Ortagus: vers un désarmement «dès que possible» du Hezbollah

Le Hezbollah et toutes les milices au Liban doivent être désarmés «dès que possible», a déclaré l'envoyée spéciale adjointe américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision libanaise LBCI. (Capture d'écran LBCI)
Le Hezbollah et toutes les milices au Liban doivent être désarmés «dès que possible», a déclaré l'envoyée spéciale adjointe américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision libanaise LBCI. (Capture d'écran LBCI)
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Publié le Mardi 08 avril 2025

Ortagus: vers un désarmement «dès que possible» du Hezbollah

  • Morgan Ortagus déclare que le peuple libanais doit être «libéré de l'influence étrangère et du terrorisme»
  • L'envoyée spéciale fait l'éloge du nouveau cabinet libanais, décrivant les ministres comme de «vrais patriotes» ayant une vision claire des réformes

LONDRES: Le Hezbollah et toutes les milices au Liban doivent être désarmés «dès que possible», a déclaré l'envoyée spéciale adjointe américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision libanaise LBCI.

Mme Ortagus, qui s'adressait à Toni Mrad de la LBCI lors d'un entretien diffusé dimanche, a souligné la position ferme du président Donald Trump selon laquelle ce n'est qu'en désarmant les groupes militants que le peuple libanais pourra être «libéré de l'influence étrangère, du terrorisme et des peurs qui ont été si omniprésentes dans la société».

S'exprimant lors de sa deuxième visite au Liban, où elle a tenu des «réunions fantastiques» avec le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, Mme Ortagus a également réitéré le soutien continu de Washington à la souveraineté du Liban, tout en soulignant que le désarmement restait un pilier central de tout redressement significatif.

«Nous évoquons toujours le désarmement du Hezbollah. Cependant, il ne s'agit pas seulement du Hezbollah, mais de toutes les milices de ce pays», a déclaré Mme Ortagus.

«Le président Aoun a dit clairement dans son discours d'investiture qu'il voulait que l'État ait le monopole de la force, qu'il soit le seul à détenir les armes. C'est une position que nous soutenons», a-t-elle ajouté.

Lorsqu'on lui a demandé d'indiquer un calendrier pour le désarmement du groupe soutenu par l'Iran, Mme Ortagus a répondu qu'il n'y avait «pas nécessairement de calendrier», mais que cela devait se faire «dès que possible».

Elle a ajouté que les États-Unis fournissaient de l'aide et de l'assistance, de la formation, du financement et de l'équipement aux forces armées libanaises depuis des décennies.

«Il s'agit d'une priorité américaine très importante. Maintenant que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, où les FAL sont réellement en mesure, sous la direction du président Aoun, d'exercer une plus grande autorité sur l'État, nous voulons les aider à atteindre ces objectifs. Ces objectifs sont réels, ils sont clairs», a-t-elle déclaré.

Mme Ortagus, qui a été porte-parole du département d'État durant la première administration Trump, s'est dite «très optimiste» quant au nouveau cabinet libanais, décrivant ses ministres comme de «vrais patriotes» ayant une vision claire des réformes. Cela contraste fortement avec ce qu'elle a décrit comme les conditions «déprimantes» de la dernière décennie.

Photo fournie par la présidence libanaise le 5 avril 2025, montrant le président libanais Aoun (à droite) rencontrant Mme Ortagus (2e à droite) et des membres de sa délégation au palais présidentiel de Baabda. (AFP)

Lorsqu'on lui a demandé si le Hezbollah pourrait jouer un rôle politique au Liban s'il était désarmé, Mme Ortagus a répondu en recadrant la question en termes de politique américaine plus large sous Trump.

«Je ne viens pas ici en tant que fonctionnaire américaine représentant l'administration Trump pour faire des demandes en disant vous devez faire ceci ou cela. Au contraire, j'encourage et je dis: si vous voulez un partenariat continu avec les États-Unis, vous devez atteindre certains objectifs et remplir certains critères», a-t-elle déclaré.

«Lorsque je suis venue ici la première fois, il était important pour moi que Nawaf Salam n'ait pas de représentants du Hezbollah parmi ses ministres, et il était tout aussi important qu'il n'y ait pas de ministres corrompus; la corruption a érodé la confiance de la société.»

«Si les dirigeants libanais choisissent de travailler ensemble et de s'associer au gouvernement américain pour désarmer le Hezbollah, respecter la cessation des hostilités et mettre fin à la corruption endémique, nous serons un partenaire et un ami merveilleux. Et il y en aura d'autres à l'avenir.»

«Mais si le gouvernement et les dirigeants choisissent de ralentir le processus ou de ne pas participer à la vision du Liban que nous partageons, c'est un choix qu'ils peuvent faire. Mais ils ne doivent pas s'attendre à un partenariat s'ils n'atteignent pas ces objectifs», a-t-elle ajouté.

En ce qui concerne les spéculations sur une éventuelle normalisation des relations du Liban avec Israël, Mme Ortagus a considéré la question comme prématurée.

«Je n'ai pas eu une seule conversation à ce sujet ici au Liban. Nous nous concentrons actuellement sur la mise en œuvre de la cessation des hostilités. Nous nous concentrons sur le désarmement du Hezbollah. Nous nous concentrons sur les réformes économiques», a-t-elle déclaré. «Il faut marcher avant de courir; nous en sommes encore à ce stade.»

En ce qui concerne l'aggravation de la crise économique au Liban, Mme Ortagus a déclaré que le soutien des États-Unis dépendrait des réformes, faisant écho aux positions adoptées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

«Le Liban doit sortir de la liste grise du GAFI (Groupe d'action financière). Il doit aller au-delà d'une économie basée sur l'argent liquide. Il doit revenir à un secteur financier sophistiqué, celui pour lequel le Liban était connu», a-t-elle déclaré.

Mme Ortagus a révélé qu'elle avait été frappée par un panneau d'affichage à Beyrouth sur lequel on pouvait lire «Make Lebanon Great Again», et qu'elle en avait pris une photo pour la montrer à M. Trump.

«J'ai adoré ce panneau, a-t-elle déclaré. Si vous voulez que le Liban redevienne grand, vous devez mettre en œuvre ces réformes. C'est difficile, mais le Liban se trouve dans l'une des pires situations financières que j'ai vues au cours des 20 ou 30 dernières années.»

Qualifiant la situation de «dévastatrice», elle a prévenu que des changements radicaux étaient nécessaires pour éviter l'effondrement. «Pour vous sauver, vous aurez besoin de réformes, et certaines d'entre elles seront radicales, pour sauver le pays.»

Mme Ortagus a également appelé à une révision de l'approche traditionnelle de la reconstruction post-conflit, fondée sur l'aide des donateurs, et a plaidé en faveur d'une augmentation des investissements du secteur privé et de l'innovation.

«Notre vision du Liban n'est pas seulement celle d'un pays donateur qui demande toujours des dons», a-t-elle déclaré à M. Mrad. «Comment pouvons-nous imaginer une meilleure façon de reconstruire le Liban-Sud? Nous voulons que les gens aient des emplois. Nous voulons qu'ils aient de l'espoir pour l'avenir.»

Faisant référence à la dévastation régionale à Gaza, en Syrie et au Liban, elle a déclaré que le monde devait «regarder différemment ces régions déchirées par la guerre» et donner à leurs jeunes les moyens de participer à la construction d'un avenir plus prospère.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes israéliennes sur un hôpital à Gaza: la Chine «choquée» 

 La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes. (AFP)
La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes. (AFP)
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  • "Nous sommes choqués et nous condamnons le fait qu'une fois de plus, malheureusement, des membres du personnel médical et des journalistes aient trouvé la mort  dans ce conflit"
  • "La Chine est très inquiète devant la situation à Gaza"

PEKIN: La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes.

"Nous sommes choqués et nous condamnons le fait qu'une fois de plus, malheureusement, des membres du personnel médical et des journalistes aient trouvé la mort  dans ce conflit", a déclaré devant la presse à Pékin un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun.

"La Chine est très inquiète devant la situation à Gaza", a-t-il dit lors d'un point de presse quotidien.

"Israël devrait arrêter immédiatement ses opérations militaires à Gaza, conclure le plus tôt possible un cessez-le-feu complet et durable, rétablir intégralement l'entrée de l'aide humanitaire, empêcher une crise humanitaire de plus grande ampleur et s'employer à dissiper les tensions le plus vite possible", a-t-il dit.

"Nous nous opposons et condamnons tous les agissements qui portent atteinte aux populations civiles, endommagent les installations civiles et violent la loi internationale, y compris les actes de violence contre les journalistes", a-t-il déclaré.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déploré "un accident tragique" après la mort d'au moins vingt personnes selon la défense civile gazaouie, dont cinq journalistes. L'ONU et plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont condamné les raids.


Israël: des manifestants réclament un accord sur les otages en amont d'une réunion du gouvernement

Des centaines de manifestants ont bloqué la circulation aux abords de Tel-Aviv tôt mardi matin pour réclamer la fin de la guerre à Gaza et la libération des otages, en amont d'une réunion du cabinet de sécurité prévue dans la soirée.  A l'entrée nord de la métropole côtière, un photographe de l'AFP a vu environ 400 personnes arrêter les voitures, brandissant des drapeaux israéliens et des photos des otages. (AFP)
Des centaines de manifestants ont bloqué la circulation aux abords de Tel-Aviv tôt mardi matin pour réclamer la fin de la guerre à Gaza et la libération des otages, en amont d'une réunion du cabinet de sécurité prévue dans la soirée. A l'entrée nord de la métropole côtière, un photographe de l'AFP a vu environ 400 personnes arrêter les voitures, brandissant des drapeaux israéliens et des photos des otages. (AFP)
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  • Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, lors de l'attaque du Hamas contre Israël qui a déclenché la guerre à Gaza, 49 y restent retenus dont au moins 27 morts selon l'armée israélienne
  • "Nous exigeons que nos dirigeants s'assoient à la table des négociations et n'en bougent pas tant qu'un accord n'aura pas été trouvé", résume Hagit Chen, dont le fils a été enlevé

TEL-AVIV: Des centaines de manifestants ont bloqué la circulation aux abords de Tel-Aviv tôt mardi matin pour réclamer la fin de la guerre à Gaza et la libération des otages, en amont d'une réunion du cabinet de sécurité prévue dans la soirée.

A l'entrée nord de la métropole côtière, un photographe de l'AFP a vu environ 400 personnes arrêter les voitures, brandissant des drapeaux israéliens et des photos des otages.

D'autres manifestants se sont rassemblés près d'une antenne locale de l'ambassade américaine, ainsi que devant les domiciles de plusieurs ministres à travers le pays, selon un journaliste de l'AFP et les médias israéliens.

Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, lors de l'attaque du Hamas contre Israël qui a déclenché la guerre à Gaza, 49 y restent retenus dont au moins 27 morts selon l'armée israélienne.

"Nous exigeons que nos dirigeants s'assoient à la table des négociations et n'en bougent pas tant qu'un accord n'aura pas été trouvé", résume Hagit Chen, dont le fils a été enlevé, cité par un communiqué du Forum des familles, la plus importante association de proches d'otages.

L'ordre du jour de la réunion du cabinet de sécurité n'a pas été officiellement annoncé, mais selon les médias locaux, il devrait discuter d'une reprise des négociations en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages.

La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné l'ouverture de négociations pour libérer tous les otages, quelques jours après l'aval donné par le Hamas à une nouvelle proposition de cessez-le-feu présentée par les médiateurs, Egypte, Qatar et Etats Unis.

Selon des sources palestiniennes, elle prévoit la libération échelonnée des otages pendant une trêve initiale de 60 jours, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Parallèlement, M. Netanyahu a donné son feu vert à une nouvelle offensive militaire pour prendre le contrôle de la ville de Gaza, considéré comme un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien.

Début août, le cabinet avait approuvé un plan en ce sens, ravivant les craintes sur le sort des otages et déclenchant une nouvelle vague de manifestations, qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes.

L'attaque du Hamas du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 62.744 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, jugés fiables par l'ONU, et provoqué un désastre humanitaire.

 


Gaza: le fonds souverain norvégien se désengage de Caterpillar en raison de «violations des droits humains»

"Il ne fait aucun doute que les produits Caterpillar sont utilisés pour commettre des violations généralisées et systématiques du droit international humanitaire", dans le territoire en guerre depuis près de deux ans, a souligné le Fonds dans un communiqué. (AFP)
"Il ne fait aucun doute que les produits Caterpillar sont utilisés pour commettre des violations généralisées et systématiques du droit international humanitaire", dans le territoire en guerre depuis près de deux ans, a souligné le Fonds dans un communiqué. (AFP)
  • Le Fonds souverain norvégien, le plus riche au monde, a déclaré lundi avoir cédé ses parts dans le groupe américain d'engins de chantier Caterpillar, évoquant des violations des droits humains à Gaza
  • Alimenté par les énormes revenus énergétiques de la Norvège, ce fonds est le plus important au monde, avec une valeur de près de 2.000 milliards de dollars et des investissements dans plus de 8.600 entreprises à travers le globe

OSLO: Le Fonds souverain norvégien, le plus riche au monde, a déclaré lundi avoir cédé ses parts dans le groupe américain d'engins de chantier Caterpillar, évoquant des violations des droits humains à Gaza.

"Il ne fait aucun doute que les produits Caterpillar sont utilisés pour commettre des violations généralisées et systématiques du droit international humanitaire", dans le territoire en guerre depuis près de deux ans, a souligné le Fonds dans un communiqué.

Propriété de la Banque centrale de Norvège, le Fonds a précisé avoir agi sur recommandation de son Conseil d'éthique, qui a fait valoir que "les bulldozers fabriqués par Caterpillar sont utilisés par les autorités israéliennes pour la destruction illégale généralisée de biens palestiniens".

Il a ajouté que la société n'avait "mis en œuvre aucune mesure pour empêcher une telle utilisation".

Caterpillar n'a pas immédiatement répondu à une demande de l'AFP pour commenter ces informations.

Alimenté par les énormes revenus énergétiques de la Norvège, ce fonds est le plus important au monde, avec une valeur de près de 2.000 milliards de dollars et des investissements dans plus de 8.600 entreprises à travers le globe.

Il figurait parmi les dix principaux actionnaires de Caterpillar, détenant 1,2% de son capital, soit 2,4 milliards de dollars.

Le Fonds a déclaré s'être également retiré de cinq banques israéliennes accusée d'avoir financé la construction de colonies illégales en Cisjordanie occupée par Israël, First International Bank of Israel, FIBI Holdings, Bank Leumi Le-Israel, Mizrahi Tefahot et Bank Hapoalim.

Début août, le Fonds avait déjà annoncé se désengager de 11 entreprises israéliennes pour leur implication dans la guerre à Gaza, consécutive à l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.