A Gaza, les ordres d'évacuation israéliens créent chaos et détresse

Des Palestiniens chargent leurs charrettes et leurs véhicules d'effets personnels alors qu'ils évacuent l'école préparatoire pour garçons de Deir al-Balah suite à un ordre d'évacuation de l'armée israélienne, le 16 août 2024. (Capture d'écran d'une vidéo distribuée par l'OCHA via REUTERS)
Des Palestiniens chargent leurs charrettes et leurs véhicules d'effets personnels alors qu'ils évacuent l'école préparatoire pour garçons de Deir al-Balah suite à un ordre d'évacuation de l'armée israélienne, le 16 août 2024. (Capture d'écran d'une vidéo distribuée par l'OCHA via REUTERS)
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Publié le Vendredi 23 août 2024

A Gaza, les ordres d'évacuation israéliens créent chaos et détresse

  • Dans la bande de Gaza, fatigués de partir et repartir inlassablement, les déplacés palestiniens ne veulent plus bouger. De toute façon, "aucun endroit n'est sûr" répète l'ONU
  • Durant les trois premières semaines d'août, l'armée a lancé onze ordres d'évacuation via des tracts largués par avion, des SMS ou les réseaux sociaux, enjoignant 250.000 Gazaouis à partir, soit 12% de la population du petit territoire dévasté

Territoires palestiniens : Les ordres d'évacuation sont désormais quasi-quotidiens: "partez immédiatement, l'armée israélienne va agir avec force contre les terroristes". Dans la bande de Gaza, fatigués de partir et repartir inlassablement, les déplacés palestiniens ne veulent plus bouger. De toute façon, "aucun endroit n'est sûr" répète l'ONU.

Durant les trois premières semaines d'août, l'armée a lancé onze ordres d'évacuation via des tracts largués par avion, des SMS ou les réseaux sociaux, enjoignant 250.000 Gazaouis à partir, soit 12% de la population du petit territoire dévasté par plus de dix mois de guerre entre Israël et le Hamas, selon l'ONU.

"A chaque fois qu'on arrive quelque part, deux jours après il y a un nouvel ordre d'évacuation, c'est pas une vie!", s'emporte Haitham Abdelaal, père de famille qui ne compte plus combien de fois il a dû fuir.

Amneh Abou Daqqa, elle, ne bougera plus. "Pour aller où?", lâche cette Palestinienne de 45 ans, échouée avec ses cinq enfants dans le sud du territoire assiégé par Israël.

"Je suis à la rue, littéralement. Je n'ai pas 500 shekels (environ 120 euros) pour louer une carriole tirée par un âne. Et je ne sais même pas où j'irai", poursuit-elle en larmes, au milieu de familles qui essayent de se trouver une place sous une tente ou à même l'asphalte ou le sable du bord de mer.

- "Il ne reste que la mer" -

"Il n'y aucun endroit sûr, il y a des bombardements partout", ajoute celle qui n'a plus avec elle que ses enfants, les vêtements que tous portent sur le dos et une immense tristesse qui lui creuse le visage.

A plusieurs reprises, ces ordres d'évacuation se sont révélés contradictoires ou présentant des zones dangereuses comme sûres.

Ils compliquent aussi la tâche des humanitaires alors que l'aide entre au compte-gouttes à Gaza dont tous les terminaux sont tenus par Israël.

Les ordres donnés mercredi, par exemple, visent entre autres "80 camps de fortune et quatre centres d'infrastructures d'accueil dont deux de l'Unrwa", l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, ainsi que "des bureaux et des hangars de stockage de l'ONU et d'ONG", détaille le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

S'ils sont suivis, poursuit-il, ils priveront les déplacés de "trois puits, qui garantissaient chaque jour deux millions de litres d'eau à des dizaines de milliers de personnes" dans un territoire où, selon l'ONG Oxfam, la quantité d'eau disponible s'est effondrée de 94% à cause des destructions et du siège.

Et, surtout, ces ordres barrent la route aux convois d'aides aux quelque 2,4 millions de Gazaouis, quasiment tous déplacés.

D'un côté, des portions de la route Salaheddine, immense artère qui traverse Gaza du nord au sud, sont incluses dans ces ordres -donc l'armée va y mener bombardements et opérations terrestres.

De l'autre, la route côtière, permettant de faire le même trajet et située plus à l'ouest, "n'est pas une alternative viable", affirme Ocha, puisqu'elle est "bondée de camps de déplacés de fortune".

Nirmane al-Bachniti vit dans l'un de ces camps.

"Quand l'armée a pris la rue où on était, on a foncé vers la mer, on a abandonné notre tente et toutes nos affaires à l'intérieur", raconte-t-elle à l'AFP.

"Maintenant on va où? Il ne nous reste plus qu'à nous jeter à la mer et à laisser les poissons nous dévorer."

- "Zone humanitaire" réduite -

Au début de la guerre, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, l'armée avait annoncé avoir un plan pour les déplacés.

Alors qu'elle avait ordonné de vider tout le nord du territoire, elle commençait à distribuer ses cartes -un quadrillage de zones numérotées couvrant l'ensemble du territoire- et annonçait une "zone humanitaire" à al-Mawassi.

Cette région du sud, connue pour ses plages de sable fin bordées de palmiers et ses champs luxuriants, n'a plus rien à voir avec ce qu'elle était avant le 7 octobre.

Alors, elle comptait 1.200 habitants au kilomètre carré -un chiffre qui entrait déjà dans la catégorie des villes "densément peuplées" selon les critères d'Eurostat.

Aujourd'hui, la "zone humanitaire" d'al-Mawassi compte "entre 30.000 et 34.000 habitants par km2" et sa surface a été réduite par l'armée, passant entre le 22 juillet et le 21 août de 50 à 41 km2, selon l'ONU.

Malgré tout, sur la plage noire de monde, de nouvelles carrioles et de nouvelles familles arrivent.

Et là aussi, comme partout à Gaza, les gémissements des malades, les cris des déplacés excédés et les pleurs des enfants se mêlent au vrombissement entêtant des drones israéliens.


Israël a approuvé un plan majeur de colonisation en Cisjordanie occupée

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, et une femme tiennent une carte montrant le plan de colonisation E1, qui séparerait Jérusalem-Est de la Cisjordanie occupée. (Fichier/Reuters)
Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, et une femme tiennent une carte montrant le plan de colonisation E1, qui séparerait Jérusalem-Est de la Cisjordanie occupée. (Fichier/Reuters)
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  • sraël a validé la construction de 3.400 logements dans la zone stratégique d’E1, entre Jérusalem et Maalé Adoumim. Ce projet diviserait la Cisjordanie, rendant impossible un État palestinien contigu

Jérusalem: Israël a approuvé mercredi un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie occupée, qui, selon ses détracteurs, couperait ce territoire palestinien en deux et empêcherait la création d'un éventuel Etat palestinien avec une continuité territoriale.

"Je suis heureux d'annoncer qu'il y a une heure à peine, l'administration civile a approuvé la planification pour la construction du quartier E1!" a annoncé dans un communiqué Guy Yifrah, maire de la colonie israélienne de Maalé Adoumim.

La perspective de l'approbation de ce projet emblématique et controversé par un comité technique israélien avait suscité la semaine dernière une levée de boucliers dans le monde. L'ONU et l'Union européenne avaient appelé Israël à y renoncer.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne a "condamné dans les termes les plus forts" cette décision qui "compromet les perspectives de mise en œuvre de la solution à deux Etats (...) en fragmentant l'unité géographique et démographique de l'Etat palestinien".

"Cela ancre la division de la Cisjordanie occupée en zones et cantons isolés, déconnectés géographiquement et ressemblant à de véritables prisons où les déplacements entre eux ne sont possibles qu'à travers des points de contrôle d'occupation, au milieu de la terreur des milices de colons armés disséminées dans toute la Cisjordanie", a estimé l'Autorité palestinienne.

Le projet "E1", avec "la construction de milliers d'unités de colonies à Jérusalem et dans ses environs, conduit à l'isolement complet" de cette ville "dans toutes les directions par rapport à son environnement palestinien et l'immerge dans d'immenses clusters et villes de colonies reliées à l'intérieur israélien".

L'Autorité y voit un nouveau "crime de colonisation" et une nouvelle étape de "l'annexion progressive de la Cisjordanie". L'accord israélien au projet "nécessite une reconnaissance urgente de l'Etat de Palestine", souligne le ministère palestinien.

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, une figure de l'extrême droite, avait appelé jeudi à accélérer sa mise en oeuvre et à annexer la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, en riposte aux annonces de plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat de Palestine.

L'ONG israélienne anti-colonisation, La Paix maintenant, a mis en garde contre un "plan fatal pour l'avenir d'Israël et pour toute chance d'une solution à deux Etats".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Elle s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, particulièrement depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël.

Les affrontements, parfois meurtriers, entre populations locales palestiniennes, armée et colons juifs s'y sont multipliés.

Les autorités israéliennes restreignent fortement les déplacements des Palestiniens de Cisjordanie, tributaires de permis pour franchir les points de contrôle et entrer dans Jérusalem-Est ou en Israël.

L'ONG Ir Amim, qui travaille sur les droits des Palestiniens, a estimé sur X que l'approbation de "E1 démontre à quel point Israël est déterminé à poursuivre ce que le ministre Smotrich a décrit comme un programme stratégique visant à enterrer la possibilité d'un Etat palestinien et à annexer effectivement la Cisjordanie".

Pour cette ONG, "il s'agit d'un choix délibéré d'Israël pour mettre en œuvre un régime d'apartheid". "Si la communauté internationale est sérieuse au sujet de la paix et d'un Etat palestinien, il est urgent de prendre des mesures efficaces pour empêcher Israël d'expulser les Palestiniens dans la zone E1 et de construire cette grande nouvelle colonie au cœur de la Cisjordanie", souligne-t-elle.


Le Liban plaide pour une prolongation du mandat de la force de paix de l'ONU

Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois. (AFP)
Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois. (AFP)
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  • L'instance onusienne a entamé lundi les discussions autour d'un projet de résolution présenté par la France visant à renouveler pour un an ce mandat
  • La résolution, consultée par l'AFP, prolongerait le mandat de la Finul jusqu'au 31 août 2026, tout en exprimant "l'intention (du Conseil) de travailler à un retrait"

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a plaidé mardi pour une prorogation du mandat de la force de maintien de la paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), en cours d'examen au Conseil de sécurité.

L'instance onusienne a entamé lundi les discussions autour d'un projet de résolution présenté par la France visant à renouveler pour un an ce mandat.

La résolution, consultée par l'AFP, prolongerait le mandat de la Finul jusqu'au 31 août 2026, tout en exprimant "l'intention (du Conseil) de travailler à un retrait".

Selon plusieurs médias, Israël et les Etats-Unis s'opposent toutefois à l'extension du mandat de la mission déployée pour faire tampon à la frontière libanaise avec Israël depuis 1978.

Ces débats interviennent alors que les autorités libanaises se sont engagées à désarmer le Hezbollah d'ici la fin de l'année, sous pression de Washington et dans le cadre de l'application du cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre entre le Hezbollah et Israël en 2024.

"Toute limitation temporelle du mandat de la Finul (...) aurait un impact négatif sur la situation, alors qu'Israël continue d'occuper certaines portions du territoire libanais", a déclaré M. Aoun, selon un communiqué de la présidence.

Le Liban a "mené des contacts (...) afin de garantir la prorogation du mandat de la Finul".

Lors d'un entretien avec le commandant de la Finul, le général Diodato Abagnara, il a ajouté que ces efforts visaient à "préserver la sécurité et la stabilité dans le sud (du Liban), parallèlement au redéploiement de l'armée".

"Notre étroite coordination avec les forces armées libanaises demeure essentielle pour contribuer au rétablissement de la stabilité", a déclaré le général Abagnara sur X.

L'accord de cessez-le-feu prévoit que la formation chiite retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays, où l'armée libanaise et les Casques bleus doivent se déployer complètement.

Il prévoit également un retrait israélien de la zone, mais Israël, dont les forces ont connu plusieurs accrochages avec les Casques bleus, maintient des troupes dans des positions frontalières jugées stratégiques et mène régulièrement des frappes chez son voisin.

Israël menace de lancer une nouvelle offensive militaire si le Hezbollah, soutenu par l'Iran, n'est pas désarmé.

Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois.


Vladimir Poutine informe le prince héritier saoudien de ses entretiens avec Trump

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine. (File/SPA/AFP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine. (File/SPA/AFP)
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  • Le président russe a réitéré ses remerciements pour la position constante du Royaume et les efforts constructifs du prince héritier en faveur de la paix

RIYAD : Le président russe Vladimir Poutine a informé le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane des résultats de ses récents entretiens avec l’ancien président américain Donald Trump, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Au cours de cet échange téléphonique, Poutine a également réitéré ses remerciements et sa reconnaissance pour la position constante du Royaume et les efforts constructifs du prince héritier en faveur de la paix.

Le prince héritier a de son côté réaffirmé le soutien continu du Royaume au dialogue diplomatique comme moyen de résoudre les différends internationaux.

Les deux dirigeants ont également évoqué les domaines de coopération existants entre le Royaume et la Russie, ainsi que les opportunités pour les renforcer davantage.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com