Emmanuel Macron "au chevet du Louvre", annonces à la clé

Des visiteurs prennent des photos du tableau "La Joconde" de l'artiste italien Léonard de Vinci au musée du Louvre à Paris, le 23 janvier 2025. (AFP)
Des visiteurs prennent des photos du tableau "La Joconde" de l'artiste italien Léonard de Vinci au musée du Louvre à Paris, le 23 janvier 2025. (AFP)
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Publié le Mardi 28 janvier 2025

Emmanuel Macron "au chevet du Louvre", annonces à la clé

  • Emmanuel Macron se rend mardi "au chevet du Louvre" pour des "annonces" en réponse à l'alerte du musée le plus visité au monde, confronté à une vétusté alarmante
  • Le musée cristallise l'attention depuis que sa présidente-directrice, Laurence des Cars, a tiré la sonnette d'alarme dans une note du 13 janvier à la ministre de la Culture, Rachida Dati

PARIS: Emmanuel Macron se rend mardi "au chevet du Louvre" pour des "annonces" en réponse à l'alerte du musée le plus visité au monde, confronté à une vétusté alarmante et au casse-tête des milliers de touristes qui défilent quotidiennement sous la pyramide et devant la Joconde.

"Il y aura des annonces concernant le Louvre et son avenir", s'est bornée à dire lundi la présidence à des journalistes, sans dévoiler les solutions que préconisera le chef de l'Etat.

Au soir de la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron s'était mis en scène devant la pyramide de verre pour célébrer sa victoire. Mardi, il pourrait s'exprimer avec le chef-d'oeuvre de Léonard de Vinci en arrière-plan.

Le musée cristallise l'attention depuis que sa présidente-directrice, Laurence des Cars, a tiré la sonnette d'alarme dans une note du 13 janvier à la ministre de la Culture, Rachida Dati.

Le document égrène les problèmes: "Multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés", "obsolescence" des "équipements techniques", "inquiétantes variations de températures mettant en danger l'état de conservation des oeuvres"...

La pyramide inaugurée en 1988, majestueuse entrée voulue par l'ancien président François Mitterrand et conçue par l'architecte Ieoh Ming Pei, est jugée "structurellement dépassée" car elle était prévue pour accueillir quatre millions de visiteurs par an. Le musée en a compté près de neuf millions (dont 80% d'étrangers) en 2024 et dix millions avant la pandémie de Covid-19!

M. Macron va-t-il reprendre l'idée d'une seconde entrée du côté de la Cour carrée de l'ancien château? L'Elysée reconnaît que l'inadéquation à la fréquentation actuelle est un "point central".

De la même manière, un conseiller présidentiel relève que la réflexion porte aussi sur le lieu d'accrochage de la Joconde, car "l'engouement des visiteurs", qui sont 20.000 par jour à l'admirer, "obère les conditions de visite dans les espaces environnants". Sans confirmer à ce stade un éventuel déplacement du portrait de Mona Lisa dans un nouvel espace.

- Budget contraint -

Le président de la République fait face à deux écueils.

Après la défaite de son camp aux législatives, il ne peut plus dicter ses décisions au gouvernement comme il l'a fait pendant sept ans. En outre, la situation très dégradée des finances publiques rend inimaginables des investissements massifs de l'Etat.

Or les travaux nécessaires se chiffrent, selon la direction du musée, en "centaines de millions d'euros". Le chiffre d'un demi-milliard a circulé, sans être confirmé.

"Il n'est évidemment pas question, au moment où nous construisons un budget (...) de maîtrise des dépenses publiques, d'ajouter une ligne de 500 millions comme cela", a prévenu lundi la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, sur TF1. Selon elle, l'annonce éventuelle de fonds publics "n'engage que le président".

L'Elysée assure au contraire que M. Macron, qui s'est rendu discrètement sur place à l'automne pour constater l'étendue des besoins, a préparé ses annonces "en lien" avec Mme Dati, qu'il avait nommée à la Culture il y a un an. "Ce ne sont pas des annonces présidentielles découplées de l'action gouvernementale", insiste un conseiller.

Sans détailler les pistes de financement, la présidence a minimisé la difficulté technique d'un billet d'entrée plus cher pour les touristes étrangers hors Union européenne, évoqué par la ministre.

Elle a d'ailleurs noté que les tarifs du Louvre étaient "nettement dans le bas de la fourchette" par rapport aux "grands musées équivalents". Et souligné les "possibilités de progression en matière de mécénat".

Selon une source gouvernementale, l'exécutif réfléchit à la manière de "mobiliser des ressources ailleurs", auprès de donateurs privés et de grandes entreprises, comme ce fut le cas pour les 846 millions d'euros de dons qui ont permis de reconstruire Notre-Dame de Paris.

Ce chantier, qui a permis de rouvrir en décembre la cathédrale cinq ans après l'incendie, est une des principales actions culturelles d'Emmanuel Macron. Au-delà, son "grand projet", dixit l'Elysée, c'est la Cité internationale de la langue française, dans le château restauré de Villers-Cotterêts, dans l'Aisne.

Si aujourd'hui "le président se place au chevet du Louvre", c'est qu'il se considère, malgré sa perte de pouvoir, comme "garant du temps long", chargé "de protéger tout ce qui fait le patrimoine, la fierté et le rayonnement du pays", plaide son entourage, qui n'hésite pas à élargir son "domaine réservé" au gré de l'actualité.

"Ce n'est pas son domaine", grince pourtant un membre du gouvernement. "Il s'achète des points de popularité à bon compte."


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.