Législatives: les quatre raisons qui ont tenu le Rassemblement national en échec

Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce un discours à la suite des premiers résultats du deuxième tour des élections législatives françaises à Matignon à Paris le 7 juillet 2024. (AFP)
Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce un discours à la suite des premiers résultats du deuxième tour des élections législatives françaises à Matignon à Paris le 7 juillet 2024. (AFP)
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Publié le Lundi 08 juillet 2024

Législatives: les quatre raisons qui ont tenu le Rassemblement national en échec

  • sondage après sondage, c'est vers le camp du tout-sauf-RN que la dynamique a basculé, coupant net l'élan de l'extrême droite, jusqu'au résultat de dimanche soir.
  • Le député sortant Sébastien Chenu - réélu au premier tour - avait mis le feu au poudre en expliquant que les Français disposant d'une autres nationalité seraient exclus d'une liste d'emplois jugés sensibles.

PARIS : Front républicain, impréparation des candidats et dérapages en série: malgré un gain d'une cinquantaine de députés, le Rassemblement national apparaît comme le grand perdant des législatives, plombé par une campagne d'entre-deux-tours qui a viré au cauchemar.

- Seuls contre tous -

Auréolés de leur triomphe aux européennes puis au premier tour des législatives, les lepénistes entendaient s'appuyer sur leur dynamique d'une part, sur la désorganisation et les divergences stratégiques de leurs adversaires d'autre part, pour s'imposer au second.

Le RN pariait sur un scénario comparable à celui des précédentes législatives de 2022, lorsque la majorité macroniste s'était embourbée dans des (non-)consignes de vote illisibles entre les deux tours - 89 candidats RN avaient finalement été élus.

C'était sans compter sur la très forte participation, qui a permis la mise en place au second tour de centaines de triangulaires.

Paradoxalement, c'est cette configuration réputée favorable au RN - arrivé en tête dans une immense majorité de circonscriptions - qui a accéléré la constitution de "fronts républicains", dans une mouvement sans bavure  - ou presque - de la part de l'ensemble des forces politiques opposées à Jordan Bardella.

Face à l'hypothèse d'une majorité absolue des lepénistes à l'Assemblée, des dizaines de candidats de gauche (130) et macronistes (80) se sont désistés et ont permis d'ostraciser le parti à la flamme.

Et, sondage après sondage, c'est vers le camp du tout-sauf-RN que la dynamique a basculé, coupant net l'élan de l'extrême droite, jusqu'au résultat de dimanche soir.

-  Plafond de verre -

Le RN avait compté lors du premier tour ses bastions: une quarantaine de ses candidats avaient été élus dès le premier tour, dont Marine Le Pen, une première dans l'histoire du parti qui voulait y voir un présage heureux.

Las: les lepénistes ont à nouveau été confrontés à un plafond de verre, d'autant plus solide que sur 158 triangulaires, 149 ont été converties en duel. Et le parti d'extrême droite n'est parvenu à convaincre plus d'une moitié d'électeurs que dans 39 d'entre elles.

La contre-performance est d'autant plus amère pour le RN que la participation au second tour a été historiquement forte: le signe d'une mobilisation contre l'extrême droite, quand Jordan Bardella pariait au contraire sur le fait que les "fronts populaires" jugés "contre nature" nourriraient l'abstention.

- Brebis galeuses -

Dès le dépôt des candidatures, des dizaines de candidats RN ont été épinglés pour des propos litigieux publiés sur les réseaux sociaux, souvent à caractère raciste. Devant l'ampleur du phénomène, Jordan Bardella avait été obligé de reconnaître des "brebis galeuses" parmi ses prétendants députés, pas plus de cinq selon lui.

Anecdotique ou pas, l'affaire a remis en lumière les obsessions du parti d'extrême droite et de ses militants, à rebours de la stratégie de dédiabolisation chère à Marine Le Pen.

De même, les débats locaux d'entre-deux-tours ont jeté une lumière crue sur l'amateurisme de nombre de candidats et renvoyé les lepénistes à leur historique procès en incompétence.

- Binationaux -

Les troupes de Jordan Bardella ont trébuché sur la question de la binationalité, qu'elles ont pourtant elles-mêmes mis au cœur du débat public.

Le député sortant Sébastien Chenu - réélu au premier tour - avait mis le feu au poudre en expliquant que les Français disposant d'une autres nationalité seraient exclus d'une liste d'emplois jugés sensibles.

Interrogé dans la foulée, Jordan Bardella n'avait pas voulu déjuger M. Chenu, par ailleurs vice-président de l'Assemblée lors de la précédente législature.

Mais en voulant minimiser la portée de la mesure - "à peine quinze personnes" - ou en donnant des exemples - "un directeur de centrale nucléaire franco-russe" -, il a tout de même contribué à ce que le sujet s'impose au centre de la campagne. Pire: son ambiguïté a laissé penser que le RN opérait une distinction entre Français.

Jusqu'aux propos d'un haut cadre du parti, Roger Chudeau, sur la nomination de l'ancienne ministre socialiste de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, une "Franco-marocaine" dont la nomination fut une "erreur", estimait-il, en évoquant plus largement un risque de "double loyauté" des binationaux.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).