Pourquoi les druzes syriens font confiance à Damas et non à Israël

Des Syriens ont manifesté sur la place Karama, dans la ville de Suweida, le 25 février, en opposition à l'appel d'Israël à la démilitarisation du sud de la Syrie et à la création d'une zone tampon. (AFP/File)
Des Syriens ont manifesté sur la place Karama, dans la ville de Suweida, le 25 février, en opposition à l'appel d'Israël à la démilitarisation du sud de la Syrie et à la création d'une zone tampon. (AFP/File)
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Publié le Mercredi 12 mars 2025

Pourquoi les druzes syriens font confiance à Damas et non à Israël

  • Les druzes semblent avoir répondu au pragmatisme du nouveau régime syrien, en particulier après son accord avec les FDS
  • Dans une région aussi profondément polarisée, l'aide extérieure garantit rarement la sécurité, la stabilité ou la coexistence pacifique

LONDRES: Un jour après l'accord surprenant entre le gouvernement intérimaire de la République arabe syrienne et les Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes, des informations révèlent qu'un accord similaire serait en préparation entre le gouvernement et les représentants druzes de la province de Suwayda.

Cet accord imminent permettrait aux forces de sécurité syriennes d'accéder au bastion druze du sud du pays, grâce à la coopération et aux liens établis avec les deux chefs militaires Laith al-Bal'ous et Suleiman Abdoul-Baqi, ainsi qu'avec les notables locaux.

L'accord prévoit que la population de Suwayda puisse rejoindre les forces de défense et de sécurité du gouvernement et accéder à des emplois dans la fonction publique. Il reconnaît également la communauté druze comme une composante à part entière du peuple syrien.

En contrepartie, l'ensemble des centres et installations de sécurité de la province serait placé sous la responsabilité de l'Autorité générale de sécurité du gouvernement intérimaire. 

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Les Druzes, qui sont répartis en Syrie, au Liban et en Israël, sont une secte islamique ésotérique issue du chiisme ismaélien. (AFP/File)

Contexte de l'évolution de la situation 

La fluidité de la situation politique en Syrie a toujours été destinée à avoir des répercussions régionales, car ce pays est l'un des plus importants sur le plan stratégique au Proche-Orient.

L'annonce par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou que Tel-Aviv s'engageait à «protéger la communauté druze dans le sud de la Syrie» n'a pas été une surprise.

C'était particulièrement le cas pour les observateurs qui ont suivi de près le déroulement de cette saga depuis le soulèvement syrien de 2011 contre le régime de Bachar el-Assad.

Plusieurs facteurs doivent être pris en considération pour tenter de comprendre ce qui se passe.

Il est important de rappeler que le régime des Assad, vieux de 54 ans, n'a pas contribué à sauvegarder les libertés, la démocratie et les droits de l'homme.

L'État sectaire et policier a donné d'énormes avantages à la minorité alaouite du clan Assad, au détriment de la majorité sunnite qui représente plus de 75% de la population syrienne.

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Israël compte une petite communauté druze, et quelque 24 000 Druzes vivent également sur le plateau du Golan occupé par Israël, qu'il a repris à la Syrie lors de la guerre de 1967 et annexé en 1981. (AFP/File)

Règle sous les deux anciens présidents

Compte tenu de sa base minoritaire, le régime a également dû compter sur le soutien d'autres minorités religieuses pour faire face à la frustration persistante des sunnites.

 Le massacre de Hama en 1982 contre les Frères musulmans a intensifié l'animosité et la méfiance et a poussé le pays sur la voie de la polarisation politique et sectaire.

Toutefois, pendant cette période, le leadership fort et l'intelligence tactique de Hafez el-Assad, qui a gouverné entre 1971 et sa mort en 2000, ont permis de tenir l'opposition à distance.

Le régime s'est efforcé de rassurer les minorités religieuses et sectaires en leur faisant croire que sa campagne musclée à Hama était nécessaire pour les sauver d'un prétendu fondamentalisme islamiste.

La lecture et la gestion astucieuses de la situation régionale par Hafez el-Assad ont convaincu le régime iranien – son allié de confiance depuis la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 – que sa vision du Proche-Orient était entre de bonnes mains.

Cette situation a commencé à changer lorsque l'emprise de Hafez el-Assad sur le régime a commencé à s'affaiblir. Il y a d'abord eu la mort de son fils aîné et héritier présomptif Basel dans un accident de la route en 1994, puis sa santé s'est détériorée jusqu'à sa mort en 2000.

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Le gouvernement intérimaire de la Syrie a annoncé lundi qu'il avait achevé une opération militaire contre une insurrection naissante. (AFP/File)

La Syrie de Bachar

Le deuxième fils de Hafez Assad, Bachar, médecin, qui avait été préparé pour devenir l'héritier après la mort de Maher, est devenu le dirigeant de facto avec la plupart des responsabilités politiques, des alliances et du personnel.

Cependant, Bachar n'avait pas la perspicacité et l'expertise de son père. En outre, il ne jouissait pas d'un grand respect au sein du régime de son père et auprès des alliés régionaux de ce dernier.

De nombreux lieutenants politiques et militaires chevronnés de son père ont été marginalisés. En outre, de nombreux alliés de son père en Syrie et au Liban, devenu une entité politiquement soumise, ont été mis à l'écart.

Plus important encore, peut-être, Bachar n'a pas gagné le respect et la confiance de l'Iran qui, en 2004, était devenu un acteur régional puissant, à la fois au Liban, par l'intermédiaire du Hezbollah, et en Irak, dominé par les chiites après la chute de Saddam Hussein.

En fait, l'Iran est devenu le véritable courtier du pouvoir au Liban et en Irak, laissant au régime de Bachar une façade d'influence. 

Pendant ce temps, Israël, qui surveillait attentivement le changement au sommet de la hiérarchie en Syrie, se préparait à faire face à une plus grande implication de l'Iran.

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Certains critiques considèrent que la préoccupation déclarée d'Israël pour les Druzes est un écran de fumée pour établir de nouvelles zones tampons à l'intérieur de la Syrie afin de protéger ses frontières des menaces extrémistes potentielles. (AFP/File)

La Syrie vue par Israël

 Depuis la guerre de 1973, Israël a été rassuré sur ses frontières pacifiques avec la Syrie. Tel-Aviv a toujours cru que, malgré une rhétorique dure, le régime Assad ne représenterait aucune menace pour son occupation du plateau du Golan.

Toutefois, l'implication directe de l'Iran au Liban nécessite une attention particulière, mais les Israéliens ne sont pas trop inquiets. Ils pensent que l'Iran ne défiera jamais les États-Unis dans la région.

Néanmoins, le chantage constant supposé de l'Iran n'était pas un scénario réconfortant, compte tenu de ses ambitions nucléaires. En outre, le Hezbollah est devenu un sérieux perturbateur.

Après l'assassinat de l'ancien Pministre libanais Rafic Hariri en 2005, le Hezbollah a gagné en puissance, en influence et en confiance. Il avait une forte emprise sur la politique libanaise et contrôlait les frontières méridionales du pays avec Israël.

La guerre frontalière de 2006 entre le Hezbollah et Israël a constitué un événement important. Elle s'est terminée par un retour du Hezbollah du sud vers l'intérieur du Liban en 2008, lorsqu'il a attaqué Beyrouth et le Mont-Liban.

Le soulèvement de 2011

Après le soulèvement syrien de 2011, le Hezbollah a souligné sa mission régionale en rejoignant l'armée du régime syrien pour combattre les rebelles, aux côtés de plusieurs milices chiites alignées sur des groupes iraniens, irakiens, afghans et pakistanais.

Le soulèvement syrien, qui s'est transformé en l'une des guerres les plus sanglantes de la région, a coûté la vie à environ un million de personnes, en a déplacé plus de 10 millions et a laissé de nombreuses villes et villages en ruine.

La guerre a élargi, comme jamais auparavant, le fossé sectaire en Syrie, ainsi qu'au Liban et en Irak. Des éléments plus radicaux, locaux et étrangers, se sont joints aux belligérants, alimentant encore les craintes.

Quant à la communauté druze, elle a souffert comme beaucoup d'autres, en particulier dans les zones de conflit. Plusieurs zones habitées par les Druzes ont été attaquées ou menacées par des groupes radicaux armés.

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Dans une région aussi profondément polarisée, l'aide extérieure garantit rarement la sécurité, la stabilité ou la coexistence pacifique. (AFP/File)

Attaques et craintes

Le premier attentat meurtrier a eu lieu en décembre 2014 et a coûté la vie à 37 civils.

Selon des sources pro-régime, il visait le village d'Arnah et des villages druzes voisins plus petits, sur les pentes orientales du mont Hermon, sur les hauteurs du Golan.

Le second a eu lieu le 10 juin 2015 dans le village de Qalb Lozeh, dans la province d'Idlib, au nord-ouest du pays, par un groupe armé de Jabhat al-Nusra, dirigé par un certain Abdoul-Rahmane al-Tunisi.

Les assaillants ont tenté de confisquer les maisons des villageois qu'ils accusaient de blasphème et de coopérer avec l'armée d'Assad, ce qui a entraîné la mort de 24 personnes.

Les pires attaques, cependant, ont été menées par Daech qui a ciblé huit villages dans la partie orientale de la province de Suwayda en juillet 2018, avec 221 villageois tués et 200 autres blessés, en plus de nombreuses prises d'otages.

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Plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour comprendre l'intérêt d'Israël pour les Druzes. (AFP/File)

Le dernier événement avant l'intervention controversée de Netanyahou s'est produit après la chute du régime Assad.

À Jaramana, dans la banlieue de Damas, des frictions sont apparues entre les groupes de défense druzes locaux et les nouvelles forces de sécurité syriennes en raison du refus des premiers de rendre leurs armes.

Cette situation s'est ajoutée aux difficultés rencontrées par l'armée pour maintenir son contrôle sur les régions alaouites de Lattaquié et de Tartous, ainsi que sur le nord-est du pays, tenu par les Kurdes, où les FDS, à majorité kurde, sont actives.

En Israël, où vivent plus de 120 000 druzes, Netanyahou a saisi l'occasion de se présenter comme le protecteur de la communauté, reconnaissant la stratégie éprouvée de diviser pour régner au Levant.

Il était conscient du rôle joué par l'Iran en tant que protecteur des chiites, par certains Turcs en tant que défenseurs des sunnites, et par certains gouvernements occidentaux conservateurs qui prétendent défendre les valeurs de la chrétienté.

Cependant, plutôt que de se tourner vers Israël pour obtenir une protection, les druzes semblent avoir répondu au pragmatisme du nouveau régime syrien, en particulier après son accord avec les FDS, qui témoigne de son engagement à faire respecter les droits de la minorité kurde.

Les récentes attaques contre la minorité alaouite mettent en évidence deux points essentiels: premièrement, le nouveau gouvernement doit démontrer qu'il représente tous les Syriens et, deuxièmement, une intervention étrangère – israélienne ou autre – pourrait avoir un coût politique important.

Dans une région aussi profondément polarisée, l'aide extérieure garantit rarement la sécurité, la stabilité ou la coexistence pacifique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, le monastère du Saint des miracles attend le pape

"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
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  • La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre
  • Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles

ANNAYA: "Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV.

La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre.

"Ma famille et moi avons une grande foi en Saint Charbel et nous lui rendons toujours visite", déclare Charbel Matar, 69 ans, entouré de son épouse et ses amis.

"J'ai failli mourir quand j'avais cinq ans. Il a accompli un miracle, il m'a sauvé de la mort et m'a maintenu en vie pendant 64 années de plus", ajoute l'homme dont les parents ont changé le prénom de Roger à Charbel en l'honneur du saint.

Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles.

Les portraits du saint, avec sa longue barbe blanche, ornent maisons, voitures, mêmes bureaux, et les visiteurs affluent au monastère, qui porte le nom de Saint Maron, en toutes saisons.

"J'étais certaine que le pape allait visiter Saint Charbel (..) car Rome ne peut pas nier les miracles qu'il accomplit", dit Randa Saliba, une femme de 60 ans. "Saint Charbel est un message d'amour (..), il garde vivant le message chrétien".

La dernière visite d'un souverain pontife au Liban avait été celle de Benoit XVI en 2012.

Toutes les confessions 

En prévision de l'arrivée du pape, des ouvriers appliquent une couche d'asphalte sur la route menant au paisible monastère, dans les montagnes boisées d'Annaya qui surplombent la mer.

Des visiteurs, dont des femmes musulmanes voilées, se promènent sur le site, où la cellule monacale de Saint Charbel a été gardée intacte. Certains allument des bougies et récitent des prières.

Fils de bergers, le moine originaire du nord du Liban était entré dans les ordres à l'âge de 23 ans, avant de mener une vie d'ermite.

L'abbé Tannous Nehmé, vice-recteur de Saint Maron, affirme que le monastère attire environ trois millions de visiteurs chaque année.

"Ce ne sont pas seulement des chrétiens - beaucoup de musulmans, ou des personnes non croyantes, viennent. Des gens arrivent de partout: d'Afrique, d'Europe, de Russie", affirme-il.

Au milieu des effluves d'encens, seul le bruit des travaux de restauration de la tombe de Saint Charbel troublent la quiétude du monastère.

C'est là que, lorsque la tombe a été ouverte en 1950, des représentants du clergé ont constaté que le corps du saint était intact, plus d'un demi-siècle après sa mort.

Le monastère a recensé des dizaines de milliers de personnes qui ont affirmé avoir été guéries par Saint Charbel.

La miraculée la plus célèbre est une Libanaise, Nohad Chami, diagnostiquée avec une maladie en phase terminale en 1993.

Elle affirme avoir eu une vision de Saint Charbel qui l'a guérie. Elle est décédée cette année, à l'âge de 75 ans.

"L'espoir" 

Le Liban, un pays multiconfessionnel, est le seul Etat arabe où le président de la République est un chrétien maronite, en vertu du partage du pouvoir entre les communautés.

"La visite du pape est très importante pour le Liban. Elle apporte du bien et la bénédiction", se réjouit Claude Issa, une mère de trois enfants âgée de 56 ans.

Le Liban est sorti d'une guerre meurtrière il y a près d'un an entre le Hezbollah et Israël, qui continue de mener des frappes dans le pays, disant viser des membres ou infrastructures du mouvement pro-iranien.

Secoué par une crise économique inédite depuis 2019, il a également connu en août 2020 une énorme explosion, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une partie de Beyrouth.

Le pape doit tenir le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion, au port de Beyrouth, et célébrer une messe publique.

"Sa visite donnera un élan aux gens, leur fera sentir qu'il y a toujours de l'espoir au Liban", affirme Claude Issa.

 


L'ONU s'alarme «pour la survie de Gaza»

La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
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  • Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme"
  • "Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport

GENEVE: La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée.

Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme", dénonce un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

"Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Plus de 69.756 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas. Ces données, jugés fiables par l'ONU, ne précisent pas le nombre de combattants tués mais indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.

Selon le rapport de la Cnuced, les opérations militaires israéliennes ont fait passer Gaza "d'une situation de sous-développement à celle d'une ruine totale".

L'ONU estime qu'environ 70 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire le territoire palestinien.

"Même dans un scénario optimiste, dans lequel la croissance atteint un taux à deux chiffres et l'aide étrangère afflue, il faudra plusieurs décennies pour que Gaza retrouve le niveau de qualité de vie d'avant octobre 2023", souligne le rapport.

La Cnuced appelle à la mise en oeuvre "d'un plan de redressement d'ensemble" qui associe "une aide internationale coordonnée, le rétablissement des transferts fiscaux" d'Israël vers Gaza "et des mesures visant à alléger les contraintes qui pèsent sur le commerce, les déplacements et l'investissement".

Cette agence onusienne appelle à instaurer, dans ce cadre, un revenu de base universel à Gaza, pour pourvoir à la subsistance de tous les habitants, sous forme d'un programme d'aide en espèces, "reconductible et sans conditions" et qui serait versé mensuellement.

La Cnuced note également qu'en Cisjordanie occupée, "la violence, l'expansion accélérée des colonies et les restrictions à la mobilité de la main-d'oeuvre" sont à l'origine du pire déclin économique depuis que l'agence a commencé à tenir des registres en 1972.


Au Soudan, les paramilitaires annoncent une trêve unilatérale de trois mois

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
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  • L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués
  • "En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Daglo

PORT-SOUDAN: Les paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé lundi une trêve humanitaire unilatérale de trois mois, au lendemain du rejet par l'armée rivale d'une proposition internationale de cessez-le-feu dans le pays ravagé par plus de deux ans d'un conflit meurtrier.

Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d'une guerre pour le pouvoir, opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays, aux FSR de son ancien bras droit Mohamed Hamdane Daglo.

Le conflit, marqué par des exactions dans les deux camps et auquel plusieurs médiateurs internationaux tentent de mettre un terme, a fait plusieurs dizaines milliers de morts et forcé le déplacement de millions de personnes, plongeant le pays dans ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire" au monde.

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués.

"En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Hamdane Daglo, dans une allocution vidéo enregistrée.

Les paramilitaires avaient indiqué début novembre accepter le principe d'une trêve humanitaire proposée par les médiateurs, à laquelle l'armée n'avait pas répondu, et les combats entre les deux camps n'ont pas cessé depuis.

Le chef de l'armée a lui jugé dimanche "inacceptable" la nouvelle proposition de trêve, appelé les citoyens désireux de défendre leur pays à "rejoindre immédiatement les lignes de front" et accusé la médiation de partialité.

Frères musulmans? 

"Encore une fois, le général (Abdel Fattah) al-Burhane refuse les offres de paix. Dans son rejet de la proposition américaine pour le Soudan, dans son refus obstiné d'un cessez-le-feu, il fait sans cesse preuve d'un comportement d'obstruction", a réagi lundi la ministre d'Etat à la coopération internationale des Emirats, Reem al Hashimy.

Le général Burhane a estimé que la dernière proposition envoyée par l'émissaire américain était "la pire", car, selon lui elle "élimine les forces armées, dissout les agences de sécurité et maintient les milices là où elles sont" au lieu de les désarmer.

Il a également rejeté les "récits" selon lesquels les islamistes des Frères musulmans contrôleraient l'armée, accusant M. Boulos de reprendre les éléments de langage des Emirats.

"Où sont ces soi-disant membres des Frères musulmans au sein de l'armée soudanaise? Nous ne les connaissons pas. Nous entendons seulement de telles affirmations dans les médias", a-t-il dit.

Dans son discours diffusé lundi, le chef des FSR a réaffirmé son "engagement en faveur d'un processus politique auquel participent tous les acteurs, à l'exception du mouvement islamiste terroriste des Frères musulmans et du Congrès national (parti désormais interdit du général Omar el-Béchir au pouvoir de 1989 à 2019, NDLR), car ils sont responsables de toute la tragédie que vit notre peuple depuis trois décennies".

Au cours des deux dernières années, les parties belligérantes au Soudan ont violé tous les accords de cessez-le-feu, entraînant l'échec des efforts de négociation.