Nadim Karam évoque l'influence japonaise et les réalités du travail artistique

L'artiste a récemment participé à l'exposition "The Sublime Nature of Being" à Dubaï. (Photo: fournie)
L'artiste a récemment participé à l'exposition "The Sublime Nature of Being" à Dubaï. (Photo: fournie)
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Publié le Mardi 25 février 2025

Nadim Karam évoque l'influence japonaise et les réalités du travail artistique

DUBAI : À l'issue d'une exposition collective à Dubaï, intitulée "The Sublime Nature of Being", Arab News a rencontré l'artiste et architecte libanais Nadim Karam pour évoquer ses inspirations, le pouvoir du mentorat et « l'horloge qui bat dans la poche supérieure de (sa) chemise ».

Ce créateur pluridisciplinaire se concentre sur des sculptures à différentes échelles, ainsi que sur des œuvres sur papier et des projets d'art public spécifiques à un site.

Il a récemment participé à l'exposition "The Sublime Nature of Being" à Dubaï, en collaboration avec le programme ICD Brookfield Arts, où il a présenté son "Penseur silencieux" en acier inoxydable poli.

"La clarté trouvée dans le silence intérieur est à la fois opposée et complémentaire au stimulus et à l'inspiration que l'on peut trouver dans la scène multiculturelle florissante de Dubaï", a-t-il expliqué.

Les années de formation de M. Karam au Liban et ses études de doctorat au Japon continuent d'avoir une influence déterminante sur son travail. Il a étudié auprès des architectes japonais Fumihiko Maki, Tadao Ando et Hiroshi Hara, décédé en janvier.

"Le professeur Hara a profondément influencé mon processus de réflexion. La chose la plus importante que j'ai apprise de lui est la discipline qui consiste à appliquer un concept philosophique à un processus créatif et à aboutir à un produit, qui peut être un bâtiment architectural, une sculpture ou un objet conçu", a déclaré M. Karam.

« Grâce à ses diverses études - des philosophies bouddhistes à la double négation d'Arazu-Arazu, en passant par ses recherches sur les villages du monde entier et son intérêt profond pour les mathématiques, la musique et la cosmologie - il m'a appris à élargir ma vision du monde et à me déplacer constamment à la limite des frontières floues pour mieux comprendre et accepter le monde complexe qui m'entoure », a-t-il confié.

Hara, l'architecte connu pour avoir conçu le bâtiment de la gare de Kyoto et l'Umeda Sky Building d'Osaka, est à l'origine de bâtiments primés tels que le musée d'art de Tasaki dans la préfecture de Nagano et le bureau de Yamato International Inc. à Tokyo, dans le quartier d'Ota au Japon.
Les peintures et les sculptures de Karam ont été exposées dans le monde entier et, en 2002, il a coprésidé la conférence des Nations unies et de l'université de New York à Londres pour la reconstruction de Kaboul, en Afghanistan.

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(Photo: founie)

Lorsqu'il endosse son rôle de conservateur – M. Karam a été le conservateur du Liban à la Biennale de Rotterdam en 2003, entre autres – il considère que sa mission est de faciliter la vision de l'artiste.

"Je donnerais la priorité à l'artiste, car je suis moi-même un artiste ! Lorsqu'il déploie toute l'étendue de son talent, l'œuvre touche le visiteur au plus profond. Dans le processus de création, l'aspect fondamental est de rester fidèle à soi-même, sans se laisser influencer par d'autres critères. Le rôle du conservateur, dès lors, est de situer les œuvres dans leur contexte, en répondant aux questions du où, du comment et du pourquoi", a-t-il révélé.

Compte tenu de son emploi du temps aussi chargé, il est surprenant que l'artiste trouve le temps de travailler. Le tic-tac de l'horloge est d'ailleurs un élément auquel M. Karam prête une attention particulière.

"L'horloge qui bat dans la poche supérieure de ma chemise me pousse toujours vers l'avant, m'envoie des avertissements et planifie mon travail, en particulier dans le cas de la production de sculptures et de projets d'art public qui nécessitent un mécanisme structuré complexe pouvant impliquer des centaines de personnes, en fonction de l'échelle et de la nature de l'œuvre", a-t-il déclaré, notant que l'écriture et la peinture sont des exutoires créatifs qui lui offrent la possibilité de ralentir le rythme.

« Quand je suis seul, même la notion du temps s'efface, et il ne reste que la peinture », a conclu M. Karam.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le musée national Zayed explore l'histoire des Émirats arabes unis

Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région. (Fourni)
Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région. (Fourni)
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  • Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a d'illustres voisins, dont le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena

DUBAI : Alors que le musée national Zayed ("Zayed National Museum") s'apprête à ouvrir ses portes dans la capitale des Émirats arabes unis, Arab News s'est entretenu avec le directeur Peter Magee au sujet des objectifs du musée et de ce à quoi les visiteurs peuvent s'attendre.

La date d'ouverture n'a pas encore été annoncée, mais le centre se concentrera sur l'histoire des Émirats arabes unis et plus particulièrement sur le cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan. Il explorera les premiers établissements humains datant de 300 000 ans, ainsi que la langue, les traditions, la flore et la faune de la région.

"L'histoire du musée est guidée par les valeurs durables du père fondateur des Émirats arabes unis, le cheikh Zayed bin Sultan Al-Nahyan", a expliqué M. Magee. "Nous examinons ces valeurs et la manière dont elles l'ont guidé, mais aussi la manière dont elles reflètent les valeurs sociales qui existent dans les Émirats arabes unis, tant dans le passé que dans le présent - et dans l'avenir.

"C'est un musée national centré sur les Émirats arabes unis, mais il s'intéresse bien sûr aux liens régionaux qui existaient avec d'autres pays du golfe Persique, de l'océan Indien et même d'autres régions.

L'une des pièces maîtresses est la reconstitution grandeur nature d'un bateau Magan de l'âge du bronze, construit avec des roseaux et des cordes en fibre de palmier. Magee et son équipe ont navigué à bord de ce bateau pendant deux jours sur les eaux du golfe Persique.

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Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a d'illustres voisins, dont le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena. (Fourni)

Situé sur l'île de Saadiyat, le musée national Zayed a pour voisins illustres le Louvre Abu Dhabi, le Guggenheim Abu Dhabi, le musée d'histoire naturelle et le teamLab Phenomena.

"J'aime à penser que chacun de ces musées et institutions est sa propre étoile et qu'en les combinant, ils forment une constellation qui peut être lue de manière cohérente aussi bien ensemble qu'individuellement", a déclaré M. Magee.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pavillon saoudien de l'Expo 2025 met en valeur la culture et les artistes du pays

(SPA)
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  • Depuis leur ouverture en avril, les studios ont accueilli plus de 115 événements

OSAKA : Le pavillon du Royaume à l'Expo 2025 présente des œuvres d'art contemporaines d'Arabie saoudite adaptées au public japonais, dans le but de promouvoir les liens culturels entre les deux pays.

Les œuvres d'art sont exposées dans deux studios culturels qui servent également à accueillir des ateliers et des expositions.

Depuis leur ouverture en avril, les studios ont accueilli plus de 115 événements, dont des expositions et des spectacles, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Les événements organisés dans les espaces culturels présentent des artistes saoudiens qui mettent en valeur le patrimoine du Royaume.

Le pavillon de l'Arabie saoudite à l'Expo 2025 est le deuxième plus grand après celui du Japon. Il a enregistré plus d'un million de visites.

L'Expo 2025 d'Osaka a débuté en avril et se terminera en octobre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.jp


Les derniers services de Bernard Pacaud, «dernier des Mohicans» de la gastronomie française

"C'est un cuisinier, il reste dans sa cuisine", résume Jérôme Banctel, chef triplement étoilé du Gabriel, qui a travaillé dix ans auprès de lui.  Sa cuisine est à son image: sans fioriture mais extrêmement exigeante, fruit d'une rigueur constante et quotidienne. (AFP)
"C'est un cuisinier, il reste dans sa cuisine", résume Jérôme Banctel, chef triplement étoilé du Gabriel, qui a travaillé dix ans auprès de lui. Sa cuisine est à son image: sans fioriture mais extrêmement exigeante, fruit d'une rigueur constante et quotidienne. (AFP)
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  • Ce départ, c'est une "décision extrêmement difficile", confie sa fille Alexia Pacaud, cheffe pâtissière de l'établissement. "C'est quelque chose qu'il a construit pendant toute sa vie. C'était beaucoup d'angoisse"
  • "Il était malade à l'idée de partir. Mais, maintenant que Shintaro est là, ça va mieux. Il est serein", poursuit son épouse Danièle Pacaud, qui gère la salle

PARIS: C'est une page de l'histoire de la gastronomie qui se tourne: après plus de 40 ans aux commandes de L'Ambroisie, le plus ancien restaurant trois étoiles de Paris, le chef Bernard Pacaud s'apprête à raccrocher son tablier.

Considéré comme l'un des derniers maîtres de la cuisine française classique, le chef de 77 ans va céder sa place à Shintaro Awa, 39 ans, formé notamment aux côtés du chef trois étoiles Éric Frechon au restaurant Épicure du Bristol Paris.

Ce départ, c'est une "décision extrêmement difficile", confie sa fille Alexia Pacaud, cheffe pâtissière de l'établissement. "C'est quelque chose qu'il a construit pendant toute sa vie. C'était beaucoup d'angoisse".

"Il était malade à l'idée de partir. Mais, maintenant que Shintaro est là, ça va mieux. Il est serein", poursuit son épouse Danièle Pacaud, qui gère la salle.

La transition, qui doit durer tout l'été, voire plus si besoin, se passe "très bien", confirme à l'AFP Bernard Pacaud.

Le chef, que ses pairs surnomment "le dernier des Mohicans", est connu pour sa discrétion. Pas question de participer à l'émission culinaire "Top Chef" ou de s'épancher dans les médias pour celui qui se décrit comme un "taiseux".

"C'est un cuisinier, il reste dans sa cuisine", résume Jérôme Banctel, chef triplement étoilé du Gabriel, qui a travaillé dix ans auprès de lui.

Sa cuisine est à son image: sans fioriture mais extrêmement exigeante, fruit d'une rigueur constante et quotidienne.

Feuillantine de langoustines au curry, bar au caviar, sans oublier sa fameuse tarte au chocolat... "Une cuisine jamais à la mode mais jamais démodée et toujours respectée", souligne Jérôme Banctel.

Se reconstruire par le travail 

Cette exigence ne doit rien au hasard. Né en Bretagne, dans l'ouest de la France, d'un père inconnu et d'une mère célibataire après la guerre, Bernard Pacaud est d'abord élevé par ses grands-parents.

À 6 ans, il quitte sa région natale pour Lyon (centre-est) afin de rejoindre sa mère remariée à un homme violent. Placé en foyer avec ses demi-frères, il trouve un refuge à 12 ans auprès d'Eugénie Brazier, dite la "Mère Brazier", première femme triplement étoilée qui le prend sous son aile.

C'est elle qui lui transmet sa maxime de vie: "Lorsqu'on a tout perdu, c'est par le travail qu'on se reconstruit".

Venu à Paris après son service militaire, Bernard Pacaud officie d'abord à La Méditerranée puis à La Coquille, avant d'intégrer Le Vivarois, le restaurant trois étoiles de Claude Peyrot, où il rencontre sa femme Danièle.

Ensemble, ils ouvrent en 1981 L'Ambroisie, quai de Tournelle. "On avait dit: on fait un restaurant pour copains. Bernard disait: +Les étoiles, ça va, j'ai donné+", se souvient son épouse.

L'histoire leur donne tort: dix mois plus tard, ils obtiennent une première étoile et, l'année suivante, une deuxième. En 1986, ils s'installent place des Vosges et décrochent un troisième macaron en 1988, qui ne leur sera jamais retiré — un record de longévité à Paris.

Invités de marque 

L'Ambroisie s'est imposé au fil des décennies comme une institution. En 1997, le président Jacques Chirac y invite son homologue américain Bill Clinton. En 2015, François Hollande choisit l'adresse pour recevoir Barack et Michelle Obama.

Pas de quoi impressionner Shintaro Awa. "Je n'ai vraiment aucune pression d'avoir deux ou trois étoiles. Moi, je fais le nécessaire pour faire de la gastronomie", assure le chef originaire du Japon.

De son côté, Bernard Pacaud va devoir apprendre à lever le pied, lui qui est présent à chaque service, midi et soir, affirme sa femme.

Rien n'est moins sûr toutefois. "Je le récupère avec moi dans mon projet" de salon de thé, affirme sa fille Alexia.

"Le but ce n'est pas de l'avoir avec moi en cuisine", assure-t-elle, mais de lui laisser l'opportunité de le faire s'il le souhaite. "Qu'il continue à pouvoir faire ce qu'il aime, sans la pression des étoiles."