Christie's ouvre une nouvelle branche en Arabie saoudite

La directrice générale Nour Kelani, à gauche, et Anthea Peers, présidente de Christie's pour la région EMEA. (Fournie)
La directrice générale Nour Kelani, à gauche, et Anthea Peers, présidente de Christie's pour la région EMEA. (Fournie)
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Publié le Mardi 17 septembre 2024

Christie's ouvre une nouvelle branche en Arabie saoudite

  • Le président régional de la célèbre maison de vente aux enchères déclare que le moment est "sans aucun doute propice" à l'expansion.

DUBAÏ: La célèbre maison de vente aux enchères Christie's étend sa présence au Moyen-Orient en ouvrant une franchise à Riyad, dirigée par la directrice générale Nour Kelani. Il s'agira de la deuxième antenne de Christie's dans la région, après l'ouverture en 2005 de Christie's Dubaï, qui a eu un impact significatif sur la promotion de l'art et de la créativité arabes, tant contemporains que modernes.  

Dans une entrevue exclusive accordée à Arab News, Anthea Peers, présidente de Christie's pour la région EMEA, explique pourquoi le moment est venu d'étendre les activités de la maison de vente aux enchères au Royaume, qui connaît un boom culturel historique.

Le ‘magnétisme’ d'Ahmed Mater (Fournie)
Le ‘magnétisme’ d'Ahmed Mater (Fournie)

"Christie's est présente depuis longtemps au Moyen-Orient et entretient des relations très étroites avec les collectionneurs saoudiens basés dans le Royaume et dans le monde entier", explique Anthea Peers. "Ces dernières années, nous avons assisté à une période de croissance considérable dans le secteur des arts et de la culture - j'ai le privilège de me rendre régulièrement dans le Royaume et je suis à chaque fois époustouflée par la passion, l'ambition et le talent créatif que je rencontre - et le moment est sans aucun doute propice à cette expansion", ajoute Peers.

La date d'ouverture n'a pas encore été confirmée. "Ayant récemment créé notre entité, nous sommes impatients de remplir toutes les formalités nécessaires et d'étendre nos activités dans le Royaume dès que possible", a déclaré Peers.

En Arabie saoudite, Christie's se concentrera sur la vente d'œuvres d'art d'artistes modernes et contemporains du Moyen-Orient, ainsi que de bijoux et de montres haut de gamme ou d'autres pièces d'horlogerie. Christie's souhaite également s'engager auprès de la jeunesse saoudienne et des collectionneurs d'art en herbe.  

"En gardant à l'esprit le pourcentage élevé de millennials dans le Royaume, il est probable que nous continuerons à voir une augmentation de l'engagement de ce groupe démographique pour les artistes arabes, l'art moderne et contemporain, ainsi que l'engagement avec le secteur secondaire du luxe", déclare Peers. 

‘Message-Messenger’ d'Abdulnasser Gharem est l'œuvre la plus chère d'un artiste saoudien vendue par Christie's à ce jour, avec 842 500 dollars en 2011. (Fournie)
‘Message-Messenger’ d'Abdulnasser Gharem est l'œuvre la plus chère d'un artiste saoudien vendue par Christie's à ce jour, avec 842 500 dollars en 2011. (Fournie)

Ces dernières années, plusieurs artistes saoudiens acclamés ont fait sensation chez Christie's avec des œuvres remarquables vendues à des prix élevés. "Le marché a été renforcé par de solides biennales, des représentations dans des galeries et des expositions institutionnelles majeures, tant au niveau local qu'international", explique Peers.  

L'installation en bois et cuivre à dôme doré de l'artiste conceptuel saoudien Abdulnasser Gharem, le prix le plus élevé jamais atteint par un artiste saoudien à la maison de vente aux enchères. Manal AlDowayan, qui a représenté le Royaume à la Biennale de Venise au début de l'année, entretient une relation de longue date avec Christie's, qui a récemment vendu son œuvre "Dove" (Colombe) - précédemment exposée à la Biennale de Venise - pour un peu plus de 15 000 dollars, soit plus de trois fois son estimation basse, après avoir, selon Peers, "attiré de fortes enchères de la part de nos clients établis au Moyen-Orient".  

La "Colombe" de Manal AlDowayan a été vendue pour 15 120 dollars au début de l'année chez Christie's. (Fournie)
La "Colombe" de Manal AlDowayan a été vendue pour 15 120 dollars au début de l'année chez Christie's. (Fournie)

L'artiste en milieu de carrière Ahmed Mater, dont les œuvres multidisciplinaires ont été présentées dans une exposition solo chez Christie's Londres cet été, a également vendu des pièces à des prix bien supérieurs à ceux estimés; son triptyque “Magnetism" a atteint 189 000 livres sterling (environ 935 000 SAR) chez Christie's Londres. D'autres artistes saoudiens émergents, tels que Dana Awartani et Alia Ahmad, ont également été mis en valeur chez Christie's.

"Depuis de nombreuses années, nous avons des clients saoudiens passionnés qui s'intéressent à un large éventail de sujets, allant des tableaux de maîtres anciens à l'art moderne et contemporain du Moyen-Orient, en passant par les montres de luxe et la joaillerie, entre autres catégories", explique Peers.

"Nous avons constaté un intérêt accru pour un certain nombre d'artistes arabes au cours des trois dernières années, notamment les artistes saoudiens Ahmed Mater, Manal AlDowayan et Dana Awartani. Des clients saoudiens actifs font évoluer et affinent leurs propres collections pour y inclure un mélange d'artistes saoudiens établis et émergents". 

L'ouverture de Christie's au Royaume intervient à un moment où la scène artistique nationale est florissante, avec de nouvelles initiatives culturelles, des institutions et des festivals qui soutiennent les artistes saoudiens et accueillent des noms internationaux.

L'œuvre "Icosahedron within a Dodecahedron" de Dana Awartani a été vendue pour 35 000 livres sterling chez Christie's Dubaï en 2023. (Fourni)
L'œuvre "Icosahedron within a Dodecahedron" de Dana Awartani a été vendue pour 35 000 livres sterling chez Christie's Dubaï en 2023. (Fournie)

"Nous serons honorés de soutenir la scène artistique en plein essor en Arabie saoudite dans le cadre des efforts de diversification nationale en cours", a déclaré Peers.

"Nous sommes impatients de travailler en partenariat avec des institutions et des organisations artistiques et culturelles, d'accueillir des expositions dédiées, ainsi que de soutenir des événements culturels régionaux au sein du Royaume - par exemple, nous avons collaboré avec la Biennale d'art contemporain de Diriyah au début de cette année.

"Nous nous engageons également à présenter régulièrement au public et aux clients du Royaume les points forts des ventes aux enchères internationales les plus importantes dans le monde", poursuit-elle. "Christie's continuera à faire connaître l'art et les artistes du riche patrimoine culturel de l'Arabie saoudite à un public international plus large".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.