Après les législatives, des étudiants étrangers qui s'interrogent sur leur avenir

Des étudiants participent à une manifestation pour protester contre la montée des partis d'extrême droite, devant le lycée Henri IV à Paris, le 10 juin 2024, au lendemain des élections européennes. (Photo: AFP)
Des étudiants participent à une manifestation pour protester contre la montée des partis d'extrême droite, devant le lycée Henri IV à Paris, le 10 juin 2024, au lendemain des élections européennes. (Photo: AFP)
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Publié le Vendredi 12 juillet 2024

Après les législatives, des étudiants étrangers qui s'interrogent sur leur avenir

  • Après des élections législatives marquées par une poussée de l'extrême droite, qui a fait campagne sur les thèmes de la préférence nationale et de la réduction de l'immigration, les étudiants étrangers se questionnent sur leur avenir dans l'Hexagone
  • Dans sa résidence étudiante du Crous, dans le 14e arrondissement de Paris, le malaise demeure malgré la défaite surprise du parti lepéniste, arrivé en troisième position derrière le Nouveau Front Populaire et le camp présidentiel

PARIS: "On a quand même évité le pire du racisme et de l'obscurantisme frontal, mais je sens que ça va continuer à être hyper latent". Kawder, étudiante marocaine de 26 ans, songe à quitter la France après l'obtention de son bac+5.

Après des élections législatives marquées par une poussée de l'extrême droite, qui a fait campagne sur les thèmes de la préférence nationale et de la réduction de l'immigration, les étudiants étrangers se questionnent sur leur avenir dans l'Hexagone.

"Même si le Rassemblement national n'a pas la majorité à l'Assemblée nationale, tu sens vraiment qu'il y a un clivage social qui s'est fait", remarque l'étudiante à l'Ecole des arts décoratifs, qui dit avoir constaté une recrudescence de gestes racistes et les "regards plus insistants" dans l'espace public ces dernières semaines.

Dans sa résidence étudiante du Crous, dans le 14e arrondissement de Paris, le malaise demeure malgré la défaite surprise du parti lepéniste, arrivé en troisième position derrière le Nouveau Front Populaire et le camp présidentiel, et alors que le pays se cherche encore un nouveau gouvernement.

Brahim (prénom modifié), 26 ans, étudiant à Sciences Po et réfugié politique syrien, est arrivé en France depuis bientôt sept ans et entend y rester.

Mais les élections lui ont "fait mal au cœur", explique celui qui a effectué une remise à niveau scolaire en arrivant en France et a appris - parfaitement - le français avant d'intégrer la grande école en vue d'une carrière dans la finance.

Comme Kawder, il a entendu des remarques racistes et xénophobes dans la rue pendant la campagne des législatives. "Mon nouveau chez moi, mon nouveau pays ne veut pas de moi, quoi que je fasse pour m'assimiler et m'intégrer", soupire-t-il.

Il fait partie des plus de 410.000 étrangers inscrits dans l'enseignement supérieur français d'après les derniers chiffres officiels, qui datent de 2022-2023, soit 14% des étudiants, selon Campus France.

- "Frappé en pleine figure" -

Au lendemain du premier tour des législatives, les universités et grandes écoles de France ont publié un communiqué commun pour dire "non au Rassemblement national", dont la politique "met en danger notre enseignement supérieur et la chance qu'il offre à toute la jeunesse", estiment-elles.

Le parti d'extrême droite proposait notamment la mise en place d'une caution ou encore de quotas dans certains établissements pour limiter le nombre d'étudiants étrangers. En 2022, Marine Le Pen réclamait la préférence nationale pour les logements étudiants des Crous.

Selon une étude de Campus France en 2022, les étudiants internationaux rapportent 5 milliards d'euros à l'économie française, pour un bénéfice net de 1,35 milliard d'euros.

"Que des étrangers viennent étudier chez nous, c'est une chose dont il faut se féliciter, cela fait partie de notre influence mondiale", avait reconnu le député RN Roger Chudeau fin juin.

"Ensuite, ils pourraient retourner chez eux, demander à devenir français ou demander un titre de séjour", avait ajouté ce spécialiste des questions d'éducation au sein du Rassemblement national.

Pas de quoi rassurer Ali Tchari, étudiant tchadien de 25 ans arrivé en France il y a trois ans, qui a vécu les élections dans "l'angoisse". Quitter la France après ses études, l'étudiant en certificat professionnel à Sciences Po y a lui aussi pensé.

Désormais "rassuré", il espère avoir "une opportunité et une chance" en évoquant l'arrivée de la gauche en tête en nombre de sièges à l'Assemblée nationale.

Sur la grande pelouse de la Cité internationale universitaire de Paris, un campus à l'américaine qui héberge 12.000 étudiants et chercheurs de 150 nationalités, Abraham Selano, Mexicain de 26 ans, n'est lui "pas vraiment" soulagé. "La réalité" d'une extrême droite forte "m'a frappé en pleine figure", explique l'étudiant, qui aimerait cependant rester travailler en France.


Sébastien Lecornu prend ses marques à Matignon un jour de mobilisation

Sébastien Lecornu, réagit à son arrivée au sommet de la coalition des volontaires, au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu, réagit à son arrivée au sommet de la coalition des volontaires, au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu prend ses fonctions comme Premier ministre, dans un climat de fortes tensions sociales et sans majorité parlementaire, avec pour mission urgente de nouer des accords politiques
  • Sa nomination, critiquée par les oppositions, intervient alors que des mobilisations contre le gouvernement se multiplient et que la gauche agite la menace d’une censure sans virage politique clair

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, accueilli sévèrement par les oppositions, prend ses marques mercredi à Matignon le jour même d'une mobilisation pour "bloquer" le pays, avec pour mission de consulter les forces politiques avant de former un gouvernement.

Troisième chef du gouvernement nommé depuis la dissolution, cinquième depuis le début du second quinquennat d'Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu, âgé de 39 ans, succède à François Bayrou, renversé lundi par l'Assemblée nationale. Celui-ci l'avait doublé en décembre en forçant sa nomination alors que l'ex-ministre des Armées était déjà pressenti à ce poste.

La passation de pouvoir entre les deux hommes a lieu à midi, le jour même d'une mobilisation pour "bloquer" le pays initiée par divers mouvements, dont l'ampleur reste indéterminée, avant une mobilisation syndicale le 18 septembre.

Ce sera l'occasion pour Sébastien Lecornu, homme politique discret inconnu du grand public, de se présenter aux Français.

Il a affirmé sur X mardi soir qu'il "mesurait leurs attentes" et qu'il "connaissait les difficultés" qu'ils rencontraient. "Nous sommes au travail, avec humilité, et nous allons tout faire pour y arriver".

Première tâche confiée par Emmanuel Macron à ce fidèle compagnon venu de la droite, ministre de tous ses gouvernements depuis 2017: "consulter" les forces politiques en vue de trouver des "accords" pour préserver la "stabilité institutionnelle" du pays, alors qu'il ne dispose à l'Assemblée nationale d'aucune majorité.

Le nouveau locataire de Matignon a déjà entamé ses consultations, selon un conseiller de l'exécutif.

Sa mission est à haut risque dans un paysage politique éclaté et au vu des réactions très fraîches voire hostiles des oppositions à l'annonce de sa nomination.

- "Colère sociale" -

Alors que le président de la République a invité sa fragile coalition du centre et de la droite à "travailler" avec le Parti socialiste pour "élargir" son assise, le mouvement d'Olivier Faure a estimé qu'il prenait le "risque de la colère sociale légitime et du blocage institutionnel du pays" en nommant M. Lecornu.

Pour tenir, le futur gouvernement devra obtenir a minima une non-censure du PS, indispensable pour doter la France d'un budget pour 2026, dont la préparation vient de faire tomber le gouvernement sortant qui avait présenté un effort de 44 milliards d'euros.

Selon un interlocuteur régulier d'Emmanuel Macron, ce dernier pourrait cette fois accepter de réelles concessions aux socialistes, par exemple sur la taxation des plus riches, jusqu'ici un tabou pour lui.

"Sans justice sociale, fiscale et écologique, sans mesures pour le pouvoir d'achat, les mêmes causes provoqueront les mêmes effets", a prévenu le PS qui proposait de nommer Olivier Faure à Matignon.

Le Rassemblement national et les Insoumis ont pour leur part dénoncé la proximité entre le président et son nouveau Premier ministre, promettant la censure faute de changement de cap politique.

"Le président tire la dernière cartouche du macronisme", a réagi Marine Le Pen, qui réclame une nouvelle dissolution, tandis que Jean-Luc Mélenchon dénonçait "une triste comédie de mépris du Parlement" en demandant une nouvelle fois le départ du président.

- "Calme" -

A l'inverse, l'ancien Premier ministre et candidat d'Horizons à la présidentielle Edouard Philippe a estimé que Sébastien Lecornu avait les "qualités" pour "discuter" et "trouver un accord" avec les autres partis.

Le président des Républicains (LR) et ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui réclamait une nomination rapide face aux risques de "débordements" des manifestations de mercredi, s'est dit lui aussi prêt à "trouver des accords" avec M. Lecornu.

A l'orée de discussions délicates, l'entourage de Sébastien Lecornu loue le "calme" de l'ancien sénateur normand et son absence d'ambition présidentielle, un "négociateur" qui a pu obtenir un "large consensus" sur la loi de programmation militaire.

Alors qu'il a été épinglé dans la presse pour un dîner avec Marine Le Pen, ses proches récusent toute connivence avec le parti à la flamme, soulignant que dans l'Eure, son département, quatre députés sur cinq "sont passés au RN".

Ce qui n'empêche pas le député LFI Eric Coquerel de le voir comme celui qui peut "aller chercher non pas du côté du PS mais du RN", en "surjouant" sur "l'économie de guerre" et les "intérêts vitaux de la France".

L'intéressé entend lui composer son gouvernement sur la base de "la défense de (l') indépendance" du pays, du "service des Français" et de "la stabilité politique".


Bayrou va démissionner, Macron veut nommer un successeur "dans les tout prochains jours"

Cette photographie montre le résultat d'un vote de confiance sur le budget d'austérité du gouvernement, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 septembre 2025. Le Parlement français a évincé le Premier ministre François Bayrou le 8 septembre 2025, après seulement neuf mois de mandat. (AFP)
Cette photographie montre le résultat d'un vote de confiance sur le budget d'austérité du gouvernement, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 septembre 2025. Le Parlement français a évincé le Premier ministre François Bayrou le 8 septembre 2025, après seulement neuf mois de mandat. (AFP)
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  • Emmanuel Macron, confronté à un Parlement sans majorité stable, doit désigner un nouveau Premier ministre après la démission attendue de François Bayrou,
  • Plusieurs scénarios sont envisagés : une figure de confiance comme Sébastien Lecornu, un élargissement à gauche, ou une ouverture à droite avec Xavier Bertrand

PARIS: Emmanuel Macron se retrouve mardi en première ligne pour tenter de résoudre, "dans les tout prochains jours", le casse-tête qu'il est incapable de dénouer depuis plus d'un an: trouver un Premier ministre susceptible de survivre dans un paysage parlementaire sans majorité.

Au lendemain de sa chute, François Bayrou, qui a massivement perdu lundi son pari d'obtenir la confiance de l'Assemblée nationale, doit remettre sa démission mardi matin au président de la République, qui en a déjà "pris acte".

Il va ensuite expédier les affaires courantes en attendant la nomination d'un successeur, le cinquième Premier ministre depuis le début du quinquennat en 2022, du jamais-vu dans une Ve République longtemps réputée pour sa stabilité politique mais entrée dans une crise sans précédent depuis la dissolution de juin 2024.

Le chef de l'Etat "nommera un nouveau Premier ministre dans les tout prochains jours", a annoncé l'Elysée dans un communiqué.

Dès mardi ? "Ça fait partie des possibles", ainsi qu'une expression présidentielle le même jour, glisse-t-on dans son entourage, sans certitude.

Cela lui permettrait de ne pas être seul à la tête de l'Etat mercredi face au mouvement de protestation "Bloquons tout", né sur les réseaux sociaux et soutenu par la gauche, qui précédera la mobilisation syndicale du 18 septembre, avec entre les deux la décision vendredi de l'agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française et engendrer des turbulences sur les marchés financiers.

A défaut, rapporte un interlocuteur régulier d'Emmanuel Macron, un Premier ministre pourrait être nommé d'ici la fin de la semaine, de manière à disposer d'un gouvernement au complet lorsque le chef de l'Etat s'envolera pour New York où il doit reconnaître les 22-23 septembre l'Etat de Palestine à l'ONU.

Selon le raisonnement des stratèges élyséens, cette fois, le chef de l'Etat ne devrait pas engager des "consultations formelles", alors qu'il avait reçu les formations politiques à tour de rôle avant de désigner Michel Barnier il y a un an, et organisé une table ronde de plusieurs chefs de parti avant de choisir François Bayrou en décembre.

Depuis que la dissolution de l'Assemblée a débouché sur un pays quasiment ingouvernable, Emmanuel Macron "n'a eu de cesse d'appeler les partis au dialogue, là il estime qu'il est allé au bout de ce qu'il pouvait faire", plaide un proche.

- Un "négociateur" ? -

A l'Elysée, on estime que la coalition entre la macronie et la droite est un acquis. Le président a exhorté ses chefs à "travailler avec les socialistes" pour "élargir" son assise.

Mais il ne devrait pas aller jusqu'à nommer comme Premier ministre le patron du PS Olivier Faure, malgré ses offres de services pour la formation d'un "gouvernement de gauche" qui irait chercher des "compromis". Sur TF1 lundi soir, M. Faure a indiqué ne pas avoir été contacté par le président.

Selon ses interlocuteurs, Emmanuel Macron préfère donner les clés de Matignon à une personnalité "de confiance". Le nom du ministre des Armées Sébastien Lecornu alimentait jeudi soir les spéculations, avec la prudence de réserve. Surtout pour le ministre des Armées, qui a déjà expérimenté un revirement élyséen. Même chose pour la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin.

A moins que le président n'écoute ceux qui lui recommandent "un parfum de cohabitation", auquel cas le président Les Républicains des Hauts-de-France Xavier Bertrand pourrait tenir la corde.

Charge à l'impétrant d'arracher un pacte de non-censure du PS, quitte à lui concéder d'importantes victoires politiques, par exemple sur la taxation des plus riches. Jusqu'ici un tabou pour le locataire de l'Elysée.

Ces derniers mois, le chef de l'Etat a invoqué l'exemple des coalitions allemandes, alliant sociaux-démocrates et conservateurs. Mais elles supposent de très longues négociations sur un contrat de gouvernement, négociations que le président n'a pas tenté d'initier jusqu'ici.

"Il considère que ce n'est pas son rôle institutionnel" mais celui des partis, répond un autre proche.

Il en donnera peut-être le mandat au futur Premier ministre, en lui demandant de négocier un programme à minima, et notamment une ébauche de budget pour 2026, avant de nommer le reste du gouvernement.

Le chef des députés macronistes Gabriel Attal a estimé qu'il faudrait d'abord un "négociateur" pour aboutir à "un accord d'intérêt général" jusqu'à 2027.

Emmanuel Macron le sait: s'il n'a que des cartes imparfaites entre les mains, l'atout qu'il va abattre risque d'être le dernier avant de devoir, en cas de nouvel échec, redissoudre l'Assemblée, comme l'y invite le Rassemblement national. Voire d'être acculé, en cas d'impasse prolongée, à une démission, espérée par l'extrême droite comme par La France insoumise.


Marine Tondelier demande qu'Emmanuel Macron reçoive les chefs des partis de gauche avant de nommer un Premier ministre

Des manifestants célébrant le départ de François Bayrou. (AFP)
Des manifestants célébrant le départ de François Bayrou. (AFP)
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  • La patronne des Ecologistes Marine Tondelier demande qu'Emmanuel Macron reçoive les chefs des partis de gauche, ensemble ou séparément, avant de nommer le prochain Premier ministre
  • "Je lui demande de nous recevoir avant tout allocution, avant toute décision"

PARIS: La patronne des Ecologistes Marine Tondelier demande qu'Emmanuel Macron reçoive les chefs des partis de gauche, ensemble ou séparément, avant de nommer le prochain Premier ministre, a-t-elle annoncé sur BFMTV.

"Je lui demande de nous recevoir avant tout allocution, avant toute décision", a expliqué Mme Tondelier, précisant qu'elle acceptait d'être reçue "seule ou avec (ses) collègues du Nouveau Front populaire", avec ou sans Jean-Luc Mélenchon, "comme il le souhaite". "Tout nous ira pourvu que nous ayons l'occasion de discuter avec le président", a ajouté celle qui réclame qu'un Premier ministre de gauche soit nommé.