Agriculture: les syndicats majoritaires lancent «l'acte 2» de la colère en France

Dimanche, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a prévenu les agriculteurs qu'il y aurait une "tolérance zéro" en cas de "blocage durable" des routes. (AFP)
Dimanche, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a prévenu les agriculteurs qu'il y aurait une "tolérance zéro" en cas de "blocage durable" des routes. (AFP)
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Publié le Lundi 18 novembre 2024

Agriculture: les syndicats majoritaires lancent «l'acte 2» de la colère en France

  • Dimanche, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a prévenu les agriculteurs qu'il y aurait une "tolérance zéro" en cas de "blocage durable" des routes
  • Dès dimanche soir, des agriculteurs s'étaient rendus en cortège près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, pour dénoncer le projet d'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur

PARIS: Pas de blocage d'autoroute mais des "feux de la colère": l'alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA donne lundi le coup d'envoi d'un nouveau cycle de la mobilisation agricole, avec des actions symboliques.

"85 points de manifestation sont en train de se mettre en route, on ne souhaite pas de blocage concrètement comme on a pu le voir l'année dernière", a indiqué lundi matin sur RMC Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs, citant comme exemples d'actions "des barrages filtrants, des feux de la colère, des manifestations devant les préfectures".

Dimanche, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a prévenu les agriculteurs qu'il y aurait une "tolérance zéro" en cas de "blocage durable" des routes.

Dès dimanche soir, des agriculteurs s'étaient rendus en cortège près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, pour dénoncer le projet d'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, bloquant deux des trois voies de circulation sur la nationale 118, où une partie d'entre eux étaient toujours présents lundi matin avec leurs tracteurs après y avoir passé la nuit.

"Ce qu'on veut c'est exprimer sur l'ensemble du territoire cette détresse agricole et ce besoin de refixer le cap", a souligné M. Horel.

Yohann Barbe, porte-parole de la FNSEA au micro de Europe 1 également lundi matin, a estimé que "l'ampleur, elle va être à nouveau et sans précédent puisqu'on sent quand même des agriculteurs toujours aussi agacés par un gouvernement qui traîne à réagir."

Moins d'un an après un ample mouvement de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d'autoroutes dans le pays, les syndicats agricoles appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l'approche de leurs élections professionnelles qui se tiennent en janvier.

Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, ils estiment n'avoir toujours pas récolté les fruits de la colère de l'hiver dernier: la concrétisation des 70 engagements alors pris par le gouvernement Attal a été ralentie par la dissolution de l'Assemblée nationale.

Et ils jugent les normes toujours aussi complexes et les revenus insuffisants.

Si les taxes sur le carburant agricole (GNR) avaient été un des ferments de la mobilisation l'an dernier, c'est l'aboutissement du projet d'accord de libre-échange de l'Union européenne avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui pourrait mettre le feu aux poudres cette année.

En dépit de l'opposition de la classe politique comme des acteurs agricoles français, la Commission européenne, poussée par plusieurs pays comme l'Allemagne et l'Espagne, semble déterminée à signer d'ici à la fin de l'année cet accord qui permettra notamment aux pays latino-américains d'écouler plus de bœuf, poulet ou sucre sans droits de douane en Europe.

C'est pourquoi la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et son allié Jeunes agriculteurs (JA) ont choisi de relancer la mobilisation lundi et mardi, dates de la tenue d'un sommet du G20 au Brésil.

"Nous allons continuer de nous opposer" à l'accord, a assuré dimanche Emmanuel Macron, en déplacement en Argentine avant le G20, cherchant à "rassurer les agriculteurs".

"Révolte agricole"? 

Sur le terrain, la mobilisation, qui pourra "durer jusque mi-décembre", se traduira par des rassemblements devant les préfectures et sur des places, ponts ou ronds-points "de l'Europe".

Quelques opérations-escargot pourraient perturber le trafic automobile mais l'objectif de la mobilisation n'est pas de "bloquer" ou "d'ennuyer" les Français. Il s'agit plutôt de faire passer le message selon lequel l'agriculture vit aujourd'hui "une situation d'urgence, dramatique dans certains endroits", avait souligné dimanche le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur BFMTV.

"Si d'autres ont d'autres modes d'action, veulent utiliser la violence ou, comme je l'ai entendu, veulent (...) affamer Toulouse, ça n'est pas notre mode d'action", a-t-il souligné, en référence aux appels de certains responsables de la Coordination rurale (2e syndicat agricole) qui ont proposé ces derniers jours d'"encercler" ou d'"affamer" certaines métropoles.

La Coordination rurale a choisi d'attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation. Le syndicat promet "une révolte agricole" avec un "blocage du fret alimentaire" dès mercredi dans le sud-ouest si "aucune avancée" n'est constatée sur le dossier du Mercosur.

Opposée depuis 25 ans aux traités de libre-échange, la Confédération paysanne, 3e force syndicale, a participé à des rassemblements anti-Mercosur à Bruxelles ou en Aveyron, manifestant symboliquement devant le restaurant McDonald's de Millau que ses militants avaient démonté en 1999.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.