La musique millénaire des Joujouka résonne dans les montagnes marocaines

Le groupe des Maîtres Musiciens de Joujouka se produit lors du festival musical annuel Joujouka dans le village de Jajouka, au nord du Maroc, le 27 mai 2024 (Photo, AFP).
Le groupe des Maîtres Musiciens de Joujouka se produit lors du festival musical annuel Joujouka dans le village de Jajouka, au nord du Maroc, le 27 mai 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 juin 2024

La musique millénaire des Joujouka résonne dans les montagnes marocaines

  • La notoriété du groupe à l'international revient au fondateur des Rolling Stones, Brian Jones, qui lui a consacré un album posthume
  • Avant son décès en 1969, la rockstar anglaise finalise l'album et choisit la pochette du disque, une peinture le représentant au milieu des musiciens, de l'artiste marocain Mohamed Hamri

JAJOUKA: "La musique ne doit jamais cesser de résonner dans le village". Si les musiciens marocains de Joujouka ont fait voyager leurs airs aux influences soufies jusqu'à Glastonbury, ils la perpétuent aussi chez eux, le temps d'un festival confidentiel qui attire des passionnés du monde entier.

Il est plus d'une heure du matin quand 15 musiciens, vêtus d'épaisses djellabas en laine typique de la région  entrent sur une scène aménagée sous une grande tente caïdale, dans une cour bordée d'oliviers.

Dans la petite bourgade montagneuse de Jajouka, dans le nord du Maroc, le son strident des ghaytas (sorte de hautbois) enveloppé par le rythme saccadé des tbels (percussions) emplissent l'espace, sans amplificateurs ni enceintes.

La performance instrumentale, hypnotique, dure près de trois heures sans que le rythme ne baisse.

Chaque printemps, les maîtres musiciens de Joujouka, dont la musique date de 4.000 ans selon la légende, accueillent une cinquantaine de personnes qui vivent au rythme de la musique et de la nature durant trois jours.

"C'est une expérience splendide", confie à l'AFP John Egan, musicien venu du Royaume-Uni, ancien membre du groupe de rock psychédélique Ozric Tentacles. "C'est une musique incroyablement puissante. C'est quasiment impossible d'avoir plusieurs musiciens jouant au diapason à ce rythme".

Brian Jones

La notoriété du groupe à l'international revient au fondateur des Rolling Stones, Brian Jones, qui lui a consacré un album posthume: "Brian Jones presents the pipes of pan at Joujouka" (1971).

A l'été 1968, l'artiste, miné par des tensions avec ses acolytes des Stones, se rend au Maroc pour enregistrer en une nuit les musiciens du village de Jajouka.

Avant son décès en 1969, la rockstar anglaise finalise l'album et choisit la pochette du disque, une peinture le représentant au milieu des musiciens, de l'artiste marocain Mohamed Hamri.

Ce dernier, originaire du village, jouera dès les années 1950 un rôle déterminant pour sortir cette musique de l'anonymat auprès d'intellectuels et artistes étrangers tels que Paul Bowles, Brion Gysin ou William Burroughs.

Cette notoriété a permis aux musiciens de parcourir le monde mais des désaccords ont mené à une scission au début des années 1990: il existe depuis, les maîtres musiciens de Joujouka, et ceux de Jajouka -- menés par le musicien marocain Bachir Attar -- qui ne vivent plus au village mais se produisent en spectacle.

"Cette musique a pris de l'ampleur dans le monde car elle maintient quelque chose de vivant auquel les gens peuvent s'identifier, comme un lien spirituel ancien", estime Frank Rynne, un Irlandais initiateur en 2008 du festival de Joujouka, prévu cette année sur deux dates en raison d'une forte demande.

Le groupe des Joujouka, qui a notamment joué au célèbre festival anglais de Glastonbury (2011, 2023) et au Centre Pompidou à Paris (2016), s'inscrit dans une tradition soufie que l'on dit apaisante pour l'âme.

«La baraka»

"C'est grâce à la baraka de Sidi Ahmed Cheikh que notre musique a réussi à devenir mondiale", assure Ahmed El Attar, 67 ans, le raïss (chef) du groupe des Joujouka, en référence au saint soufi arrivé dans le village au XVe siècle.

Pour que son esprit ne disparaisse pas, "la musique ne doit jamais cesser de résonner dans le village", ajoute-t-il.

Le saint soufi, enterré dans un sanctuaire du village, a conféré à la musique un pouvoir pour "guérir les âmes", raconte Abdessalam Rrtoubi, 64 ans, qui joue de la ghayta.

Cette vertu thérapeutique aurait eu de l'effet sur un habitué du festival, Haitaro Hanamura.

"L'année dernière, j'avais mal au dos, le raïss m'a fait un massage au sanctuaire et ça m'a vraiment soulagé", assure ce musicien japonais de 57 ans, fasciné par les performances des Joujouka et de retour pour la sixième fois depuis 2016.

Le clou du spectacle est l'entrée sur scène de trois garçons, vêtus d'habits de femmes de la région, présage, selon la tradition, de la venue de Boujloud, une figure mythologique mi-homme mi-chèvre.

Les lumières s'éteignent, un grand feu est allumé devant la scène, et le "monstre" débarque en dansant et agitant deux branches d'arbustes. La légende voudrait que les légers coups assénés par Boujloud sur les spectateurs apportent bénédiction et fertilité.


Rami Al-Ali intègre la haute couture à Paris

Travaillant avec une palette de neutres doux, de pastels glacés et de métallisés discrets, le designer a exploré les volumes, les textures et les structures avec une approche architecturale distincte. (Getty Images)
Travaillant avec une palette de neutres doux, de pastels glacés et de métallisés discrets, le designer a exploré les volumes, les textures et les structures avec une approche architecturale distincte. (Getty Images)
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  • Le designer syrien Rami Al-Ali est entré dans l’histoire cette semaine en devenant le premier couturier de son pays à figurer au calendrier officiel de la haute couture à Paris
  • Originaire de Damas, Rami Al-Ali a perfectionné son art à Dubaï et à Beyrouth, avant de fonder sa marque éponyme en 2001

DUBAÏ : Le designer syrien Rami Al-Ali est entré dans l’histoire cette semaine en devenant le premier couturier de son pays à figurer au calendrier officiel de la haute couture à Paris, étouffant ses larmes à la fin d’un défilé de pièces délicatement taillées.

Travaillant dans une palette de neutres doux, de pastels glacés et de métallisés discrets, le créateur a exploré le volume, la texture et la structure avec une approche architecturale affirmée.
Les silhouettes structurées, aux coupes asymétriques, étaient adoucies par des drapés élégants ou des ornements délicats.

Les robes longues en organza et mousseline de soie jouaient sur la fluidité, avec une transparence subtile leur conférant une qualité éthérée. Broderies à la main, tulle plissé et smocks complexes ont ajouté profondeur et intérêt visuel à l’ensemble.

Plusieurs modèles comportaient des détails tissés ou en treillis, que ce soit sur des panneaux entiers ou en touches décoratives, mettant en valeur la virtuosité artisanale. D'autres créations remarquables exploraient des volumes sculpturaux : une robe s’ouvrait en plis façon éventail, une autre adoptait des couches en cascade.

L’entrée d’Al-Ali dans le calendrier parisien marque une étape majeure, signifiant son accession au cercle le plus élitiste de la mode. Pour obtenir la désignation officielle de « haute couture », les maisons doivent satisfaire à des critères stricts, définis par la loi française.

« Une étape historique, célébrant le dévouement de toute une vie à l’artisanat, à la culture et à l’expression créative, enracinée dans l’héritage et portée par une vision », a posté la maison de couture sur Instagram à l’annonce de sa participation.

Originaire de Damas, Rami Al-Ali a perfectionné son art à Dubaï et à Beyrouth, avant de fonder sa marque éponyme en 2001.

Ses créations ont séduit de nombreuses célébrités, parmi lesquelles Amal Clooney, Eva Longoria, Jennifer Lopez ou encore Jessica Chastain.

Son travail est salué pour sa capacité à fusionner les influences moyen-orientales et occidentales : des silhouettes fluides enrichies de détails ludiques et raffinés, entre tradition et modernité.

Al-Ali rejoint ainsi un cercle restreint de créateurs arabes figurant au calendrier officiel, aux côtés de Georges Hobeika, Elie Saab, Zuhair Murad et Mohammed Ashi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le premier sac Birkin d'Hermès vendu près de 8,6 millions d'euros à Paris

(AFP)
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  • Le premier sac Birkin d'Hermès, conçu spécialement pour Jane Birkin en 1984, a été vendu aux enchères, jeudi à Paris, pour 8,582 millions d'euros
  • Ce grand fourre-tout en cuir noir est le premier exemplaire de ce qui est devenu l'un des sacs les plus célèbres et les plus chers au monde

PARIS: Le premier sac Birkin d'Hermès, conçu spécialement pour Jane Birkin en 1984, a été vendu aux enchères, jeudi à Paris, pour 8,582 millions d'euros frais inclus, a indiqué la maison d'enchères Sotheby's.

Ce grand fourre-tout en cuir noir est le premier exemplaire de ce qui est devenu l'un des sacs les plus célèbres et les plus chers au monde.

Jusqu'à présent, le sac le plus cher jamais vendu aux enchères était un Kelly Hermès en crocodile, serti de diamants et rehaussé d'or blanc, ajdugé à plus de 513.000 dollars (438.000 euros), selon Sotheby's.

Ce "prototype historique réalisé à la main", gravé des initiales J.B., se distingue par plusieurs particularités qui en font une pièce unique, notamment sa taille, ses anneaux métalliques fermés, sa bandoulière non-détachable ou encore la présence d'un coupe-ongles intégré. Des traces d'autocollants sont aussi visibles sur le cuir patiné.

Icône de mode au look effortless chic (presque sans effort, ndlr), Jane Birkin privilégiait le côté pratique des choses.

Lors d'un vol Paris-Londres, la chanteuse et actrice anglaise, décédée en 2023, se plaint à son voisin de ne pas trouver un sac adapté à ses besoins de jeune maman.

Ce dernier n'est autre que Jean-Louis Dumas, gérant d'Hermès de l'époque. Un fourre-tout avec un espace dédié aux biberons voit ainsi le jour en 1984 et porte le nom Birkin.

Quarante ans plus tard, ce sac à main en cuir est devenu le produit emblématique du sellier-maroquinier. Produit en très petite quantité, il cultive une image d'exclusivité, avec un prix pouvant varier grandement, de quelques milliers d'euros pour les modèles les plus simples, jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'euros pour les plus luxueux.

Outre le sac Birkin, la vente "Fashion Icons" de Sotheby's proposait des pièces emblématiques issues de défilés de créateurs tels que Christian Dior, John Galliano, Thierry Mugler ou encore Alexander McQueen.


Le musée de Djeddah expose 1 000 objets rares retraçant l’histoire de l'islam

La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
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La Maison des Arts Islamiques présente une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique. (SPA)
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  • La première galerie retrace l'évolution de la céramique et de la verrerie du Ier au Xe siècle de l'Hégire (du VIIe au XVIe siècle)
  • La deuxième galerie met en lumière le travail des métaux islamiques, avec des objets décorés de manière complexe et des récipients d'usage quotidien

DJEDDAH : La Maison des Arts Islamiques, le premier musée du Royaume entièrement dédié à l’art islamique, abrite une collection couvrant plusieurs époques de la civilisation islamique.

Situé dans le parc de Djeddah, le musée expose plus de 1 000 objets qui donnent un aperçu des valeurs islamiques et du patrimoine culturel et historique de la région, a rapporté l'Agence de presse saoudienne (SPA).

Le musée comprend six galeries, chacune explorant une facette distincte du patrimoine islamique.

La première galerie retrace l'évolution de la céramique et de la verrerie du Ier au Xe siècle de l'Hégire (du VIIe au XVIe siècle), mettant en valeur la poterie, un artisanat de l'Antiquité qui a connu un développement majeur sous l'impulsion des artisans musulmans.

La deuxième galerie met en lumière le travail du métal islamique, avec des objets décorés de manière complexe et des récipients d'usage quotidien.

La troisième galerie présente 500 pièces de monnaie de l'époque du prophète Mahomet à l'époque moderne, offrant un aperçu de l'histoire économique du monde musulman.

La quatrième galerie se concentre sur l'influence de l'art islamique sur les autres civilisations et sur la manière dont les cultures européennes se sont engagées dans les traditions artistiques islamiques.

La cinquième galerie présente des manuscrits coraniques rares, des pièces de calligraphie arabe et des tablettes de bois utilisées pour la mémorisation du Coran.

La dernière galerie présente des textiles islamiques, notamment des pièces provenant des revêtements intérieurs et extérieurs de la sainte Kaaba et un rare rideau de la porte Shammi de la mosquée du Prophète à Médine, fabriqué à l'époque ottomane au XIIIe siècle de l'ère chrétienne.

La visite du musée s'achève à la bibliothèque, qui propose une large sélection de livres en arabe et en anglais sur l'histoire, la culture et la littérature islamiques.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com