Une ville française retire «par prudence» des affiches jugées «insultantes» par Téhéran

La ville de Béziers, dans le sud de la France, a retiré "par prudence" jeudi ses affiches qui utilisaient une photo du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, pour promouvoir le tri des déchets, celles-ci ayant été qualifiées d'"insultantes" par Téhéran. (AFP)
La ville de Béziers, dans le sud de la France, a retiré "par prudence" jeudi ses affiches qui utilisaient une photo du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, pour promouvoir le tri des déchets, celles-ci ayant été qualifiées d'"insultantes" par Téhéran. (AFP)
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Publié le Jeudi 09 janvier 2025

Une ville française retire «par prudence» des affiches jugées «insultantes» par Téhéran

  • La mairie de Béziers avait décidé d'illustrer sa campagne de sensibilisation au tri sélectif des déchets avec une affiche réunissant les photos de l'ayatollah Khamenei, du président russe Vladimir Poutine et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un
  • Le maire de Béziers, Robert Ménard, proche de l'extrême droite, est coutumier de ce type de provocations

BEZIERS: La ville de Béziers, dans le sud de la France, a retiré "par prudence" jeudi ses affiches qui utilisaient une photo du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, pour promouvoir le tri des déchets, celles-ci ayant été qualifiées d'"insultantes" par Téhéran.

La mairie de Béziers avait décidé d'illustrer sa campagne de sensibilisation au tri sélectif des déchets avec une affiche réunissant les photos de l'ayatollah Khamenei, du président russe Vladimir Poutine et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.

Au-dessus du visage des trois dirigeants, il était écrit en gros caractères sur fond rouge: "N'oubliez pas de trier les déchets".

Le maire de Béziers, Robert Ménard, proche de l'extrême droite, est coutumier de ce type de provocations.

Téhéran a réagi à cette affiche publiée sur le compte Facebook de la ville et placardée à l'arrière de 70 bus desservant l'agglomération.

"Le directeur général pour l'Europe occidentale au ministère des Affaires étrangères, Majid Nili, a fermement condamné l'action du maire d'une ville française insultant les valeurs sacrées et les personnalités de notre pays", a indiqué l'agence officielle Irna.

M. Nili "a appelé jeudi le gouvernement français à prendre des mesures appropriées pour empêcher la répétition de telles actions provocatrices", a ajouté l'agence Irna.

Contacté en début de journée par l'AFP, Robert Ménard a d'abord insisté sur le fait que le choix d'associer l'image de ces trois dirigeants à cette campagne était de "l'humour" à prendre "au second degré".

Mais "sur un vrai constat, on a affaire à des dictateurs", a-t-il dit. Le tri des déchets, "c'est un vrai problème, on a fait plein de campagnes, elles ne donnent jamais rien, personne ne les remarque, même ! Celle-là, au moins, tout le monde la remarque", a-t-il ajouté.

En réaction aux protestations de Téhéran, M. Ménard a toutefois décidé de faire retirer ces affiches sans attendre, assurant qu'elles devaient en principe être remplacées vendredi par une nouvelle campagne, cette fois contre l'habitat indigne.

Jeudi matin un photographe de l'AFP a constaté que des employés municipaux étaient occupés à les retirer de l'arrière des bus.

Il s'agit d'une "mesure de prudence", "je ne veux pas prendre le moindre risque pour les gens. Nous prenons cela très au sérieux, je ne veux pas qu'il y ait l'ombre d'un problème, par exemple pour les chauffeurs de nos bus", a expliqué à l'AFP à la mi-journée M. Ménard, en évoquant le cas de l'écrivain américano-britannique Salman Rushdie, objet en 1989 d'une fatwa du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Ruhollah Khomeini, réclamant son assassinat.

L'écrivain avait failli être tué en 2022 à New York par un jeune Américano-libanais.


La France «pays le plus visé en Europe» après l'Ukraine par les manipulations de l'information, selon Bayrou

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  • "C'est dire à quelle hauteur, à quelle échelle notre pays est visé. La menace est là. C'est une menace intime, proche de nous, qui touche chaque Français, dans la mesure où notre société est devenue une société des écrans", a souligné M. Bayrou
  • Il a mis notamment mis en garde contre l'intelligence artificielle qui "permet à cette manipulation de s'exercer à une échelle jamais atteinte"

PARIS: La France est, après l'Ukraine, "le pays le plus visé en Europe par les tentatives de manipulation venant de l'étranger" en matière informationnelle, a rapporté vendredi le Premier ministre français François Bayrou.

Dans "la guerre informationnelle" qui "s'est aggravée dans le contexte des conflits en cours et des tensions géopolitiques", "la France est une cible privilégiée". "Elle est, après l'Ukraine, le pays le plus visé en Europe par les tentatives de manipulation venant de l'étranger", a affirmé le chef du gouvernement devant le Forum 2025 de Viginum, l'organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, qui s'interroge cette année sur la manière de "protéger la démocratie face aux manipulations de l'information".

"On peut en détecter des linéaments (de manipulations, ndlr) venant de Chine. On en détecte des interventions massives venant de Russie", a ajouté le Premier ministre, en citant un rapport du Service européen pour l'action extérieure, selon lequel, sur les 505 incidents relevés en Europe entre 2023 et 2024, 257 concernaient l'Ukraine, et 152 concernaient la France.

"C'est dire à quelle hauteur, à quelle échelle notre pays est visé. La menace est là. C'est une menace intime, proche de nous, qui touche chaque Français, dans la mesure où notre société est devenue une société des écrans", a souligné M. Bayrou.

Il a mis notamment mis en garde contre l'intelligence artificielle qui "permet à cette manipulation de s'exercer à une échelle jamais atteinte".

"Or une démocratie est le seul régime qui ne puisse pas durer si les citoyens n'ont pas accès à une information vraie, fiable", a-t-il ajouté. "L'enjeu est géopolitique, il est technique, mais il est surtout politique au sens citoyen du terme. Il en va de notre capacité à former une communauté unie derrière un même idéal démocratique".

"Nous paraissons en paix et pourtant nous sommes déjà en guerre", une "guerre singulière" qui "pour être virtuelle ou hybride, n'en est pas moins réelle. C'est la guerre informationnelle", a-t-il martelé, en saluant dans Viginum un "moyen efficace d'action" dans cette guerre "qui met le respect de la loi et des libertés fondamentales au cœur de son fonctionnement".

Dans un rapport publié en février, Viginum avait décrit comment la Russie déployait depuis trois ans une campagne très organisée de guerre informationnelle pour légitimer et engranger du soutien à sa guerre en Ukraine, témoignant d'une "vraie culture stratégique" dans ce domaine.

Viginum dépend à Matignon du Secrétariat général à la défense et la sécurité nationale (SGDSN), qui est chargé des plans de lutte contre le terrorisme, contre la désinformation ou les cyberattaques.


Pour le recteur de la Grande mosquée de Paris, la «grâce» de Sansal est possible

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  • Son arrestation, le 16 novembre à Alger, avait aggravé de fortes tensions entre l'Algérie et la France provoquées
  • "Lorsqu'il a terminé sa garde à vue, les infractions qu'on lui reprochait étaient de l'ordre de le faire passer dans l'équivalent de ce qu'est la cour d'assises, c'est-à-dire devant le tribunal criminel" mais "l'affaire a été correctionnalisée"

PARIS: Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a jugé vendredi possible la "grâce" de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné jeudi à cinq ans de prison ferme à Alger.

"Si on fait de la politique fiction, je pense que le président de la République (algérienne) va décider de sa grâce", a déclaré sur Sud Radio le recteur de la Grande mosquée de Paris.

Le tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d'Alger, a décidé jeudi "une peine de cinq ans de réclusion ferme" à l'encontre de Boualem Sansal, soit la moitié de la peine requise par le parquet, selon un correspondant de l'AFP présent dans la salle.

M. Sansal, 80 ans selon son éditeur Gallimard, était accusé notamment d'atteinte à l'intégrité du territoire pour avoir repris à son compte, dans le média français d'extrême droite "Frontières", la position du Maroc selon laquelle d'amples portions du pays auraient été amputées au profit de l'Algérie, sous la colonisation française.

Son arrestation, le 16 novembre à Alger, avait aggravé de fortes tensions entre l'Algérie et la France provoquées, l'été dernier, par un revirement français en faveur de la position marocaine sur l'épineux dossier du Sahara occidental.

"Lorsqu'il a terminé sa garde à vue, les infractions qu'on lui reprochait étaient de l'ordre de le faire passer dans l'équivalent de ce qu'est la cour d'assises, c'est-à-dire devant le tribunal criminel" mais "l'affaire a été correctionnalisée", a rappelé vendredi Chems-eddine Hafiz, y voyant un signe d'assouplissement positif.

Reste que si l'écrivain fait appel, un délai de dix jours qui s'impose alors empêcherait l'écrivain de bénéficier d'une "grâce présidentielle" à l'occasion de la fête de l'Aïd, attendue dimanche, qui met un terme au Ramadan et est "un moment de pardon", a rappelé le recteur de la Grande mosquée de Paris, établissement qui entretient un lien historique, culturel et financier fort avec l'Algérie.

"Je sais ce qu'est la prison. Je sais ce que ça peut être pour un homme, quelle que soit la prison. En même temps, il est âgé, il est malade. Son épouse est malade", a-t-il rappelé, estimant qu'"à titre humanitaire", une grâce "tombe sous le sens".

"Il a passé six mois en prison. Six mois, c'est trop pour lui. (...) J'espère de tout mon cœur qu'il soit gracié et qu'il revienne au moins retrouver son épouse qui est elle-même souffrante", a ajouté le recteur, par ailleurs ancien avocat.

Selon lui, "il n'y a pas eu des relations directes" entre les présidents français et algérien ces dernières heures, mais "il y a eu des relations via des émissaires" pour évoquer, notamment, ce dossier.

 


Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler nommé directeur général adjoint de la Société Générale

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  • Il sera notamment président de la banque d'investissement de la Société Générale. A ce titre, il "coordonnera (...) les activités de fusions et acquisitions" et  "de marché des capitaux actions", selon le communiqué du groupe bancaire
  • Le départ d'Alexis Kohler de l'Elysée, où il était arrivé en même temps qu'Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat en 2017, avait été officialisé jeudi

PARIS: Le bras droit historique d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée depuis huit ans, est nommé directeur général adjoint de la Société Générale, a annoncé la banque française vendredi.

Il sera notamment président de la banque d'investissement de la Société Générale. A ce titre, il "coordonnera (...) les activités de fusions et acquisitions" et  "de marché des capitaux actions", selon le communiqué du groupe bancaire.

Il le rejoindra "en juin" et sera membre de son comité exécutif.

Alexis Kohler aura également pour fonction d'assister le directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, "dans la mise en oeuvre des programmes de transformation de l'entreprise", engagée dans un vaste chantier de restructurations et d'économies.

Il supervisera aussi le secrétariat général, la direction des ressources humaines et la direction de la communication du groupe.

M. Kohler "apportera au groupe son talent, sa grande expérience et son engagement exceptionnel", a commenté Slawomir Krupa, cité dans le communiqué.

Le départ d'Alexis Kohler de l'Elysée, où il était arrivé en même temps qu'Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat en 2017, avait été officialisé jeudi.

"Alexis Kohler a mis toute son énergie, son talent et sa force de travail hors pair au service de notre projet politique et des Français", lui avait rendu hommage Emmanuel Macron jeudi, dans une déclaration au Figaro.

Le départ de celui qui portait également le surnom de "vice-président" solde une série de rumeurs et spéculations sur son avenir qui s'étaient amplifiées depuis la fin février.

Il marque un tournant majeur dans la présidence Macron, tant la longévité et le pouvoir qu'on a prêtés à Alexis Kohler apparaissent hors du commun: dans la prestigieuse liste de ses prédécesseurs, seul Jean-Louis Bianco - neuf ans auprès de François Mitterrand - est resté plus longtemps à ce poste stratégique.

Alexis Kohler, Strasbourgeois de naissance, énarque, diplômé de l'Essec et de Sciences Po Paris, est par ailleurs le seul à avoir occupé ce poste pendant l'entièreté d'un mandat présidentiel.

Celui qui fêtera ses 53 ans en novembre avait secondé Emmanuel Macron depuis son entrée en politique, en tant que directeur de cabinet au ministère de l'Economie (2014-2016), après avoir été celui de Pierre Moscovici.

Emmanuel Moulin, ancien directeur du Trésor puis directeur de cabinet de Gabriel Attal lorsqu'il était Premier ministre, lui succédera le 14 avril, a annoncé l'Elysée, confirmant une information initialement dévoilée par Le Figaro.