Mort d'une militante américano-turque: Blinken exhorte l'armée israélienne à des "changements fondamentaux"

Des Palestiniens et des militants internationaux brandissent des portraits de l'activiste turco-américaine Aysenur Ezgi Eygi lors de son dernier adieu à la morgue de l'hôpital Rafidia à Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 8 septembre 2024. (AFP)
Des Palestiniens et des militants internationaux brandissent des portraits de l'activiste turco-américaine Aysenur Ezgi Eygi lors de son dernier adieu à la morgue de l'hôpital Rafidia à Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 8 septembre 2024. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 11 septembre 2024

Mort d'une militante américano-turque: Blinken exhorte l'armée israélienne à des "changements fondamentaux"

  •  Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé mardi que l'armée israélienne devait procéder à des "changements fondamentaux" après la mort "injustifiée" d'une militante américano-turque
  • L'enquête et les témoignages montrent que la mort de la militante de 26 ans, Aysenur Ezgi Eygi, "n'a pas été provoquée et qu'elle est injustifiée", a déclaré M. Blinken aux journalistes à Londres

LONDRES: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé mardi que l'armée israélienne devait procéder à des "changements fondamentaux" après la mort "injustifiée" d'une militante américano-turque, tuée lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée.

L'enquête et les témoignages montrent que la mort de la militante de 26 ans, Aysenur Ezgi Eygi, "n'a pas été provoquée et qu'elle est injustifiée", a déclaré M. Blinken aux journalistes à Londres.

"Personne ne devrait être abattu pour avoir participé à une manifestation", a-t-il estimé.

"Selon nous, les forces de sécurité israéliennes doivent apporter des changements fondamentaux dans leur manière d'opérer en Cisjordanie, y compris dans leurs règles d'engagement", a poursuivi le secrétaire d'Etat.

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin s'est pour sa part entretenu mardi avec son homologue israélien Yoav Gallant pour lui faire part de "sa vive inquiétude quant à la responsabilité (de l'armée israélienne) dans la mort non provoquée et injustifiée d'une citoyenne américaine", selon un communiqué du Pentagone.

Il a lui aussi exhorté Israël à réexaminer "les règles d'engagement" de l'armée lors de ses opérations en Cisjordanie.

- Colère des proches -

Le président américain Joe Biden a pour sa part estimé que la mort de la militante était "un accident".

"Apparemment c'était un accident, il y a eu un ricochet sur le sol et elle a été touchée par accident", a dit M. Biden, provoquant la colère de la famille.

"La Maison Blanche ne nous a pas parlé. Cela fait quatre jours qu'on attend que le président Biden prenne son téléphone (...) et nous adresse ses condoléances", a déclaré Hamid Ali, le compagnon d'Aysenur, dans un communiqué.

"Il ne s'agit pas d'un accident, et les responsables doivent rendre des comptes", a-t-il ajouté.

Les faits se sont produits vendredi dans le village de Beita, dans le nord de la Cisjordanie occupée, où des manifestations hebdomadaires ont lieu contre les colonies israéliennes, jugées illégales au regard du droit international.

L'armée israélienne a estimé mardi qu'il était "très probable" que des tirs de son armée aient tué "indirectement et involontairement" la militante.

Selon elle, les faits se sont produits "au cours d'une violente émeute durant laquelle des dizaines de suspects palestiniens ont brûlé des pneus et lancé des pierres en direction des forces de sécurité".

Les tirs "ne visaient pas (la militante), mais visaient le principal instigateur de l'émeute", a affirmé l'armée dans un communiqué.

Lundi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait déclaré que son pays ferait tout "pour que la mort d'Aysenur Ezgi ne reste pas impunie".

La famille de la victime a pour sa part rejeté la version de l'armée israélienne et a qualifié son enquête préliminaire de "complètement insuffisante".

- "Balle dans la tête" -

"Elle était en train de se réfugier dans une oliveraie quand elle a été tuée d'une balle dans la tête par un soldat israélien", a-t-elle affirmé dans un communiqué. "Cela ne peut être interprété autrement que comme une attaque délibérée, ciblée et précise de la part de l'armée contre un civil désarmé".

Le Mouvement de solidarité internationale (International Solidarity Movement, ISM), dont Aysenur Ezgi Eygi était membre, a dit samedi que les allégations selon lesquelles des militants auraient jeté des pierres sur l'armée israélienne étaient "fausses", ajoutant que la manifestation était pacifique.

Depuis le début de la guerre le 7 octobre dans la bande de Gaza entre l'armée israélienne et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien, les violences entre les Palestiniens d'une part, et l'armée et les colons israéliens d'autre part, se sont intensifiées en Cisjordanie.

Au moins 662 Palestiniens y ont été tués par des tirs de soldats ou colons israéliens, selon des données du ministère palestinien de la Santé, et au moins 23 Israéliens, parmi lesquels des soldats, y ont péri dans des attaques palestiniennes ou dans des opérations militaires, selon des données officielles israéliennes.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Short Url
  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Short Url
  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Short Url
  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.