Législatives: fin du dépôt des candidatures, Mbappé «  contre les extrêmes  »

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Publié le Dimanche 16 juin 2024

Législatives: fin du dépôt des candidatures, Mbappé «  contre les extrêmes  »

  • Les candidats avaient jusqu'à 18 heures pour se rendre en préfecture et s'inscrire en vue du premier tour du 30 juin
  • Les listes définitives n'ont pas encore été toutes rendues publiques par les partis

PARIS: La course contre la montre pour déposer sa candidature s'est achevée dimanche après-midi pour les postulants aux législatives dans les 577 circonscriptions, au terme d'une folle semaine de tractations, d'alliances et de dissidences qui ont bouleversé le paysage politique.

Preuve de leur importance, ces élections, qui pourraient porter le RN au pouvoir, secouent jusqu'à l'Euro de football en Allemagne. Le capitaine de l'équipe de France Kylian Mbappé s'est dit "contre les extrêmes, les idées qui divisent". La veille, son coéquipier Marcus Thuram avait estimé qu'il fallait "se battre pour que le RN ne passe pas".

Les candidats avaient jusqu'à 18 heures pour se rendre en préfecture et s'inscrire en vue du premier tour du 30 juin. Le deuxième se tiendra le 7 juillet.

Les listes définitives n'ont pas encore été toutes rendues publiques par les partis. Mais, une semaine après le séisme de la dissolution, tout est désormais scellé après plusieurs journées de grande confusion avec le ralliement du patron des Républicains Eric Ciotti au Rassemblement national, des alliances locales entre la droite et la majorité ainsi que des candidatures dissidentes à gauche.

A gauche, l'offre est en grande partie connue depuis la formation du Nouveau Front populaire qui a réussi à se mettre d'accord en quelques jours sur un programme et des candidats.

Mais, nouveau coup de théâtre, Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales en 2022, a préféré jeter l'éponge. Sous pression après son investiture LFI qui avait heurté notamment socialistes et écologistes, il ne souhaite pas que sa candidature "soit utilisée" contre la nouvelle union de la gauche.

Saluant cette décision, LFI a annoncé investir un autre candidat, Aurélien Le Coq. Mais la militante féministe Amy Bah, soutenue par la maire socialiste de Lille Martine Aubry a maintenu sa candidature.

« Je ne serai jamais le problème »

Autre sujet de tension, LFI a refusé d'investir plusieurs figures historiques critiques de la ligne de Jean-Luc Mélenchon, comme Danielle Simonnet, Raquel Garrido et Alexis Corbière, déclenchant une nouvelle réprobation des socialistes et écologistes.

Le Nouveau Front populaire, qui rassemble de l'anticapitaliste Philippe Poutou à l'ex-président François Hollande, sera t-il capable de résister à l'hétérogénéité de ses composantes ?

Jean-Luc Mélenchon a joué l’apaisement dimanche, notamment sur une candidature à Matignon dont beaucoup ne veulent pas.

"Si vous pensez que je ne dois pas être Premier ministre, je ne le serai pas. Je ne serai jamais le problème", a-t-il déclaré sur France 3.

Au lendemain de la candidature surprise de l'ex-président François Hollande en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin (1997 à 2002) a, lui, aussi défendu la nouvelle union, seule "digue", selon lui, capable de contenir le parti d’extrême droite.

Il a dénoncé dans Le Monde "l’arrogance" et la "légèreté" d'Emmanuel Macron dans son choix de dissoudre l'Assemblée, l'ex-président Nicolas Sarkozy estimant que le chef de l'Etat a pris "un risque majeur pour le pays (qui) peut le plonger dans un chaos".

Pouvoir d'achat

Au centre, après la déroute des européennes et "la sidération" de la dissolution, la majorité tente de se remobiliser sous la houlette de Gabriel Attal.

Sur le pouvoir d'achat, premier thème mis en avant par les Français, le Premier ministre a promis samedi plusieurs mesures en cas de victoire de son camp notamment une baisse des factures d'électricité de 15% "dès l'hiver prochain" et une hausse du montant de la prime dite "Macron", versée par les entreprises à leurs salariés.

"Je ne crois pas que l'annonce de dépenses supplémentaires soit la réponse", a prévenu dimanche sur LCI le président du MoDem François Bayrou, allié de la majorité.

Cette dernière, qui accuse un grand retard dans les sondages, tente d'élargir son socle.

En cas de victoire, "il va falloir envisager de réunir dans un gouvernement des personnalités (...) éloignées les unes des autres", a commenté M. Bayrou.

Alliances locales

Des "pactes de non-agression" entre la majorité et la droite semblent se mettre en place, et des députés LR sortants seront assurés de pouvoir candidater sans macroniste contre eux.

Des tenants de l'aile gauche de la Macronie tendent eux la main, dans La Tribune, à l"ami social-démocrate" pour qu'il rejette le Nouveau Front Populaire et son programme, un mélange de "démagogie" et d'"inconséquence".

Du côté de LR, le parti joue sa survie après la rocambolesque semaine consécutive au choix solitaire de son président Eric Ciotti de s'allier avec le Rassemblement national.

A Nice le LR a d'ailleurs investi un autre candidat Virgile Vanier contre Eric Ciotti, a indiqué dimanche à l'AFP un membre de la commission d'investiture.

Nicolas Sarkozy a dénoncé cette alliance, une erreur stratégique selon lui, car le parti risque de devenir un simple "supplétif" du RN.

A l'extrême droite, la clôture des candidatures permettra de juger des ralliements entraînés par le député des Alpes-Maritimes.

Si le patron du RN Jordan Bardella a annoncé qu'il y aurait "un candidat commun" "dans 70 circonscriptions", le Niçois semble n'avoir aucune figure nationale avec lui.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche, un Français sur trois souhaite une victoire du RN, un sur quatre de l'alliance de gauche et un sur cinq de Renaissance.

Si le parti d'extrême droite arrive au pouvoir, Marine Le Pen, dont la soeur Marie-Caroline a fait acte de candidature dans la Sarthe, a déclaré qu'elle ne demanderait pas la démission du président Macron.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.