Algérie : Villepin critique la « surenchère » de Retailleau et lui suggère de laisser la place aux diplomates

Le Premier ministre français Dominique de Villepin est vu ici à l'hôtel Matignon à Paris, le 17 janvier 2006, lors de la cérémonie de remise de la médaille d'Officier de la Légion d'honneur à la primatologue britannique Jane Goodall. (Photo Getty Images)
Le Premier ministre français Dominique de Villepin est vu ici à l'hôtel Matignon à Paris, le 17 janvier 2006, lors de la cérémonie de remise de la médaille d'Officier de la Légion d'honneur à la primatologue britannique Jane Goodall. (Photo Getty Images)
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Publié le Lundi 20 janvier 2025

Algérie : Villepin critique la « surenchère » de Retailleau et lui suggère de laisser la place aux diplomates

  • L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a critiqué  lundi la « surenchère » du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur l'Algérie, l'invitant à laisser agir les diplomates et à ne pas céder à « la tentation du règlement de comptes ».
  • « Il ne faut pas oublier qu'entre nous et l'Algérie, il y a des millions d'Algériens de France, des millions de Franco-Algériens et, plus largement, des millions de Français issus du Maghreb qui tous voient avec beaucoup d'inquiétude ces fluctuations.

PARIS : L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a critiqué  lundi la « surenchère » du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur l'Algérie, l'invitant à laisser agir les diplomates et à ne pas céder à « la tentation du règlement de comptes », car « ce n'est jamais dans l'escalade qu'on règle les crises ».

« Il y a un malentendu depuis le début de cette affaire, puisque le ministre de l'Intérieur cherche à régler des problèmes qui ne se règlent que par la diplomatie », a tranché M. Villepin sur France Info. « Ce n'est jamais dans l'escalade et la surenchère qu'on règle les crises. Compte tenu de la gravité de la situation, nous ne devons pas aujourd'hui nous amuser à régler des comptes », a-t-il lancé.

Dimanche, M. Retailleau a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France.

« Il y a un sentiment dont il faut se méfier en matière de diplomatie, c'est l'humiliation », a répondu l'ancien ministre des Affaires étrangères, en citant les crises et guerres déclenchées dans l'histoire sous ce prétexte.

« Il ne faut pas oublier qu'entre nous et l'Algérie, il y a des millions d'Algériens de France, des millions de Franco-Algériens et, plus largement, des millions de Français issus du Maghreb qui tous voient avec beaucoup d'inquiétude ces fluctuations qui ont affecté le Maroc et aujourd'hui l'Algérie », a-t-il averti.

Sur le fond, M. Villepin n'a pas exprimé son opposition à la révision de l'accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d'entrée en France des ressortissants algériens, comme le réclament plusieurs responsables français.

« Mais si nous souhaitons rediscuter de ces accords, parlons-en avec les Algériens. Est-il obligatoire d'adopter une position punitive ? Sortons de ces logiques », a-t-il jugé.

« Nous avons payé à travers l'histoire suffisamment cher pour apprendre qu'il n'y a qu'un chemin, celui du respect », a-t-il conclu.

Les relations souvent instables entre la France et l'Algérie se sont détériorées depuis l'été dernier, lorsque Paris a annoncé son soutien au plan d'autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental. Plusieurs dossiers ont ensuite continué d'assombrir les relations bilatérales, dont l'incarcération de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal en Algérie depuis la mi-novembre.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.