Des agriculteurs convergent vers Paris, pas question de blocage pour le gouvernement

Des agriculteurs construisent un « mur des cons » avec 578 bottes de paille, chacune représentant les députés français et le président français Emmanuel Macron, lors d'une manifestation organisée par les membres du syndicat de la Coordination Rurale à Auch, dans le sud-ouest de la France, le 12 décembre 2024. (AFP)
Des agriculteurs construisent un « mur des cons » avec 578 bottes de paille, chacune représentant les députés français et le président français Emmanuel Macron, lors d'une manifestation organisée par les membres du syndicat de la Coordination Rurale à Auch, dans le sud-ouest de la France, le 12 décembre 2024. (AFP)
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Publié le Lundi 06 janvier 2025

Des agriculteurs convergent vers Paris, pas question de blocage pour le gouvernement

  • En tracteur ou en voiture, des agriculteurs de la Coordination rurale (CR) tentaient lundi de gagner Paris, retenus ou ralentis par les forces de l'ordre, alors que la ministre de l'Agriculture a prévenu que la capitale ne devait pas être bloquée
  • Tout en disant comprendre "l'inquiétude" des exploitants, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a prévenu qu'il n'était pas question de laisser la capitale être paralysée

PARIS: En tracteur ou en voiture, des agriculteurs de la Coordination rurale (CR) tentaient lundi de gagner Paris, retenus ou ralentis par les forces de l'ordre, alors que la ministre de l'Agriculture a prévenu que la capitale ne devait pas être bloquée "un jour de rentrée scolaire".

A la veille du coup d'envoi de la campagne électorale pour les chambres d'agriculture, les bonnets jaunes du deuxième syndicat agricole veulent faire entendre leur voix :  contre les accords de libre-échange, contre la concurrence déloyale, y compris intra-européenne, et contre les contrôles dans les fermes.

Lundi matin, une dizaine de tracteurs et une quinzaine de voitures qui stationnaient au niveau de la zone industrielle d'Ablis Nord (Yvelines) ont forcé le passage et se sont engagés sur la route nationale N10, avant d'être bloqués au niveau des Essarts-le-Roi, a-t-on appris de source policière. Un autre convoi était bloqué à Orveau, dans l'Essonne.

En revanche, de petits convois progressaient de nouveau en Seine-et-Marne (sur la RN4 en direction de Paris) et dans le Rhône, où une trentaine de tracteurs se déplaçait sur le route départementale 342 en direction de Vourles, vers l'autoroute A7.

"Pas là pour camper" 

Tout en disant comprendre "l'inquiétude" des exploitants, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a prévenu qu'il n'était pas question de laisser la capitale être paralysée, alors que plusieurs représentants de la CR ont affirmé ces derniers jours qu'ils souhaitaient bloquer Paris ou le marché international de Rungis.

"Non, on ne bloque pas, en plus un jour de rentrée scolaire, un jour de rentrée pour les Français. Pas de blocages qui compromettent finalement l'image des agriculteurs auprès des Français. Et pas de violence", a-t-elle prévenu, interrogée sur TF1.

La ministre a évoqué une mobilisation de 200 agriculteurs et d'une cinquantaine de tracteurs sur l'ensemble du territoire.

Rappelant que le Premier ministre François Bayrou recevrait les syndicats agricoles lundi prochain, elle a estimé que "l'urgence qu'ils mettent en avant pour être reçus maintenant, ici tout de suite", ne se justifiait pas vraiment.

Sur le terrain, les manifestants déploraient d'être bloqués du seul fait de "porter un bonnet jaune" et se disaient déterminés à avancer. "Nous allons forcer les barrages", a déclaré lundi matin Sébastien Héraud, membre du comité directeur de la CR sur France Info.

Le secrétaire général du syndicat, Christian Convers, dit avoir envoyé un message au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et au chef de cabinet du Premier ministre pour demander "un point de chute dans Paris". Les autorités peuvent faire "l'encadrement qu'il faut mais nous, on assure qu'il n'y aura aucun problème de débordement", a-t-il ajouté.

"Que les parlementaires puissent venir discuter un moment avec nous, et on repartira. On n'est pas là pour camper à Paris, on n'est pas là pour embêter les Parisiens", a-t-il dit sur RMC.

Pour l'heure, aucun convoi n'est entré dans la capitale, où la circulation était habituelle ce lundi matin.

M. Convers avait été brièvement interpellé par la police dimanche en fin d'après-midi à Paris, au moment où il arrivait -en voiture- pour participer à un regroupement symbolique place du Brésil, en protestation contre le récent accord commercial entre l'UE et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay).

Cet accord est accusé par les agriculteurs français de favoriser l'importation de produits à bas coûts et aux normes environnementales moins élevées que celles qui leur sont imposées.

La préfecture de police de Paris a interdit les rassemblements non déclarés de dimanche 18H00 à lundi 12H00 dans un large périmètre du centre de Paris, incluant notamment Matignon et le ministère de l'Agriculture, "considérant les appels à manifester le 5 janvier 2025 lancés par un syndicat agricole en vue de +bloquer la capitale+".

La préfecture du Val-de-Marne en a fait de même autour du marché de Rungis et sur l'autoroute A6.

Cette mobilisation intervient avant les élections professionnelles, organisées du 15 au 31 janvier, qui détermineront les nouveaux rapports de force entre syndicats agricoles: la CR, qui a gagné en visibilité à la faveur d'actions coups de poing depuis l'hiver dernier, espère ravir une quinzaine de chambres à l'hégémonique alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.