Le sort du militant libanais Georges Abdallah, détenu depuis 40 ans, de nouveau devant la justice française

Une affiche sur laquelle on peut lire « Liberté pour Georges Abdallah » a été placée près des barbelés sur la grille à l'extérieur de la prison de Lannemezan, dans le sud de la France, le 25 octobre 2014, alors qu'environ 300 personnes se rassemblent pour demander la libération du « révolutionnaire libanais ». (Photo AFP)
Une affiche sur laquelle on peut lire « Liberté pour Georges Abdallah » a été placée près des barbelés sur la grille à l'extérieur de la prison de Lannemezan, dans le sud de la France, le 25 octobre 2014, alors qu'environ 300 personnes se rassemblent pour demander la libération du « révolutionnaire libanais ». (Photo AFP)
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Publié le Mercredi 18 décembre 2024

Le sort du militant libanais Georges Abdallah, détenu depuis 40 ans, de nouveau devant la justice française

  • La cour d'appel de Paris examinera  jeudi la demande de libération conditionnelle du militant libanais propalestinien Georges Ibrahim Abdallah, détenu depuis 40 ans en France.
  • Détenu depuis 1984 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1987, Georges Abdallah, âgé de 73 ans, est libérable depuis 25 ans, mais ses huit précédentes demandes de libération avaient été rejetées.

PARIS : La cour d'appel de Paris examinera  jeudi la demande de libération conditionnelle du militant libanais propalestinien Georges Ibrahim Abdallah, détenu depuis 40 ans en France pour complicité d'assassinat de deux diplomates américains et israéliens.

Mi-novembre, le tribunal d'application des peines antiterroriste (TAPAT) avait autorisé sa libération à condition qu'il retourne au Liban, pays prêt à l'accueillir, mais la décision avait été immédiatement suspendue par l'appel du parquet antiterroriste.

À l'issue d'une audience non publique, la cour d'appel devrait mettre sa décision en délibéré. Si la cour rejette la demande de Georges Abdallah, ce dernier pourra former un pourvoi en cassation. En revanche, si la cour confirme la décision du tribunal, Georges Abdallah sera remis en liberté, un éventuel pourvoi du parquet général n'étant pas suspensif.

Détenu depuis 1984 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1987, Georges Abdallah, âgé de 73 ans, est libérable depuis 25 ans, mais ses huit précédentes demandes de libération avaient été rejetées. Sauf une, en 2013, acceptée sous réserve d'un arrêté d'expulsion que le gouvernement n'avait jamais signé.

Dans sa décision du 15 novembre, inédite car non conditionnée à un tel arrêté, le tribunal a mis en avant l'âge de Georges Abdallah, son comportement irréprochable en détention et sa dangerosité décrite comme « quasi nulle » depuis des années, pour conclure qu'il ne présentait pas « un risque grave de renouvellement de faits terroristes ».

Il est le « dernier vestige du groupuscule d'obédience laïque, marxiste, communiste des FARL » (Fractions armées révolutionnaires, qu'il avait cofondé), « qui appartient à l'histoire aujourd'hui révolue de l'activisme violent de l'ultra gauche » libanaise et palestinienne, « à l'origine d'aucun attentat en France ni ailleurs depuis 1984 », écrit le tribunal dans cette décision dont l'AFP a eu connaissance.

- « Symbole » -

Celui qui se considère comme un « prisonnier politique » a toujours nié tout lien avec les assassinats des deux diplomates à Paris en 1982, sans condamner les « actes de résistance » contre « l'oppression israélienne et américaine » en pleine guerre civile libanaise.

En 1987, il avait refusé de comparaître lors de son procès, qui s'était tenu dans un contexte tendu marqué par une vague d'attentats dans la capitale. L'accusation avait requis 10 ans de réclusion.,Georges Abdallah avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

« Il n'a pas évolué ni progressé sur le chemin de l'amendement et dans sa réflexion », avait soutenu le parquet antiterroriste pour justifier son opposition à sa libération, donnant l'exemple d'Israël qualifié de « charogne » et évoquant des « convictions restées intactes ».

Et si la situation géopolitique est « différente de celle des années 1990 », elle « s'en rapproche depuis le 7-Octobre » avec une « internationalisation » du conflit israélo-palestinien « sur le sol européen et national », avançait aussi le Pnat, pour qui Georges Abdallah « représente un symbole, voire un visage tutélaire de la cause palestinienne ».

« Il représente surtout aujourd'hui le symbole d'un homme maintenu en détention depuis désormais plus de 40 ans, soit une période devenue disproportionnée au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle », avait répondu le tribunal dans sa décision.

Quant à « l'internationalisation du conflit », elle « s'est précisément produite indépendamment » de Georges Abdallah, à « qui ne peut être imputé l'ensemble des conflits récurrents au Proche-Orient ou sur le territoire national », avaient ajouté les magistrats.

Lors de l'audience non publique du 7 octobre dernier, dans la prison de Lannemezan où il est détenu depuis 20 ans, Georges Abdallah avait déclaré aux juges vouloir retourner dans son village de Kobayat, dans le nord du Liban, et envisager de se lancer dans la politique locale ainsi que dans le soutien de la cause palestinienne.

Le tribunal estime que ces déclarations ne constituent pas un « trouble à l'ordre public », pas plus que les éventuelles « très vives réactions d'associations de victimes et de la communauté juive » ou les « conséquences préjudiciables sur le plan diplomatique » invoquées par le Parquet national antiterroriste (Pnat).

La défense et les soutiens de Georges Abdallah soupçonnent le gouvernement américain d'être à l'origine de son maintien en détention. Washington (partie civile lors de son procès en 1987) s'est systématiquement opposé à ses demandes de libération, y compris la dernière en date.


Israël: la France veut des sanctions européennes contre les colons extrémistes

Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. (AFP)
Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. (AFP)
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  • Une très large majorité d'Etats membres y est favorable, dont la France, mais l'adoption de ces sanctions, qui requiert l'unanimité, se heurte jusqu'à présent au veto de la Hongrie, selon des diplomates
  • La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a également soumis aux pays de l'UE une liste d'options possibles de sanctions contre Israël, comprenant une suspension de l'accord d'association UE-Israël

BRUXELLES: La France est favorable à des sanctions européennes contre les colons israéliens extrémistes de Cisjordanie, a confirmé mardi à Bruxelles le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

"Je crois que l'UE s'honorerait à suivre les orientations que nous avons proposées de sanctionner les individus responsables de la colonisation, extrémistes et violents", a-t-il affirmé devant la presse, avant le début d'une réunion avec ses homologues de l'UE à Bruxelles.

Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. Une très large majorité d'Etats membres y est favorable, dont la France, mais l'adoption de ces sanctions, qui requiert l'unanimité, se heurte jusqu'à présent au veto de la Hongrie, selon des diplomates.

La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a également soumis aux pays de l'UE une liste d'options possibles de sanctions contre Israël, comprenant une suspension de l'accord d'association UE-Israël, un embargo total sur les ventes d'armes ou une interdiction d'importation de marchandises en provenance des colonies israéliennes en Cisjordanie.

Sur ce point, M. Barrot s'est dit favorable à ce que l'UE "cesse toute forme de soutien financier direct et indirect à la colonisation".

Le ministre français a également "exigé" qu'Israël lève son "blocus financier" et paie les deux milliards d'euros qu'il doit verser à l'Autorité palestinienne. Le gouvernement israélien doit mettre "fin à la colonisation de la Cisjordanie et en particulier au projet funeste dit projet E1 qui, avec 3.400 logements, menace de couper en deux la Cisjordanie et de porter un coup fatal à la solution à deux Etats", a-t-il affirmé.

Les 27 doivent discuter mardi des mesures présentées par Mme Kallas, mais il est peu probable, selon plusieurs diplomates européens, qu'une décision soit prise, tant les divisions entre les Etats membres restent profondes.

Ces options présentées par Mme Kallas ont été décidées après qu'un rapport de la Commission européenne a établi qu'Israël ne respectait pas l'article 2 de l'accord d'association UE-Israël, prévoyant le respect des droits humains.


Budget: Bayrou présente l'addition, les boucliers se lèvent déjà

Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis".  Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais. (AFP)
Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis". Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais. (AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou dévoile mardi les grandes orientations du budget 2026, un casse-tête financier et politique visant 40 milliards d'économies
  • Résoudre l'équation paraît relever de l'exploit mathématique, tant les marges de manœuvre financières sont réduites

PARIS: Le Premier ministre François Bayrou dévoile mardi les grandes orientations du budget 2026, un casse-tête financier et politique visant 40 milliards d'économies, en plus d'augmenter le budget des armées, qui soulève déjà une levée de boucliers des oppositions.

Résoudre l'équation paraît relever de l'exploit mathématique, tant les marges de manœuvre financières sont réduites.

Objectif: ramener le déficit à 4,6% du PIB l'an prochain, contre 5,8% en 2024. Le tout dans un contexte international inflammable, entre tensions commerciales et militaires, ce qui a conduit Emmanuel Macron à demander un effort additionnel de 3,5 milliards d'euros pour la défense.

Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis".

Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais.

Et chacun sur l'échiquier posait, avant même cette présentation, ses lignes rouges.

Au Rassemblement national, qui se place en arbitre de la censure après avoir renversé le gouvernement Barnier en décembre, le député et membre de la direction du parti Jean-Philippe Tanguy a promis de faire tomber le gouvernement en cas de hausse d'impôts, voire de gel budgétaire ("année blanche"), une autre manière selon lui "de piquer de l'argent aux gens".

Le rendement de cette "année blanche", qui consiste à reconduire à l'identique certaines dépenses sans tenir compte de l'inflation, varie selon le périmètre retenu. Elle pourrait s'étendre au barème de l'impôt sur le revenu, voire mettre à contribution les retraités.

"Les lignes rouges, c'est ne pas s'attaquer" à "la contribution à l'UE, la suradministration, (...) l'immigration" et "demander aux Français des efforts", a complété le vice-président du RN Sébastien Chenu.

"Sur un fil"

Du côté de La France insoumise, l'année blanche serait "une année rouge pour les Français" et "les mêmes causes produiront les mêmes effets", a estimé le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, qui avait voté aussi la censure en décembre.

Et, pour le député socialiste Philippe Brun, "ce qui serait inacceptable", c'est que "les plus riches (...) soient totalement exemptés d'efforts".

La gauche rêve d'obtenir une taxe inspirée par l'économiste français Gabriel Zucman sur les "ultra-riches", en prélevant 2% par an de leur patrimoine, pour un rendement annuel de 20 milliards d'euros. Mais le camp macroniste n'en veut pas.

La patronne de la CGT Sophie Binet a elle invité le gouvernement à aller "chercher l'argent là où il est, à savoir dans la poche des actionnaires, des rentiers, des plus riches".

Autant dire que François Bayrou, qui s'exprimera pendant 45 minutes, avant certains de ses ministres (Eric Lombard, Catherine Vautrin, Amélie de Montchalin, François Rebsamen et Astrid Panosyan-Bouvet), infographies à l'appui, marche sur un fil.

Deux volets 

Le Premier ministre décline sur tous les registres le "piège mortel" qui guette le pays, face au mur de la dette qui a atteint 114% du PIB en mars, un combat dont il a fait son ADN politique et une dramatisation visant à améliorer l'acceptabilité d'une note qui s'annonce salée.

Il promet "un plan cohérent, suffisamment précis, même s'il restera à finaliser avec le Parlement, pour que tout le monde mesure la part que chacun doit prendre à cet effort".

Avec "deux volets": l'un tourné vers "un retour à un équilibre supportable des finances publiques". Et l'autre de "soutien à la production".

La foire aux idées a été particulièrement florissante. François Bayrou, qui a présenté vendredi ses intentions à Emmanuel Macron et doit le revoir ce mardi en fin de matinée, a promis "des efforts ici ou là" en matière de fiscalité mais pas de hausse d'impôts généralisée. La contribution pour les hauts revenus instaurée l'an dernier devrait être remodelée et reconduite, selon une source ministérielle.

L'Etat dans son ensemble devra se serrer la ceinture, ainsi que les collectivités.

Des coups de rabot sont aussi évoqués dans les niches fiscales, les aides publiques aux entreprises ou encore chez les opérateurs de l'Etat.

Suscitant déjà la controverse, un nouveau durcissement des règles de l'assurance chômage se profile, alors qu'Emmanuel Macron compte financer l'effort militaire par "plus de production et plus d'activité". De quoi raviver les spéculations autour d'un relèvement du temps de travail ou la suppression de jours fériés.

D'autres gisements d'économies ont été identifiés sur la facture des transports médicalisés, des affections longue durée ou des arrêts maladie.


Pollution de l’air en France: cet ennemi invisible qui tue en silence

Un ballon météorologique destiné à surveiller la qualité de l'air en Ile-de-France vole à côté de la Tour Eiffel à Paris le 24 mars 2022. (AFP)
Un ballon météorologique destiné à surveiller la qualité de l'air en Ile-de-France vole à côté de la Tour Eiffel à Paris le 24 mars 2022. (AFP)
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  • Selon l’agence gouvernementale Santé publique France, les particules fines présentes dans l’atmosphère seraient responsables d’environ 40 000 décès prématurés chaque année
  • Cette réalité accablante touche en priorité les grandes agglomérations, où la concentration des polluants est la plus forte. Elle souligne aussi l’ampleur des efforts qu’il reste à fournir pour assainir durablement l’air que nous respirons

PARIS: Respirer est vital… mais en France, il demeure paradoxalement mortel. Chaque année, des dizaines de milliers de vies sont écourtées par un ennemi invisible : la pollution de l’air.
Selon l’agence gouvernementale Santé publique France, les particules fines présentes dans l’atmosphère seraient responsables d’environ 40 000 décès prématurés chaque année.

Cette réalité accablante touche en priorité les grandes agglomérations, où la concentration des polluants est la plus forte. Elle souligne aussi l’ampleur des efforts qu’il reste à fournir pour assainir durablement l’air que nous respirons.

Pourtant, des progrès notables ont été réalisés ces dernières années. L’association Respire, qui milite pour une meilleure qualité de l’air, reconnaît une amélioration globale.
Ses dernières analyses révèlent une baisse significative des concentrations moyennes de dioxyde d’azote (NO₂). À Clermont-Ferrand, par exemple, la moyenne annuelle est passée de 25,7 à 13,7 microgrammes par mètre cube entre 2018 et 2024. À Paris, la baisse atteint environ 40 %, de 45,3 à 26,3 microgrammes.

Ces avancées sont le fruit de plusieurs leviers : des normes européennes plus strictes en matière d’émissions automobiles, l’extension des Zones à Faibles Émissions (ZFE) et une politique de réduction de la place de la voiture dans les centres urbains.

Mais le combat est loin d’être gagné. Respire alerte: la France reste « loin du compte ». Malgré les progrès, les concentrations de polluants dans de nombreuses grandes villes dépassent encore largement les nouvelles limites européennes prévues pour 2030.
À Paris et Lyon, certaines stations de mesure enregistrent des taux plus de deux fois supérieurs aux futures normes.

« La bataille pour la qualité de l’air est loin d’être gagnée », résume Tony Renucci, directeur général de l’association, dans les colonnes du Parisien. Il appelle à des politiques plus ciblées, en particulier pour s’attaquer aux émissions liées au trafic routier.