Israël mène une nouvelle salve de raids aériens sur le sud de Beyrouth

De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne ciblant une zone de la banlieue sud de Beyrouth, le 3 octobre 2024. (AFP)
De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne ciblant une zone de la banlieue sud de Beyrouth, le 3 octobre 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 04 octobre 2024

Israël mène une nouvelle salve de raids aériens sur le sud de Beyrouth

  • L'armée israélienne a mené dans la nuit de jeudi à vendredi une nouvelle salve de frappes sur le sud de Beyrouth, dans l'un des raids les plus violents depuis qu'Israël a intensifié sa campagne de bombardements sur le pays le 23 septembre
  • Selon des chiffres officiels, près de 2.000 personnes ont été tuées au Liban en un an de violences transfrontalières entre le Hezbollah et l'armée israélienne

BEYROUTH: L'armée israélienne a mené dans la nuit de jeudi à vendredi une nouvelle salve de frappes sur le sud de Beyrouth, bastion du mouvement chiite Hezbollah, dans l'un des raids les plus violents depuis qu'Israël a intensifié sa campagne de bombardements sur le pays le 23 septembre.

L'armée israélienne avait affirmé jeudi qu'elle continuerait à infliger des "coups sévères" au Hezbollah, après trois jours de combats au sol contre le mouvement islamiste armé dans le sud du Liban qui ont coûté la vie à neuf de ses soldats.

Selon des chiffres officiels, près de 2.000 personnes ont été tuées au Liban en un an de violences transfrontalières entre le Hezbollah et l'armée israélienne, dont plus d'un millier depuis le 23 septembre. Le gouvernement libanais estime à environ 1,2 million le nombre de déplacés.

Jeudi soir, "Israël a frappé la banlieue sud (de Beyrouth) onze fois d'affilée", a déclaré une source proche du mouvement islamiste, sous couvert de l'anonymat.

L'agence de presse officielle libanaise ANI a fait état de son côté de "plus de dix frappes consécutives", dans "l'un des raids les plus violents sur la banlieue sud de Beyrouth depuis le début de la guerre israélienne contre le Liban".

- Boules de flammes -

Selon des correspondants de l'AFP, les frappes ont déclenché les alarmes des voitures et secoué des immeubles dans un vaste périmètre.

Des images de l'AFP montrent des boules de flammes géantes s'élevant du site visé, avec une épaisse fumée et des fusées éclairantes.

Les frappes ont résonné jusque dans des régions montagneuses situées à l'extérieur de Beyrouth, selon l'agence ANI.

"Pendant la nuit, le sol a tremblé sous nos pieds. Le ciel s'est illuminé" à cause de la force des frappes et "le quartier est devenu une ville fantôme", a confié à l'AFP Mohammed Sheaito, un chauffeur de taxi de 31 ans, dans la banlieue sud de Beyrouth.

"Nous avons peur pour nos enfants, et cette guerre va être longue", a déclaré de son côté Fatima Salah, une infirmière de 35 ans.

Le ministère libanais de la Santé a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le mort de 37 personnes en 24 heures dans les différentes frappes israéliennes.

Une des frappes de jeudi dans la journée a touché "le quartier général du renseignement" du Hezbollah près de Beyrouth, selon l'armée israélienne.

D'après le site américain Axios, qui cite trois responsables israéliens non identifiés, Hachem Safieddine, potentiel successeur de Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah, aurait été visé mercredi soir par des attaques israéliennes. L'armée israélienne, interrogée par l'AFP, n'a pas confirmé pour l'instant ces informations.

Près d'un an après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas palestinien sur le sol israélien, Israël avait annoncé à la mi-septembre déplacer l'essentiel de ses opérations vers le front nord, à la frontière libanaise.

Israël a affirmé qu'il combattrait le Hezbollah, un allié du Hamas, jusqu'à la "victoire", afin de permettre le retour d'environ 60.000 habitants des régions frontalières déplacés depuis un an par les tirs de roquettes incessants du mouvement chiite vers le nord de son territoire.

- Prêche de Khamenei -

La guerre désormais ouverte entre Israël et le Hezbollah s'accompagne d'une escalade entre Israël et l'Iran, qui a tiré mardi 200 missiles sur le territoire israélien, entraînant des menaces croisées de représailles entre les deux pays et de nouvelles craintes concernant un embrasement du Moyen-Orient.

L'Iran a affirmé riposter à l'assassinat d'Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah mort le 27 septembre dans une frappe israélienne près de Beyrouth, et à celui d'Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué le 31 juillet dans une attaque à Téhéran imputée à Israël.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, doit diriger vendredi à 10H30 locales (07H00 GMT) la grande prière hebdomadaire et prononcer un prêche qui pourrait donner le ton des plans de l'Iran.

Cette rare prise de parole doit intervenir trois jours avant le premier anniversaire de l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.

"Nous pouvons éviter" une "guerre totale" au Moyen-Orient, a affirmé jeudi le président américain Joe Biden, alors que la communauté internationale craint un conflit de grande ampleur dans la région.

Plus tôt jeudi, il avait dit être "en discussion" avec Israël sur d'éventuelles frappes contre les installations pétrolières de l'Iran, un pays qui fait partie des dix plus grands producteurs de pétrole. Les cours du pétrole avaient bondi après cette déclaration.

Les pays du G7 ont exprimé leur "profonde inquiétude" face à "la détérioration de la situation" au Moyen-Orient.

- "Corps déchiquetés" -

En Cisjordanie occupée, l'Autorité palestinienne a annoncé jeudi soir la mort de 18 personnes dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Tulkarem. L'armée israélienne a affirmé y avoir "éliminé" un chef local du Hamas, Zahi abd al-Razaq, alias Zahi Oufi.

Il s'agit de la frappe la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2000, a indiqué à l'AFP une source au sein des services de sécurité palestiniens. Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Un témoin, le travailleur social Alaa Sroji, a expliqué à l'AFP qu'un avion israélien avait "frappé une cafétéria". Il y a "des enfants, des jeunes dont les corps sont déchiquetés", a-t-il dit.

L'offensive israélienne se poursuit parallèlement sur la bande de Gaza, dévastée et assiégée depuis un an.

Jeudi, sept personnes ont été tuées par des frappes israéliennes dans différents secteurs de ce territoire palestinien, selon la Défense civile, qui a par ailleurs fait état de cinq morts dans de nouvelles frappes vendredi.


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.