Ursula von der Leyen, une autorité forgée dans les crises

Ursula von der Leyen, reconduite par les dirigeants européens pour cinq années supplémentaires à la tête de la Commission européenne, a su s'imposer pendant un mandat secoué par les turbulences, du Covid à la guerre en Ukraine. (AFP)
Ursula von der Leyen, reconduite par les dirigeants européens pour cinq années supplémentaires à la tête de la Commission européenne, a su s'imposer pendant un mandat secoué par les turbulences, du Covid à la guerre en Ukraine. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 28 juin 2024

Ursula von der Leyen, une autorité forgée dans les crises

  • Les jeux ne sont pas encore faits pour autant: afin de rester le visage de l'UE, la responsable allemande de 65 ans devra obtenir une majorité au Parlement européen
  • Elle a opéré un virage sur une thématique très éloignée des enjeux climatiques : le plaidoyer en faveur d'une Europe capable de se défendre elle-même

BRUXELLES: Ursula von der Leyen, reconduite par les dirigeants européens pour cinq années supplémentaires à la tête de la Commission européenne, a su s'imposer pendant un mandat secoué par les turbulences, du Covid à la guerre en Ukraine.

Les jeux ne sont pas encore faits pour autant: afin de rester le visage de l'UE, la responsable allemande de 65 ans devra obtenir une majorité au Parlement européen.

Dans une Union européenne à laquelle il est souvent reproché d'être trop peu incarnée, celle qui fut première femme à occuper ce poste a imprimé un style et a résolument fait de la politique. Un choix qui lui a donné une réelle visibilité mais a suscité aussi des crispations.

En campagne ces derniers mois, elle s'est pliée à un exercice d'équilibriste : son principal succès législatif, le Pacte Vert, est devenu un repoussoir pour les agriculteurs et une partie de sa propre famille politique (PPE, droite).

Elle a opéré un virage sur une thématique très éloignée des enjeux climatiques : le plaidoyer en faveur d'une Europe capable de se défendre elle-même.

"La menace d'une guerre n'est peut-être pas imminente mais elle n'est pas impossible", lâchait-elle il y quelques semaines devant les eurodéputés. Evoquant, dans un discours très sombre, les nombreuses "illusions européennes brisées", elle appelait l'UE à se réveiller "de toute urgence".

Communication millimétrée 

Désireuse d'affirmer la place du bloc - mais aussi la sienne - sur la scène internationale, "VDL" a, sur les cinq années écoulées, souvent tenté de repousser les limites de son poste.

Au risque, parfois, de susciter de vives tensions au sein des 27 Etats membres, comme pendant un déplacement en octobre à Tel Aviv où elle avait soutenu le droit d'Israël à se défendre sans prendre le soin d'ajouter que la réponse militaire à l'attaque du Hamas devait se faire conformément au droit humanitaire et international.

Très à l'aise en anglais comme en français (elle passe régulièrement d'une de ces langues à l'autre ainsi qu'à l'allemand dans ses discours), l'ancienne ministre allemande de la Défense est adepte d'une communication millimétrée qui laisse très peu de place à l'improvisation.

Du 13e étage du Berlaymont, l'imposant siège de la Commission européenne au coeur de la capitale belge, elle s'appuie sur un cercle très restreint, un mode de fonctionnement peu collégial qui fait grincer des dents dans la bulle bruxelloise.

Lorsqu'elle est nommée, à la surprise générale, fin 2019, l'accueil est plus que timoré. Joker du couple franco-allemand quand toutes les autres options avaient été écartées, elle est reçue fraîchement.

«Sofagate»

Cette mère de sept enfants, qui fut un temps considérée comme la dauphine d'Angela Merkel, avant qu'une série de scandales n'écorne son image en Allemagne, s'est finalement imposée à Bruxelles, une ville qui l'a vue naître et grandir jusqu'au début de l'adolescence.

"Il y a eu plusieurs situations de crise au cours de son mandat où elle a répondu présente et où elle s'est assurée d'être aussi visible que possible dans l'action", résume un diplomate européen.

Face au choc de la pandémie de Covid-19, elle pilote un gigantesque plan de relance européen de 750 milliards d'euros, financé par un endettement commun inédit, symbole tangible de solidarité européenne.

Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, elle affiche haut et fort son soutien à Kiev et définit une stratégie pour sortir de la dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.

Pour le grand public, une image a marqué les esprits, et paradoxalement contribué à renforcer l'image d'une dirigeante à poigne: celle du "Sofagate".

En avril 2021, lors d'une visite en Turquie, elle est placée sur un canapé, en retrait du président turc Recep Tayyip Erdogan et du président du Conseil européen Charles Michel, installés, eux, dans deux fauteuils.

Devenue virale, la scène provoque une vive controverse. Assurant s'être sentie "blessée", la dirigeante enfonce le clou. "C'est arrivé parce que je suis une femme", lance-t-elle.

En 2019, le Parlement européen ne lui avait accordé sa confiance qu'à une très courte majorité (neuf voix). La partie pourrait être encore plus difficile cette fois-ci. Il lui reste trois semaines pour convaincre au moins 361 eurodéputés de lui accorder un deuxième mandat dans une période de grandes secousses géopolitiques.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Short Url
  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

Short Url
  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.