Mayotte dévasté par un cyclone: premières évacuations, Macron sur place "dans les prochains jours"

Cette photographie aérienne prise et diffusée par la Sécurité civile française le 16 décembre 2024 montre des dasmages à un endroit non divulgué sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, après le passage du cyclone Chido sur l'archipel. (AFP)
Cette photographie aérienne prise et diffusée par la Sécurité civile française le 16 décembre 2024 montre des dasmages à un endroit non divulgué sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, après le passage du cyclone Chido sur l'archipel. (AFP)
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Publié le Mardi 17 décembre 2024

Mayotte dévasté par un cyclone: premières évacuations, Macron sur place "dans les prochains jours"

  • Plus de deux jours après le passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido, les secours s'organisent pour retrouver des survivants dans les décombres à Mayotte
  • Emmanuel Macron, qui va décréter "un deuil national", s'y rendra "dans les prochains jours"

Saint-Denis de la Réunion, France: Plus de deux jours après le passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido, les secours s'organisent pour retrouver des survivants dans les décombres à Mayotte, archipel meurtri où les premières évacuations ont eu lieu lundi et où Emmanuel Macron, qui va décréter "un deuil national", se rendra "dans les prochains jours".

"Il s'agit de faire face aux urgences et de commencer à préparer l'avenir", a dit le président sur X après une réunion gouvernementale de crise. "Face à cette tragédie qui bouleverse chacun de nous, je décréterai un deuil national", a-t-il ajouté.

Les autorités ont effectué lundi soir "25 premières évacuations" de patients vers La Réunion, a annoncé la ministre de la Santé démissionnaire Geneviève Darrieussecq à l'AFP.

"L'île est complètement dévastée. L'habitat précaire, les bidonvilles, il n'en reste plus rien", a déclaré lundi soir le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, de retour à la Réunion après une visite "au coeur du désastre" à Mayotte, au côté notamment de son collègue des Outre-mer François-Noël Buffet.

Les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être "quelques milliers", mais M. Retailleau s'est refusé à tout "pronostic", soulignant qu'il "faudra des jours et des jours" avant d'avoir un réel bilan.

Le décompte est compliqué par le fait que Mayotte, est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l'islam, de nombreux défunts ont vraisemblablement été enterrés dans les 24 heures suivant leur décès.

- "Bidonvilles couchés" -

Pour l'heure, les autorités dénombrent officiellement 21 morts à l'hôpital et le préfet local a mis sur pied une "mission de recherche des morts".

"Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérable de victimes", a commenté auprès de l'AFP une source proche des autorités.

Mayotte, département le plus pauvre de France compte officiellement 320.000 habitants, "mais on estime qu'il y a 100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l'immigration illégale", a ajouté cette source, qui estime que peu d'habitants en situation irrégulière ont rejoint les centres d'hébergement avant le passage du cyclone, "sans doute de peur d'être contrôlés".

Devant les députés, le ministre démissionnaire de l'Economie Antoine Armand s'est, lui, engagé à présenter des mesures "pour assurer la continuité de l'Etat et venir en aide le plus vite possible" aux Mahorais.

La priorité, a insisté Bruno Retailleau lundi soir, consiste à répondre aux "besoins vitaux" en "eau et nourriture".

A cet égard, 50% de l'eau courante sera rétablie dans les 48 heures, assurent ses services.

- "Exceptionnel" -

"Le secteur des télécoms est lourdement impacté par la tempête", avec une grande partie de l'archipel sans réseau pourtant "prioritaire pour permettre la sécurité et la reprise économique", a pour sa part déploré le ministre démissionnaire de l'Industrie, Marc Ferracci.

De "nombreuses entreprises ont subi des dégâts catastrophiques", s'inquiète le Medef, évoquant des "pertes financières significatives" pour certaines alors que d'autres sont "en proie au pillage".

Le Medef et les deux autres syndicats patronaux représentatifs, la CPME et l'U2P, réclament des mesures urgentes de soutien au tissu économique.

Avec des rafales de vent à plus de 220 km/h, Chido est le cyclone le plus destructeur à Mayotte depuis 90 ans. Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface étaient proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique Nord et le Pacifique.

Chido est surtout "exceptionnel" car l'oeil du cyclone a frappé directement le petit archipel, selon François Gourand, prévisionniste à Météo-France.

"On est complètement coupé du monde", témoigne Antoy Abdallah, 34 ans, un habitant de Tsoundzou. "On commence à manquer d'eau. Dans le sud, il n'y a plus d'eau courante depuis cinq jours", se désole-t-il.

La situation du système de soins est "très dégradée" avec un hôpital "très endommagé" et des centres médicaux "inopérants", a déclaré Geneviève Darrieussecq.

- Renforts -

Un pont aérien et maritime est déployé depuis La Réunion, territoire distant de 1.400 km, pour acheminer matériel et personnels médicaux.

Un total de 800 personnels de la sécurité civile sont envoyés en renfort, avec un hôpital de campagne. Un deuxième détachement de 150 sapeurs-pompiers et sapeurs-sauveteurs ont rallié l'archipel lundi soir.

EDF a aussi envoyé des renforts pour rétablir l'accès au courant et reconstruire le réseau électrique.

Au total, 1.500 personnels civils et militaires sont en cours d'acheminement, dont 400 gendarmes et 13 avions sont engagés pour ce pont aérien, selon les services de l'Etat.

Les secouristes s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou.

Selon Florent Vallée, de la Croix-Rouge française, "des familles entières" et "beaucoup d'enfants mineurs seuls" et "délaissés" vivent dans les bangas, ces petites maisons traditionnelles désormais détruites.

Les appels à la solidarité se sont multipliés lundi en France et à l'étranger, les Etats-Unis indiquant être prêts à "offrir une aide humanitaire appropriée".

L'Union des Comores, pays voisin de Mayotte, a décrété une semaine de deuil national, alors que près de la moitié de la population officielle du territoire français en est originaire. Une minute de silence a été observée à l'Assemblée nationale et au Parlement européen.

Afin d'aider à "la reconstruction et l'aide aux populations dévastées", France 2 diffusera en direct mardi soir une "grande soirée de soutien et de solidarité".


Paris : deuxième édition du Prix international UNESCO-Al-Fozan pour la recherche scientifique

L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.
L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.
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  • L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont remis le Prix international UNESCO Al-Fozan à cinq jeunes chercheurs en STEM originaires des cinq régions du monde, lors d'une cérémonie à Paris
  • Ce prix biennal, doté de 250 000 dollars, vise à promouvoir l'excellence scientifique, l'enseignement des disciplines STEM, et l’innovation parmi les jeunes talents internationaux

PARIS: L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.

La remise des prix s’est tenue en présence du ministre saoudien de l’Investissement, Khalid Al-Faleh, de l’ambassadeur du Royaume en France, Fahd Al-Ruwaili, du délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’UNESCO, le Dr Abdullilah Al-Tokhais, ainsi que du fondateur du prix, Abdullah Al-Fozan.

Assistait également à la cérémonie, Simona-Mirela Miculescu, présidente de la Conférence générale de l’UNESCO, Vera Khoury Lacoeuilhe, présidente du Conseil exécutif de l’organisation, et Lidia Brito, directrice générale adjointe de l’UNESCO, ainsi qu’un florilège de personalités diplomatiques et scientifiques.

Le prix qui récompense cinq jeunes chercheurs en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM), des cinq régions du monde, à été attribué cette année à trois jeunes chercheuses et deux chercheurs.

Les lauréats sont: la chercheuse marocaine Mounia Laasiri (région arabe), pour son travail dans le domaine de la physique des particules, la chercheuse chypriote Kyriaki Michaelidou (région Europe et Amérique du Nord) pour ses travaux sur l’épidémiologie génétique du cancer, la chercheuse péruvienne Rosa Vásquez (région Amérique Latine et Caraïbes) pour la science et la protection de l’environnement en Amazonie.

Récompensé également, le chercheur chinois Lijing Cheng (région Asie-Pacifique), pour ses travaux dans le domaine des sciences du climat, ainsi que le chercheur namibien Ndawdika Mulundilini (région Afrique), pour ses recherches dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM).

En plus de la reconnaissance internationale, les cinq lauréats reçoivent une dotation financière dont la valeur totale s’élève à 250 000 dollars, à partager

Dans son allocution, l’ambassadeur Al-Tokhais a souligné que « ce prix incarne la vision du Royaume d’Arabie saoudite en matière de soutien à l’innovation, à l’éducation et à l’autonomisation des jeunes, grâce à un partenariat stratégique avec l’UNESCO et à l’initiative de la Fondation Abdullah Al-Fozan ».

Le fondateur du prix, Abdullah Al-Fozan, a pour sa part exprimé sa gratitude envers les autorités saoudiennes et l’UNESCO, saluant un partenariat « exemplaire » qui permet de célébrer les chercheurs de demain et d’attirer les talents émergents.

Il a également félicité les lauréats, louant « leur créativité et leur leadership dans l’exploration des horizons du futur », et leur a souhaité « une carrière jalonnée de succès et d’innovations ».

Créé en octobre 2021, le Prix international UNESCO Al-Fozan est la première récompense mondiale attribuée par l’UNESCO à l’initiative du Royaume d’Arabie saoudite, avec pour objectif d’encourager l’excellence scientifique des jeunes chercheurs issus des cinq régions de l’organisation.

Au-delà de la reconnaissance académique, le prix entend promouvoir l’enseignement des disciplines STEM, développer les compétences nécessaires aux métiers de demain, renforcer la coopération scientifique internationale et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.

Le prix, attribué tous les deux ans par un jury international composé de cinq experts de renom, met en lumière la contribution des jeunes scientifiques au progrès de leurs sociétés et à l’enrichissement du savoir mondial.


Avions russes dans le ciel estonien: Macron dénonce une "incursion dangereuse et irresponsable"

Cette image diffusée par l'armée de l'air suédoise le 19 septembre 2025 montre un chasseur russe MIG-31 survolant la mer Baltique après avoir violé l'espace aérien estonien. (AFP)
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  • Trois avions militaires russes ont violé l’espace aérien estonien, provoquant une condamnation ferme de la France qui y voit une escalade dans les provocations de Moscou
  • Macron promet une posture de sécurité renforcée, tandis que Paris rappelle que l’incident constitue une violation du droit international et une atteinte à un allié de l’UE et de l’Otan

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande vigueur" vendredi l'entrée de trois avions militaires russes dans l'espace aérien de l'Estonie, dénonçant "une nouvelle étape" dans l'"accumulation de provocations et de gestes irresponsables de la Russie".

"Je condamne avec la plus grande vigueur les incursions d’avions russes en Estonie. Elles constituent une nouvelle étape dans cette accumulation de provocations et de gestes irresponsables de la Russie. J‘adresse mon plein soutien aux autorités estoniennes. Une posture de sécurité sera adoptée face à ces violations répétées", a-t-il affirmé sur X.

Le ministère français des Affaires étrangères avait déjà dénoncé dans un communiqué "une incursion dangereuse et irresponsable dans l'espace aérien d'un Etat membre de l'Union européenne et d'un allié de l'Otan (...) en violation flagrante du droit international".

Les trois avions russes ont été interceptés par des avions de chasse de l'Otan.


La reconnaissance de la Palestine, révélateur des fractures politiques françaises

Vue du siège des Nations unies à New York le 17 septembre 2025. (AFP)
Vue du siège des Nations unies à New York le 17 septembre 2025. (AFP)
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  • La décision de Macron de reconnaître l’État palestinien ravive le clivage gauche-droite en France
  • Le camp présidentiel reste divisé et silencieux, redoutant les réactions de l’électorat juif

PARIS: La reconnaissance de la Palestine voulue par Emmanuel Macron est un révélateur des fractures et recompositions politiques en France, avec un RN et des LR alignés sur Israël, un camp présidentiel embarrassé et une gauche qui soutient cette décision après s'être déchirée depuis les attentats du 7-Octobre.

Lorsque le chef de l'Etat a annoncé sa décision fin juillet, les réactions furent vives à droite et à gauche.

"Reconnaître aujourd'hui un État palestinien, c'est reconnaître un État Hamas et donc un État terroriste", avait martelé Marine Le Pen (RN). "Le président de la République se retrouve félicité par le Hamas", avait renchéri Laurent Wauquiez (LR). A gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) s'était réjoui d'une "victoire morale" tout comme Olivier Faure (PS) qui avait salué "une avancée fondamentale".

"Sur cette question, le clivage gauche/droite est réactivé", constate le sondeur Frédéric Dabi (Ifop).

A gauche, le politologue Vincent Martigny constate que la reconnaissance de la Palestine "masque au moins temporairement les mois d'oppositions virulentes" consécutives au refus de LFI de qualifier de terroristes les massacres du 7-Octobre.

"Il y a eu un véritable divorce à gauche, une fracture sur les valeurs, notamment sur les accusations d'antisémitisme à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon", rappelle-t-il.

Effaçant le Parti communiste, historiquement en pointe dans la défense des droits des Palestiniens, les Insoumis ont repris le flambeau de cette "gauche tiers-mondiste, en solidarité instinctive avec la cause palestinienne qui représente son paradigme de l'injustice", selon M. Martigny.

"LFI en a fait une stratégie lors de la campagne des Européennes où c'était +tout Gaza+ avec la Franco-palestienne Rima Hassan comme égérie", rappelle M. Dabi. "C'est un moyen de mobilisation de sa base, des jeunes qui sont les plus acquis à la cause palestinienne, des Français de confession musulmane, des habitants des quartiers populaires", souligne-t-il.

Ces clivages à gauche se sont atténués ces derniers mois du fait de la tournure de la guerre à Gaza qui a conduit fin mai le Premier secrétaire du PS Olivier Faure à reprendre pour la première fois le mot "génocide" utilisé très tôt par les Insoumis.

Mais le PS, qui historiquement recueillait une large part des voix de la communauté juive avant que celle-ci ne commence à se droitiser sous Nicolas Sarkozy, marche toujours sur des oeufs en interne quand il s'agit d'Israël. Comme l'a encore montré la dernière polémique autour de la proposition d'Olivier Faure de pavoiser les mairies de drapeaux palestiniens le 22 septembre.

- "Basculement" de la droite -

Pour M. Martigny, "l'évolution la plus frappante" de ces dernières années reste cependant le "basculement de la droite", plutôt pro-arabe de De Gaulle à Chirac et aujourd'hui "alignée" sur Israël. Un positionnement partagé avec le RN, devenu premier défenseur du gouvernement Netanyahu et désireux de faire oublier le passé antisémite de l'extrême droite française.

"C'est le courant +occidentaliste+ qui fait d'Israël l'avant-pont des démocraties engagées contre l'islamisme politique incarné par le Hamas. La lutte du gouvernement israélien répond à leur propre obsession contre les islamistes", résume M. Martigny.

De fait, après bientôt deux ans de guerre, les responsables LR et RN continuent de justifier toutes les actions d'Israël, même les plus meurtrières, au nom de son "droit à la sécurité".

Officiellement, LR et RN restent favorables à la création un jour d'un Etat palestinien - après notamment la libération des otages et la reddition du Hamas. Mais ils ne critiquent pas M. Netanyahu quand il répète "qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien" ou fait en sorte que cela devienne sur le terrain impossible.

Ce rejet d'une reconnaissance aujourd'hui de l'Etat palestinien est partagé plus discrètement par une partie du camp présidentiel (chez Renaissance ou Horizons) resté "dubitatif" depuis l'annonce du chef de l'Etat, selon un cadre macroniste.

"La reconnaissance de l'Etat palestinien est perçue par une grande partie de la communauté juive comme une provocation. Et Renaissance est très structuré par la solidarité sans faille avec les Juifs de France", souligne M. Martigny.

"Il y a un grand silence. Vous avez entendu Gabriel Attal ou Edouard Philippe ?", remarque M. Dabi selon qui cet embarras est renforcé par "la godille" d'Emmanuel Macron qui "pose des conditions à la reconnaissance au printemps puis les lève à l'été".