Avec le nouveau gouvernement, Bercy doit partager ses pouvoirs budgétaires

Le ministre français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie Antoine Armand arrive au premier conseil des ministres du gouvernement Barnier, à Paris le 23 septembre 2024. (Photo AFP)
Le ministre français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie Antoine Armand arrive au premier conseil des ministres du gouvernement Barnier, à Paris le 23 septembre 2024. (Photo AFP)
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Publié le Lundi 23 septembre 2024

Avec le nouveau gouvernement, Bercy doit partager ses pouvoirs budgétaires

  • Antoine Armand, 33 ans, nommé ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, devra veiller à la bonne santé de l'économie française, qui résiste modestement.
  • Le dossier très délicat du redressement des finances publiques, fortement dégradées, revient à son collègue Laurent Saint-Martin, 39 ans, ancien patron de Business France désormais chargé du Budget et des Comptes publics.

PARIS : Fini le tout-puissant ministère de l'Economie et des Finances: dans le nouveau gouvernement, les portefeuilles jusqu'ici cumulés par Bruno Le Maire sont répartis entre deux trentenaires macronistes peu connus du grand public, Matignon gardant la main sur le dossier brûlant des finances publiques.

Au cours des sept années passées à Bercy, l'ex-ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire, un transfuge de la droite rallié à Emmanuel Macron en 2017, avait accru ses prérogatives au fil des remaniements, jusqu'à devenir le numéro deux du gouvernement et obtenir le portefeuille de l'Energie en janvier dernier.

Le périmètre de Bercy, qui était alors l'un des plus étendus sous la Ve République, a subi un profond remaniement dans le gouvernement de Michel Barnier, dévoilé samedi.

Antoine Armand, 33 ans, nommé ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, devra veiller à la bonne santé de l'économie française, qui résiste modestement.

La référence aux finances dans l'intitulé de son portefeuille renvoie au fait qu'il sera chargé de "défendre la fiscalité française" sur la scène européenne et internationale, au G20 par exemple, indique une source gouvernementale à l'AFP.

- Un "signal" -

Le dossier très délicat du redressement des finances publiques, fortement dégradées, revient à son collègue Laurent Saint-Martin, 39 ans, ancien patron de Business France désormais chargé du Budget et des Comptes publics.

Signe de l'importance accordée au problème du creusement du déficit public mais aussi de ses marges de manœuvre limitées en la matière, il est directement rattaché à Michel Barnier, dont le directeur de cabinet, Jérôme Fournel, officiait auparavant auprès de Bruno Le Maire.

"C'est Matignon qui va construire la question de l'augmentation des impôts et de la fiscalité. C'est le Premier ministre qui aura la charge de cette question. Et c'est Laurent Saint-Martin qui sera ensuite responsable de mettre en œuvre le cap fixé par le Premier ministre", selon la source gouvernementale.

Pénalisés par les crises du Covid et de l'inflation où l'Etat a dépensé sans compter, les comptes publics se sont enfoncés dans le rouge. Selon le Trésor, le déficit public pourrait déraper à 5,6% du PIB en 2024 à politique inchangée (contre 5,1% anticipés) - voire "autour de 6%" selon Les Echos - puis 6,2% en 2025.

"Le rattachement direct de Laurent Saint-Martin à Matignon est une manière de dire que la France veut prendre le taureau par les cornes", c'est "un signal destiné à nos partenaires européens, à la Commission européenne et peut-être aux marchés financiers, qu'ils aient en tête que c'est la priorité du gouvernement", commente l'économiste Christian de Boissieu, interrogé par l'AFP.

"Mais le ministre du Budget devra travailler main dans la main avec le ministre de l'Economie. Sur le plan budgétaire et fiscal, on a besoin d'avoir une vision d'ensemble", souligne-t-il.

Dans le projet de budget pour 2025 qu'il prévoit de présenter début octobre, avec un retard inédit, le gouvernement détaillera la manière dont il compte redresser la barre.

- "Politique budgétaire impopulaire" -

Michel Barnier a déjà prévenu qu'il pourrait mettre à contribution les plus riches et certaines grandes entreprises. Il a ainsi franchi la ligne rouge des hausses d'impôts que s'était fixée le gouvernement sortant, sans toutefois bousculer la politique de l'offre déployée par Emmanuel Macron depuis sept ans.

Au-delà de l'"enjeu très politique" de la répartition des portefeuilles, le gouvernement reste attendu sur son sérieux budgétaire, confirme Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès.

"D'un point de vue économique, les chefs d'entreprise, les marchés financiers veulent voir ce qu'il va faire, que (Bercy) soit scindé ou pas", relève-t-il auprès de l'AFP.

Alors que le coût de l'endettement s'alourdit avec la hausse des taux d'intérêt, "il faudra un peu plus de sérieux sur la gestion budgétaire. Il est à peu près inévitable que le gouvernement baisse les dépenses et augmente les impôts. C'est un gouvernement qui est condamné à une politique budgétaire et fiscale impopulaire", ajoute-t-il.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.