Droits de douane et baisse d'impôts, quel impact pour le programme économique de Trump?

L'ancien président américain Donald Trump s'adresse à la presse alors qu'il arrive à son procès pour avoir prétendument dissimulé des paiements d'argent secrets liés à des relations extraconjugales, au tribunal pénal de Manhattan à New York, le 10 mai 2024. (AFP)
L'ancien président américain Donald Trump s'adresse à la presse alors qu'il arrive à son procès pour avoir prétendument dissimulé des paiements d'argent secrets liés à des relations extraconjugales, au tribunal pénal de Manhattan à New York, le 10 mai 2024. (AFP)
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Publié le Jeudi 23 mai 2024

Droits de douane et baisse d'impôts, quel impact pour le programme économique de Trump?

  • L'approche de Trump peut se résumer en une formule: baisser les taxes et financer cette réduction d'impôts par une hausse généralisée des droits de douane sur l'ensemble des produits entrant aux Etats-Unis
  • Les taxes sur la consommation, que ce soit la TVA ou les droits de douane, pèsent en général plus sur les foyers à plus faible revenus

WASHINGTON: Après un premier mandat marqué par de fortes baisses d'impôts et une hausse des droits de douanes sur les produits importés de Chine, le candidat républicain Donald Trump envisage de poursuivre sur cette voie, en généralisant même les tarifs douaniers à l'ensemble des importations.

Un programme économique qui n'est cependant pas sans risque, alors que le pays est confronté à une inflation persistante et un ratio d'endettement déjà très élevé, et qui inquiète un certain nombre d'analystes.

Quelle stratégie économique pour Donald Trump?

L'approche de l'ancien président américain peut se résumer en une formule: baisser les taxes et financer cette réduction d'impôts par une hausse généralisée des droits de douane sur l'ensemble des produits entrant aux Etats-Unis.

Pour M. Trump, qui s'érige "grand défenseur des droits de douane", ces derniers peuvent être utiles pour lutter contre les "pays qui tentent de profiter de nous", citant la Chine. Cela peut aussi servir de levier de négociation avec les autres Etats.

Concrètement, les droits de douane pour l'ensemble des produits entrants aux Etats-Unis passeraient à 10%, certains, en particulier des produits chinois, allant jusque 60%. Selon les données du ministère du Commerce, les Etats-Unis ont importé plus de 3 800 milliards de dollars de biens et services en 2023.

Cette hausse des droits de douane aurait également pour objectif de financer une nouvelle baisse d'impôts. Ce mois-ci, Donald Trump a défendu une "large baisse d'impôts pour la classe moyenne, la classe supérieure, la classe inférieure, la classe business". Si aucun détail n'a jusqu'ici filtré, l'idée serait de s'appuyer sur la baisse d'impôts réalisée lors de son premier mandat, dont certaines mesures expirent fin 2025.

Avec quels effets pour les Américains?

Donald Trump l'assure: la baisse d'impôts viendra compenser le surcoût généré par la hausse des droits de douane, qui renchérira nécessairement les prix des produits à la consommation.

La première vague de droits de douane donne cependant une idée de l'impact pour les Américains: malgré la baisse d'impôts, la hausse des droits sur l'équivalent de la moitié des importations chinoises a représenté un coût additionnel pour les consommateurs, selon un rapport du Peterson Institute for International Economics (PIIE) publié cette semaine.

Les hausses annoncées représenterait en moyenne un surcoût de 1.500 dollars par foyer et par an, assure de côté le Center for American Progress. Pour Oxford Economics, le programme entraînerait une hausse de l'inflation de 0,6 point de pourcentage.

Surtout, le coût variera selon les revenus des foyers. Pour Mary Lovely, chercheuse au PIIE, ces propositions feraient basculer le poids des prélèvements "des épaules des plus riches pour peser sur les membres de la société aux plus bas revenus". Les taxes sur la consommation, que ce soit la TVA ou les droits de douane, pèsent en général plus sur les foyers à plus faible revenus, dont les dépenses contraintes représentent une part plus importante des revenus.

A l'inverse, les baisses d'impôts favorisent généralement les revenus élevés. Ainsi, le PIIE pense que les 20% les plus pauvres verront leur pouvoir d'achat reculer de 3,7%, contre une hausse de 1,4% pour le 1% des Américains les plus riches.

Et sur les finances publiques américaines?

Fin 2023, la dette publique américaine dépassait les 33.000 milliards de dollars, soit un ratio de quasiment 100% du PIB. Selon un rapport de l'Office de contrôle budgétaire du Congrès (CBO), la baisse de taxes envisagées par le candidat républicain viendrait l'augmenter de 4.600 milliards de dollars sur les dix prochaines années, qui s'ajouteraient à la hausse de 20.000 milliards de dollars, sans changement de trajectoire budgétaire, de la dette publique attendue d'ici fin 2033.

En 2018, un an après la baisse de taxes décidée par M. Trump, l'économie américaine avait connu une croissance en hausse, à 2,9%, mais qui n'était toutefois pas liée aux réductions d’impôts, selon un rapport du Service de recherche du Congrès.

Dans un rapport publié mi-mars, l'unité de recherche de l'assureur Allianz jugeait qu'une "nouvelle baisse d'impôts (ou hausse des dépenses) financée par la dette pourrait relancer l'inflation et renforcer les inquiétudes des marchés quant à la soutenabilité de la dette américaine".

D'autant que la hausse des tarifs douaniers, ainsi que les possibles représailles au niveau mondial, pourraient réduire le commerce américain, tant entrant que sortant, avec un impact sur le PIB et donc, en bout de course, les recettes fiscales, alerte Oxford Economics, estimant même que "les propositions avancées représentent un véritable risque pour la sécurité nationale".


Le FMI relève ses prévisions de croissance pour l'Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %

La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
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  • Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril
  • Le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier

RIYAD : Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril, soulignant la vigueur du secteur hors pétrole et la levée attendue des coupes de production de l’OPEP+.

Dans sa dernière mise à jour du World Economic Outlook, le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier. La croissance du Royaume devrait ainsi dépasser la moyenne mondiale (3 %) l’an prochain, se hissant au-dessus de celle de la plupart des pays du Golfe voisins.

À moyen terme, le FMI anticipe une hausse de la croissance à 3,9 % en 2026, avant une stabilisation autour de 3,5 %.

Le PIB hors pétrole est estimé en croissance de 3,4 % en 2025, légèrement en retrait par rapport aux 4,2 % enregistrés en 2024. Toutefois, les perspectives à moyen terme restent solides, avec une progression approchant 4 % en 2027, pour atteindre environ 3,5 % à la fin de la décennie.

Les conditions sur le marché du travail se sont également améliorées : le taux de chômage des Saoudiens a atteint un niveau record de 7 % en 2024, selon le FMI.

L’inflation demeure maîtrisée—le taux global devrait rester proche de 2 %, grâce à l’ancrage au dollar et au cadre des subventions en vigueur.

Sur le plan budgétaire, le FMI estime que l’augmentation des dépenses publiques en 2025—entraînant un déficit plus élevé que prévu—reste justifiée. Il met en garde contre de nouvelles coupes liées à la baisse des prix du pétrole, qui risqueraient de peser sur la croissance en rendant la politique budgétaire procyclique.

Le Fonds recommande une consolidation budgétaire progressive à moyen terme, notamment via l’augmentation des recettes non pétrolières, la suppression progressive des subventions énergétiques et la rationalisation des dépenses publiques.

Malgré certaines pressions liées à la forte croissance du crédit et aux coûts de financement, le secteur bancaire saoudien demeure résilient, selon le FMI. La Banque centrale saoudienne a introduit un coussin de capital contracyclique et continue de renforcer le cadre réglementaire.

Le rapport souligne l’importance de poursuivre les réformes structurelles pour soutenir la diversification de l’économie hors pétrole. Il appelle à avancer sur la gouvernance, le développement du capital humain, l’accès aux services financiers, la numérisation et le développement des marchés de capitaux — indépendamment des fluctuations des prix du pétrole.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Déjà confronté à des "vents de face", le luxe affronte désormais les droits de douane américains

Le dirigeant du conglomérat de luxe LVMH Bernard Arnault prononce un discours lors de la présentation des résultats financiers 2024 du conglomérat de luxe français LVMH dans le cadre d'une assemblée générale des actionnaires à Paris, le 17 avril 2025. (AFP)
Le dirigeant du conglomérat de luxe LVMH Bernard Arnault prononce un discours lors de la présentation des résultats financiers 2024 du conglomérat de luxe français LVMH dans le cadre d'une assemblée générale des actionnaires à Paris, le 17 avril 2025. (AFP)
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  • Mauvaise passe pour le luxe: déjà confronté à une baisse de la consommation de sacs à mains chics, parfums et tenues de grandes marques, le secteur doit désormais faire face aux droits de douane sur ses exportations vers les Etats-Unis
  • Désormais se greffe aussi la question des droits de douane de 15% sur les exportations vers les Etats-Unis, selon un accord passé dimanche entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne

PARIS: Mauvaise passe pour le luxe: déjà confronté à une baisse de la consommation de sacs à mains chics, parfums et tenues de grandes marques, le secteur doit désormais faire face aux droits de douane sur ses exportations vers les Etats-Unis, un de ses principaux marchés.

"Nous affrontons des vents de face, avec les difficultés conjoncturelles de l'économie mondiale", a déclaré Bernard Arnault, le PDG du numéro un mondial LVMH. "S'ajoutent des difficultés géopolitiques et la diminution des voyages touristiques en Europe et aux États-Unis", a-t-il souligné.

Le bénéfice net de LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...) a chuté au premier semestre de 22% à 5,7 milliards d'euros et les ventes ont reculé de 4% à 39,8 milliards.

Désormais se greffe aussi la question des droits de douane de 15% sur les exportations vers les Etats-Unis, selon un accord passé dimanche entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Un accord pas "parfait" mais "nécessaire" dans le "contexte actuel", a défendu Bernard Arnault mardi. Donald Trump avait menacé l'UE de droits de douane de 30%.

Le marché américain représente 25% des ventes de LVMH, qui ouvrira aux Etats-Unis un nouvel atelier Louis Vuitton, sa marque phare, à Dallas fin 2026 ou début 2027. Le groupe possède déjà aux Etats-Unis trois ateliers Louis Vuitton.

Beaucoup de groupes de luxe considèrent que des droits de douane de 15% restent acceptables. C'est "gérable", selon le mot de Kering, qui malgré ses difficultés pour redresser sa marque phare Gucci estime pouvoir augmenter les prix sur "certaines marques" pour compenser, selon sa directrice financière Armelle Poulou.

- Baisse du dollar -

Contrairement à LVMH, le groupe de François-Henri Pinault, propriétaire de Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga et Bottega Veneta, ne possède pas d'atelier en Amérique du Nord, où il réalise 24% de ses ventes.

"On vend de la culture française, on vend de la culture italienne. Ça n'aurait pas de sens pour moi d'avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas", estimait récemment François-Henri Pinault.

Prudent, le gérant de Hermès Axel Dumas préfère "attendre les règles du jeu précises". "Les dernières annonces ont besoin d'être affinées", a-t-il dit, soulignant que les droits de douane étaient à 4,7% en début d'année, auxquels se sont ajoutés en avril de nouveaux "frais d'approche" comme Hermès appelle la surtaxe de 10%.

"Si les 15% c'est les 10% plus les 5% qui existaient, il n'y a pas de raison d'augmenter les prix", estime Axel Dumas. A la suite des droits de douane de 10% imposés en avril, le groupe a relevé sa grille aux Etats-Unis de 5% ce qui n'a pas freiné ses ventes dans la zone "Amériques", en hausse de 6,3% au deuxième trimestre.

Hermès, qui lui semble ne pas rencontrer de "vents de face", a annoncé mercredi des ventes en hausse de 7,1% au premier semestre.

Le britannique Burberry ne se montre pas inquiet non plus. Au premier trimestre de son exercice décalé, il a vu ses ventes dans la région "Amériques" augmenter de 4%. La Grande-Bretagne a négocié des droits de douane de 10% pour les produits exportés aux Etats-Unis.

"Évidemment, 19% de notre chiffre d'affaires provient des États-Unis. Certes, cela représente toujours un obstacle, mais 81% de notre activité n'est pas touchée", a estimé lors d'un échange avec les analystes la directrice financière Kate Ferry.

Au-delà de l'impact comptable, les droits de douane pourraient aussi toucher "la confiance des consommateurs (de luxe) à l'échelle mondiale, en particulier dans les importants marchés chinois (environ un tiers des ventes) et américain (environ 25% des ventes)", estime la banque UBS dans une note.

Ils devraient aussi pousser les amateurs américains de luxe à acheter à l'étranger en raison des différences de prix selon les pays, qui peuvent être "de l'ordre de 10%, en plus du remboursement de la TVA en Europe", selon UBS.

La question des changes est majeure, soulignait Axel Dumas: "On a un dollar qui a beaucoup baissé, ça a autant d'impact, si ce n'est plus, que les droits de douane."


L’aéroport international de Dubaï bat un record avec 46 millions de passagers au premier semestre

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  • Le trafic mensuel moyen au cours du premier semestre s'est élevé à 7,7 millions de passagers
  • DXB a accueilli 222 000 vols et traité 41,8 millions de bagages au cours du premier semestre

RIYAD : L'aéroport international de Dubaï a accueilli 46 millions de passagers au cours du premier semestre 2025, marquant sa période de six mois la plus active jamais enregistrée malgré les perturbations de l'espace aérien régional et les vents contraires mondiaux.

Dans un communiqué de presse, l'opérateur Dubai Airports a déclaré que l'augmentation de 2,3 % en glissement annuel souligne la force continue du secteur de l'aviation de l'émirat et la résilience opérationnelle du terminal.

La croissance s'est produite malgré les restrictions temporaires de l'espace aérien en mai et juin, qui ont forcé plusieurs transporteurs du Golfe à réacheminer des vols et à ajuster les horaires en raison de l'intensification de l'activité militaire et des déclarations de zones d'exclusion aérienne dans certaines parties du Moyen-Orient.

Paul Griffiths, PDG de Dubai Airports, a déclaré : "La croissance continue de DXB au cours d'une période de défis régionaux met en évidence la force de Dubaï et des EAU, la souplesse de nos opérations et l'engagement de notre communauté aéroportuaire."

Au cours du seul deuxième trimestre, l'aéroport a accueilli 22,5 millions de passagers, soit une augmentation de 3,1 % par rapport à la même période l'année dernière. Le mois d'avril a été le plus chargé du trimestre et le plus actif jamais enregistré, avec 8 millions de voyageurs.

Le trafic mensuel moyen au cours du premier semestre s'est élevé à 7,7 millions de passagers, avec des volumes quotidiens de 254 000 en moyenne. Janvier a été le mois le plus chargé, établissant un nouveau record mensuel avec 8,5 millions de passagers.

DXB a également assuré 222 000 vols et traité 41,8 millions de bagages au cours du premier semestre, 91 % d'entre eux étant livrés dans les 45 minutes suivant leur arrivée. Le taux de bagages mal traités était de 2 bagages pour 1 000 passagers, bien en dessous de la moyenne de l'industrie qui est de 6,3, ajoute le communiqué.

"Alors que nous entrons dans la seconde moitié de l'année, l'activité de voyage devrait s'accélérer, en commençant par le pic de la fin de l'été et en menant à une saison d'hiver remplie d'événements de haut niveau dans les domaines du divertissement, du sport et des affaires", a déclaré M. Griffiths.

Il a ajouté que le salon aéronautique de Dubaï 2025 serait un événement exceptionnel, prêt à battre les records précédents et à mettre en lumière la vision audacieuse qui guide l'avenir de l'aviation et de l'aérospatiale.

"Sur la base de nos performances à ce jour et de nos perspectives positives, nous prévoyons que le trafic annuel atteindra 96 millions cette année, ce qui nous rapprochera de la barre symbolique des 100 millions", a ajouté M. Griffiths.

L'Inde est restée le premier marché de DXB au premier semestre, avec 5,9 millions de passagers, suivie par l'Arabie saoudite avec 3,6 millions. Le Royaume-Uni a accueilli 3 millions de passagers, tandis que le Pakistan et les États-Unis ont enregistré respectivement 2,1 millions et 1,6 million de passagers.

Londres a été la ville de destination la plus fréquentée avec 1,8 million de passagers, suivie par Riyad, Mumbai, Jeddah, New Delhi et Istanbul.

DXB a également traité plus d'un million de tonnes de fret au cours du premier semestre 2025, soit une augmentation de 0,1 pour cent par rapport à la même période l'année dernière. L'aéroport est relié à plus de 269 destinations dans plus de 107 pays et est desservi par 92 compagnies aériennes internationales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com