En France, un appel à honorer les soldats des colonies plus ou moins entendu

Cette photographie prise à Saint-Tropez, dans le sud-est de la France, en août 1944, montre les troupes alliées débarquant sur la côte provençale lors de l'opération "Dragoon", saisissant l'occupant allemand et le forçant à battre en retraite. (Photo AFP)
Cette photographie prise à Saint-Tropez, dans le sud-est de la France, en août 1944, montre les troupes alliées débarquant sur la côte provençale lors de l'opération "Dragoon", saisissant l'occupant allemand et le forçant à battre en retraite. (Photo AFP)
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Publié le Mardi 13 août 2024

En France, un appel à honorer les soldats des colonies plus ou moins entendu

  • Sur les 250.000 soldats de l'armée française libre, la plupart venaient d'Afrique du Nord et subsaharienne.
  • seuls neuf des 100 combattants cités ont des voies à leur nom, dont au moins quatre avaient été ainsi honorés avant 2019.

MARSEILLE : Lors du 75e anniversaire du débarquement en Provence, dans le sud de la France, Emmanuel Macron appelait les maires à baptiser des rues du nom de soldats venus des colonies pour libérer le pays. Cinq ans plus tard, le bilan est maigre, même si de nombreuses communes célèbrent la mémoire de ces troupes.

"Ils ont fait l'honneur et la grandeur de la France. Mais qui se souvient aujourd'hui de leur nom, de leur visage?", avait lancé le président de la République lors d'une cérémonie à Saint-Raphaël, sur la Côte d'Azur.

Contrairement au "D-Day" de Normandie, les troupes françaises ont été majoritaires parmi les 350.000 effectifs engagés en Provence, même si le débarquement lui-même, le 15 août 1944, a été l'oeuvre principalement de troupes américaines.

Et sur les 250.000 soldats de l'armée française libre, la plupart venaient d'Afrique du Nord et subsaharienne.

Fin 2019, pour faire suite à l'appel présidentiel, le ministère des Armées a signé une "convention de soutien" avec l'Association des maires de France. En juillet 2020, l'Office national des combattants et victimes de guerre a proposé dans un livret "à l'usage des maires de France" 100 fiches biographiques de combattants d'Afrique à titre d'exemples.

Interrogés par l'AFP en amont du 80e anniversaire du débarquement, ni l'association des maires, ni les différents services du ministère des Armées ou du secrétariat d'Etat chargé des Anciens combattants et de la mémoire, n'ont pu fournir de données chiffrées de voies ou édifices nommés à la suite de l'appel présidentiel.

D'après des recherches de l'AFP sur des applications de navigation routière et dans le "Fichier des entités topographiques", qui liste pour l'administration fiscale toutes les voies répertoriées du pays, seuls neuf des 100 combattants cités ont des voies à leur nom, dont au moins quatre avaient été ainsi honorés avant 2019.

Une recherche similaire sur l'annuaire du ministère de l'Education nationale ne liste aucun établissement scolaire portant un des 100 noms.

La présidence française se refuse toutefois à parler d'échec, avançant quelques exemples et soulignant que "changer un nom de rue, ce n'est pas forcément facile". "Nous allons continuer cet effort avec les communes de France", souligne la présidence.

- "Libérateurs africains" -

Certaines municipalités ont de leur côté choisi d'honorer des combattants directement liés à leur commune.

En 2022, Marseille a ainsi rebaptisé une "école Bugeaud", maréchal de France, artisan d'une sanglante répression pendant la conquête de l'Algérie, en "école Ahmed-Litim", tirailleur algérien tué le 25 août 1944 sur les pentes de l'emblématique basilique Notre-Dame de la Garde lors de la libération de la ville.

Auparavant, Sanary-sur-Mer, ville méditerranéenne de 17.000 habitants, avait inauguré en 2015 un "carrefour giratoire des tirailleurs sénégalais Soro Katiénéféro et Kéma Sounri", tués le 23 août 1944 en libérant la localité.

On trouve également des noms plus génériques, comme une "place des Libérateurs africains" à Bandol, autre commune côtière, inaugurée en janvier 2020 par Geneviève Darrieussecq, alors secrétaire d'Etat aux combattants, qui y avait salué un premier exemple de réponse à l'appel du président Macron.

Rayol-Canadel, un des sites côtiers du débarquement, a des avenues du Colonel Bouvert ou du Commandant Rigaud, officiers français des "commandos d'Afrique".

A Fréjus, le musée des Troupes de Marine présente une exposition avec des portraits de soldats maghrébins, africains ou tahitiens racontant comment ils ont vécu ces batailles.

"Dans les communes, on ne peut pas parler d'oubli", insiste Jean-Marie Guillon, professeur émérite à l'université Aix-Marseille et spécialiste de cette période, qui reconnaît avoir été "un peu irrité" par l'appel présidentiel de 2019.

"Quand vous allez dans les communes qui ont été libérées par les tirailleurs sénégalais, vous vous apercevez que leurs noms sont sur les monuments (aux morts) comme les autres", poursuit-il. Mais "en Afrique on ne le sait pas", regrette-t-il.


D’importants dirigeants participeront au prochain Sommet de la Francophonie

18e Sommet de la Francophonie à Djerba, la photo de famille des dirigeants des 85 pays participants (Photo, Melinda Mrini).
18e Sommet de la Francophonie à Djerba, la photo de famille des dirigeants des 85 pays participants (Photo, Melinda Mrini).
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  • es organisateurs ont reçu "81 confirmations de présence de délégations étrangères, dont 51 au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement", a déclaré François Vandeville, secrétaire général du sommet de la Francophonie.
  • L'OIF, qui a pour missions de "promouvoir la langue française", "la paix, la démocratie et les droits de l'Homme"

PARIS : Au moins une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement participeront au XIXe sommet de la Francophonie début octobre, organisé en France pour la première fois depuis 33 ans, ont annoncé lundi les organisateurs.

Le sommet, qui se tiendra à Villers-Cotterêts, au nord de Paris, et dans la capitale française, aura pour thème "Créer, innover et entreprendre en français".

Sur les 88 Etats et gouvernements membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), les organisateurs ont reçu "81 confirmations de présence de délégations étrangères, dont 51 au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement", a déclaré François Vandeville, secrétaire général du sommet de la Francophonie.

"Je pense qu'on aura une bonne soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement", a estimé ce diplomate français lors d'une conférence de presse. Seule la présence du président de République démocratique du Congo Félix Tshisekedi a été confirmée.

Trois pays sahéliens, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, avec lesquels la France entretient des relations houleuses depuis qu'ils ont connu des coups d'Etat ces dernières années, ainsi que la Guinée, où une junte est au pouvoir depuis trois ans après un putsch, n'ont pas été invités, selon M. Vandeville.

L'OIF, qui a pour missions de "promouvoir la langue française", "la paix, la démocratie et les droits de l'Homme", "appuyer l'éducation" et "développer la coopération économique", estime le nombre de locuteurs français à 321 millions sur les cinq continents, ce qui en fait la 5e langue la plus parlée au monde.

Mais du fait de la forte démographie des pays francophones, notamment en Afrique, leur nombre devrait passer à 715 millions d'ici 2050, ce qui impose "un appui significatif à l'enseignement du français", selon l'organisation.

Un village de la Francophonie et un festival de la Francophonie seront ouverts du 2 au 6 octobre prochain dans deux salles parisiennes. Et FrancoTech, un "salon des innovations en français", se tiendra les 3 et 4 octobre dans un troisième lieu de la capitale, a indiqué Oria Vande Weghe, porte-parole de la secrétaire générale de l'OIF, la Rwandaise Louise Mushikiwabo.

Une réunion ministérielle aura lieu le 3 octobre à Paris, alors que les chefs d'Etat et de gouvernement se rencontreront le lendemain à la cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts et le surlendemain au Grand palais, à Paris, a-t-elle ajouté.


Von der Leyen dévoile son équipe dans une Europe plus à droite

Ursula von der Leyen, candidate à un second mandat en tant que présidente de la Commission européenne, arrive au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 18 juillet 2024, pour prononcer sa déclaration de candidature. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
Ursula von der Leyen, candidate à un second mandat en tant que présidente de la Commission européenne, arrive au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 18 juillet 2024, pour prononcer sa déclaration de candidature. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
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  • Depuis Strasbourg, Mme von der Leyen a présenté une équipe de 11 femmes pour 16 hommes, soit légèrement en deçà de la parité promise. "Il "reste encore du travail à accomplir", a convenu la dirigeante allemande.
  • Mme von der Leyen a insisté sur l'économie "compétitive, circulaire et décarbonée", dans le sillage du récent rapport de Mario Draghi sur les difficultés économiques de l'Union.

STRASBOURG : Après des semaines de tractations souvent poussives, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé mardi sa nouvelle équipe de commissaires, davantage marquée à droite et tournée vers la compétitivité de l'Europe.

Sujet inflammable, l'Italien Raffaele Fitto, membre du gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni, a obtenu un titre de vice-président au sein de ce nouvel exécutif européen.

L'Italie "retrouve son rôle central" dans l'Union, a immédiatement réagi la dirigeante italienne, alors que la gauche et le centre au Parlement européen avaient multiplié les mises en garde avant cette nomination. Cette vice-présidence de M. Fitto est un "problème politique", a réagi prudemment la cheffe du groupe social-démocrate Iratxe Garcia Perez.

Mais les jeux ne sont pas encore faits. Les commissaires putatifs doivent passer dans les semaines qu viennent le cap toujours délicat des auditions et d'un vote du Parlement afin d'être officiellement nommés, pour ce mandat de cinq ans.

Depuis Strasbourg, Mme von der Leyen a présenté une équipe de 11 femmes pour 16 hommes, soit légèrement en deçà de la parité promise. "Il "reste encore du travail à accomplir", a convenu la dirigeante allemande.

Fait notable, quatre des six vice-présidences de la Commission sont attribuées à des femmes.

Parmi elles, la socialiste espagnole Teresa Ribera. Cette spécialiste du climat, ministre de Pedro Sanchez, hérite d'un très large portefeuille dédié à la transition écologique et pourrait jouer l'un des premiers rôles dans la nouvelle équipe bruxelloise, tout comme l'Estonienne Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne.

Le Lituanien Andrius Kubilius obtient quant à lui le nouveau poste de commissaire à la Défense et à l'Espace, créé par Ursula von der Leyen pour faire face à la menace russe et la guerre en Ukraine.

Dans la foulée des élections européennes, le casting penche à droite avec une quinzaine de portefeuilles pour le PPE, parti conservateur et première force au Parlement européen.

En coulisses, les négociations pour les postes - un par Etat membre - ont été douloureuses, jusqu'à la dernière minute.

Lundi, c'est l'influent commissaire sortant français Thierry Breton qui a démissionné avec fracas, victime de ses relations exécrables avec Mme von der Leyen.

Pour le remplacer, Emmanuel Macron a proposé un proche, Stéphane Séjourné, discret ministre démissionnaire des Affaires étrangères. Il obtient une vice-présidence exécutive et un portefeuille dédié à la prospérité et la stratégie industrielle.

- Economie "compétitive et décarbonée" -

L'Union européenne entend afficher ses priorités dans une période cruciale sur le plan géopolitique, avec la guerre en Ukraine, la campagne présidentielle américaine et la concurrence économique de la Chine.

Mme von der Leyen a insisté sur l'économie "compétitive, circulaire et décarbonée", dans le sillage du récent rapport de Mario Draghi sur les difficultés économiques de l'Union.

Trois mois après des élections européennes marquées par la poussée de l'extrême droite, la gauche et les ONG redoutent que la réorientation de la Commission vers les enjeux économiques se fasse au détriment des ambitions climatiques du précédent mandat.

"Nous devons continuer à relever ce défi de la lutte contre le réchauffement climatique", mais "toujours dans le contexte de la compétitivité", a répondu Mme von der Leyen.

"Ce n'est pas que l'ambition diminue, c'est une phase de mise en œuvre", assure aussi une source au sein de la commission. Mais avec moins d'élus verts et une extrême droite plus nombreuse, le "Parlement est très différent de celui de 2019", il faudra voir "quelle influence ça va avoir sur le sujet".

Comment souvent, les auditions des commissaires devant les eurodéputés pourraient être houleuses, dans un moment où le Parlement peut montrer ses muscles en retoquant certains candidats.

Plusieurs députés aimeraient faire tomber le candidat hongrois, Olivér Várhelyi, accusé d'être peu à l'écoute du Parlement européen et trop proche des positions du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.

Dans le cadre de la présidence hongroise de l'UE, M. Orban devait s'exprimer à Strasbourg mercredi, mais a annulé sa venue en raison de la tempête Boris touchant l'Europe centrale.

Si elle a exprimé le souhait que la nouvelle commission puisse être opérationnelle "dès que possible", Ursula von der Leyen est restée évasive sur le calendrier. L'organisation des auditions au Parlement et leurs rebondissements augurent d'une possible mise en place de la nouvelle équipe début décembre.


Le projet de budget de la France pour 2025 tourne à l'épreuve de force

Le député français de la coalition de gauche « Nouveau Front Populaire », membre du parti de gauche La France Isoumise (LFI) et président de la commission des finances Eric Coquerel (C) et membre du « Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires » (LIOT) et le député français Charles de Courson (R) s'adressent aux journalistes alors qu'ils arrivent à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 17 septembre 2024. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le député français de la coalition de gauche « Nouveau Front Populaire », membre du parti de gauche La France Isoumise (LFI) et président de la commission des finances Eric Coquerel (C) et membre du « Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires » (LIOT) et le député français Charles de Courson (R) s'adressent aux journalistes alors qu'ils arrivent à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 17 septembre 2024. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • On nous a refusé la consultation de ces documents", au motif qu'il s'agit de "documents préparatoires", a déclaré le président de la commission des finances de la chambre basse du Parlement Eric Coquerel.
  • Ces documents "sont nécessaires pour accomplir notre travail de parlementaires", avait préalablement déclaré Eric Coquerel. Son collègue Charles de Courson avait demandé que le Parlement soit "respecté", en l'absence de majorité claire.

PARIS : Le projet de budget de la France pour 2025 tourne à l'épreuve de force: deux responsables de la commission des Finances de l'Assemblée nationale sont sortis "en colère" mardi de Matignon, qui leur a "refusé" selon eux l'accès à des documents clés.

On est assez sidéré (...) parce qu'on nous a refusé la consultation de ces documents", au motif qu'il s'agit de "documents préparatoires", a déclaré le président de la commission des finances de la chambre basse du Parlement Eric Coquerel.

Le député La France insoumise (gauche radicale) s'est dit "en colère". Il s'exprimait à sa sortie de Matignon, la résidence des Premier ministre en France, une quarantaine de minutes après son arrivée avec le rapporteur général centriste du budget, Charles de Courson.

"C'est un droit constitutionnel qui (nous) est octroyé, on nous l'a refusé", a-t-il ajouté, accusant le président Emmanuel Macron de "mettre en danger la démocratie".

M. Coquerel a annoncé qu'il se rendrait mercredi au ministère français de l'Economie pour tenter d'obtenir les lettres-plafonds qui fixent les crédits des ministères pour 2025 et serviront à construire le prochain budget.

Les deux députés étaient arrivés rue de Varenne à pied, en provenant de l'Assemblée, vers 12H30. Ils n'ont pas été reçus par le nouveau Premier ministre Michel Barnier, absent à ce moment-là, mais par son chef de cabinet Baptiste Rolland et la secrétaire générale du gouvernement Claire Landais, à qui ils avaient demandé, à défaut d'obtenir les lettres-plafonds, d'au moins pouvoir les "consulter".

Ces documents ont été communiqués aux ministères en août par le gouvernement démissionnaire, mais pas aux responsables de la commission des Finances qui les réclament depuis. Ils avaient lancé un ultimatum à Matignon: à défaut de les recevoir lundi, ils iraient les chercher eux-mêmes.

Ces documents "sont nécessaires pour accomplir notre travail de parlementaires", avait préalablement déclaré Eric Coquerel. Son collègue Charles de Courson avait demandé que le Parlement soit "respecté", en l'absence de majorité claire.

Ralentie par les élections législatives anticipées puis la nomination d'un Premier ministre sur le tard début septembre, la préparation du prochain budget revêt un enjeu d'autant plus important cette année que la France fait partie des mauvais élèves européens en matière de finances publiques.