Le Jewish Chronicle supprime des articles sur Gaza fabriqués de toutes pièces

 Des soldats israéliens à l'entrée d'un tunnel où, selon l'armée, six otages israéliens ont été récemment tués par le Hamas, dans la bande de Gaza, le 13 septembre 2024. (AP)
Des soldats israéliens à l'entrée d'un tunnel où, selon l'armée, six otages israéliens ont été récemment tués par le Hamas, dans la bande de Gaza, le 13 septembre 2024. (AP)
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Publié le Dimanche 15 septembre 2024

Le Jewish Chronicle supprime des articles sur Gaza fabriqués de toutes pièces

  • Le plus ancien journal juif du monde rompt ses liens avec un journaliste après que les médias israéliens ont qualifié ses informations de "sans fondement"
  • Le JC a fait l'objet d'un examen minutieux au Royaume-Uni au cours des derniers mois en ce qui concerne sa direction éditoriale et sa propriété

LONDRES: Le Jewish Chronicle a retiré plusieurs articles de son site web à la suite d'allégations selon lesquelles le journaliste à l'origine de ces articles, Elon Perry, aurait fabriqué des informations sur le conflit à Gaza et sur sa vie professionnelle.

Les articles, prétendument basés sur des sources au sein des services de renseignement israéliens, détaillaient les opérations militaires à Gaza ainsi que ce qui semblait être des informations très sensibles sur le chef du Hamas, Yahya Sinwar.

Le plus ancien journal juif du monde a publié une déclaration disant: "Le Jewish Chronicle a conclu une enquête approfondie sur le journaliste indépendant Elon Perry, qui a commencé après que des allégations ont été faites sur certains aspects de son dossier".

"Si nous comprenons qu'il a servi dans les forces de défense israéliennes, nous ne sommes pas satisfaits de certaines de ses affirmations".

"Nous avons donc retiré ses articles de notre site web et mis fin à toute association avec Perry".

"Le Jewish Chronicle maintient les normes journalistiques les plus élevées dans un paysage de l'information très contesté et nous regrettons profondément la chaîne d'événements qui nous a conduits à cette situation".

"Nous présentons nos excuses à nos fidèles lecteurs et avons revu nos procédures internes afin que cela ne se reproduise plus".

Les articles de Perry ont fait l'objet de soupçons après que plusieurs journalistes ont été incapables de vérifier des détails clés, et la semaine dernière, ses histoires ont été qualifiées de "fabrications" dans un rapport publié par les médias israéliens.

Il a même été suggéré en Israël que des articles contenant de fausses informations avaient été placés dans des médias occidentaux, notamment dans le tabloïd allemand Bild, qui soutiennent la position du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la question de Gaza.

Le 4 septembre, par exemple, Netanyahou a affirmé lors d'une conférence de presse que Sinwar pourrait utiliser le corridor de Philadelphie entre Gaza et l'Égypte pour s'enfuir avec des otages si la zone n'était pas sous contrôle israélien.

Le lendemain, un article de Perry a été publié dans le JC, indiquant que les services de renseignement israéliens affirmaient avoir la preuve qu'il s'agissait du plan de Sinwar, sur la base d'informations obtenues lors de l'interrogatoire d'un haut responsable du Hamas et de documents trouvés dans la bande de Gaza.

Un porte-parole de l'armée israélienne a qualifié cette histoire de "sans fondement" après qu'elle eut été partagée par la femme et le fils de Netanyahou sur les réseaux sociaux.

Des questions ont également été soulevées concernant les antécédents de Perry au sein de l'armée israélienne, notamment sa participation à la mission de sauvetage des otages d'Entebbe en 1976.

Perry affirme également avoir travaillé comme professeur à Tel-Aviv pendant 15 ans, ce qui a été mis en doute par des journalistes.

L'un des journalistes ayant contesté les affirmations d'Elon Perry, Ben Reiff, du média israélien +972, a posté sur X: "Il semble qu'en licenciant Elon Perry, @JewishChron espère mettre fin à toute cette affaire, comme si des décisions n'avaient pas été prises au plus haut niveau pour employer un faux journaliste, publier neuf faux articles sans vérifier les sources et utiliser le journal (comme) un agent actif dans une opération d'influence pro-Bibi".

Le JC, fondé en 1841 et autrefois une publication très respectée au Royaume-Uni, a été confronté ces derniers mois à des questions concernant son orientation éditoriale vers la droite sous la direction de son rédacteur en chef, Jake Wallis Simons, et sa propriété.

Au début de l'année, Gabriel Pogrund, journaliste au Sunday Times, a fait part de ses inquiétudes concernant le journal sur les réseaux sociaux: "La grossièreté et l'agressivité de la direction actuelle du JC sont tellement regrettables et rendent un si mauvais service à notre communauté".

"Cela pose également une fois de plus la question de savoir à qui appartient ce journal. Comment se fait-il que les Juifs britanniques ne sachent pas à qui appartient ‘leur’ journal? De plus, comment un journal peut-il ne pas divulguer ses propriétaires?"

"C'est un oxymore. Je déteste devoir poser la question publiquement, mais je l'ai posée en privé il y a plus d'un an, en vain".

Un proche du JC a déclaré au Guardian: "On avait l'impression qu'il n'était dans la poche de personne. Il travaillait pour l'ensemble de la communauté juive et, de ce fait, il avait une plus grande portée institutionnelle... dans la communauté juive. Il est devenu beaucoup plus étroit dans ses perspectives et mène des campagnes sur un ensemble particulier de questions".

Contactés par le Guardian, le JC et Wallis Simons ont tous deux refusé de commenter.

Perry a déclaré à The Observer que la déclaration du JC était une "énorme erreur" et qu'il était victime d'une "chasse aux sorcières... causée par la jalousie de journalistes et d'organes de presse israéliens qui n'ont pas pu obtenir les détails que j'ai réussi à obtenir".


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.