Les discussions en vue d'une trêve dans la bande de Gaza prévues jeudi à Doha

Des véhicules circulent sur une route sous une passerelle pour piétons avec une grande bannière représentant le commandant tué de la Force Quds du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), Qasem Soleimani (C-D), et des figures tuées de groupes soutenus par l'Iran, dont Ismail Haniyeh du Hamas palestinien (C), Abu Mahdi al-Muhandis du Hashed al-Shabi irakien (C-L), Imad Mughnieh du Hezbollah libanais (3e R), à Téhéran le 14 août 2024. (AFP)
Des véhicules circulent sur une route sous une passerelle pour piétons avec une grande bannière représentant le commandant tué de la Force Quds du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), Qasem Soleimani (C-D), et des figures tuées de groupes soutenus par l'Iran, dont Ismail Haniyeh du Hamas palestinien (C), Abu Mahdi al-Muhandis du Hashed al-Shabi irakien (C-L), Imad Mughnieh du Hezbollah libanais (3e R), à Téhéran le 14 août 2024. (AFP)
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Publié le Jeudi 15 août 2024

Les discussions en vue d'une trêve dans la bande de Gaza prévues jeudi à Doha

  • Les discussions en vue d'une trêve dans la bande de Gaza se tiendront jeudi au Qatar, ont indiqué mercredi trois sources proches des négociations, à l'heure où le territoire palestinien subit des bombardements intensifs de l'armée israélienne
  • Le président américain Joe Biden a estimé mardi qu'un cessez-le-feu pourrait permettre d'éviter une attaque iranienne contre Israël

DOHA: Les discussions en vue d'une trêve dans la bande de Gaza se tiendront jeudi au Qatar, ont indiqué mercredi trois sources proches des négociations, à l'heure où le territoire palestinien, ravagé par plus de dix mois de guerre, subit des bombardements intensifs de l'armée israélienne.

Un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui s'affrontent dans la petite langue de terre côtière depuis l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, est réclamé avec force par la communauté internationale.

Le président américain Joe Biden a estimé mardi qu'un cessez-le-feu pourrait permettre d'éviter une attaque iranienne contre Israël, annoncée par Téhéran en représailles à l'assassinat, qu'il impute à l'Etat israélien, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh dans la capitale iranienne le 31 juillet.

M. Biden a assuré qu'il "n'abandonnait pas" cet objectif, bien que les négociations pour une trêve deviennent "difficiles".

La Maison Blanche a fait savoir que le chef d'Etat américain et Kamala Harris, sa vice-présidente, s'étaient réunis mercredi avec leurs conseillers dans la "Situation Room", centre névralgique de l'appareil d'Etat américain en cas de crise internationale, pour faire un point sur la situation.

Il n'y a "plus de temps à perdre", a affirmé mercredi à Beyrouth l'émissaire américain Amos Hochstein, un cessez-le-feu pouvant aussi mettre fin aux échanges de tirs entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié du Hamas et de Téhéran.

Le Hezbollah a annoncé mercredi soir la mort de deux de ses combattants dans de nouvelles frappes israéliennes au Sud-Liban.

Ces nouvelles discussions, menées à l'appel des pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - se basent sur un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, dont la première phase prévoit une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, et de la libération d'otages - enlevés lors de l'attaque du Hamas - contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Elles se tiendront en présence du directeur de la CIA William Burns, selon une source américaine proche des négociations, ainsi que des chefs du Mossad, le service de renseignement israélien, et du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, selon le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

La participation du Hamas reste incertaine. Un cadre du mouvement a indiqué mercredi que les négociations "avec les médiateurs (...) se sont intensifiées", réaffirmant que le Hamas "veut l'application du plan Biden et pas négocier pour négocier".

- "Alerte élevée" -

L'armée israélienne poursuit pendant ce temps son offensive à Gaza. La Défense civile du territoire a fait état de bombardements sur les villes de Gaza et Beit Lahya (nord), de Deir al-Balah (centre) ainsi que de Khan Younès et Rafah (sud).

Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 - et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne - après l'attaque sur son sol qui a tué 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait au moins 39.965 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués.

Au Liban, dix mois de violences ont fait au moins 570 morts, pour la plupart des combattants du Hezbollah mais également au moins 118 civils, selon un décompte de l'AFP.

En Israël et sur le plateau du Golan occupé, 22 militaires et 26 civils ont été tués, selon les autorités israéliennes.

Les médiateurs n'ont jusque-là arraché qu'une seule et unique trêve d'une semaine en novembre. Elle avait permis la libération d'une centaine d'otages et de 240 Palestiniens.

En Israël, Avigail Ginzburg, une hôtesse de l'air israélienne de 22 ans, se dit "très stressée" face au risque d'une attaque iranienne et de ses retombées sur les négociations.

L'Iran a rejeté mardi un appel de plusieurs pays occidentaux à renoncer à attaquer Israël. Ses alliés au Liban, en Irak et au Yémen menacent aussi de riposter à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh et celui, le 30 juillet, du chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth.

Le président israélien Isaac Herzog a lui affirmé que son pays restait "en alerte élevée".

Dans le cadre des efforts diplomatiques en cours pour une désescalade dans la région, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné doit se rendre jeudi à Beyrouth.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, se sont entretenus mercredi, le Qatari échangeant également avec le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan.

- "Personne ne sort victorieux" -

"Nous espérons que demain les négociations seront positives, que la guerre prendra fin", confie à l'AFP Ibrahim Khader, un Palestinien de Deir al-Balah. "La guerre est une destruction et personne n'en sort victorieux", dit-il.

L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir mené plus de 40 frappes aériennes sur des "infrastructures terroristes" à Gaza.

La Défense civile a annoncé avoir sorti quatre corps d'une même famille des décombres d'un appartement bombardé dans un immense complexe résidentiel près de Khan Younès.

A Nousseirat (centre), des Palestiniens ont raconté qu'un bombardement avait provoqué "une explosion terrible" en pleine nuit. Jihad Al-Sharif a affirmé que sa famille avait retrouvé des restes d'enfants en pleine rue.

La guerre a plongé le territoire, assiégé par Israël, dans un désastre humanitaire et entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.