TikTok a-t-il permis à Moscou d'influencer l'élection roumaine ? L'UE lance une enquête

Le bâtiment de TikTok Inc. à Culver City, en Californie, le 17 mars 2023. (AP/File)
Le bâtiment de TikTok Inc. à Culver City, en Californie, le 17 mars 2023. (AP/File)
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Publié le Mardi 17 décembre 2024

TikTok a-t-il permis à Moscou d'influencer l'élection roumaine ? L'UE lance une enquête

  • La Commission européenne a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête contre le réseau social TikTok, soupçonné d'avoir manqué à ses obligations et d'avoir ouvert la porte à de possibles manipulations russes dans l'élection présidentielle annulée en Roumanie
  • Dans l'UE, la Commission européenne joue le rôle de gendarme du numérique, en vertu du règlement sur les services numériques (DSA) entré pleinement en vigueur le 17 février.

BRUXELLES : La Commission européenne a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête contre le réseau social TikTok, soupçonné d'avoir manqué à ses obligations et d'avoir ouvert la porte à de possibles manipulations russes dans l'élection présidentielle annulée en Roumanie.

Les autorités roumaines soupçonnent le candidat d'extrême droite Calin Georgescu, arrivé en tête du premier tour le 24 novembre à la surprise générale, d'avoir bénéficié d'une campagne de soutien illicite orchestrée par Moscou, notamment sur TikTok, application appartenant au groupe chinois ByteDance.

« Nous devons protéger nos démocraties de toute forme d'ingérence étrangère », a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, appelant à agir « rapidement et fermement ».

TikTok, qui revendique 175 millions d'utilisateurs en Europe, ne s'estime pas en faute et juge ses efforts contre la désinformation « solides ».

- Sous pression aux États-Unis -

Le réseau social de partage de vidéos est également sous pression aux États-Unis, où le Congrès a adopté en avril une loi contraignant ByteDance à vendre TikTok d'ici au 19 janvier, sous peine d'interdiction. Ce texte vise à prévenir les risques d'espionnage et de manipulation des utilisateurs par les autorités chinoises.

Dans l'UE, la Commission européenne joue le rôle de gendarme du numérique, en vertu du règlement sur les services numériques (DSA) entré pleinement en vigueur le 17 février.

« Suite à des indications sérieuses selon lesquelles des acteurs étrangers ont interféré dans les élections présidentielles roumaines en utilisant TikTok, nous menons une enquête approfondie pour déterminer si la plateforme a violé la loi sur les services numériques en ne s'attaquant pas à ces risques », a expliqué mardi Mme von der Leyen, sans mentionner directement la Russie.

Cette enquête portera sur la gestion des risques liés aux systèmes de recommandation qui auraient été détournés pour une « manipulation coordonnée ». Elle examinera également la gestion par la plateforme des publicités politiques et des contenus politiques sponsorisés.

- Rapports déclassifiés -

La décision d'ouvrir une enquête « tient compte des informations reçues à partir de rapports de renseignement déclassifiés des autorités roumaines ainsi que de rapports émanant de tiers », a précisé Bruxelles.

La Commission rappelle que le DSA ne fixe aucun délai légal pour clore une enquête formelle.

En cas d'infractions avérées, la Commission peut infliger des amendes pouvant atteindre 6 % de son chiffre d'affaires annuel au contrevenant. En cas de violations graves et répétées, les plateformes peuvent même théoriquement se voir interdire toute activité en Europe.

Début décembre, la Commission européenne avait annoncé qu'elle intensifiait sa surveillance de TikTok. Elle avait ordonné à la plateforme de « geler et conserver » les données liées aux risques systémiques que son service pourrait poser sur les processus électoraux et le débat civique dans l'Union européenne.

L'enquête annoncée mardi est la troisième ouverte dans le cadre du DSA.

La précédente, lancée le 19 février et toujours en cours, portait sur la protection des mineurs. Une première procédure pour ce même motif avait été ouverte en novembre 2023, puis clôturée cet été, après que TikTok a pris des engagements.

- « Multiples irrégularités » -

Début décembre, la justice roumaine a annulé l'élection présidentielle après le premier tour remporté par Calin Georgescu, invoquant de « multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé » le vote.

C'est sorti de nulle part que M. Georgescu, dont le slogan « Roumanie d'abord » a séduit une partie de la population lassée des partis traditionnels, a balayé les favoris issus des partis de gouvernement. Critique de l'UE et de l'OTAN, cet ancien haut fonctionnaire de 62 ans s'est déclaré en faveur de l'arrêt de l'aide militaire à l'Ukraine.

Les services secrets roumains ont dressé des parallèles avec de précédents efforts d'ingérence électorale russe en Europe et recensé « 25 000 comptes TikTok » directement associés à la campagne de M. Georgescu, devenus « extrêmement actifs deux semaines avant la date du scrutin ».

Moscou est régulièrement accusé d'orchestrer des campagnes de désinformation pour défendre des candidats qui lui sont favorables au sein de l'UE ou dans des pays voisins comme la Moldavie ou la Géorgie.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.