Les exploits de deux Saoudiennes, un apercu du potentiel scientifique féminin dans la region

Après avoir assisté à une conférence sur la modification de l'ADN, Lama al-Abdi a commencé à élaborer des projets sur les maladies du développement des yeux (Photo fournie)
Après avoir assisté à une conférence sur la modification de l'ADN, Lama al-Abdi a commencé à élaborer des projets sur les maladies du développement des yeux (Photo fournie)
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Publié le Lundi 11 janvier 2021

Les exploits de deux Saoudiennes, un apercu du potentiel scientifique féminin dans la region

  • Le travail de deux chercheuses saoudiennes a été récompensée à l’occasion du Programme régional des jeunes talents pour les femmes et la science au Moyen-Orient organisé par L’Oréal-Unesco
  • Malgré des avancées récentes, les femmes restent une minorité dans les professions liées aux sciences, à la technologie, à l'ingénierie et aux mathématiques (Stem), en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena)

DUBAÏ: Les femmes saoudiennes sont mondialement reconnues pour leurs compétences dans le domaine des sciences et de la recherche médicale. Les travaux de deux d’entre elles ont récemment été récompensés à l’occasion du Programme régional des jeunes talents pour les femmes et la science au Moyen-Orient organisé par L’Oréal-Unesco. 

L'une de ces chercheuses, Asrar Damdam, âgée de 27 ans, a été honorée dans la catégorie des doctorants pour son rôle dans le développement d'une pompe destinée à révolutionner la régulation d'un rythme cardiaque sain, qui associe les domaines de la médecine, du génie électrique et de l’électro-physique. 

«Certaines maladies et activités comportementales liées au cœur, comme l'insuffisance cardiaque, peuvent apparaître soudainement, et les chercheurs élaborent de nouvelles solutions à ce problème», déclare Mme Damdam à Arab News. «Nous étudions la possibilité de construire un dispositif à manchon souple, doté d’un actionneur intégré, pour soutenir le muscle cardiaque et faciliter la fonction de pompage.» 

Ce projet présentait de nombreux défis: la seule plate-forme disponible sur le marché était rectangulaire, un aspect qui n’est pas conforme à la forme naturelle du cœur. Lorsqu’Asrar Damdam a commencé ses recherches, elle s'est inspirée des géométries présentes dans la nature, des spirales jusqu’aux toiles d'araignées, avant d’opter pour une structure en nid d'abeille. 

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Asrar Damdam a fusionné la géométrie naturelle du nid d'abeille avec les prouesses de la médecine et de l'ingénierie dans le développement de sa pompe destinée à réguler les battements cardiaques. (Photo fournie)

«La structure de la ruche, qui est un réseau de nids d'abeilles, est la plus proche de la forme du cœur», affirme-t-elle. «Construire une gamme flexible et extensible de nids d'abeilles était une idée très intéressante pour moi, même si elle comportait de nombreux défis. Je l'ai aimée et je l'ai présentée à mon professeur, qui l'a aimée également et l'a approuvée.» 

Mme Damdam a alors dû réfléchir aux matériaux qu’elle utiliserait. Le silicium fut son premier choix, en raison de ses propriétés électriques avantageuses, de son abondance et de son faible coût. Cependant, avec sa conception initiale, il s'est révélé trop fragile. 

Après avoir obtenu son diplôme à l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (King Abdullah University of Science and Technology, ou Kaust) au mois d’août 2018, elle a fait au bout d’un an une découverte capitale, après d'innombrables expériences réalisées dans une nano-installation extrêmement perfectionnée. «La structure doit résister au comportement d’expansion et de contraction du cœur sans se casser», explique-t-elle. 

«Pour surmonter le problème de fragilité du silicium, j'ai utilisé la forme régulière en nid d'abeille dotée de parois serpentines. J'ai conçu la plate-forme avec une interconnexion en forme de S pour former les côtés de chaque cellule en nid d'abeille et aussi pour connecter les cellules avec des îlots circulaires situés au milieu de chaque cellule, afin qu’ils puissent être utilisés comme l’hôte des composants électroniques», révèle-t-elle. 

«Ces interconnexions serpentines ont introduit la fonction d'étirement. Ainsi, lorsque le cœur se dilate, la plate-forme ne se brise pas.» Asrar Damdam ajoute que tous les appareils biocompatibles doivent être flexibles afin de pouvoir s'adapter aux mouvements naturels du corps et de la peau. «Pour y parvenir, je l'ai fait très mince: environ 15 micromètres», soit 0,015 millimètre. 

Bien que son projet ne constitue qu’une première étape, qui vise à démontrer la viabilité du concept, sa «reconfigurabilité» signifie que la communauté scientifique au sens large peut s'appuyer sur cette idée et explorer les immenses possibilités technologiques qu'elle ouvre. 

«La démonstration réussie du concept de “reconfigurabilité” utilisant le silicium permet également de nombreuses applications dans l'électronique biomédicale», annonce-t-elle. «C'était ma principale motivation. Si cette recherche est améliorée, elle peut vraiment aider à la détection précoce des maladies cardiovasculaires, dans les plates-formes multi-sensorielles et dans le développement de cœurs artificiels pour la transplantation.» 

Une fois cette plate-forme inventée et ses recherches publiées dans Applied Physics Letters Journal, Asrar Damdam a porté son attention sur le monde des start-up, aidée par un programme de formation entrepreneuriale situé en Californie et parrainé par la fondation MiSK. 

Pendant son séjour, elle remporte un concours et reçoit un financement destiné à soutenir son idée de départ consistant à utiliser la lumière ultraviolette pour prolonger la durée de conservation des aliments. Elle constate que les jeunes Saoudiens disposent d’un énorme potentiel dans le monde des affaires. 

«Nous sommes très compétents, instruits et accompagnés», se félicite Mme Damdam. «Nous devons redonner à notre communauté et à notre pays, participer activement et soutenir le processus de développement.» 

Une autre Saoudienne a été honorée, cette fois dans la catégorie des chercheurs postdoctoraux du programme L'Oréal-Unesco: Lama al-Abdi, qui a vu ses recherches sur la chromatine récompensées – une substance contenue dans les chromosomes, constituée d'ADN et de protéines – et sur la régulation des gènes en rapport avec la perte de vision. 

Mme Al-Abdi, jeune trentenaire, a quant à elle commencé à travailler sur son projet quelques années plus tôt. Il se situe dans le prolongement de sa recherche de doctorat à l'université Purdue, dans l’Indiana, qui examinait l'impact de certaines modifications chimiques sur l'ADN. 

  

Après avoir assisté à une conférence sur la modification de l'ADN, Lama al-Abdi a commencé à élaborer des projets sur les maladies du développement des yeux. (Photo fournie) 
Après avoir assisté à une conférence sur la modification de l'ADN, Lama al-Abdi a commencé à élaborer des projets sur les maladies du développement des yeux. (Photo fournie) 

«Cela ne change pas l'ADN en soi, mais cela change la forme même de l'ADN et la manière dont il interagit avec son environnement», explique Lama al-Abdi à Arab News. «On peut hériter de ces changements d'une génération à l'autre et ils jouent un rôle très important dans le développement, l'embryogenèse, le cancer, l'obésité, le diabète, des maladies complexes aussi bien que des maladies très simples, comme les anomalies oculaires que nous pouvons trouver. 

Mme Al-Abdi a commencé à étudier le thème de la perte de vision lorsqu’elle était étudiante de premier cycle à l'université du roi Saoud. Elle travaille aujourd’hui dans un hôpital spécialisé ainsi qu’au centre de recherche du roi Faisal à Riyad. Elle apporte une contribution importante à la connaissance médicale des mutations qui affectent l'œil. 

Lama al-Abdi et son équipe ont recruté des sujets testés présentant des anomalies oculaires afin de déterminer si leur perte de vision était le résultat d'une mutation ou d'un changement dans l'ADN – ou en plus de l'ADN – qui pouvait avoir contribué à l'apparition de la maladie. 

«Quand j'ai commencé à étudier la chromatine, je commençais tout juste mon doctorat, et mon professeur a invité un conférencier», raconte-t-elle. «L'intervenant a commencé à parler de modifications de l'ADN, ce qui m’a surprise, car je n'en avais jamais entendu parler auparavant.» 

«J'étais très impressionnée parce que je pensais m’être assez plongée dans le domaine de la génétique. Ce fut une toute nouvelle découverte, et j'ai constaté que je ne savais rien. C'était le début, et je suis devenue “accro”.» 

En ce moment, Lama al-Abdi travaille sur plusieurs projets qui traitent des maladies du développement oculaire. Ils tentent d’établir les raisons pour lesquelles plus d'une anomalie génétique peut apparaître au sein d'une même famille, et de déterminer ce qui peut être fait afin d’éviter la souffrance. 

Malgré des avancées récentes, les femmes restent une minorité dans les professions liées aux sciences, à la technologie, à l'ingénierie et aux mathématiques (Stem), en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena). 

Selon les chiffres communiqués en 2018 par l'Institut de statistique de l'Unesco, seuls 28,8% des chercheurs dans le monde sont des femmes. Le taux d'inscription des femmes dans les cours d'ingénierie, de fabrication et de construction s'élève à seulement 8% dans le monde, tandis que dans le domaine des sciences naturelles, des mathématiques et des statistiques, il est de 5%. En ce qui concerne les technologies de l'information et des communications (TIC), le chiffre tombe à 3%. 

  

En 2018, moins de 30% des chercheurs dans le monde sont des femmes, selon l’Institut de statistique de l'Unesco. (Shutterstock) 
En 2018, moins de 30% des chercheurs dans le monde sont des femmes, selon l’Institut de statistique de l'Unesco (Shutterstock) 

Tandis que les docteures, infirmières et chercheuses jouent un rôle crucial dans la lutte contre la Covid-19, les experts ont réitéré leurs appels à destination des écoles, des gouvernements et des employeurs de la région afin de faire davantage pour corriger ce déséquilibre. 

Depuis l’annonce de ses objectifs pour le programme de réforme Vision 2030, l’Arabie saoudite pose les jalons de l’autonomisation des femmes. 

Lama al-Abdi se dit enchantée de constater que les jeunes Saoudiennes bénéficient de plus d'encouragements et de soutien afin de développer leurs intérêts et leurs compétences. 

«Je vois beaucoup de jeunes femmes talentueuses élargir leurs connaissances dans tous les domaines», déclare Mme Al-Abdi. 

«J'aurais aimé disposer d’outils et d’opportunités quand j'étais plus jeune, mais aujourd’hui notre gouvernement fait beaucoup d'efforts pour motiver, enseigner et offrir des possibilités qui n'étaient pas toujours disponibles pour nous à l'époque», ajoute la chercheuse, avant de conclure: «C’est mon rêve de motiver et d’encourager les gens à faire plus.» 

Twitter: @CalineMalek 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud 

Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
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  • Deux personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud du Liban
  • Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes sur une localité du sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé.

Le ministère a indiqué dans un communiqué qu'une frappe "menée par un drone de l'ennemi israélien contre une voiture dans la localité de Maiss el-Jabal a tué un Libanais et blessé deux Syriens".

Une autre personne a été tuée dans une seconde frappe sur cette localité, a ajouté le ministère dans un autre communiqué.

Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre.

Au début de la guerre à Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, le Hezbollah a tiré des roquettes à partir du sud du Liban sur Israël, affirmant agir en soutien à son allié palestinien.

Israël a réagi en septembre 2024 par d'intenses bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, qui est sorti très affaibli de la guerre.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire de cinq positions frontalières où il a maintenu des troupes, malgré l'accord.

Le Liban affirme respecter l'ensemble de ses engagements et impute à Israël la responsabilité du non-respect de l'accord.

Lundi, l'armée israélienne a indiqué avoir frappé plus de 50 "cibles terroristes" en un mois au Liban "après des violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, posant une menace pour l'Etat d'Israël et sa population".

 


Les Emirats vont lever l'interdiction à leurs ressortissants de se rendre au Liban

Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
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  • En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers Riyad
  • Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas

DUBAI: Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi.

Cette décision a été annoncée au lendemain d'une rencontre à Abou Dhabi entre le président libanais Joseph Aoun et son homologue émirati Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

"Les deux parties sont convenues d'autoriser les citoyens à voyager, après avoir pris les mesures nécessaires pour faciliter les déplacements entre les deux pays et mis en place les mécanismes appropriés", indique le communiqué.

En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers l'intervention militaire de Ryad au Yémen.

Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas.

Le Fonds d'Abou Dhabi pour le développement, qui soutient des projets d'infrastructure dans les pays en développement, enverra une délégation au Liban pour étudier d'éventuels projets communs, ajoute le communiqué.

Les liens entre les deux pays se sont détériorés au cours de la dernière décennie en raison de l'influence du Hezbollah pro-iranien sur le Liban.

Mais depuis que le Hezbollah est sorti affaibli fin novembre de plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, avec Israël, les Emirats arabes unis manifestent à nouveau leur intérêt pour le Liban, à la suite d'autres pays du Golfe.

En mars, l'Arabie saoudite avait déclaré qu'elle examinerait les "obstacles" à la reprise des importations libanaises et à la levée de l'interdiction faite à ses ressortissants de se rendre au Liban.

M. Aoun avait auparavant rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, à Ryad, où il effectuait son premier voyage à l'étranger depuis son entrée en fonction en janvier.

M. Aoun, qui a les faveurs de Ryad et de Washington, a été élu après que l'affaiblissement du Hezbollah et le renversement en Syrie de l'allié du mouvement, Bachar al-Assad, ont modifié l'équilibre des pouvoirs au Liban.

 


Syrie: l'un des principaux chefs religieux druzes dénonce une «campagne génocidaire» contre sa communauté

 Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
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  • Des combats avaient opposé mercredi à Sahnaya, près de Damas, des groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite à des combattants druzes, avant un retour à un calme précaire
  • Les 15 combattants druzes, qui se rendaient à Sahnaya, ont été pris pour cible "par les forces de sécurité, et des hommes armés qui leur sont affiliés", selon l'ONG

DAMAS: La plus haute autorité spirituelle des druzes de Syrie a dénoncé jeudi une "campagne génocidaire" contre sa communauté et s'en est pris au pouvoir d'Ahmad al-Chareh, au lendemain de combats confessionnels ayant fait des dizaines de morts près de Damas.

Ces heurts entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

Dans un communiqué, cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils à leur domicile" et réclamé "une intervention immédiate de forces internationales".

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, prétend que ce sont des éléments incontrôlés". "Un gouvernement protège son peuple."

Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Les druzes sont une minorité ésotérique issue de l'islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l'islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.

"Engagement ferme" 

Les combats près de Damas ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les heurts à Jaramana ont fait 17 morts mardi avant de s'étendre mercredi à Sahnaya où 22 combattants de deux camps ont péri, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mercredi aussi, 15 combattants druzes ont péri dans une embuscade sur une route menant à Sahnaya, d'après l'ONG.

Des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana, une banlieue de Damas, et mercredi soir à Sahnaya, à 15 km au sud-ouest de Damas, où des forces de sécurité ont été déployées.

Les autorités syriennes avaient averti qu'elles "frapperaient d'une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie", accusant des "groupes hors-la-loi" d'avoir provoqué les violences.

Le pouvoir syrien a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

"Etendre le chaos" 

Israël a mené plusieurs frappes affirmant cibler des objectifs du pouvoir syrien.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt, a accusé Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie. "Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos", a-t-il déclaré fin mars.

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Mais les dignitaires druzes ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie et rejeté les menaces israéliennes contre le pouvoir syrien.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.