Turquie: la lutte contre l'inflation reste inefficace, reprochent des experts

Des pêcheurs sur le bosphore avec leurs bateaux à Istanbul le 18 septembre 2024. (AFP)
Des pêcheurs sur le bosphore avec leurs bateaux à Istanbul le 18 septembre 2024. (AFP)
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Publié le Samedi 05 octobre 2024

Turquie: la lutte contre l'inflation reste inefficace, reprochent des experts

  • Bien que ralentie officiellement à 49,38% sur un an, en septembre, l'inflation court toujours en Turquie où elle est même devenue "chronique" malgré les efforts des autorités
  • La Turquie est prise dans une spirale de l'inflation alimentée par la dépréciation de la livre turque depuis deux ans, avec des pics à 85,5% en octobre 2022 et encore à 75,45% en mai

ANKARA: Bien que ralentie officiellement à 49,38% sur un an, en septembre, l'inflation court toujours en Turquie où elle est même devenue "chronique" malgré les efforts des autorités, selon les économistes interrogés par l'AFP.

La Turquie est prise dans une spirale de l'inflation alimentée par la dépréciation de la livre turque depuis deux ans, avec des pics à 85,5% en octobre 2022 et encore à 75,45% en mai.

Les statistiques officielles sont contestées par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation en Turquie (Enag), qui ont estimé l'inflation sur un an à 88,63% en septembre.

Ankara espère cependant ramener l'inflation à 17,6% fin 2025 et à moins de 10% en 2026, selon le ministre des Finances Mehmet Simsek.

Le président Recep Tayyip Erdogan s'est félicité récemment d'avoir "entamé le processus de désinflation permanente". "Les temps difficiles sont derrière nous", a-t-il dit.

Mais pour les économistes interrogés par l'AFP, l'envolée des prix à la consommation est devenue "chronique" dans le pays.

"La hausse des prix sur un mois est toujours élevée, à 2,97% pour la Turquie et 3,9% pour Istanbul. On ne peut parler d'une réussite ici", affirme Mehmet Sisman, professeur d'économie à l'Université de Marmara à Istanbul.

"On tente de faire baisser l'inflation uniquement par la politique monétaire et la hausse des taux d'intérêt. Or cela étouffe l'économie", ajoute-t-il.

- "Trous noirs" -

A rebours des théories économiques classiques, le chef de l'Etat a longtemps défendu la baisse des taux d'intérêt en invoquant les préceptes de l'islam, qui interdit l'usure. Mais après sa réélection, en mai 2023, il a laissé le champ libre à la banque centrale pour relever son principal taux directeur de 8,5 à 50% entre juin 2023 et mars 2024 afin d'endiguer l'inflation.

Le taux est demeuré inchangé en septembre pour le sixième mois consécutif.

"La lutte contre l'inflation s'articule autour des priorités du secteur financier. Ainsi, elle se fait de manière indirecte et génère des incertitudes", dénonce Erinç Yeldan, professeur d'économie à l'Université Kadir Has à Istanbul.

Pour Yakup Kuçukkale, professeur d'économie à l'Université technique de la Mer noire, la hausse des taux d'intérêt ne peut suffire à venir à bout de l'inflation sans remédier aux "trous noirs" du budget.

L'expert dénonce un "déficit budgétaire à un niveau record" de 129,6 milliards de livres turques (3,45 milliards d'euros) en août 2024, selon le ministère des Finances.

"M. Simsek l'explique par les dépenses liées à la reconstruction des régions touchées par le séisme de février 2023 (qui a fait plus de 53.000 morts, NDLR). Mais le vrai trou noir réside dans les coûteux contrats de partenariat public-privé", affirme-t-il.

Critiqués par l'opposition pour être souvent accordés aux entreprises proches du pouvoir, ces contrats d'infrastructures - construction et gestion d'autoroutes, ponts, hôpitaux ou aéroports - s'accompagnent de garanties avantageuses pour les prestataires, comme la compensation par l'Etat de leurs revenus en cas de manque d'utilisateurs.

"On devrait remettre en question ces contrats qui pèsent sur le budget car les compensations sont indexées sur le dollar ou l'euro", relève M. Kuçukkale.

Les mesures anti-inflation visent aussi essentiellement les ménages aux faibles revenus, dénonce-t-il, dont le salaire minimum n'a pas été relevé depuis janvier. "Or ces groupes ont déjà un faible pouvoir d'achat. Pour faire baisser la demande, il faudrait viser les groupes aux revenus élevés, mais il n'existe presque aucune mesure dans ce sens", regrette-t-il.

Des "mesures d'austérité", telle la suppression du ménage dans les écoles publiques, touchent encore les plus défavorisés et renforcent les inégalités, relève aussi M. Yeldan.

L'économiste préconise "un impôt sur la fortune, sur les transactions financières ou les revenus immobiliers".

Mais le parti au pouvoir, l'AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur), ne peut prendre ces mesures car "il s'appuie sur un système de rentes distribuées aux compagnies progouvernementales", affirme-t-il.

Selon une étude publiée par l'Université privée Koç, les ménages s'attendent à une inflation annuelle de 94% en fin d'année, bien au-dessus des prévisions de la banque centrale.

"La hausse des prix vécue par les classes moyennes et modestes est plus poignante car elle concerne les produits et services essentiels comme l'alimentation, le logement ou l'éducation, où l'inflation reste très élevée", rappelle M. Sisman.


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.