Offensif contre Trump, Carney assure que le Canada « gagnera »

Le chef libéral du Canada et Premier ministre élu Mark Carney s'exprime après avoir été élu à la tête du Parti libéral, à Ottawa, le 9 mars 2025. L'ancien banquier central est chargé de diriger la réponse d'Ottawa aux menaces du président américain, le 9 mars 2025. (Photo by Dave Chan / AFP)
Le chef libéral du Canada et Premier ministre élu Mark Carney s'exprime après avoir été élu à la tête du Parti libéral, à Ottawa, le 9 mars 2025. L'ancien banquier central est chargé de diriger la réponse d'Ottawa aux menaces du président américain, le 9 mars 2025. (Photo by Dave Chan / AFP)
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Publié le Lundi 10 mars 2025

Offensif contre Trump, Carney assure que le Canada « gagnera »

  • Le futur Premier ministre du Canada, Mark Carney, est monté au créneau contre Donald Trump, assurant dans un discours offensif que son pays « gagnera » et « ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque façon que ce soit ».
  • L'ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a promis de « bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales ».

OTTAWA : Le futur Premier ministre du Canada, Mark Carney, est monté au créneau contre Donald Trump, assurant dans un discours offensif que son pays « gagnera » et « ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque façon que ce soit ».

« Les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu'un lance le gant. Que les Américains ne s'y trompent pas. Dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera », a-t-il lancé dimanche soir, en référence à la rivalité sportive des deux pays, instrumentalisée récemment par Donald Trump.

« Donald Trump attaque les familles, les travailleurs et les entreprises canadiennes, nous n'allons pas le laisser réussir », a promis Mark Carney lors de son discours, après avoir été triomphalement élu à la tête du Parti libéral pour remplacer Justin Trudeau.

Le président américain a lancé une guerre commerciale avec son voisin en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu'il souhaite que le Canada devienne le « 51ᵉ État américain ».

« Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays », a-t-il mis en garde. « S'ils devaient réussir, ils détruiraient notre façon de vivre. » « Aux États-Unis (...) il n'y aura jamais de droit à la langue française », a-t-il dit dans son discours, passant régulièrement de l'anglais au français. « La joie de vivre, la culture et la langue française font partie de notre identité ».

L'ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a promis de « bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales ».

Il deviendra officiellement Premier ministre dans les jours qui viennent, après une passation de pouvoir avec Justin Trudeau, qui avait annoncé sa démission début janvier, après près de dix ans au pouvoir.

M. Carney pourrait cependant ne pas rester en poste très longtemps, puisque le Canada doit organiser des élections au plus tard en octobre.

- Élections -

Dans le centre des congrès de la capitale d'Ottawa, où de grands drapeaux canadiens ont été installés sous des spots rouges, les militants ont exulté à l'annonce des résultats.

Pour Sean Cruz, un des militants, ce vote est « un bon résultat. Nous avons besoin d'un nouveau visage au gouvernement et d'un nouveau visage au sein du parti ».

Luzminda Longkines, vêtue de rouge, se réjouit d'avoir un parti fort face aux conservateurs qui affirment que le « pays est cassé ». « Mais c'est faux et Donald Trump vient d'unir le pays, nous avons maintenant un ennemi commun ! »

Dans son discours d'adieu, Justin Trudeau a lui aussi mis en garde le pays, estimant que les attaques de Donald Trump représentaient un « défi existentiel ».

Mark Carney, originaire de l'ouest canadien, devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.

« Il est considéré comme le seul candidat qui donne aux libéraux une chance de remporter les prochaines élections », estime Cameron D. Anderson, de l'université Western Ontario.

- Félicitations internationales

Jusqu'ici, les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux usés, impopulaires et jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics. Mais l'arrivée de Donald Trump a rebattu les cartes politiques.

Économiste sorti à la fois de Harvard aux États-Unis et d'Oxford au Royaume-Uni, Mark Carney a fait fortune en tant que banquier d'affaires chez Goldman Sachs avant de diriger la Banque du Canada puis la Banque d'Angleterre.

Selon un sondage de l'institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43 % des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34 % pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.

La Chine, qui entretient des relations tumultueuses avec le Canada, a félicité M. Carney, tout en disant « espérer que la partie canadienne pourra garder une vision objective et rationnelle » et « suivre une politique positive et pragmatique » à son égard, selon la déclaration d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Parmi les Européens, le Premier ministre britannique Keir Starmer se réjouit, lui, de « travailler en étroite collaboration avec lui sur des priorités internationales communes, notamment au sein du G7 », tandis qu'Emmanuel Macron a souligné qu'« au moment où nous faisons face à tant de défis, les liens entre la France et le Canada sont plus forts que jamais ».


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.