Après 57 ans de «  calvaire  », Jean-Pierre est redevenu Mohammed pour la France

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Publié le Dimanche 18 août 2024

Après 57 ans de «  calvaire  », Jean-Pierre est redevenu Mohammed pour la France

  • "Il était temps" : renommé Jean-Pierre Guérin à son arrivée en France à l'adolescence, Mohammed Guerroumi,  d'origine algérienne, vient de retrouver officiellement son véritable nom
  • Le 13 juillet a marqué des retrouvailles avec lui-même et couronné des décennies de lutte pour faire inscrire sur ses documents d'identité son prénom et son nom de naissance

STRASBOURG: "Il était temps" : renommé Jean-Pierre Guérin à son arrivée en France à l'adolescence, Mohammed Guerroumi,  d'origine algérienne, vient de retrouver officiellement son véritable nom, épilogue d'une quête d'identité qui a duré 57 ans.

"C'est un vrai soulagement (...) Je me suis battu", confie à l'AFP ce retraité de 71 ans, dans son appartement de Strasbourg, dans l'est de la France.

Le 13 juillet a marqué des retrouvailles avec lui-même et couronné des décennies de lutte pour faire inscrire sur ses documents d'identité son prénom et son nom de naissance.

"J'ai récupéré ma carte d'identité et mon passeport avec ma vraie identité. Il était temps", témoigne ce Strasbourgeois né en Algérie française en 1953, à la veille de la guerre qui aboutira à l'indépendance du pays en 1962.

Son grand-père s'est battu pour la France durant les deux guerres mondiales. Son père a été officier de l'armée française durant la guerre d'Algérie, explique Mohammed.

Il a 13 ans lorsqu'il arrive à Strasbourg en 1966, avec ses deux jeunes frères Ahmed et Chérif, pour, pensaient-ils, retrouver leur père, hospitalisé en Alsace.

A l'aéroport, "on croyait (qu'il) nous attendait mais en fait, c'était une travailleuse sociale qui s'occupait de l'accueil des enfants".

Les trois frères sont placés dans un foyer et déclarés pupilles de la nation, la justice estimant que leur père ne peut plus s'occuper d'eux.

« Un masque »

Au foyer, ils sont contraints de franciser leur nom au motif que cela leur permettra de mieux s'intégrer.

Ahmed devient Alphonse, Chérif est rebaptisé Christian. Et Mohammed prend le prénom de son éducateur : Jean-Pierre. Les frères Guerroumi sont désormais les frères Guérin.

Ce qui devait être un gage d'intégration sera surtout une blessure intime : des décennies "de souffrances, de calvaire. Porter un nom comme ça, c'était comme porter un masque", soupire-t-il.

"J'étais un peu humilié par les Français qui n'acceptaient pas que je leur +cache+ mon identité et que je m'appelle Jean-Pierre Guérin avec ma tête d'Arabe +basané+", se souvient-il. "Et puis, j'étais un petit traître avec la communauté algérienne parce que je portais un nom français..."

Les vexations s'accumulent, par exemple lorsqu'il s'agit de passer une frontière, chercher un emploi ou un appartement : "avec le nom, il n'y avait pas de problème. Mais quand je me présentais, on me disait +il n'y a plus rien", explique cet ancien mécanicien dans une entreprise en Allemagne, à une quinzaine de kilomètres de Strasbourg.

Là-bas, "ils m'appelaient +Mohammed le Français+. Mais quand j'arrivais le matin pour pointer, il y avait le nom +Guérin Jean-Pierre+. Les collègues me demandaient +pourquoi on t'appelle Mohammed ?+"

« Racines »

Inlassablement, cette figure de la vie associative locale -- entraîneur de handball réputé, il a fondé une association franco-algérienne -- a tenté de récupérer officiellement son identité, multipliant, en vain, les procédures.

Si "Guerroumi" a pu apparaître sur ses papiers comme nom d'usage, il est resté aux yeux de l'administration Jean-Pierre Guérin.

Dans son bureau, une armoire vitrée remplie de classeurs témoigne de son combat, relaté à travers de multiples coupures de presse.

Jusqu'en juillet 2022, quand entre en vigueur une loi visant à simplifier les procédures de changement de nom.

Ce texte va changer la vie de Mohammed, comme celle de dizaines de milliers d'autres personnes : selon le site du ministère de la Justice, 70.000 demandes de changement de nom avaient été effectuées un an après son entrée en vigueur.

Première victoire : en 2023, celui qui s'appelle encore Jean-Pierre récupère son prénom d'origine. Jusqu'à la remise, mardi, entourés de proches, de ses nouveaux documents d'identité, cette fois avec ses nom et prénom d'origine.

"Je regarde les papiers et je me sens bien", dit en souriant le retraité.

Mohammed, qui dispose également depuis la fin des années 80 de la nationalité algérienne, a lui donné à ses quatre enfants "des prénoms algériens", pour qu'ils ne soient pas coupés de leurs "racines".

"J'ai déblayé le terrain. Maintenant, s'ils veulent reprendre le nom de leurs ancêtres, ça sera plus facile que pour moi..."


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.