À Gaza comme au Liban, Netanyahou transgresse toutes les règles de guerre

De la fumée s'élève du site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé le village de Khiam, dans le sud du Liban, le 9 octobre 2024. (AFP)
De la fumée s'élève du site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé le village de Khiam, dans le sud du Liban, le 9 octobre 2024. (AFP)
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Publié le Mardi 15 octobre 2024

À Gaza comme au Liban, Netanyahou transgresse toutes les règles de guerre

  • Les bombardements israéliens au Liban ont poussé plus d’un million de Libanais à l’exode alors qu’à Gaza les habitants sont ballotés d’un coin à l’autre de l’enclave
  • Netanyahou tente de profiter de la campagne présidentielle américaine pour mener à bien ses propres objectifs. Il est même prêt à embarquer les États Unis dans une guerre régionale

Depuis 12 mois à Gaza, et depuis le 23 septembre au Liban, Israël piétine au quotidien toutes les règles internationales qui encadrent les guerres dans le but d’épargner les populations civiles.

Des centaines de bombes sont quotidiennement lâchés sur des zones résidentielles denses, aussi bien au Liban qu’à Gaza, provoquant des dizaines de milliers de victimes alors que les blessés se comptent par centaines de milliers.

À ce stade, les bombardements israéliens au Liban ont poussé plus d’un million de Libanais à l’exode alors qu’à Gaza les habitants sont ballotés d’un coin à l’autre de l’enclave, privés de nourriture, d’eau et de tous les éléments nécessaires à une vie décente.

Cette violence méthodique qui n’obéit à aucun objectif sur le long terme, et qui touche essentiellement des victimes civiles doit avoir un nom: pour l’ancien officier et chroniqueur de guerre, auteur du blog «Ne pas subir», Guillaume Ancel, il s’agit de crimes de guerre.

La finalité de cette violence inégalée «est très claire, elle est épouvantable». Il s’agit, selon l’ancien officier, «de ravager la bande de Gaza de la rendre inhabitable pour les Palestiniens».

En fait, à l’heure qu’il est, la bande de Gaza est un immense champ de ruines et le but de cette dévastation n’est pas une recolonisation de l’enclave mais son occupation après l’évacuation pure et simple des Gazaouis.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, souligne Ancel, affirme cela dans une biographie qu’il a publiée il y a quelque temps et dans laquelle «il dit clairement que de toute façon, il n’y a pas de possibilité dans son esprit pour cohabiter avec les Palestiniens».

«Il ne dit pas qu’il veut détruire les Palestiniens, mais qu’il veut qu’ils s'en aillent» et «bien évidemment, on peut compter sur lui pour ça». C’est d’ailleurs aussi ce qu’il est en train de faire en Cisjordanie. «Donc, au fond, on peut lui reprocher plein de trucs, sauf d’être incohérent avec ses objectifs.»

Ancel ajoute que lorsque Netanyahou présente une carte de la région, «on ne voit pas dessus la Cisjordanie, ni Gaza. Dans son esprit, tout ça, c’est le grand Israël».

Au lendemain du 7 octobre 2023, Netanyahou aurait dû être déchu de ses fonctions, or paradoxalement, non seulement il est toujours â la tête du gouvernement, mais il est au plus haut dans les sondages, ce qui fait dire à Ancel, que les Israéliens «ne réalisent pas qu’avec lui ils courent à leur perte» et que son entreprise de démolition «donne des résultats sur le court terme, mais, sur le long terme, c’est une catastrophe garantie parce qu’il n’a aucune stratégie».

En fait, aussi bien à Gaza qu’au Liban, «Netanyahou a fait exploser toutes les règles de la guerre», affirme Ancel.

«Après tout ce qu'on a construit pendant presque deux siècles, pour élaborer des règles qui encadrent la guerre», on n'a pas le droit de faire ce que Netanyahou est en train de faire, «on n'a pas le droit de s'en prendre aux populations civiles ni de les affamer» et «on n'a pas le droit de ne pas respecter l’intégrité physique de son ennemi et de le mutiler», comme cela a été le cas lors des attaques aux bipeurs.

Et d’ajouter que l’armée israélienne effectue à peu près 300 frappes aériennes par jour contre le Liban, dont seulement 30 sont ciblées. Là encore, «cela relève du crime de guerre parce que l’armée ne témoigne d’aucune volonté d'épargner la population civile».

Il en va de même pour les méthodes utilisées pour éliminer les dirigeants du Hezbollah, dont le leader du parti Hassan Nasrallah, en démolissant tout un complexe résidentiel et en tuant des dizaines de civils.

Ancel estime que Netanyahou tente de profiter de la campagne présidentielle américaine pour mener à bien ses propres objectifs. Il se montre même prêt à embarquer les États Unis dans une guerre régionale en s’attaquant à l’Iran, «c’est leur pire ami», assène-t-il.

Entretemps, tout cela se fait avec des armes et des munitions américaines, ce qui lui fait dire qu’à un moment donné la responsabilité juridique des Américains pourra être mise en cause, parce qu’ils «ferment les yeux sur les destructions massives à Gaza et au Liban».

«Ils doivent réaliser qu’ils ne peuvent pas continuer à détourner le regard et arrêter de soutenir la dévastation et les carnages commis par Netanyahou.»

Alors qu’en est-il des séquelles de toute cette violence sur le long terme? Cela donnera, selon Ancel, des générations de gens traumatisés qui vont vouloir se venger, des générations de terroristes ou de fous», avant de conclure en disant: «C'est terrifiant. Cette violence est une impasse.»


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.