En Afghanistan, mines et munitions tuent un enfant tous les deux jours

Sur cette photo prise le 21 mai 2024, des démineurs afghans du Halo Trust font exploser des munitions non explosées (UXO) sur une colline du district de Deh Sabz à Kaboul. (AFP)
Sur cette photo prise le 21 mai 2024, des démineurs afghans du Halo Trust font exploser des munitions non explosées (UXO) sur une colline du district de Deh Sabz à Kaboul. (AFP)
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Publié le Mercredi 29 mai 2024

En Afghanistan, mines et munitions tuent un enfant tous les deux jours

  • «Il est quasiment impossible de connaître le degré actuel de contamination» par ces engins qui tuent ou blessent à 82% des enfants, concède le chef de la section des mines de l'UNAMA
  • Le déminage a commencé dès 1988, mais, au fil des conflits, des régions ont été de nouveau infestées

GHAZNI: L'énorme champignon noir à peine dissous dans le ciel azur de Ghazni, des enfants s'agglutinent autour du cratère creusé par l'explosion d'une mine, l'un de ces engins de mort dont ils sont les premières victimes en Afghanistan.

Maintenant que les Afghans peuvent retourner dans les champs, les écoles ou sur les routes après plus de 40 ans de guerre, un enfant est tué un jour sur deux par l'une des mines ou munitions non explosées jonchant le pays.

La mine antichar reposait à 100 mètres de Qach Qala - un village de la province de Ghazni, dans l'Est - depuis l'invasion soviétique (1979-1989). Des démineurs de l'organisation britannique Halo Trust l'ont précautionneusement déterrée puis dynamitée.

Mais avant que la détonation ne résonne à trois kilomètres à la ronde, un taliban a surgi à moto, furieux.

"Donnez-moi cette mine!", ordonne-t-il. "Je vais la garder chez moi en sécurité. On pourra l'utiliser plus tard (quand) l'Afghanistan sera de nouveau occupé".

La mine "n'était pas si dangereuse puisqu'elle n'a pas explosé pendant toutes ces années", insiste-t-il, avant d'être repoussé par les démineurs.

Le gouvernement taliban "soutient pleinement le déminage et veut qu'il avance", assure malgré tout Nick Pond, chef de la section des mines de l'UNAMA, la mission de l'ONU en Afghanistan.

«Manque de fonds»

Le déminage a commencé dès 1988, mais, au fil des conflits, des régions ont été de nouveau infestées.

"Il est quasiment impossible de connaître le degré actuel de contamination" par ces engins qui tuent ou blessent à 82% des enfants, concède Nick Pond.

Le paisible village de maisons en pisé de Nokordak, lové dans une vallée bucolique, a perdu deux enfants fin avril.

Shawoo, la mère de Javid, prostrée, ses autres enfants collés contre elle, raconte: "dans le jardin en contrebas, il a lancé une pierre contre une munition non explosée. Puis une deuxième. Et encore une. L'engin a explosé".

Son fils de 14 ans est mort presque instantanément. Comme son ami Sakhi Dad, 14 ans également.

"Les gens disaient qu'il y avait des munitions dans le coin mais on n'avait jamais eu un tel accident dans le village", dit le frère de ce dernier, Mohammad Zakir, un jeune homme de 18 ans.

"Personne n'était venu nous avertir du danger pour les enfants".

Dans le village de Patanaye, 50 km plus loin, Sayed, 13 ans, montre sa main et son pied bandés. Il a survécu à l'accident qui a fauché fin avril son frère Taha, 11 ans, alors qu'ils gardaient les moutons.

"Trois ou quatre fois je lui ai arraché la munition des mains. Je criais, mais il m'a chassé à coups de pied et l'a lancé contre une roche". Taha est mort lors de son transport vers Kaboul.

"On a eu beaucoup d'accidents comme ça", dit leur père, Siraj Ahmad, longue barbe grise et turban taupe.

"Demain ça pourrait être quelqu'un d'autre dont le fils sera tué ou handicapé. On demande au gouvernement de déminer", dit-il.

Mais, explique Zabto Mayar, de Halo, "on manque de fonds" donc les démineurs procèdent parcelle après parcelle selon l'arrivée des dons de l'étranger.

"Vers 2011, 15.500 personnes travaillaient au déminage", dit Nick Pond, "actuellement c'est 3.000".

D'autres crises ont surgi ailleurs, Ukraine ou Gaza, et les talibans ont installé en 2021 un gouvernement reconnu par aucun pays.

«De jolies couleurs»

Mais Mohammad Hassan, directeur de l'école du hameau de Deh Qazi, attend les démineurs de pied ferme. Car "même dans la cour de l'école il y a des munitions non explosées, des mines antichar et antipersonnel".

"On ne peut même pas planter d'arbre", dit-il, "amener un tracteur ou d'autres engins est très dangereux".

Dans la classe, les enfants assis en tailleur reçoivent un cours de prévention. Au mur, des tableaux de mines ou munitions de toutes formes et couleurs.

"Il y a six mois, on a vu une roquette avec des amis en nous promenant. On a averti tout de suite les anciens et ils ont appelé les démineurs", dit fièrement Jamil Hassan, 12 ans.

"La majorité des accidents surviennent parce que les enfants jouent avec les engins", dit M. Pond. La mine papillon soviétique (PFM-1) par exemple, avec ses deux ailes, "est très attirante, et ils la ramassent".

"La plupart des munitions ont de jolies couleurs qui les attirent", dit aussi Sayed Hassan Mayar, de Halo.

Mais des enfants meurent également en récupérant du métal.

"Après les guerres, la pauvreté a explosé et les gens se sont mis à creuser les sites pour trouver des munitions" et en revendre le métal, dit Zabto Mayar.

"Le plus dangereux ce sont les obus de 40 mm de l'Otan", déployé en Afghanistan de 2001 à 2021, "avec leur tête jaune, les enfants pensent que c'est de l'or et essaient de la retirer", explique-t-il.

Le danger est aussi omniprésent pour les démineurs: deux hommes de Halo ont été tués début mai.

"Souvent avant d'aller déminer, j'appelle ma famille et je leur dis que je les aime. Au cas où quelque chose arriverait", dit Zabto Mayar.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.