L'Assemblée enterre la proposition de destitution de Macron

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse conjointe avec le président vietnamien au palais présidentiel de l'Élysée, à Paris, le 7 octobre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse conjointe avec le président vietnamien au palais présidentiel de l'Élysée, à Paris, le 7 octobre 2024. (AFP)
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Publié le Mardi 08 octobre 2024

L'Assemblée enterre la proposition de destitution de Macron

  • La proposition de résolution sur la destitution d'Emmanuel Macron, engagée par LFI à l'Assemblée, ne sera pas examinée dans l'hémicycle après une décision de la conférence des présidents mardi, ce qui met de fait un terme à la procédure
  • Les quatre groupes de gauche s'étant à l'inverse "prononcés pour" ce débat dans l'hémicycle, "c'est donc Mme Le Pen qui, en quelque sorte, a sauvé M. Macron de la procédure de destitution", a estimé Mme Panot

PARIS: La proposition de résolution sur la destitution d'Emmanuel Macron, engagée par LFI à l'Assemblée, ne sera pas examinée dans l'hémicycle après une décision de la conférence des présidents mardi, ce qui met de fait un terme à la procédure, ont annoncé la cheffe du groupe Mathilde Panot et une source parlementaire.

"Emmanuel Macron n'aura pas à subir un débat dans l'hémicycle sur (son) comportement dangereux et erratique" après les législatives, a dénoncé Mathilde Panot lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale.

Le texte, largement rejeté mercredi en commission, devait être inscrit au plus tard le 13e jour suivant dans l'hémicycle, soit le 15 octobre au plus tard. Mais les présidents des trois groupes de l'ex-majorité (EPR, MoDem, Horizons), Droite républicaine (ex-LR) et UDR (ciottistes) s'y sont opposés, quand Marine Le Pen (RN) s'est abstenue, selon des sources parlementaires.

Les quatre groupes de gauche s'étant à l'inverse "prononcés pour" ce débat dans l'hémicycle, "c'est donc Mme Le Pen qui, en quelque sorte, a sauvé M. Macron de la procédure de destitution", a estimé Mme Panot.

"C'est grâce à l'abstention du Rassemblement national que ce débat n'aura pas lieu", a confirmé par la suite Léa Balage El Mariky. La porte-parole du groupe écologiste a pointé la "grande hypocrisie" de l'extrême droite qui "souhaiterait remplacer Emmanuel Macron" mais se fait encore "sa meilleure alliée, puisqu'elle lui permet de continuer de rester en place".

Mme Panot y a également vu la confirmation que "le Rassemblement national n'est pas une opposition au gouvernement de Michel Barnier et à Emmanuel Macron, mais bien l'assurance vie du système".

Cette décision met un coup d'arrêt à la procédure enclenchée début septembre par LFI, qui a "terminé son parcours", a-t-elle reconnu. Les chances de succès étaient cependant quasi nulles, puisqu'une destitution du président requiert une majorité des deux tiers à l'Assemblée et au Sénat.

Ce qui convient très bien à Eric Ciotti, qui assume d'avoir "voté contre" car, même "opposant farouche au président Macron", il se veut d'abord "respectueux des institutions". "On ne joue pas avec notre Constitution", a ajouté le chef du groupe UDR, refusant de "rentrer dans ce jeu du chaos que veulent instaurer Jean-Luc Mélenchon et ses amis, qui en ont fait un axe de communication".

"Les éléments ne tiennent pas", a pour sa part justifié le député du groupe indépendant Liot Christophe Naegelen. Liot s'était déjà opposé à la destitution lors des précédentes étapes de la procédure.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.