Grenoble : des échauffourées avec la police et une bibliothèque incendiée

Des pompiers et des policiers travaillent sur le site de la bibliothèque Chantal-Maudit, incendiée pendant la nuit à Grenoble par une voiture qui a délibérément foncé sur cet établissement flambant neuf à la suite d'affrontements avec la police, à Grenoble, dans le sud-est de la France, le 19 février 2025. (AFP)
Des pompiers et des policiers travaillent sur le site de la bibliothèque Chantal-Maudit, incendiée pendant la nuit à Grenoble par une voiture qui a délibérément foncé sur cet établissement flambant neuf à la suite d'affrontements avec la police, à Grenoble, dans le sud-est de la France, le 19 février 2025. (AFP)
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Publié le Mercredi 19 février 2025

Grenoble : des échauffourées avec la police et une bibliothèque incendiée

  • L'incendie est survenu peu après minuit, dans ce quartier classé prioritaire du sud-ouest de la capitale iséroise
  • Ce nouvel épisode de violences intervient dans un climat déjà tendu, notamment après une attaque à la grenade la semaine dernière dans un bar associatif

GRENOBLE: Des habitants regardent dépités mercredi la façade détruite de la bibliothèque dans le quartier Mistral de Grenoble, incendiée dans la nuit par une voiture-bélier, après des violences urbaines.

L'incendie est survenu peu après minuit, dans ce quartier classé prioritaire du sud-ouest de la capitale iséroise. Ce nouvel épisode de violences intervient dans un climat déjà tendu, notamment après une attaque à la grenade la semaine dernière dans un bar associatif, ainsi que de fréquentes fusillades entre trafiquants de drogue les mois précédents.

Dès 20H00, des équipages de police (Brigades spécialisées de terrain, BST) et des CRS avaient subi des jets de projectiles, sans être atteints, a indiqué une source policière.

Dans le même temps, entre 20H00 et 21H00, deux interpellations ont eu lieu dans le quartier: un jeune homme pour détention de stupéfiants par la BST puis un trentenaire par les CRS.

Puis, peu après minuit et non loin de là, une bibliothèque "a été intentionnellement incendiée par propagation volontaire de l’incendie déclenché sur un véhicule projeté dans le bâtiment", a indiqué le procureur adjoint de Grenoble François Touret de Coucy.

Les faits ont été commis "dans un contexte de soirée tendue avec tirs de mortiers sur des véhicules de police et leur équipage par des individus non identifiés, possiblement suite à l'interpellation dans la soirée d'un vendeur" de drogue, "sans qu’un lien puisse être établi à ce stade", note-t-il.

"Ce qui se passe à Grenoble, comme dans tant de villes de France, est le signe d’une dérive mafieuse de certaines organisations criminelles qui répondent à l’action de l’État par des intimidations visant les services publics", a réagi sur X le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

Dégâts "colossaux" 

Mercredi matin, des équipes spécialisées examinaient la structure en partie brûlée de cette bibliothèque baptisée au nom de l'alpiniste Chantal Mauduit, a constaté l'AFP. La carcasse de la voiture totalement calcinée, encastrée dans les restes de la façade, a été enlevée des lieux en milieu de matinée.

"Ca a duré toute la nuit. J'étais dans ma chambre et tout d'un coup je vois des flammes, les pompiers qui arrivent. J'ai entendu un bruit, je croyais que c'était des feux d'artifice et c'était le toit qui explosait en haut", relate Sarah, une sexagénaire qui habite l'immeuble voisin.

"Le bâtiment est entièrement inutilisable, les dégâts sont colossaux", n'a pu que constater sur place Lucille Lheureux, adjointe au maire.

"Nous sommes à la fois écœurés, touchés, affectés par cet acte, mais nous sommes aussi déterminés à faire vivre ce service public", a-t-elle déclaré à la presse.

L'élue a condamné "fermement cet acte d'une violence inouïe" qui vient cibler "un équipement qui est au bénéfice de familles, d'enfants".

"Je condamne avec la plus grande fermeté les violences perpétrées hier soir dans ce quartier", a également écrit sur X la préfète de l'Isère Catherine Séguin, promettant le déploiement de policiers "aussi longtemps que nécessaire". Selon elle, "160 effectifs sont déployés dont 80 CRS".

Inaugurée en décembre

La bibliothèque avait été inaugurée en décembre, sur un site qui accueillait précédemment un lieu de "culture populaire", fermé en 2023.

Un groupe de trois jeunes mères regardaient les pompiers travailler depuis le trottoir d'en face: "On est attristées et dégoûtées. Nos enfants sont scolarisés là, ils y vont tous les jours. Il y avait aussi de l'escalade et du taekwondo, des ordinateurs en libre accès".

"Quand j'ai vu ça, j'ai pleuré, ça me dégoûte pour les gosses. Nos enfants ont des activités scolaires ici. La bibliothèque venait d'être rénovée", déplore Tatiana, l'une des trois femmes. "Il va falloir se rabattre sur d'autres structures. Du coup il n'y a plus rien dans le quartier", regrette aussi Lexou, qui l'accompagne.

"La Ville de Grenoble ne reculera pas", a réagi la municipalité dans un communiqué. "Malgré les menaces et les intimidations, elle poursuivra son action pour préserver le lien social et garantir à chaque Grenobloise et Grenoblois l’accès aux services publics", ajoute-t-elle.

La municipalité "réitère sa demande de renforcement des moyens de police nationale pour lutter efficacement contre ces réseaux criminels".

Le ministre de l'Intérieur s'était déplacé à Grenoble vendredi sur le thème de la sécurité, se rendant notamment sur le lieu de l'attaque à la grenade et sur une place connue pour abriter un important point de deal.


Troisième jour de grève au Louvre, le musée partiellement ouvert

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
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  • "On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications"
  • En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants

PARIS: Les agents du Louvre ont reconduit leur mouvement de grève jeudi au troisième jour de leur mobilisation contre leurs conditions de travail, contraignant de nouveau le musée à n'ouvrir qu'une partie de ses espaces, a-t-on appris de sources concordantes.

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre.

De nouveau réunis en assemblée générale jeudi matin, les salariés ont approuvé la poursuite de leur mobilisation contre les problèmes de sous-effectifs, la hausse des tarifs pour les non-Européens ou la dégradation du bâtiment, ont indiqué la CFDT et la CGT.

"On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications", a déclaré à l'AFP la déléguée CFDT Valérie Baud.

En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants.

Jeudi, avec quelques heures de retard liées à la mobilisation, le musée a, comme mercredi, ouvert partiellement ses espaces aux visiteurs qui ont notamment accès au "parcours chefs d’œuvre" incluant la Joconde, la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace, a indiqué la direction à l'AFP.

"Ce n'est pas un message positif par rapport aux grévistes", a réagi la CFDT.

Parallèlement à ce conflit social, la présidente du Louvre s'est de nouveau défendue jeudi matin, au lendemain d'une audition au Sénat où sa gestion de la sécurité du musée a été durement critiquée.

Interrogée sur France Inter, Laurence des Cars a affirmé disposer encore du crédit suffisant pour se maintenir à la tête du Louvre, qu'elle dirige depuis fin 2021.

"Je suis à la manoeuvre, je dirige ce musée dans une tempête, c'est très clair, mais je suis calme, déterminée pour accompagner les 2.300 agents du Louvre", a-t-elle assuré, ajoutant prendre sa "part quotidienne" de responsabilité dans les dysfonctionnements du musée.

 


«Marseille doit continuer à être debout», appelle Amine Kessaci, invité du conseil municipal

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
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  • Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes"
  • "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers"

MARSEILLE: "Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue", a appelé jeudi le militant écologiste Amine Kessaci, après le meurtre de son frère Mehdi en novembre, invité du dernier conseil municipal de la ville avant les prochaines élections municipales.

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire.

Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes". "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers".

Pour le militant écologiste, "attaquer les petits jeunes au pied d'immeuble ne va pas stopper ces trafics internationaux". Il faut "exiger des pays comme l'Arabie Saoudite, comme le Qatar, comme la Thaïlande" d'extrader "les têtes de réseau qui vivent très bien de l'argent de la drogue, vivent loin du territoire et font couler le sang ici chez nous et nos enfants se retrouvent assassinés".

Mardi, lors de son déplacement à Marseille, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé sa détermination à mener la "guerre" contre le narcotrafic.

Il a affiché sa volonté d'aller "chercher dans les pays où sont les têtes de réseau de la coopération, pour pouvoir saisir leurs biens, pour pouvoir arrêter les têtes de réseau, nous les restituer".

Le chef de l’Etat doit se rendre dimanche pour le Noël aux troupes aux Emirats arabes unis, où d'importants narcotrafiquants ont trouvé refuge, selon la justice française.


Pour le Noël des armées, Macron fait cette année le choix des Emirats

La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
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  • En se rendant aux Émirats arabes unis pour le Noël des armées, Emmanuel Macron adresse un message de soutien aux militaires français tout en réaffirmant l’engagement stratégique de la France dans une région marquée par de fortes tensions géopolitiques
  • Ce déplacement met en lumière la solidité du partenariat de défense franco-émirien, pilier de la présence militaire française dans le Golfe et vecteur de stabilité régionale

En choisissant les Émirats arabes unis pour célébrer, les 21 et 22 décembre, le traditionnel Noël des armées françaises, le président Emmanuel Macron a voulu adresser un message clair à ses militaires engagés loin de leurs familles, mais aussi aux partenaires de la France dans une région marquée par de fortes turbulences géopolitiques.

Ce déplacement présidentiel, à la fois militaire et diplomatique, illustre la solidité d’un partenariat stratégique noué de longue date entre Paris et Abou Dhabi.

Comme le veut la tradition, le président de la République partagera un moment privilégié avec les forces françaises déployées sur place, après une séquence bilatérale avec les autorités émiriennes.

Selon le palais de l’Élysée, Emmanuel Macron se rendra directement auprès des militaires : il dînera avec eux, avant de consacrer la matinée suivante à des échanges de terrain et à des démonstrations opérationnelles, au plus près de la réalité de leur engagement en période de fêtes.

Si le choix des Émirats arabes unis n’a rien d’anodin, c’est parce que la région concentre aujourd’hui un grand nombre de crises majeures : conflits persistants au Moyen-Orient, tensions maritimes affectant le commerce mondial, instabilité chronique de plusieurs États.

Un déplacement stratégique dans une région sous tension

Le Golfe est devenu un carrefour stratégique où se croisent enjeux sécuritaires, diplomatiques et économiques et, en s’y rendant, le chef de l’État entend rappeler que la France demeure un acteur militaire et diplomatique engagé à l’échelle mondiale.

Mais ce déplacement est aussi l’occasion d’incarner la relation de confiance qui lie Paris et Abou Dhabi depuis plus de trente ans.

Le partenariat de défense franco-émirien, formalisé et renforcé par un accord signé en 2009, s’est progressivement imposé comme l’un des piliers de la présence française dans la région. Il repose sur une coopération étroite, une interopérabilité accrue des forces et un partage d’objectifs communs en matière de stabilité régionale.

Les Émirats arabes unis accueillent en effet un dispositif militaire français structurant. À Abou Dhabi se trouve un état-major interarmées, à la tête duquel est placé un amiral commandant à la fois les Forces françaises aux Émirats arabes unis (FFAU) et les forces françaises déployées dans l’océan Indien.

Cette implantation est complétée par une base navale française, ainsi que par une base aérienne située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, où sont notamment stationnés des avions de combat Rafale.

À environ 70 kilomètres à l’ouest d’Abou Dhabi, dans une zone désertique, est également déployé le 5ᵉ régiment de cuirassiers, équipé de matériels de dernière génération, dont des chars Leclerc et des véhicules blindés de combat.

C’est sur ce site que se déroulera l’essentiel de la séquence militaire du déplacement présidentiel, avec une démonstration interarmées illustrant les capacités opérationnelles françaises.

Au total, près de 900 militaires français sont stationnés aux Émirats arabes unis. Ils jouent un rôle clé dans plusieurs opérations majeures.

Un partenariat militaire franco-émirien au cœur de la présence française dans le Golfe

Les moyens aériens basés aux Émirats contribuent notamment à l’opération Chammal de lutte contre le terrorisme, tandis que les capacités maritimes participent à l’opération européenne Aspides, destinée à sécuriser le trafic international en mer Rouge, récemment menacé par des attaques visant la navigation commerciale.

Au-delà de la dimension opérationnelle, la présence française aux Émirats arabes unis constitue un symbole fort de coopération stratégique et traduit la volonté partagée de renforcer la stabilité régionale, de sécuriser les grandes routes maritimes internationales et de soutenir les efforts de paix dans des zones fragilisées comme l’Irak, le Yémen, la Libye ou encore le Soudan.

Tous ces sujets pourraient être abordés lors des échanges entre le président français et le président émirien, Cheikh Mohamed ben Zayed.

En se rendant auprès des forces françaises à Noël, accompagné de la ministre des Armées, Emmanuel Macron entend surtout témoigner de son attachement personnel aux militaires engagés loin de la métropole.

Le message qu’il veut leur adresser est autant humain que politique, puisqu’il s’agit d’exprimer la reconnaissance de leur engagement et d’affirmer la crédibilité militaire française.

Dans un contexte international tendu, le choix des Émirats arabes unis pour le Noël des armées apparaît ainsi comme un signal fort : celui d’une France fidèle à ses alliances, pleinement investie dans la sécurité internationale et consciente que sa présence militaire est indissociable de relations diplomatiques durables et de partenariats stratégiques solides.