Quelles seraient les répercussions d'une guerre totale entre le Hezbollah et Israël dans un Liban en crise ?

Israël a pris pour cible le sud du Liban en représailles aux attaques transfrontalières du Hezbollah. (AFP)
Israël a pris pour cible le sud du Liban en représailles aux attaques transfrontalières du Hezbollah. (AFP)
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Publié le Mercredi 14 août 2024

Quelles seraient les répercussions d'une guerre totale entre le Hezbollah et Israël dans un Liban en crise ?

  • Les préoccupations se sont considérablement accrues à la suite des appels lancés par des ambassades et des gouvernements arabes et occidentaux pour que leurs ressortissants quittent immédiatement le Liban
  • L'ambassade des États-Unis à Beyrouth a déclaré, vendredi, qu'elle « encourageait ceux qui souhaitent quitter le Liban à réserver le premier billet disponible »

BEYROUTH : Alors que le Liban fait face à la possibilité croissante d'une guerre totale entre le Hezbollah et Israël, il est également confronté à une véritable tempête de crises, allant de l'économie à la diplomatie.

Le groupe chiite libanais, soutenu par l'Iran, a échangé des coups de feu quasi quotidiens avec l'armée israélienne pour soutenir son allié, le Hamas, depuis que l'attaque du 7 octobre dernier, menée par le groupe militant palestinien contre Israël, a déclenché un assaut militaire sur la bande de Gaza.

Ces derniers jours, les préoccupations se sont considérablement accrues à la suite des appels lancés par des ambassades et des gouvernements arabes et occidentaux pour que leurs ressortissants quittent immédiatement le Liban. Le ministère allemand des Affaires étrangères s'est dit particulièrement inquiet au sujet du « faux sentiment de sécurité » des citoyens et a mis en garde contre les graves conséquences d'une escalade de la confrontation susceptible de dégénérer en une guerre à grande échelle.

L'ambassade des États-Unis à Beyrouth a déclaré, vendredi, qu'elle « encourageait ceux qui souhaitent quitter le Liban à réserver le premier billet disponible », tout en exhortant les citoyens américains qui choisissent de ne pas quitter le Liban « à préparer des plans d'urgence et à être prêts à s'abriter sur place pendant une période prolongée ».

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De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la périphérie du village de Kfar Hamam, dans le sud du Liban, le 9 août 2024. (AFP)

Le risque d'extension du conflit au Moyen-Orient a également conduit d'autres compagnies aériennes, dont Air Algérie et Air India, à suspendre leurs vols vers le Liban. La Grande-Bretagne a conseillé à ses compagnies aériennes « de ne pas pénétrer dans l'espace aérien libanais entre le 8 août et le 4 novembre », évoquant « un risque potentiel pour l'aviation en raison des opérations militaires ».

La crainte d'une escalade à la suite de deux assassinats attribués à Israël à la fin du mois dernier – celui d'Ismaïl Haniyeh à Téhéran et du haut commandant militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, à Beyrouth – a poussé des milliers d'expatriés libanais à fuir le pays.

Nombre d'entre eux, qui étaient arrivés quelques semaines auparavant pour passer l'été en famille, ont répondu à l'appel pressant des ambassades étrangères. Ils ont fait leurs valises à la hâte et ont quitté ce pays qui se trouve désormais au bord du gouffre.

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Les flammes ravagent une voiture visée par une frappe israélienne dans la ville méridionale de Sidon, le 9 août 2024. (AFP)

« Bienvenue au Liban. Rien n'a changé. Nous en avons l’habitude », a déclaré l'un des expatriés en partance, reflétant l'attitude résignée de quelqu'un qui connaissait les risques de rester dans le pays et de prendre un vol au départ de Beyrouth.

L'exode des expatriés a porté un coup dévastateur à l'économie libanaise. Le départ des expatriés, qui constituent la principale source de revenus de la nation, est un véritable désastre pour les petites et moyennes entreprises, en particulier dans le secteur du tourisme. Jean Beyrouti, secrétaire général de la Fédération syndicale du tourisme au Liban, a déclaré : « Si nous sacrifions le secteur du tourisme cette année, nous aurons sacrifié le Liban. »

L'économie libanaise, déjà fragile et affaiblie par des années d'instabilité politique, fait aujourd'hui l'objet de menaces encore plus grandes. La Banque mondiale avait prudemment prévu une légère croissance économique de 0,2 % pour 2023, soutenue par les transferts de fonds et le tourisme. Cependant, la situation a radicalement changé.

La monnaie nationale a perdu 95 % de sa valeur depuis l'effondrement de l'économie en 2019 et plus de 80 % de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.

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Ces derniers jours, les préoccupations se sont considérablement accrues à la suite des appels lancés par des ambassades et des gouvernements arabes et occidentaux pour que leurs ressortissants quittent immédiatement le Liban. (AFP)

Jassem Ajaka, un économiste libanais, a averti que la guerre de faible intensité au sud du Liban érode l'économie. « Si les attaques se poursuivent, la situation sera plus coûteuse, car les taux d'assurance et les prix en général augmenteront. Par ailleurs, les commerçants du marché noir en profiteront », a-t-il déclaré, en faisant allusion aux opérateurs de l'économie clandestine.

Il estime que les pertes dans l'industrie touristique libanaise pourraient dépasser les 2 milliards de dollars (1 dollar = 0,91 euro), sans compter les perturbations dans les importations et les transactions bancaires. Dans l'éventualité d'une guerre totale impliquant des attaques israéliennes sur les infrastructures fragiles du Liban, les dégâts pourraient être catastrophiques, selon M. Ajaka.

« Les pertes économiques en matière de produit intérieur brut pourraient atteindre 24 à 25 %, les entreprises et les hôpitaux seraient touchés et il pourrait y avoir des pénuries de produits de base tels que le blé et le carburant. »

Depuis octobre dernier, les violences transfrontalières ont tué au moins 565 personnes au Liban, principalement des combattants, mais aussi au moins 116 civils, selon un décompte de l'AFP.

EN CHIFFRES

95 %, tel est le pourcentage de perte de valeur de la monnaie libanaise depuis l'effondrement économique de 2019.
Plus de 80 % de la population libanaise vit désormais sous le seuil de pauvreté.
565 personnes, dont des combattants, ont été tuées au Liban depuis octobre 2023.

Du côté israélien, y compris sur le plateau du Golan annexé, 22 soldats et 26 civils ont été tués, selon les chiffres de l'armée. Des dizaines de milliers de résidents ont été déplacés par les combats de part et d'autre de la Ligne bleue – la ligne de démarcation qui sépare le Liban d'Israël et du plateau du Golan.

Le Liban est profondément divisé quant à l'escalade des tensions. Alors que certains pensent que le pays peut encore éviter le pire, d'autres subissent déjà les dures réalités du conflit.

Des villes entières du Liban-Sud ont été détruites par des frappes militaires israéliennes en représailles, entraînant le déplacement de dizaines de milliers de familles.

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Un discours télévisé du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est retransmis sur des écrans géants alors que des combattants et des personnes en deuil assistent à la cérémonie funéraire du commandant Fouad Chokr, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 1er août 2024. (AFP)

Vendredi, des attaques israéliennes distinctes ont tué deux combattants du Hezbollah à Naqoura et deux membres du Hamas à Sidon, dont le responsable de la sécurité du groupe palestinien dans le camp de réfugiés palestiniens d'Aïn al-Hilwé. C'est la première fois que la ville, située à 44 km de Beyrouth, est prise pour cible.

Des drones israéliens ont été vus survolant des villages libanais le long de la frontière, utilisant des haut-parleurs pour diffuser des messages en arabe contre le Hezbollah et son chef, Hassan Nasrallah. Dans un discours télévisé prononcé lors des funérailles de Chokr le 1er août, Nasrallah a déclaré que le Hezbollah « payait le prix de son soutien à Gaza et au peuple palestinien », mais a également déclaré une « bataille ouverte sur tous les fronts ».

Le consensus général à Beyrouth est que les responsables du gouvernement libanais ont des options limitées pour éviter une catastrophe. « Tout ce que les responsables libanais peuvent faire, c'est recourir à la diplomatie du lobbying pour empêcher Israël de détruire le Liban », a déclaré à Arab News un analyste s'exprimant sous couvert d'anonymat. « Ils sont incapables d'influencer le cours des choses en ce qui concerne le Hezbollah et Israël. »

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Un homme arpente une passerelle sous un panneau d'affichage géant où l’on peut lire : « Ça suffit, nous sommes fatigués, le Liban ne veut pas la guerre » dans une rue de Beyrouth le 7 août 2024. (AFP)

La situation est très différente de celle de la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, avec moins d'itinéraires sûrs pour ceux qui cherchent à fuir. De nombreux Libanais considèrent désormais les régions à majorité chrétienne, druze ou sunnite comme relativement sûres, contrairement aux régions à majorité chiite qui sont étroitement associées au Hezbollah.

Pour beaucoup, la menace de la guerre est une réalité bien trop familière. Mohammed Sabra, qui vit dans la banlieue sud de Beyrouth, laisse libre cours à sa frustration.

« Nous sommes contrôlés, pas choisis. Israël n'a pas besoin de prétexte pour attaquer le Liban. Tout ce que je peux faire, c'est espérer que les choses demeurent sous contrôle, car je ne peux aller nulle part. J'ai cinq enfants et le déplacement coûtera cher. »

Bilal Ghandour, propriétaire d'une bijouterie à Beyrouth, a fait part de ses inquiétudes : « Nous avons affaire à un ennemi qui n'a aucune ligne rouge. Nous sommes témoins de ce qui se passe dans la bande de Gaza. L'impact de toute guerre future sera sévère à la lumière de la crise économique dont nous souffrons. »

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Les conséquences d'un raid israélien sur le village de Chamaa, au sud du Liban, le 2 août 2024. (AFP)

Ces dernières semaines, les avions de guerre israéliens ont survolé Beyrouth à basse altitude, souvent visibles à l'œil nu. Ils ont fréquemment franchi le mur du son, provoquant les bangs supersoniques les plus forts depuis des années.

Le sentiment de peur dans la capitale libanaise est palpable, en particulier parmi les habitants des zones considérées comme des bastions du Hezbollah, notamment Dahiyé, une banlieue à majorité chiite au sud de Beyrouth.

C'est à Haret Hreik, à Dahiyé, que Chokr a été tué lors d'une frappe aérienne de l'armée israélienne le 30 juillet, apparemment en représailles à la mort de 12 enfants dans la ville majoritairement druze de Majdal Shams, sur les hauteurs du Golan, lors d'un tir de missile imputé au Hezbollah.

Pendant la guerre de 2006, Dahiyé a servi de quartier général au Hezbollah. Cette banlieue sud a été lourdement visée et endommagée par l'armée israélienne. La doctrine Dahiyé, une stratégie militaire israélienne consistant à détruire les infrastructures civiles afin de faire pression sur les régimes hostiles, porte le nom du quartier.

« Manal, une professeure d'université qui vit à Dahiyé, a fait part de ses appréhensions à Arab News sous couvert d'anonymat. « Chacun a peur pour sa famille. Je n'ai aucun plan A ou B pour le déplacement. Tous les sacs de déplacement sont prêts devant les portes des maisons des habitants de Dahiyé, même ceux qui croient en la résistance », a-t-elle déclaré.

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Un couple libanais court dans les rues devant un pont bombardé à la suite d'une attaque aérienne israélienne sur la banlieue de Beyrouth, Dahiyé, le 14 juillet 2006. (AFP)

Le Liban fait aujourd'hui face à un avenir incertain. La crise économique, combinée à la possibilité d'une guerre, a fait naître, chez beaucoup de gens, un sentiment d'impuissance. « Tout le monde est inquiet, tout est possible », a déclaré Fatima Muhaimish, une habitante de la banlieue sud de Beyrouth. « Nous n'avons pas les capacités psychologiques ou physiques pour endurer une guerre et l'horreur qu'elle laisse derrière elle. »

Alors que les Libanais se préparent à ce qui pourrait arriver, ils se posent plus de questions qu'ils n'ont de réponses. « Y a-t-il vraiment un endroit sûr au Liban si Israël lance une guerre contre le pays? » Que se passera-t-il après cette guerre et y aura-t-il d'autres guerres ?

Maher Abi Nader, analyste socio-politique, attribue ce sentiment généralisé de déni au traumatisme psychologique subi par le peuple libanais au cours des dernières décennies et, plus récemment, après l'explosion du port de Beyrouth en août 2020.

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Des sauveteurs se tiennent près d'un immeuble dont les derniers étages ont été détruits à la suite d'une frappe militaire israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le 30 juillet 2024. (AFP)

« L'Occident fait fi de notre lecture de la guerre. Le citoyen libanais sait comment gérer les crises aiguës. Il préfère vivre au jour le jour pour éviter le stress fatal », a déclaré M. Abi Nader à Arab News.

Dans son discours prononcé lors des funérailles de M. Chokr, M. Nasrallah a déclaré que des pays avaient demandé au Hezbollah de riposter d'une manière « acceptable », voire de ne pas riposter du tout. Mais il a ajouté qu'il serait « impossible » pour ses combattants de ne pas riposter. « Il n'y a pas de discussion à ce sujet », a-t-il déclaré. 

En l'absence de solution claire, le Liban est à nouveau sur le qui-vive, dans l'attente de ce qui semble être une guerre à grande échelle, retardée mais inévitable, entre le Hezbollah et Israël.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un mort et trois blessés dans une attaque près de colonies en Cisjordanie

Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
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  • L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron
  • La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie

TERRITOIRES PALESTINIENS: Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne.

L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Cet endroit a été le théâtre de plusieurs attaques anti-israéliennes depuis fin 2015.

Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a annoncé le décès d'un homme d'une trentaine d'années.

La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie.

Le MDA a également déclaré que ses services avaient évacué dans des hôpitaux de Jérusalem trois autres personnes, dont un adolescent de 15 ans "présentant des plaies profondes" et une femme d'environ 40 ans.

L'hôpital Hadassah de Jérusalem a précisé dans un communiqué que la femme, "blessée par balle", avait été hospitalisée dans un état grave.

Selon des médias locaux, elle aurait été blessée durant l'attaque par un tir de soldats visant les assaillants.

L'armée israélienne a précisé que ses "soldats ont éliminé deux terroristes sur place" et que des explosifs ont été "découverts" dans leur véhicule. "Les soldats de l'armée israélienne procèdent à des fouilles et ont mis en place des barrages routiers encerclant la zone", a-t-elle précisé.

L'Autorité générale des affaires civiles palestiniennes a identifié les assaillants comme Imran al-Atrash et Walid Sabbarna, tous les deux âgés de 18 ans et originaires de la région d'Hébron.

"Il s'agit de la deuxième attaque au carrefour du Goush Etzion en un an qui se solde par de graves conséquences", a déclaré à la presse Yaron Rosental, président du conseil régional du Goush Etzion, un bloc de colonies dans la zone du lieu de l'attaque.

Violences records 

Plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"Avec l'armée, nous ferons également payer un prix très élevé aux terroristes et à tout leur entourage, et nous renforcerons également la colonisation", a ajouté M. Rosental.

La veille, des colons extrémistes avaient attaqué le village palestinien de Jabaa, près de Bethléem, après que les forces de sécurité israéliennes ont fait démolir et évacuer l'avant-poste de colonisation juive dit de Tzour Misgavi, dans le bloc de colonies du Goush Etzion.

Les mouvements palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, considérés comme des organisations terroristes par les Etats-Unis, l'Union européenne, et Israël, ont salué l'attaque dans des communiqués distincts.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

Selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Dans le même temps, au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Ces violences n'ont pas cessé avec la trêve en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Selon l'ONU, la Cisjordanie a d'ailleurs connu en octobre un pic inédit de violences en près de deux décennies.

 

 


Les États-Unis annulent la visite du commandant en chef de l'armée libanaise

Le président libanais Joseph Aoun félicite le nouveau commandant en chef de l'armée, Rodolphe Haykal, au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 13 mars 2025. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun félicite le nouveau commandant en chef de l'armée, Rodolphe Haykal, au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Une source fait part à Arab News des nombreuses préoccupations des Etats-Unis concernant l'armée
  • La décision a été prise quelques heures seulement avant son départ prévu et en dépit des nombreux préparatifs de la visite

BEYROUTH : L'administration américaine a brusquement annulé mardi les rencontres prévues à Washington avec le général Rodolphe Haykal, commandant de l'armée libanaise.

La décision a été prise quelques heures seulement avant son départ prévu et en dépit des nombreux préparatifs de la visite.

L'ambassade du Liban à Washington a annoncé l'annulation d'une réception qui avait été organisée en l'honneur du commandant de l'armée, exprimant sa gratitude pour la compréhension des invités et déclarant qu'elle les informerait d'une nouvelle date une fois fixée, sans donner d'autres explications à la communauté libanaise.

L'administration libanaise a considéré cette décision comme un message fort adressé à l'armée libanaise, d'autant plus que plusieurs sénateurs américains avaient directement critiqué le commandant de l'armée.

Haykal devait rencontrer de nombreux hauts fonctionnaires, notamment des représentants de la Maison Blanche, des membres du Congrès et des chefs militaires.

Selon une source militaire, l'annulation de la visite serait liée à la déclaration de l'armée libanaise, dimanche dernier, concernant les tirs de l'armée israélienne visant les casques bleus de la FINUL au Liban.

Dans un message publié dimanche sur X, l'armée avait accusé "l'ennemi israélien, qui s'obstine à violer la souveraineté libanaise, (de) déstabiliser le pays et d'entraver le déploiement complet de l'armée dans le sud".

Selon la source, cette déclaration a suscité des discussions au sein du Congrès sur "l'opportunité de poursuivre l'aide à l'armée libanaise".

La source a déclaré à Arab News que les Etats-Unis avaient de nombreuses préoccupations concernant les performances de l'armée libanaise, y compris "son incapacité à progresser dans les tâches qui lui ont été assignées pour s'attaquer de manière adéquate au Hezbollah".

La source a ajouté : "Les Etats-Unis sont également mécontents des positions adoptées par le commandement, y compris l'insistance à décrire Israël comme l'ennemi".

Le sénateur Joni Ernst, militaire à la retraite, a publié sur X : "Déçu par cette déclaration de (l'armée libanaise). Les FAL (Forces armées libanaises) sont un partenaire stratégique et - comme j'en ai discuté avec le CHOD (chef d'état-major de la défense) en août - Israël a donné au Liban une véritable occasion de se libérer des terroristes du Hezbollah soutenus par l'Iran. Au lieu de saisir cette opportunité et de travailler ensemble pour désarmer le Hezbollah, le CHOD rejette honteusement la faute sur Israël".

Le sénateur Lindsey Graham a également publié un message sur le site X, dans lequel il déclare : "Il est clair que le Liban n'a pas été désarmé : "Il est clair que le chef de la défense libanaise - en raison d'une référence à Israël comme l'ennemi et de ses efforts faibles et presque inexistants pour désarmer le Hezbollah - est un énorme revers pour les efforts visant à faire avancer le Liban. Cette combinaison fait que les forces armées libanaises ne sont pas un très bon investissement pour l'Amérique".

Pendant ce temps, Tom Harb, membre du Parti républicain d'origine libanaise, a déclaré sur X : "L'administration Trump est frustrée par le gouvernement et l'armée libanais. Ils ont annulé toutes les réunions prévues à Washington pour le commandant de l'armée libanaise Rodolphe Haykal demain, et l'ambassade du Liban à Washington a dû annuler une réception prévue en son honneur."

Il a remercié M. Graham "d'avoir pris note du comportement de l'armée libanaise et de la réticence du gouvernement libanais à prendre des mesures contre le Hezbollah et à mettre en œuvre la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies - au lieu de se contenter de blâmer Israël".

Il a déclaré que M. Graham avait "pris la bonne décision" en annulant la réunion avec M. Haykal, et a ajouté : "L'argent de nos impôts doit fournir un retour sur investissement au Liban. Espérons que le président Joseph Aoun interprétera très bien l'administration Trump et remplacera bientôt le chef de l'armée par quelqu'un désireux de faire le travail !"

Les responsables politiques libanais ont évité de commenter l'action des États-Unis, une source officielle ayant déclaré à Arab News que "l'affaire concerne l'armée libanaise."

Une source militaire libanaise a déclaré : "L'institution militaire a décidé de contenir ce qui s'est passé en n'amplifiant pas la question afin de préserver les intérêts de l'armée.

La source a réaffirmé que l'armée libanaise accomplissait toutes ses missions conformément à son plan visant à limiter à l'État les armes présentes sur le territoire libanais.

Il a ajouté que l'armée "poursuit sa mission au sud du fleuve Litani avec sagesse et dans le délai qu'elle s'est fixé pour la fin de l'année, après quoi elle poursuivra sa mission au nord du fleuve Litani, en appliquant les décisions de l'autorité politique".

M. Haykal avait précédemment indiqué lors de deux sessions du cabinet, alors qu'il faisait le point sur les réalisations de l'armée au sud du Litani, qu'Israël avait fait pression sur l'armée pour qu'elle pénètre dans les maisons des habitants du sud à la recherche d'armes appartenant au Hezbollah - une demande que M. Haykal a rejetée. Il a également souligné les attaques israéliennes qui entravaient les opérations de l'armée libanaise sur le terrain.

Conférence des investisseurs

Parallèlement aux développements politiques et militaires, le front de mer de Beyrouth a accueilli la conférence Beirut One intitulée "Beirut is Rising Again".

D'éminents investisseurs libanais et arabes, notamment une délégation d'Arabie Saoudite, ont participé à cet événement placé sous le patronage du président libanais qui a souligné dans son discours "l'ouverture du Liban sur son environnement arabe et international".

Il a souligné que "le Liban doit retrouver son rôle naturel d'acteur économique et culturel dans la région, de pont entre l'Orient et l'Occident, et de plateforme d'interaction et de coopération entre les entreprises, les investisseurs et les institutions de développement".

M. Aoun a souligné que le Liban s'était engagé sur "la voie des vraies réformes", notant que le gouvernement avait pris des mesures sérieuses pour reconstruire les institutions de l'État sur des bases solides et renforcer la sécurité intérieure.

Il a ajouté : "Les investisseurs qui viennent au Liban doivent être assurés que leur protection n'est pas soumise à des caprices politiques, mais qu'elle est au contraire fermement ancrée dans la loi.

Il a ajouté : "Nous ne recherchons pas un calme temporaire, mais une stabilité durable", soulignant que les réformes entreprises par le gouvernement n'étaient pas faciles.

"Nous nous heurtons à des résistances au sein même du système, car les changements réels affectent des intérêts bien établis, mais nous restons inébranlables", a déclaré M. Aoun.


Le prince héritier saoudien arrive à la Maison Blanche pour rencontrer Donald Trump 

 Le président américain Donald Trump accueille le prince héritier et Premier ministre du Royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane sur la pelouse sud de la Maison Blanche. (AFP)
Le président américain Donald Trump accueille le prince héritier et Premier ministre du Royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane sur la pelouse sud de la Maison Blanche. (AFP)
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  • Au cours de cette visite, le prince héritier et le président devraient discuter des relations entre leurs pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines
  • Des avions de chasse américains ont survolé la Maison Blanche dans le cadre d'une cérémonie officielle en l'honneur du prince héritier

WASHINGTON: Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est arrivé mardi à la Maison Blanche à Washington, où il a été accueilli par le président américain Donald Trump.

Des avions de chasse américains ont survolé la Maison Blanche dans le cadre d'une cérémonie officielle en l'honneur du prince héritier.

Au cours de cette visite, le prince héritier et le président devraient discuter des relations entre leurs pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines, tandis que des questions d'intérêt commun seront également abordées, a rapporté l'agence de presse saoudienne.