RIYAD : L'Arabie saoudite a appelé dimanche à la levée des sanctions imposées à la Syrie, à l'issue d'une réunion à Ryad de chefs de la diplomatie européens et du Moyen-Orient sur l'avenir de ce pays, alors que les capitales occidentales semblent attendre des garanties des nouvelles autorités de Damas.
Un mois après la chute de l'ancien président Bachar al-Assad, l'Arabie saoudite, première économie du Moyen-Orient, cherche à accroître son influence en Syrie, à présent dirigée par un gouvernement de transition dominé par des islamistes radicaux.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a notamment appelé à « lever les sanctions unilatérales et internationales imposées à la Syrie » pour permettre son « développement et sa reconstruction ».
Deux réunions se sont tenues à Ryad : la première entre pays arabes et la seconde incluant des représentants occidentaux, des Nations unies, de l'Union européenne et de la Turquie.
Le nouveau pouvoir syrien était représenté par son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, alors que les autorités de transition conduites par Ahmad al-Chareh réclament la levée des sanctions frappant leur pays.
Les puissances occidentales, notamment les États-Unis et l'Union européenne, avaient imposé des sanctions au gouvernement de Bachar al-Assad en raison de la répression des manifestations de 2011, à l'origine de la guerre civile qui a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de Syriens.
De nombreuses capitales, dont Washington, ont déclaré vouloir attendre de voir comment les nouvelles autorités, dominées par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS, anciennement l'organisation Al-Qaïda en Syrie), exerceraient leur pouvoir avant d'assouplir les sanctions.
- « Progressif et conditionné » -
« Les sanctions contre les proches de Bachar al-Assad, responsables de crimes graves pendant la guerre civile, doivent rester en place », a affirmé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, à Ryad.
Mais, a-t-elle ajouté, « la population syrienne a besoin de bénéficier rapidement des retombées positives de la transition ». Son pays fournirait ainsi 50 millions d'euros supplémentaires « pour l'alimentation, les abris d'urgence et les soins médicaux ».
Vendredi, la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, avait déclaré que les 27 pourraient « progressivement » assouplir leurs sanctions « à condition que des progrès tangibles soient réalisés », notamment sur la protection des minorités.
Les ministres européens des Affaires étrangères se réuniront le 27 janvier pour aborder la question, a annoncé Mme Kallas dimanche à Riyad, précisant que les sanctions susceptibles d'être levées incluent « celles qui entravent la reconstruction » et « l'accès aux services bancaires ».
« Mais bien sûr, cela doit se faire progressivement et sous conditions. Si nous constatons des avancées dans la bonne direction, nous sommes prêts à franchir les prochaines étapes. Mais il doit également y avoir un plan de repli », a-t-elle ajouté.
Le sous-secrétaire d'État américain sortant, John Bass, était également présent. Il avait souligné, à l'issue d'une visite en Turquie, « l'importance de la stabilité régionale et d'empêcher la Syrie d'être utilisée comme une base pour le terrorisme ».
Réunie en décembre en Jordanie, la communauté internationale avait défini des conditions pour dialoguer avec les nouveaux dirigeants syriens, notamment le respect des minorités et des droits des femmes, ainsi que la lutte contre le groupe État islamique.
Dimanche, le chef de la diplomatie saoudienne a souligné « l'importance de continuer à fournir un soutien humanitaire et économique, ainsi que de renforcer les capacités de l'État syrien, d'assurer la stabilité et de faciliter la reconstruction ».
« Cela inclut la création d'un environnement favorable au retour des réfugiés syriens », a-t-il ajouté.