Sondage: ni Kamala Harris ni Donald Trump ne peuvent considérer le vote arabo-américain comme acquis

Des manifestants pro-palestiniens protestent alors que le président américain Joe Biden assiste au dîner de Freedom Fund du NAACP à Détroit, Michigan, le 19 mai 2024. (AFP)
Des manifestants pro-palestiniens protestent alors que le président américain Joe Biden assiste au dîner de Freedom Fund du NAACP à Détroit, Michigan, le 19 mai 2024. (AFP)
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Publié le Dimanche 11 août 2024

Sondage: ni Kamala Harris ni Donald Trump ne peuvent considérer le vote arabo-américain comme acquis

  • Les Américains d'origine arabe dans les États clés du champ de bataille gravitent autour de la candidate du Parti vert, Jill Stein
  • La candidate démocrate Kamala Harris devra regagner des électeurs après que la position de Joe Biden sur Gaza a coûté le soutien du parti

LONDRES: Selon un récent sondage, Jill Stein, la candidate du Parti vert américain à la présidence, connue pour son soutien actif aux droits des Palestiniens, est devenue le premier choix des électeurs arabo-américains à l'approche des élections américaines du 5 novembre.

Stein, qui se présente en tant que candidate d'un tiers parti, a obtenu le soutien de plus de 45 pour cent des Arabo-Américains interrogés par l'Arab-American Anti-Discrimination Committee, la plus grande organisation de défense des droits civiques des Arabo-Américains.

Stein, médecin et écologiste, devance ainsi la candidate démocrate présumée à l'élection présidentielle, la vice-présidente Kamala Harris, qui a obtenu 27,5 pour cent des voix dans le même sondage.

L'enquête a été réalisée entre le 27 et le 28 juillet dans le cadre d'un partenariat entre l'ADC, Molitico pour l'analyse des données et Community Pulse, qui se spécialise dans les solutions de sondage.

Selon Abed Ayoub, directeur exécutif national de l'ADC, l'électorat arabo-américain s'est de plus en plus tourné vers Stein en raison de sa défense des droits de l'homme des Palestiniens et de son opposition aux actions de l'armée israélienne à Gaza depuis le mois d'octobre.

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Dans un message publié sur la plateforme sociale X, il a déclaré: "Jill Stein, candidate du Parti vert, avec 45,3 pour cent, comme lors du précédent sondage, démontre un soutien constant de la part de la communauté, en grande partie en raison de ses prises de position en faveur des droits des Palestiniens”.

Jill Stein est la favorite des électeurs arabes depuis le dernier sondage d'opinion de l'ADC en mai, où elle était en tête avec 25 pour cent de soutien. En comparaison, le président Joe Biden, qui s'est retiré de la course à la présidence en juillet, et le candidat républicain Donald Trump obtiennent respectivement 7 pour cent et 2 pour cent.

En 2022, 2,2 millions de personnes aux États-Unis ont déclaré avoir des ancêtres arabes dans le cadre de l'enquête sur la communauté arabe (Arab Community Survey). La majorité des Américains d'origine arabe sont nés dans le pays et 85 pour cent des Arabes vivant aux États-Unis sont des citoyens américains.

Si la communauté trouve ses racines dans tous les pays arabes, la majorité des Américains d'origine arabe ont des liens ancestraux avec le Liban, l'Égypte, la Syrie, la Palestine et l'Irak. Les quatre États les plus peuplés d'Arabes américains sont la Californie, la Floride, le Minnesota et le Michigan.

Des activistes montrent aux gens comment voter sans engagement, au lieu de voter pour le président américain Joe Biden, à l'extérieur de l'école primaire Maples à Dearborn lors de l'élection primaire présidentielle du Michigan, le 27 février 2024. (AFP/File)

Ayoub a noté dans son billet que la baisse de popularité de Joe Biden parmi les Américains d'origine arabe était "due au soutien sans faille du président sortant aux actions continues d'Israël dans la bande de Gaza".

L'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements à Gaza en représailles à l'attaque meurtrière menée par le Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre 2023, au cours de laquelle le groupe militant palestinien a pris plus de 200 otages.

Le bilan des Palestiniens de Gaza a depuis dépassé les 39 500 morts, dont au moins 15 000 enfants tués et plus de 12 000 autres blessés, selon les autorités sanitaires de Gaza.

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La candidate à la présidence du Parti vert, Jill Stein, s'exprime lors d'une manifestation pro-palestinienne devant la Maison Blanche, le 8 juin 2024 à Washington, DC. (Getty Images via AFP)

Les organisations humanitaires, les groupes de défense des droits et les gouvernements du monde entier ont appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu, mais Israël a poursuivi ses opérations militaires.

Stein a constamment critiqué Biden et son administration pour leur soutien indéfectible à Israël, avertissant dans un message publié le 1er août sur X que le gouvernement israélien entraînait les États-Unis "dans la troisième guerre mondiale".

Après l'élimination par le Mossad du chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran, et d'un haut responsable du Hezbollah à Beyrouth la semaine dernière, Stein a critiqué Biden et Harris pour leur "silence assourdissant" sur "l'escalade massive d'Israël vers une guerre plus vaste".

Dans un message publié le 31 juillet sur X, Stein a demandé que "les États-Unis interrompent immédiatement leur aide à Israël, imposent un cessez-le-feu et arrêtent le criminel de guerre (le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu) avant qu'il ne nous fasse tous tuer".

L'assassinat de Haniyeh le 31 juillet a renforcé les craintes d'un conflit régional généralisé. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a juré de se venger, avertissant Israël qu'il avait "ouvert la voie à un châtiment sévère".

Le gouvernement de Netanyahu n'a pas assumé la responsabilité de la mort de Haniyeh et ne l'a pas commentée. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré que les États-Unis n'étaient "ni au courant ni impliqués" dans cet assassinat.

 

en bref


•    Les Américains d'origine arabe vivent dans les 50 États, mais jusqu'à 95 pour cent d'entre eux vivent dans des zones métropolitaines.

•    New York, Detroit, Los Angeles, Chicago, Washington D.C. et Minneapolis sont les six principales zones métropolitaines.

•    Près de 75 pour cent des Arabo-Américains vivent dans 12 États seulement: Californie, Michigan, New York, Texas, Floride, Illinois, New Jersey, Ohio, Minnesota, Massachusetts, la Pennsylvanie et la Virginie.

•    Près d'un quart des Arabo-Américains sont musulmans, tandis que les autres sont catholiques, orthodoxes ou protestants.

 

Toutefois, la veille de la mort de Haniyeh, Israël a assumé sa responsabilité de la mort de Fuad Shukr, un haut commandant du Hezbollah, lors d'une frappe aérienne sur un bâtiment dans le sud de Beyrouth. Le Hezbollah a promis une réponse "définitive" à l'assassinat de Shukr.

Que les États-Unis soient ou non impliqués dans ces escalades, la politique de Biden au Moyen-Orient fait l'objet de vives critiques depuis octobre, les groupes de défense des droits de l'homme demandant instamment à l'administration américaine de mettre un terme aux transferts d'armes vers Israël.

Fin avril, Amnesty International a indiqué que les armes américaines fournies à Israël avaient été "utilisées dans le cadre de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme, et d'une manière incompatible avec le droit et la politique des États-Unis".

En mai, le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, a demandé des mandats d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à l'encontre de Netanyahu, de son ministre de la défense et de trois dirigeants du Hamas, dont Haniyeh.

Chris Habiby, directeur national des affaires gouvernementales et du plaidoyer de l'ADC, explique que le sondage a révélé deux points essentiels. "Premièrement, le président Biden est profondément impopulaire parmi les Américains d'origine arabe", a-t-il déclaré à Arab News.

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Chris Habiby, directeur national des affaires gouvernementales et du plaidoyer de l'ADC. (Fourni)

"Deuxièmement, la lutte contre le génocide est une position gagnante pour nos communautés dans tout le pays”.

Chris Habiby a ajouté que les résultats du sondage reflètent "ce que nous demandons depuis le début de ce génocide, 10 mois et 300 jours: un cessez-le-feu immédiat et permanent et un embargo sur toutes les armes envoyées à Israël".

Biden a affronté une défaite importante lors des primaires démocrates du Michigan en février, lorsqu'une majorité d'électeurs de Dearborn, ville à forte population arabe et musulmane, a choisi de donne "vote blanc" plutôt que de voter pour lui.

Le maire de Dearborn, Abdullah Hammoud, a publiquement soutenu le mouvement de vote "non engagé", citant la politique de Joe Biden sur le conflit Israël-Gaza, selon USA Today.

En revanche, Stein a activement courtisé le vote arabo-américain dans le Michigan et au-delà.

Dans une entrevue accordée à Arab News en juin, elle s'est engagée, si elle était élue, à cesser de soutenir militairement le "gouvernement d'apartheid" d'Israël et à travailer en faveur d'une paix véritable entre Israéliens et Palestiniens.

"Les Arabes et les musulmans sont considérés comme acquis en Amérique. Ils sont victimes de profilage racial, d'islamophobie et de violence à l'encontre des Arabes dans ce pays", a-t-elle déclaré.

"Il y a une violation absolue de nos droits constitutionnels par le gouvernement qui veut mettre fin à notre dialogue. Les gens essaient de faire face à ce génocide que nous voyons en direct et en temps réel sur nos iPhones et nos écrans d'ordinateur".

Stein a souligné qu'il était "contraire à la loi américaine d'envoyer des armes à Israël, qui viole les droits humanitaires et interfère dans l'acheminement de l'aide humanitaire".

Elle a ajouté: "Les personnes qui se lèvent pour affirmer nos valeurs juridiques et nos valeurs humaines sont criminalisées et accusées de crimes".

Malgré la popularité croissante de Stein au sein des communautés arabo-américaines, les autres candidats à la présidence ont encore la possibilité d'obtenir davantage de soutien de la part des électeurs arabes et musulmans avant le mois de novembre.

Le sondage de l'ADC indique que, outre les 27,5 pour cent de personnes interrogées qui soutiennent Harris, 18 pour cent sont indécises quant à leur vote en novembre, et 6 pour cent ont déclaré qu'elles n'avaient pas l'intention de voter.

"Avec près d'un électeur sur quatre qui est soit indécis, soit incliné à ne pas participer à l'élection, il y a grande chance pour Harris ou tout autre candidat de gagner plus de soutien de la part de la communauté si les bonnes positions sont prises", a écrit Ayoub de l'ADC sur X.


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.