"Technique" ou "politique", la quête de l'oiseau rare à Matignon continue

Cette combinaison d'images créée le 3 septembre 2024 montre le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand (G) posant lors d'une séance photo à Paris, le 1er juillet 2021, et l'ancien Premier ministre français Benard Cazeneuve posant lors d'une séance photo à Paris, le 25 juin 2018. (AFP)
Cette combinaison d'images créée le 3 septembre 2024 montre le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand (G) posant lors d'une séance photo à Paris, le 1er juillet 2021, et l'ancien Premier ministre français Benard Cazeneuve posant lors d'une séance photo à Paris, le 25 juin 2018. (AFP)
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Publié le Mercredi 04 septembre 2024

"Technique" ou "politique", la quête de l'oiseau rare à Matignon continue

  • Un profil technique, ou finalement plutôt politique? Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve?
  • Selon un proche du président, l'un et l'autre assurent déjà "plus de stabilité" que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire

PARIS: Un profil technique, ou finalement plutôt politique? Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve? Cinquante jours après la démission du gouvernement Attal, l'interminable quête d'un nouveau Premier ministre, capable de s'imposer à une Assemblée fragmentée, devait se poursuivre mercredi à l'Elysée.

Depuis le début de la semaine, ce casting en forme de casse-tête a été riche en rebondissements, fausses pistes ou nouvelles idées. A chaque fois, le président Emmanuel Macron "teste" les noms envisagés auprès des différentes forces politiques, afin d'estimer si un gouvernement dirigé par tel ou tel aurait une chance de ne pas être immédiatement censuré par les députés.

Après avoir fait circuler lundi la piste Thierry Beaudet -- un homme inconnu du grand public, qui aurait pu devenir un Premier ministre "technique" -- l'Elysée penchait mardi soir "plutôt" pour "une solution politique", selon un proche de M. Macron. Dans cette optique, la présidence continuait d'avancer les noms de deux personnalités expérimentées, l'un venu de la gauche, l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, l'autre de la droite, le président du conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand. Une forme de finale en somme... sans exclure l'émergence d'un troisième nom, dixit un conseiller de l'exécutif !

Selon un proche du président, l'un et l'autre assurent déjà "plus de stabilité" que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, éconduite par Emmanuel Macron. "Il y a à leur égard des réticences, des lignes rouges de fond et de méthode, mais pas forcément de censure immédiate", veut-on croire de même source.

- Continuité du macronisme -

A voir. A gauche, les Insoumis -- qui ont refusé mardi de s'entretenir à nouveau avec le président -- continuent d'affirmer qu'ils censureront tout autre Premier ministre que Lucie Castets. Si Emmanuel Macron "pouvait se nommer lui-même et cohabiter avec lui-même, il l'aurait fait", a raillé la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, en confirmant que ses troupes devaient déposer mardi auprès du bureau de l'Assemblée nationale une motion de destitution du chef de l'Etat, qui "outrepasse ses pouvoirs et plonge le pays dans une crise politique qu'il a lui-même créée".

Les écologistes, de leur côté, déplorent, par la voix de Marine Tondelier, que les noms présentés par le président "incarnent une forme de continuité du macronisme, là où le pays a besoin de l'inverse".

Quant aux socialistes, ils ont fermé la porte à Xavier Bertrand, et affichent une ligne circonspecte face à Bernard Cazeneuve -- le bureau national du parti a écarté mardi soir une proposition de non censure d'un gouvernement mené par l'ancien Premier ministre de François Hollande.

A droite, après avoir campé sur leur refus de toute participation à un gouvernement ou à une coalition, les dirigeants des Républicains ont finalement ouvert la porte à l'hypothèse Xavier Bertrand... tout en affirmant qu'elle n'était sans doute pas "viable".

Car le RN s'oppose frontalement au patron des Hauts-de-France, qu'il juge trop hostile à ses idées et ses électeurs, et estime "impossible" un gouvernement Cazeneuve car il "tiendrait une politique de gauche".

La seule option qui trouverait grâce auprès du parti à la flamme serait finalement un "gouvernement technique". "Une solution de dernier ressort", a explicité auprès du Parisien Marine Le Pen, posant certaines conditions à une équipe de ce type, comme l'instauration de la proportionnelle.

Pour Marine Tondelier, "les Français n'en peuvent plus de ce feuilleton institutionnel à rebondissements". Dont nul ne se risque plus à prévoir le terme.

Pourtant Emmanuel Macron est mis sous pression par le calendrier, alors qu'un budget doit être déposé au Parlement le 1er octobre.

Alors que la situation politique fait du surplace, Edouard Philippe a choisi d'ouvrir un nouveau front de son côté en officialisant mardi soir sa candidature à la présidentielle de 2027. Une manière pour l'ancien Premier ministre d'enjamber la bataille actuelle, décidément embourbée.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).