyberattaque «  inédite »

La Nouvelle-Calédonie a subi mardi une "cyberattaque d'une force inédite" qui a depuis été "stoppée", a annoncé mercredi le gouvernement calédonien, des faits qui se sont produits "peu après" l'annonce par le président Emmanuel Macron de sa venue sur l'archipel français.

"Nous avons subi la nuit dernière une cyberattaque d'une force inédite en Nouvelle-Calédonie puisqu'un fournisseur d'accès (à internet) a subi une attaque de l'extérieur sur une adresse IP avec le but de saturer le réseau calédonien", a expliqué lors d'une conférence de presse Christopher Gygès, membre (Les Loyalistes) du gouvernement collégial local.

Depuis, a-t-il indiqué, les "équipes de l'Etat et de l'OPT (office des postes et télécommunications) ont réussi à stopper cette attaque avant qu'il y ait des dégâts importants".

Elle s'est produite "très peu de temps après l'annonce de la venue du président de la république en Nouvelle-Calédonie", a ajouté M. Gygès.

Emmanuel Macron a quitté Paris mardi soir pour se rendre en Nouvelle-Calédonie, où il prévoit d'installer une "mission" aux contours encore flous, dans le but d'apaiser la situation sur l'archipel, théâtre d'émeutes depuis lundi dernier qui ont fait six morts.

L'annonce avait été faite mardi peu avant midi, heure de Paris.

Concernant la cyberattaque, "des millions d'emails ont été envoyés de manière simultanée sur une adresse mail qui avait pour objet de saturer" le réseau "et de le rendre inopérant", a encore précisé M. Gygès.

« Trop tôt » pour un bilan

L'ex-Premier ministre Edouard Philippe, très impliqué dans le dossier calédonien durant son passage à Matignon (2017-2020), a dit espérer du chef de l'Etat des annonces "à la hauteur".

"La situation est terriblement triste et dangereuse. La France, qui a une relation compliquée à son histoire coloniale, a une possibilité de trouver une solution originale, même si c'est plus difficile qu'il y a trois mois", a-t-il ajouté lors d'une réunion publique à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).

Neuf jours après le début des plus graves violences touchant l'archipel depuis près de 40 ans, la situation, bien que plus calme, reste précaire et des quartiers entiers toujours difficilement accessibles.

Mercredi matin, des incendies étaient visibles en plusieurs secteurs de l'agglomération de Nouméa, dont la zone industrielle de Ducos, a constaté une journaliste de l'AFP.

Il est "beaucoup trop tôt" pour faire un bilan global des dégâts, car il y a encore des quartiers où les agents ne vont pas, a expliqué à l'AFP l'administration de la ville de Nouméa, tandis que le Haut-Commissariat a indiqué dans son communiqué que "plus de 90 barrages ont déjà été neutralisés et sont progressivement nettoyés".

Depuis le début des violences, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles. Quelque 84 policiers et gendarmes ont aussi été blessés, a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin devant les députés, qui ont observé mardi une minute de silence en hommage aux morts.

Les forces de l'ordre ont procédé à 276 interpellations, dont 248 menant à des gardes à vue, a précisé M. Darmanin, qui sera en Nouvelle-Calédonie avec le président Macron. Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, est aussi du déplacement.

Signe de la difficulté à reprendre en main la situation sécuritaire, l'aéroport international de l'archipel restera fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi matin.

L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont commencé mardi à évacuer leurs ressortissants piégés par les violences, une centaine ayant déjà "regagné leurs territoires grâce à des vols affrétés par leurs autorités", selon le Haut-Commissariat.

« Reporter » la réforme 

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues: couvre-feu nocturne, interdiction des rassemblements, du transport d'armes, de la vente d'alcool et de l'application TikTok.

Saisi par des défenseurs des libertés, le Conseil d'Etat a accordé mardi 24 heures supplémentaires au gouvernement pour motiver le blocage du réseau social et apporter des preuves du rôle que lui attribuent les autorités dans les émeutes.

Sur le front politique, les principales figures non-indépendantistes de l'archipel ont appelé à poursuivre l'examen de la réforme constitutionnelle contestée, qui doit être adoptée avant fin juin par le Congrès à Versailles.

Son retrait serait "une erreur gravissime" qui donnerait "raison aux casseurs, aux pilleurs et aux émeutiers", a jugé mardi le député (Renaissance) de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf.

Mais plusieurs élus non-indépendantistes ont appelé à mettre le projet sur pause, le temps de renouer le dialogue. C'est le cas de Sonia Lagarde, maire de Nouméa, ou du parti Calédonie Ensemble dont le président, Philippe Gomes, estime que "la révision constitutionnelle devra être reportée".

Les appels se sont multipliés, de la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité, pour réclamer un report de cette réforme qui aurait pour conséquence de marginaliser les voix de la communauté autochtone kanak, selon les indépendantistes.


France: un Ukrainien inculpé pour le meurtre d'une Franco-Russe dans un conflit de voisinage

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  • Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie
  • Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source

EVREUX: Un Ukrainien de 69 ans a été inculpé pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire après le décès mardi de sa voisine franco-russe à Evreux, dans le nord de la France, lors d'un différend de voisinage, a-t-on appris vendredi auprès du parquet local.

Un couple de retraités ukrainiens ainsi que leur amie avaient été agressés avec un couteau d'environ 20 cm par leur voisine franco-russe, vers 5H00 locales (7H00 GMT) dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué le procureur de la République d'Evreux Rémi Coutin lors d'une conférence de presse.

Le mari du couple ukrainien aurait alors retourné l'arme blanche contre sa voisine la blessant à trois reprises, dont une mortelle à la cuisse, toujours selon le procureur.

"Pour nous c'est la victime, celle qui a reçu les coups de couteau et est décédée mardi matin, qui était venue agresser au moins à deux reprises cette nuit-là les personnes ukrainiennes qui se trouvaient dans l'appartement au-dessus d'elle", a déclaré Rémi Coutin, justifiant ainsi le non placement en détention de l'auteur présumé des faits.

Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie.

Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source.

Un voisin a déclaré avoir passé la soirée à boire des bières chez la quinquagénaire avant que celle-ci ne décide "de monter le son de la musique, de donner des coups de balai dans le plafond afin d'embêter ses voisins du dessus", puis de se rendre chez eux pour une première altercation.

Déjà condamné à cinq reprises pour violences, ce voisin est mis en examen pour violences aggravées pour avoir frappé l'homme ukrainien lors cette première rencontre nocturne, a relevé le parquet.

Un habitant de l'immeuble a indiqué lors de son audition qu'il avait déjà demandé l'intervention à la police les 22 et 30 juin, parce que la victime était en train de donner des coups de poing dans la porte de l'appartement de ses voisins ukrainiens.

Entendu par la police, l'ex-mari de la femme franco-russe a relaté que s'agissant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, elle considérait que la Russie devait "se défendre, chasser les nazis d'Ukraine et lutter contre l'OTAN".

 


Audiovisuel public: Dati dégaine le «vote bloqué» pour accélérer les débats

Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
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  • Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique
  • Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver

PARIS: Fin de session chaotique au Sénat: face à l'"obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati a dégainé vendredi matin l'arme constitutionnelle du "vote bloqué" sur la réforme de l'audiovisuel public, pour tenter d'aboutir avant les congés parlementaires.

C'est une nouvelle vicissitude pour ce texte au parcours chaotique, porté à bout de bras par la ministre face à l'hostilité des syndicats, et qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général.

L'examen du texte a avancé à très faible allure jeudi: suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... En plus de huit heures de débats, les sénateurs ont à peine démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon.

A la manoeuvre, la gauche, bien décidée à jouer la montre, alors que la session extraordinaire doit théoriquement s'achever vendredi à minuit.

Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

"Après plus de sept heures de débat, nous n'avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (...) de l'obstruction, toujours de l'obstruction et encore de l'obstruction", a-t-elle justifié. Il restait alors environ 300 amendements à débattre.

Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard, et le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement.

Débats "escamotés" 

Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce "coup de force", selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon (UDI) a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, l'examen du texte devrait pouvoir "aller au bout" avant la fin de la session, selon cette source. Et revenir sans doute à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée.


La session parlementaire se clôt sur un vote mouvementé de la réforme de l'audiovisuel

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, s'exprime lors d'une séance de débat sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la réforme de l'audiovisuel public, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 30 juin 2025. (AFP)
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, s'exprime lors d'une séance de débat sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la réforme de l'audiovisuel public, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 30 juin 2025. (AFP)
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  • Les sénateurs ont approuvé largement vendredi en deuxième lecture la réforme de l'audiovisuel public, au terme de débats écourtés grâce à l'arme constitutionnelle du "vote bloqué"
  • La proposition de loi de Laurent Lafon (UDI), qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un prés

PARIS: Fin de session chaotique au Parlement: les sénateurs ont approuvé largement vendredi en deuxième lecture la réforme de l'audiovisuel public, au terme de débats écourtés grâce à l'arme constitutionnelle du "vote bloqué", un choix du gouvernement vivement contesté par la gauche.

La proposition de loi de Laurent Lafon (UDI), qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général, était le dernier texte inscrit à l'agenda de la chambre haute.

La chambre basse avait mis fin à ses travaux jeudi.

Mais, dans une chorégraphie qui rappelait davantage les usages du Palais Bourbon, l'examen du texte a tourné court au Palais du Luxembourg: face à "l'obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati (LR) a annoncé vendredi matin que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

Les débats jeudi avaient été marqués par une particulière lenteur, entre suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... A la manœuvre, la gauche, qui craint que la réforme ne soit l'occasion d'une reprise en main politique et d'une réduction du budget de l'audiovisuel public.

- La gauche claque la porte -

Après deux heures de suspension vendredi matin, les travaux ont repris, occasion pour les groupes de gauche de protester à l'unisson contre un "coup de force" démocratique, selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (groupe LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Peu après la reprise de la séance en début d'après-midi, les différents groupes de gauche ont renouvelé leurs critiques avant de quitter les lieux.

Le texte a finalement été adopté largement, par 194 voix contre 113. La version des sénateurs, compromis entre la majorité sénatoriale et le gouvernement, exclut de la holding France Médias Monde, comme le souhaitait le gouvernement, et conserve le deuxième volet du texte, sur la "souveraineté", que Mme Dati avait fait supprimer en commission à l'Assemblée.

Une victoire au forceps pour la ministre, qui défend bec et ongles la réforme depuis son entrée au gouvernement, face à l'hostilité des syndicats et à un agenda parlementaire contrarié.

- Victoire "à la Pyrrhus" ? -

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, le texte devrait revenir à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée. "Ce passage en force au Sénat sera une victoire à la Pyrrhus (...) Nous serons mobilisés dès la rentrée pour lui faire obstacle", a promis le député Aurélien Saintoul (LFI).

Le texte bénéficie à la chambre basse du soutien de la majorité du socle commun et de la relative bienveillance du RN, "plutôt partisan de s'abstenir" selon son vice-président Sébastien Chenu.