Les commémorations du D-Day, une occasion en or pour faire des affaires

Le président américain Joe Biden s'entretient avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky tandis que le président français Emmanuel Macron regarde le début de la cérémonie commémorative internationale à Omaha Beach marquant le 80e anniversaire du débarquement allié du « jour J » de la Seconde Guerre mondiale en Normandie, à Saint- Laurent-sur-Mer, dans le nord-ouest de la France, le 6 juin 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'entretient avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky tandis que le président français Emmanuel Macron regarde le début de la cérémonie commémorative internationale à Omaha Beach marquant le 80e anniversaire du débarquement allié du « jour J » de la Seconde Guerre mondiale en Normandie, à Saint- Laurent-sur-Mer, dans le nord-ouest de la France, le 6 juin 2024. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 juin 2024

Les commémorations du D-Day, une occasion en or pour faire des affaires

  • Pour le président de la CCI de Caen, Manuel Le Roux, le 80e anniversaire du Débarquement est "un moment exceptionnel" et "une occasion en or" pour les entrepreneurs
  • La CCI de Caen a mis en place un accueil des entrepreneurs étrangers au domicile de leurs homologues normands

CAEN: "C'est sympa, ça change de l'afterwork!" Catherine Cousin, cheffe d'entreprise, s'apprête à monter dans une jeep datant de 1944 avec des entrepreneurs venus de six pays pour commémorer le Débarquement mais aussi "faire des affaires" à Caen, en Normandie.

"Le 80e (anniversaire du Débarquement), c'est une très belle opportunité pour échanger entre entrepreneurs normands mais aussi avec les entrepreneurs étrangers", assure-t-elle, sur le parking de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Caen.

Comme elle, une trentaine d'entrepreneurs français, mais aussi américains, anglais, allemands ou encore autrichiens, se serrent à l'arrière de jeeps et de camions datant de la Seconde Guerre Mondiale, sur des banquettes plus ou moins confortables.

"L'idée, c'est de pouvoir discuter entre nous, peut-être faire des affaires, dans un véhicule d'exception", se réjouit Erick Bocq, directeur de Finance SAS.

Pour le président de la CCI de Caen, Manuel Le Roux, le 80e anniversaire du Débarquement est "un moment exceptionnel" et "une occasion en or" pour les entrepreneurs.

"N'oublions pas qu'il y avait aussi un aspect économique lors du débarquement de Normandie", souligne-t-il, rappelant que les Alliés "ont aussi débarqué pour (...) recréer ce tissu industriel, cette vie économique qui avait été mise sous cloche pendant quatre ou cinq ans."

Le D-Day du futur

Dans le centre de Caen, dans une ancienne usine Renault détruite par les bombardements alliés en 1944 et réhabilitée en un espace hybride accueillant entreprises, étudiants, artistes et sportifs -le MoHo-, le multi-entrepreneur normand Olivier Cotinat s'affaire aux derniers préparatifs.

Vendredi, au lendemain des commémorations du D-Day, il accueille une cinquantaine de chefs d'entreprises et d'universitaires pour une initiative intitulée "A.I for Peace" (l'Intelligence Artificielle pour la Paix).

"Le D-Day, c'est 12 pays, 150.000 hommes de toutes couleurs de peau, de toutes religions, qui ont fait basculer le cours de l'Histoire", rappelle M. Cotinat.

"Mais en 1944, les soldats se battaient pour un ennemi tangible alors qu'en 2024, les défis semblent plus flous. Il faut créer la même coalition d'entrepreneurs et de penseurs face aux défis contemporains comme l'IA ou le changement climatique", affirme-t-il.

En veste militaire, le quadragénaire montre les jeeps d'époque, les radio-transmetteurs et autres objets prêtés par le Mémorial de Caen au MoHo.

"Si on veut que le souvenir du Débarquement, mais aussi de cette unité entre les Alliés, reste dans les mémoires, c'est indispensable de le reprojeter vers le futur", insiste M. Cotinat qui appelle à "dépasser" les simples commémorations militaires et politiques.

"L'anniversaire du D-Day doit aussi permettre de créer du lien entre les entreprises."

Au risque sinon que la "mémoire vive" du Débarquement "s'essouffle" comme celle de la Première guerre mondiale (1914-1918) dont les vétérans sont tous décédés, prévient-il.

 Honorer les sacrifices

Pour approfondir le lien entre chefs d'entreprises et éviter que leur venue aux commémorations ne se mue en "simple périple touristique", la CCI de Caen a mis en place un accueil des entrepreneurs étrangers au domicile de leurs homologues normands.

A Verson, commune située au nord-ouest de Caen, Luc Chavany, patron de LC-Consulting, propose avec sa femme croissants et café à Charles Hays et Tom Harkins, deux chefs d'entreprises implantés respectivement à Chicago (Etats-Unis) et Edimbourg (Royaume-Uni).

"L'intérêt de les accueillir à la maison, c'est de mieux apprendre à se connaître, de faire du business en toute convivialité", estime M. Chavany.

"A notre petite échelle, nous prolongeons la paix en tissant des liens commerciaux forts entre nos pays."

A côté de lui, Charles Hays, patron américain à la tête de Polymer Process, hoche la tête.

"Grâce au Débarquement, nous partageons toujours les mêmes valeurs", comme la liberté économique, juge-t-il. "Et en faisant du business, nous honorons les sacrifices de ces soldats il y a 80 ans."

 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.