L'acteur français Alain Delon est mort, annoncent ses trois enfants

Un grand fauve est mort, qui fascinait et divisait à la fois: icône du cinéma, l'acteur français Alain Delon s'est éteint à l'âge de 88 ans. (AFP)
Un grand fauve est mort, qui fascinait et divisait à la fois: icône du cinéma, l'acteur français Alain Delon s'est éteint à l'âge de 88 ans. (AFP)
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Publié le Dimanche 18 août 2024

L'acteur français Alain Delon est mort, annoncent ses trois enfants

  • Un grand fauve est mort, qui fascinait et divisait à la fois: icône du cinéma, l'acteur français Alain Delon s'est éteint à l'âge de 88 ans
  • "Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l’immense chagrin d’annoncer le départ de leur père"

PARIS: Un grand fauve est mort, qui fascinait et divisait à la fois: icône du cinéma, l'acteur français Alain Delon s'est éteint à l'âge de 88 ans, ont annoncé dimanche matin ses trois enfants dans un communiqué commun à l'AFP.

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Alain Delon lors du 72e festival de Cannes. (AFP)

 

"Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l’immense chagrin d’annoncer le départ de leur père. Il s’est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens. (...) Sa famille vous prie de bien vouloir respecter son intimité, dans ce moment de deuil extrêmement douloureux", indique le communiqué.

 

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Alain Delon lors du 72e festival de Cannes. (AFP)

"L'acteur de "Plein soleil" et du "Samourai" s’en est allé rejoindre (la Vierge) Marie parmi ses étoiles si chères à son coeur. Sa famille vous prie de bien vouloir respecter son intimité, dans ce moment de deuil extrêmement douloureux", poursuivent les trois enfants.

L'acteur est décédé "très tôt au milieu de la nuit", ont-ils précisé.

Rarissime au cinéma depuis la fin des années 90, Alain Delon avait fait les gros titres à l'été 2023 quand ses trois enfants avaient porté plainte contre sa dame de compagnie, Hiromi Rollin, parfois décrite comme sa compagne, suspectant un abus de faiblesse.

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Alain Delon lors du 72e festival de Cannes. (AFP)

Ses trois enfants s'étaient ensuite menés une guerre fratricide par médias et justice interposés, se disputant sur l'état de santé de la star, qui souffrait d'un lymphome et avait fait un AVC en 2019.

 

Douchy, village français: son église, ses champs et... Alain Delon

 

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C'est un village comme tant d'autres en France, avec son église et ses champs de colza... A ceci près qu'à Douchy-Montcorbon, la forêt abrite un des derniers géants du cinéma français: Alain Delon, voisin "inexistant" pour les uns, vieil ami pour les autres.

N'imaginez pas un village sans âme au coeur du Gâtinais, à une grosse centaine de km au sud de Paris. Ici, les commerces foisonnent. "Deux épiceries, deux boulangeries, une pharmacie, un laboratoire d'analyses, une maison médicale avec plein de médecins, un dentiste, une boucherie, un restaurant, un bar, une coiffeuse...", égrène, avec fierté, le maire de "Douchy" Abel Martin, 78 ans.

Aux 1.371 habitants se mêlent toute l'année admiratrices, curieux ou médias... qui espèrent croiser la star de 88 ans, gravement malade et désormais placée sous curatelle renforcée.

"Avant c'était les Italiennes qui venaient voir Delon. Depuis l'histoire avec Hiromi (Rollin, qui se présente comme son ex-compagne NDLR) cet été, c'est sans fin ! Il faut répéter 100 fois la même chose, ils viennent se coller aux vitres de mon établissement", se plaint un des commerçants, sous couvert d'anonymat.

"J'ai reçu 16 journalistes déjà !", s'amuse M. Martin, qui assure avec malice "n'être au courant de rien !".

Il en veut pour preuve la perquisition menée dans la propriété de la star fin février et la saisie de 72 armes à feu et de 3.000 munitions, qu'il jure avoir "apprise le lendemain dans le journal".

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Dans ce village où tout le monde se connaît, "on ne savait pas ce qui se passait chez lui. Il y a très peu de gens qui pouvaient y entrer et de tout temps", raconte le maire.

« Naître super beau »

Pour Jocelyne, une coquette femme de 80 ans, le "Guépard" a toujours été "un voisin inexistant; aucun rapport, aucun intérêt, aucun partage".

"Je lui ai dit +bonjour+ deux ou trois fois chez des commerçants, il s'est retourné, a levé un oeil et ne m'a pas répondu...", se souvient avec amertume cette retraitée.

"Lorsqu'il y avait sa compagne Mireille (l'actrice Mireille Darc ndlr), c'était complètement différent (...) Elle, elle conversait, saluait les gens", insiste encore Jocelyne pour qui "c'est un type qui a eu la chance de naître super beau, et ça, ça l'a sauvé !"

Catherine, 53 ans, se souvient seulement "des biscottes, du miel blanc, du beurre, un thé et des fruits, surtout de la mangue !" qu'elle lui préparait chaque matin à son domicile il y a quelques années et du "journal local" qu'elle lui apportait. Mais entre les deux, aucun échange.

Tout cela c'était avant. Depuis un AVC en 2019, personne ne le croise.

Seule une de ses salariées de longue date peut encore témoigner. "Quand Hiromi était là, au moins, elle le maintenait en vie", confie-t-elle sous couvert d'anonymat. Mais en juillet, les enfants de la star ont expulsé du domicile celle qui se présente comme l'ex-compagne. "Depuis, il est seul et se laisse aller."

Si autrefois "les enfants venaient et se sauvaient au bout de deux jours tellement il était insupportable", admet un de ses proches, Claude Gruenenberger, ancien gérant de l'Auberge du Terroir où il avait ses habitudes, aujourd'hui, Alain-Fabien Delon vit avec son père et Anthony et Anouchka sont "assez souvent présents", selon le maire.

Baises-mains et selfies 

Pour "Alain (qui) aimait bien venir casser la croûte le soir, tranquille" à l'Auberge du Terroir, située à "800 mètres" de sa propriété, Claude Gruenenberger a créé un menu à son honneur: le "filet de sole Alain Delon", plat fétiche de la star, vendu 15 euros et sur lequel "tout le monde se jetait".

Le retraité, 71 ans, proche du comédien se souvient d'un homme généreux, comme lorsqu'il lui a "apporté un vin dédicacé de Hongrie", mais aussi grognard quand il lui confiait que "quelqu'un demandait un autographe. Il me disait: +Je ne suis pas là pour ça, ne me fais pas chier+ !" avant de le retrouver en salle, auprès de ladite fan, faisant "des baise-mains, des selfies..."

Quel fut son pire souvenir avec "Alain" ? "Quand il s'est embourbé avec sa Mercedes dans le terrain de l'auberge et je lui ai dit: +Attends donne-moi tes clés, je vais me démerder+. (...) Quand je lui ai rendu les clés, je lui ai dit: +Tu m'excuseras, y a peut-être un peu de terre sous le tapis+ et Alain a grogné."

Aujourd'hui, les deux hommes ne se voient plus. L'un est cloîtré dans son antre où des arbres chutent et brisent les murets qui le séparent des deux départementales qui bordent la demeure. L'autre erre dans les ruelles de Douchy.

"La personne me manque, pas ce qu'il représente, l'acteur tout ça... mais l'être", raconte Claude, ému.

 

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Alain Delon lors du 72e festival de Cannes. (AFP)
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En mai 2019, il était revenu goûter aux lumières du tapis rouge cannois pour recevoir une Palme d'or d'honneur, entre larmes et discours aux accents testamentaires: "C'est un peu un hommage posthume, mais de mon vivant", avait réagi l'acteur de "Plein soleil" (1960), film qui lui donna une aura internationale, "Rocco et ses frères" (1960) et "Le Guépard" (1963), ou "La piscine" (1969). 

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"Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l’immense chagrin d’annoncer le départ de leur père. Il s’est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens". (AFP)

 


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.


AlUla ou comment le désert devient atelier d’art

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  • AlUla se transforme en laboratoire artistique où design, architecture et patrimoine dialoguent avec le désert
  • Entre traditions locales et innovation contemporaine, le désert devient un espace d’expérimentation, d’apprentissage et de création, où culture et paysage s’influencent mutuellement

PARIS: De la résidence de design à la construction du futur musée d’art contemporain confié à Lina Ghotmeh, AlUla se façonne dans le respect de sa mémoire et de son paysage.

À Paris, une table ronde organisée par la RCU et AFALULA a révélé les coulisses de cette transformation, celle d’un territoire millénaire devenu laboratoire d’expérimentation et vitrine du dialogue culturel franco-saoudien.

Dans le parc de l’hôtel des maisons (un hôtel particulier parisien construit au XVIII), la conversation s’est ouverte sur une question presque philosophique : comment bâtir dans le désert sans le dominer ? Comment concevoir à AlUla, ce paysage d’infini, une architecture qui parle à l’échelle humaine ?

La table ronde, intitulée “From the Land Up: Designing AlUla from Desert to Human Scale”, a réuni les acteurs clés du projet et plusieurs anciens résidents du programme AlUla Design Residency, créé il y a deux ans.

Ils ont tous en commun d’avoir approché cette terre d’exception, non comme un territoire vierge, mais comme un organisme vivant, porteur d’histoires et de voix anciennes.

L’événement, organisé par la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’agence Française pour le développement d’Alula (AFALULA), a célébré l’ADN rare de cette région, qui est un mélange entre fouilles historiques, architecture, design et diplomatie culturelle notamment avec la villa Hegra. 

AlUla, déjà célèbre pour son patrimoine nabatéen et ses falaises sculptées par le vent, devient aujourd’hui un territoire d’expérimentation artistique mondiale, où le passé inspire le futur, et lui donne forme.

Au centre du projet, la vision de Lina Ghotmeh, architecte franco-libanaise à la tête du futur musée d’art contemporain d’AlUla, « Le musée ne doit pas être une icône posée dans le désert » explique-t-elle, « mais un générateur de liens, un espace de rencontre et d’hospitalité ».

Implanté près d’une ancienne oasis agricole, le musée s’enracinera dans le paysage tout en redonnant vie à des savoir-faire ancestraux, « nous travaillons avec la terre locale, avec des techniques de construction traditionnelles : torchis, terre comprimée, architecture bioclimatique, l’objectif est de renouer avec les ressources naturelles et la mémoire des lieux », souligne l’architecte.

Ghotmeh évoque aussi le dialogue qu’elle a tissé avec la communauté locale, « j’ai passé du temps à rencontrer les habitants, à partager un thé sous un oranger, à écouter les femmes qui ravivent l’artisanat, à visiter les écoles ».

Un jour, une fillette m’a dit, « le musée, c’est le lieu de l’extraordinaire, cette phrase m’accompagne toujours, car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit, créer un lieu qui relie la connaissance, l’émotion et la beauté ».

Dans son approche sensible, le musée devient un prolongement du paysage, un lieu où les visiteurs respireront la même lumière que les habitants, où la culture se fera conversation et échange.

« Il ne s’agit pas d’importer la culture, mais de la créer à partir du territoire », souligne Arnaud Morand, responsable des arts et industries créatives à AFALULA, c’est cette conviction qui guide toute la programmation culturelle d’AlUla.

L’une des premières grandes expositions préfigurant le musée verra le jour en janvier prochain, consiste en une collaboration entre AlUla et le Centre Pompidou, présentée d’abord dans une architecture temporaire conçue sur place avant de voyager dans le monde.

« C’est une coopération basée sur l’échange de savoirs et la lenteur, dit-il. À AlUla, on apprend à prendre le temps, l'art naît du sol, pas de la vitesse ».

Cette philosophie irrigue aussi les résidences de design et d’artistes qu’AFALULA co-dirige sur place, des programmes où jeunes talents et créateurs confirmés expérimentent à ciel ouvert, dans une relation directe avec le territoire, « Là-bas, chaque projet s’élabore dans l’écoute et l’humilité » affirme Morand.

« Lorsque nous arrivons à AlUla, nous devons laisser nos certitudes à la porte du désert » observe Ali Al Gazzaoui responsable du programme de résidences d’artistes, « il faut apprendre à écouter les habitants, à comprendre leur rapport au paysage, à la lumière, à la convivialité ».

C’est cette humilité partagée qui transforme le désert en école, les fondateurs du Studio Raw Material, Dushyant Bansal et Priyanka Sharma, anciens résidents du programme, racontent leur découverte émerveillée d’un lieu où « le matériau est partout de la roche, au sable, à la chaleur, et la lumière, tout devient matière à création ».

Leur expérience les a conduits à réfléchir à une forme de design « hors des centres urbains » à la faveur d’une pratique ancrée dans la vie quotidienne et les gestes ordinaires, « à AlUla, on apprend à se salir les mains, à construire, à inventer avec ce que la nature nous offre ».

Cette approche artisanale et poétique rejoint la vision d’Ali Alghazzawi, pour lui, « notre mission est de créer un écosystème où les créatifs peuvent dialoguer librement avec le paysage et expérimenter, car la durabilité ne se décrète pas, elle se vit ».

Tout ceci confère à AlUla qui est un site touristique d’exception, une autre dimension qui est celle de pépinière d’idées, de territoire d’apprentissage et de création contemporaine.


Le Gray fait son grand retour à Beyrouth : symbole d’espoir et de renouveau

Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
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  • Cinq ans après l’explosion du port, Le Gray rouvre ses portes en novembre 2025, devenant un symbole fort de relance pour le centre-ville de Beyrouth et l’hospitalité libanaise
  • Sous la direction de Charles Akl et du chef étoilé Alan Geaam, l’hôtel incarne l’alliance du luxe, de la mémoire et du renouveau culturel, gastronomique et économique de la capitale

BEYROUTH: Cinq ans après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth et la fermeture qui s’en est suivie, l’hôtel Le Gray s’apprête à rouvrir ses portes en novembre 2025, marquant un tournant symbolique pour la capitale libanaise. Situé sur la place des Martyrs, au cœur du centre-ville, cet établissement iconique, membre du réseau Leading Hotels of the World (LHW) retrouve son éclat d’antan et incarne l’espoir d’un renouveau pour l’hospitalité et la culture libanaises.

Un nouveau souffle pour Beyrouth

La réouverture de Le Gray intervient dans un contexte d’effort de relance économique. Depuis l’arrivée d’un nouveau gouvernement en janvier 2025, le Liban semble s’engager dans une phase de stabilisation et de redressement. L’ouverture des Beirut Souks plus tôt en octobre a déjà insufflé un vent d’optimisme dans une ville meurtrie, encore marquée par les séquelles de la guerre de 2024.

« C’est un retour à la vie et une réaffirmation de notre engagement envers Beyrouth, » déclare Charles Akl, directeur général de Le Gray.

« Le Gray a toujours été plus qu’un hôtel : c’est un symbole, un lieu de rencontre, une part de l’âme de la ville. Aujourd’hui, il revient pour redonner espoir et dynamisme au centre-ville. »

La gastronomie au cœur du renouveau

Symbole fort de ce retour : la cuisine. Le chef franco-libanais Alan Geaam, seul chef libanais étoilé au Guide Michelin, prend les commandes des restaurants de l'hôtel. Après vingt-sept ans en France, il signe ici un retour aux sources empreint d’émotion et d’ambition.

« Mon objectif est de porter encore plus haut le nom du Liban sur la scène gastronomique internationale, » confie le chef. « C’est un honneur de revenir à Beyrouth, de former de jeunes talents et de faire rayonner notre cuisine. »

Alan Geaam introduit à cette occasion Qasti Beyrouth, déclinaison locale de son restaurant emblématique présent à Paris et dans d’autres grandes villes, ainsi que Padam, une adresse signature au sein de l’hôtel.

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Qasti Beyrouth : la cuisine d’Alan Geaam au cœur de Le Gray. (Photo: ANFR)

Une redécouverte d’un joyau urbain

À l’occasion du pre-opening de l’hôtel, un groupe de journalistes a été invité à redécouvrir les lieux. L’expérience a été décrite comme un moment d’émotion et de redécouverte, dans un cadre où se mêlent raffinement, art et mémoire.

Avec plus de 100 chambres et suites repensées sous la direction artistique de l’architecte Galal Mahmoud, l’hôtel allie élégance contemporaine et références subtiles à l’histoire et à la culture libanaises. Plus de 600 œuvres d’art ornent les espaces communs et les chambres, transformant l’hôtel en véritable galerie.

Le Gray propose également des espaces événementiels et de conférence modulables, capables d’accueillir aussi bien des événements professionnels que des célébrations privées.

Un lieu au carrefour du passé et de l’avenir

À quelques pas des Beirut Souks, du front de mer et de Zaitouna Bay, Le Gray se trouve à la croisée de l’histoire, de la culture et du renouveau économique. Il se veut désormais moteur du redéploiement touristique du centre-ville.

Pour Charles Akl, cette réouverture dépasse le simple acte économique : « C’est une responsabilité collective : celle de redonner de l’élan à la ville, de raviver les talents, et de réaffirmer la place de Beyrouth sur la carte mondiale de l’hospitalité et de la culture. »

Avec cette réouverture très attendue, Le Gray ne se contente pas de retrouver sa place dans le paysage hôtelier. Il incarne la résilience d’un peuple et la volonté d’un pays de se reconstruire, avec élégance et conviction.