Les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat s'envolent pour la Nouvelle-Calédonie

Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur / AFP)
Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur / AFP)
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Publié le Samedi 09 novembre 2024

Les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat s'envolent pour la Nouvelle-Calédonie

  • Dans un entretien au Monde publié samedi, ils appellent à ne pas se concentrer uniquement sur la question politique, mais aussi à avancer sur la crise du nickel calédonien, poumon économique de l’archipel.
  • Au programme de leur déplacement : trois jours de rencontres avec les forces politiques et économiques, les syndicats et d'autres acteurs calédoniens.

PARIS : Les présidents de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et du Sénat, Gérard Larcher, s'envoleront samedi pour une mission de « concertation » périlleuse en Nouvelle-Calédonie, six mois après le début des violences qui ont fait 13 morts et des milliards d'euros de dégâts.

Dans un entretien au Monde publié samedi, ils appellent à ne pas se concentrer uniquement sur la question politique, mais aussi à avancer sur la crise du nickel calédonien, poumon économique de l’archipel.

« Tout est lié », « il y a une chance de parvenir à un règlement global », estime Yaël Braun-Pivet. La question de l’élargissement du corps électoral aux élections provinciales ne doit être qu’un élément de l’accord d’ensemble qui doit être trouvé, abonde le président du Sénat.

« Nous sommes là pour aider avec humilité », ajoute-t-il. « Il faut une nouvelle méthode (... ) attention à vouloir forcer », les solutions doivent « être préparées en terre calédonienne », souligne-t-il, estimant qu'il est possible de trouver « un chemin pour aller vers une autonomie très poussée sans rupture de lien avec la République ».

Le duo parlementaire a été chargé par le Premier ministre Michel Barnier de se rendre en Nouvelle-Calédonie pour renouer le dialogue institutionnel entre les camps loyaliste et indépendantiste sur le statut de l'île, toujours au point mort.

Au programme de leur déplacement : trois jours de rencontres avec les forces politiques et économiques, les syndicats et d'autres acteurs calédoniens.

Ils se rendront notamment dès lundi matin, heure de Nouméa (dimanche soir en métropole), au Sénat coutumier, avant une séance solennelle au Congrès de Nouvelle-Calédonie, mardi, durant laquelle ils s'exprimeront face aux élus.

Les émeutes historiques qui ont débuté en mai ont été déclenchées par la volonté de l'ancien gouvernement de faire adopter une réforme constitutionnelle ultrasensible sur l'élargissement du corps électoral, gelé depuis 2007, pour les élections provinciales.

Depuis, la nouvelle coalition Barnier a abandonné la réforme et ces élections ont été reportées à après novembre 2025.

Il s'agit d'une volonté assumée d'apaisement, alors que l'élargissement du corps électoral est vécu comme un coup de force par le camp indépendantiste, qui craint de voir le peuple autochtone kanak marginalisé. Cependant, des interrogations demeurent sur l'avenir institutionnel de l'archipel, alors que trois référendums d'autodétermination prévus par les accords de Nouméa en 1998 ont eu lieu depuis 2021, avec la victoire du « non » à l'indépendance.

La question de la reconstruction est également majeure. La facture des émeutes est évaluée à au moins 2,2 milliards d'euros par le gouvernement calédonien, soit 25 % du PIB du territoire.


Une vague de nouvelles protections attendues à Nice pour les océans

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours au Centre des Expositions avant la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), à Nice, sur la Côte d'Azur, le 8 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours au Centre des Expositions avant la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), à Nice, sur la Côte d'Azur, le 8 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
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  • Une vague de nouveaux engagements des États devrait déferler sur la Côte d'Azur où sont attendus 63 chefs d'État et de gouvernement, dont de nombreux dirigeants du Pacifique et d'Amérique latine.
  • Seulement 8,36 % des océans sont protégés à ce jour, et selon Greenpeace, cet objectif ne sera pas atteint avant 2107 si l'on continue à ce rythme. 

NICE, FRANCE : Le sommet mondial sur les océans s'ouvre lundi à Nice, en France, avec des appels à interdire le chalutage de fond et à renforcer la protection des aires marines protégées dans le monde.

La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé dimanche que cette conférence, décrite comme un sommet de « mobilisation », permettrait d'« augmenter le niveau de protection des eaux mondiales ».

Une vague de nouveaux engagements des États devrait déferler sur la Côte d'Azur où sont attendus 63 chefs d'État et de gouvernement, dont de nombreux dirigeants du Pacifique et d'Amérique latine.

« On n'a jamais rassemblé autant de monde dans l'histoire de l'humanité pour les océans », a souligné Emmanuel Macron, président français.

Cette semaine, les îles Samoa ont ouvert la voie en créant neuf nouveaux parcs marins interdits à la pêche, couvrant 30 % de leurs eaux nationales, sur 36 000 kilomètres carrés. 

La France, pays hôte, a annoncé dès samedi, par la voix d'Emmanuel Macron, une limitation du chalutage de fond dans ses aires marines protégées (AMP) pour protéger les fonds marins, sans toutefois parvenir à convaincre les ONG, qui ont critiqué le « manque d'ambition » de ces annonces.

Lundi, le gouvernement britannique doit également annoncer son intention d'interdire le chalutage dans 41 zones protégées couvrant une superficie de 30 000 km (2). La moitié des AMP britanniques sera ainsi interdite au chalutage si le processus aboutit.

Mis en lumière dans le film « Ocean » du Britannique David Attenborough, le chalutage de fond est critiqué pour son impact carbone et les dommages qu'il engendre sur les habitats marins sensibles (herbiers, coraux, etc.).

D'autres pays devraient également profiter du sommet de Nice pour annoncer la création de nouvelles aires marines protégées dans leurs eaux nationales.

La communauté internationale s'est fixé un objectif de 30 % de protection des océans d'ici 2030 (objectif « 30X30 »). Seulement 8,36 % des océans sont protégés à ce jour, et selon Greenpeace, cet objectif ne sera pas atteint avant 2107 si l'on continue à ce rythme. 

Selon le cabinet de Mme Pannier-Runacher, les annonces attendues à Nice devraient permettre d'atteindre une protection supérieure à 10 % à l'échelle mondiale.

« Un nombre historique de chefs d'État participent aux négociations sur les océans. Il faut que tous les pays agissent », a-t-il enjoint dans un communiqué, en appelant à « transformer les paroles en actions audacieuses et ambitieuses ».

Autre sujet brûlant : la ratification du traité sur la haute mer donnera lieu à un événement spécial lundi soir.

De nouvelles ratifications pourraient être officialisées pour ce traité destiné à protéger les eaux internationales, aujourd'hui ratifié par 31 pays et l'Union européenne.

La France, qui espérait franchir la barre des 60 ratifications à l'occasion de la cérémonie de signature du traité à Nice, a dû revoir ses ambitions à la baisse. 

Dimanche, M. Macron a toutefois promis que cela entrerait en vigueur d'ici à la prochaine assemblée générale des Nations unies, prévue en septembre.

La première journée de la conférence sera également ponctuée d'annonces scientifiques, notamment le lancement de l'IPOS, une plateforme conçue pour conseiller les États sur leurs engagements en matière de développement durable de l'océan.

La société Mercator, qui surveille l'état de l'océan depuis plus de 20 ans, devrait quant à elle être transformée en organisation internationale à l'occasion de la signature d'un traité.

« C'est un événement majeur. L'océan sera désormais présent sur la table des discussions internationales », a salué Pierre Bahurel, son directeur général, alors qu'il n'existe pas d'organisation internationale spécifiquement dédiée aux océans.

Mercator œuvre notamment à concevoir un « jumeau numérique » de l'océan, qui pourrait aider à mieux comprendre les cyclones, par exemple.

Enfin, une coalition spatiale pour l'océan (Space4Ocean) devrait voir le jour afin de renforcer les efforts de préservation et de conservation des océans.


Bateau pour Gaza: Mélenchon dénonce l'«arrestation illégale» de 12 personnes, dont l'eurodéputée Rima Hassan

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan était partie dimanche de Sicile pour apporter de l'aide humanitaire à Gaza, où la situation est désastreuse après 20 mois de guerre. (AFP)
L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan était partie dimanche de Sicile pour apporter de l'aide humanitaire à Gaza, où la situation est désastreuse après 20 mois de guerre. (AFP)
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  • "Nous exprimons notre plus vive indignation suite à l'interception, cette nuit, par les autorités israéliennes, du navire Freedom Flotilla"
  • L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan était partie dimanche de Sicile pour apporter de l'aide humanitaire à Gaza, où la situation est désastreuse après 20 mois de guerre

PARIS: Le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dénoncé lundi l'"arrestation illégale" par Israël de "12 humanitaires et activistes pacifistes" qui se dirigeant en bateau vers Gaza, dont celle de l'eurodéputée Rima Hassan, issue du parti.

"Nous exprimons notre plus vive indignation suite à l'interception, cette nuit, par les autorités israéliennes, du navire Freedom Flotilla", a déclaré M. Mélenchon dans un communiqué signé la France insoumise, publié sur le réseau social X, appelant à des mobilisations "partout en France" lundi.

Le Madleen, qui transportait également l'activiste suédoise Greta Thunberg, a été "arraisonné" par Israël et son équipage "kidnappé par les forces israéliennes", avait affirmé un peu plus tôt l'ONG l'ayant affrété, la Coalition de la flottille pour la liberté.

Israël a de son côté dit dans un communiqué avoir dérouté le vaisseau vers ses côtes. "Il est prévu que les passagers retournent dans leurs pays", a expliqué le ministère des Affaires étrangères israélien.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan était partie dimanche de Sicile pour apporter de l'aide humanitaire à Gaza, où la situation est désastreuse après 20 mois d'une guerre déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7-Octobre 2023.

Après plus de deux mois de blocus total, les opérations humanitaires ont repris partiellement fin mai dans la bande de Gaza. Mais plusieurs drames sont survenus récemment à proximité d'un centre d'aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

Dans le communiqué de LFI, Jean-Luc Mélenchon appelle notamment à la "libération" de l'équipage du Madleen et à "faire pression sur les autorités israéliennes pour qu'elles laissent passer sans entrave l'aide humanitaire vers Gaza".

Depuis le début du conflit, la France insoumise a régulièrement condamné ce qu'elle qualifie de "génocide" à Gaza.

Par ailleurs, en février, Rima Hassan avait été refoulée par Israël après avoir tenté d'entrer dans le pays lors d'une visite d'une délégation du Parlement européen.


Plastique, montée des eaux, biodiversité : l’Océan appelle au secours

Un manifestant participe à la Marche Bleue (Marche Bleue) sur la Promenade des Anglais avant la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3), dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 7 juin 2025.
Un manifestant participe à la Marche Bleue (Marche Bleue) sur la Promenade des Anglais avant la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3), dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 7 juin 2025.
Des manifestants brandissant une banderole participent à la Marche Bleue sur la Promenade des Anglais avant la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3), dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 7 juin 2025. Photo de Valery HACHE / AFP)
Des manifestants brandissant une banderole participent à la Marche Bleue sur la Promenade des Anglais avant la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3), dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 7 juin 2025. Photo de Valery HACHE / AFP)
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  • L’heure est à l’alerte. Selon les dernières données du GIEC, le niveau moyen des mers a déjà augmenté de 20 centimètres depuis 1901, et pourrait s’élever de plus d’un mètre d’ici la fin du siècle
  • « Le plastique présent dans la chaîne alimentaire marine finit dans nos assiettes. Ses effets sur le métabolisme, notamment les perturbateurs endocriniens, commencent à être mesurés. » souligne Frédérique Bordes.

RIYAD : Face à l’aggravation de la crise environnementale marine, les projecteurs se tournent vers Nice, où se tient la troisième Conférence des Nations unies sur les océans. Il est temps de passer de la parole aux actes pour protéger l’un des piliers vitaux de la planète : l’océan.

Tout au long de cette semaine, la cité méditerranéenne accueille un important sommet diplomatique. La Conférence UNOC 3, organisée conjointement par la France et le Costa Rica, réunit une diversité d’acteurs venus du monde entier : responsables politiques, chercheurs, représentants d’ONG, entreprises et citoyens engagés. Leur ambition commune : faire avancer la gouvernance des mers et accélérer les efforts pour préserver un écosystème aussi essentiel que menacé.

L’heure est à l’alerte. Selon les dernières données du GIEC, le niveau moyen des mers a déjà augmenté de 20 centimètres depuis 1901, et pourrait s’élever de plus d’un mètre d’ici la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas drastiquement. Mais cette situation ne constitue qu’un volet de la crise multidimensionnelle à laquelle nous sommes confrontés.

L’acidification croissante des océans, due à l’absorption du CO₂ atmosphérique, perturbe les chaînes alimentaires marines. Le réchauffement des eaux accentue par ailleurs la fréquence des événements de blanchiment des coraux. En 2024, un épisode massif a touché plus de 84 % des récifs coralliens tropicaux, notamment dans le Pacifique et l’océan Indien, mettant en péril des milliers d’espèces.

La pollution plastique atteint quant à elle des proportions dramatiques. Selon le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), plus de 11 millions de tonnes de plastique finissent dans les mers chaque année. Cela représente l’équivalent d’un camion-poubelle par minute.

On estime aujourd’hui à plus de 170 000 milliards le nombre de particules plastiques flottant à la surface des océans. Ces microplastiques ont été retrouvés dans des organismes marins à tous les niveaux trophiques : poissons, mollusques, plancton, etc., mais aussi dans les systèmes digestifs de cétacés et d’oiseaux marins, provoquant des troubles, voire la mort.

« On retrouve désormais des microplastiques dans des zones reculées comme la fosse des Mariannes ou l’Arctique. C’est devenu un indicateur clair de la diffusion globale de cette pollution », alerte Frédérique Bordes, chercheuse à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).

Elle souligne également l’impact sur la santé humaine : « Le plastique présent dans la chaîne alimentaire marine finit dans nos assiettes. Ses effets sur le métabolisme, notamment les perturbateurs endocriniens, commencent à être mesurés. »

Face à cette situation, la communauté scientifique s’accorde sur un point : le statu quo est intenable. D’où l’importance de la Conférence UNOC 3, au cours de laquelle la France, détentrice de la deuxième plus grande zone économique exclusive au monde, entend jouer un rôle moteur. Depuis 2017, Paris affiche une diplomatie bleue assumée, en promouvant la protection de 30 % des espaces marins d’ici 2030 et en soutenant le traité sur la haute mer (BBNJ), récemment adopté par les Nations unies.

La conférence s’articule autour de dix panels thématiques : pêche durable, innovation marine, pollution, gouvernance, biodiversité, etc. L'objectif est de produire des décisions concrètes et de mobiliser des financements. L'objectif est également d'impulser une dynamique collective à long terme.

« La mer n’a pas de frontières politiques, mais elle a besoin de règles communes », affirme Carlos Jiménez, biologiste marin costaricien. « L’UNOC 3 est une opportunité unique d'harmoniser les efforts mondiaux. La coopération est notre seul espoir pour faire face à une crise aussi diffuse et globale. »

Et pour que la mobilisation dépasse les cénacles diplomatiques, l’initiative Nous sommes l’Océan invite la société civile à participer. Plus de 400 événements gratuits sont organisés dans l’espace La Baleine, alliant projections, débats, ateliers éducatifs et expositions artistiques. Une manière de rapprocher les enjeux !

L'objectif est de rapprocher les enjeux scientifiques du grand public et de faire émerger une conscience océanique partagée.

Nice entend incarner un tournant. En replaçant l’Océan au centre de l’agenda international, l’UNOC 3 ambitionne de transformer l’inquiétude mondiale en stratégie d’action. Mais entre les constats et les actes, le chemin est semé d’écueils. Et le temps, lui, presse.