Sénégal: en tenue de luxe pour l'Aïd à moitié prix

Des femmes s'habillent avant une séance photo pour une brocante à Rufisque, dans la banlieue de Dakar, le 6 juin 2024 (Photo, AFP).
Des femmes s'habillent avant une séance photo pour une brocante à Rufisque, dans la banlieue de Dakar, le 6 juin 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 16 juin 2024

Sénégal: en tenue de luxe pour l'Aïd à moitié prix

  • La plupart des articles appartiennent à des anonymes qui vident leur garde-robe de tenues n'ayant souvent servi qu'une seule fois
  • Arborer la même deux années de suite est souvent mal vu

DAKAR: A quelques jours de la grande fête musulmane de la Tabaski, Seynabou Sarr, dite Nabou, croule sous les commandes dans sa boutique de vêtements de seconde main de la banlieue de Dakar.

Pieds nus, la jeune femme de 30 ans s'active dans un constant va et vient. Entre deux commandes, qui affluent au téléphone, elle prépare un shooting photo pour promouvoir ses produits phares: des boubous d'occasion.

Avec l'achat du mouton, de condiments ou de nouvelle chaussures, la tenue de fête est un incontournable de l'Aïd, appelée Tabaski en Afrique de l'Ouest et célébrée lundi pour le plus grand nombre au Sénégal.

Les femmes et les hommes revêtent pour l'occasion robes et tuniques traditionnelles confectionnées dans des tissus de luxe ornés de broderies ou de perles. C'est une dépense importante devenue presque obligatoire au fil du temps. Une forte pression sur les familles et les économies, encore plus quand les temps sont durs.

Comme le commerce de prêt-à-porter de seconde main dans les pays occidentaux, le marché d'occasion des boubous de luxe connaît un succès grandissant au Sénégal. A l'état neuf, certains modèles peuvent coûter jusqu’à 250.000 FCFA (381 euros), une petite fortune quand le salaire médian est de 54.000 FCFA (82 euros) par mois.

Chez Nabou, il est possible de les trouver à moins de 90.000 FCFA (137 euros).

"Les gens avaient honte auparavant de porter des habits d'occasion de peur de se faire moquer ou dénigrer. Mais de plus en plus, beaucoup prennent conscience de leurs avantages", explique-t-elle.

La jeune femme a lancé son business en ligne en 2018 avant d’ouvrir sa boutique en 2022. Elle a plus de 80.000 abonnés sur TikTok.

Abdou Fall, père de famille, s'est résolu cette année à acheter une tunique d'occasion, un élégant boubou marron trois pièces avec une belle broderie autour du cou. Il l'a acquis pour 60.000 FCFA (90 euros), au lieu des 130.000 (196.000 euros) qu'il aurait valu neuf.

"Ce n'était pas dans mes projets d'acheter un boubou pour cette année car j'avais déjà beaucoup à faire avec les autres dépenses", confie-t-il. "Mais le prix était tellement abordable que je me suis dit que je ne vais pas m'en priver".

«Beau avec peu»

La plupart des articles appartiennent à des anonymes qui vident leur garde-robe de tenues n'ayant souvent servi qu'une seule fois.

Arborer la même deux années de suite est souvent mal vu. Les boubous usagés doivent impérativement avoir l'air neuf.

"Qui peut distinguer que ce n’est pas neuf? Personne. Avec peu, tu te fais beau comme tout le monde et tu peux aussi le revendre à ton tour", se réjouit Matar Sarr, un autre client.

Le textile est l'une des industries les plus polluantes au monde: seulement 13% de ses matériaux sont recyclés d'une manière ou d'une autre, selon un rapport de la Fondation Ellen MacArthur de 2017 qui fait toujours référence.

Si certains Sénégalais critiquent le gaspillage des vêtements à l'occasion des cérémonies, c'est l'argument financier qui l'emporte pour la majorité.

La Tabaski n'est pas la seule occasion de s'offrir du luxe plus abordable.

Dans les rayons, Khady Djiba est à la recherche d'une robe de mariée pour sa petite soeur. Elle examine la qualité des tissus, passe sa main sur les coutures, s’attarde sur les perlages et finit par choisir un modèle de couleur blanche avec une longue traîne rehaussé de perles scintillantes.

Neuve, cette robe lui aurait coûté au moins 150.000 francs CFA (228 euros), trop cher. Elle l'a achetée 75.000 FCFA (114 euros). La robe présente quelques défauts, mais la revendeuse rassure: avec quelques retouches et du pressing, elle sera comme neuve.

"C’est une bonne affaire. Je suis très satisfaite", sourit Khady Djiba.

Le temps d'un après-midi, la boutique de Nabou se transforme en showroom où de jeunes femmes improvisées mannequins prennent la pose face aux objectifs. Maquillage, éclats de rire, clins d’œil… Les photos et vidéos alimenteront les réseaux sociaux.

"Tu verras, les clients vont s'arracher les modèles une fois qu'ils seront postés sur les réseaux", lance tout sourire l’une des modèles.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.